Terre de l'homme

Terre de l'homme

De belles gens. Suite n° 29. Saga de Françoise Maraval

 

 

DE BELLES GENS

 

 

 

 

Épisode 29

 

 

 

La Paix,

 

 

 

Résumé de l’épisode précédent :

 

Arthur Maraval est démobilisé depuis le mois d’avril.

Henri Destal prisonnier en Allemagne, a été rapatrié, mais est toujours mobilisé au 50ème RI de Périgueux.

Marcel et Alice se sont mariés.

Jeantou junior a repris l’école.

Dans le haut de la ville, Henri Lamaurelle est de retour chez lui depuis le mois de février.

Achille Marchive est en France depuis le début mars mais toujours en casernement au 108ème RI de Bergerac.

 

 

 

Les Français attendent la Paix, les Alliés attendent la Paix, le monde entier attend la Paix. On reste  sur ses gardes, il faut être vigilant.

 

En France, les chiffres sont tombés :

 

- 1 350 000 morts,

- 1 100 000 invalides de guerre,

- 700 000 veuves,

- 1 100 000 pupilles de la nation.

 

En France, la grippe espagnole a fait des milliers et des milliers de morts : le chiffre définitif n’est pas encore disponible.

 

Si on ajoute un déficit de naissances de près de un million d’individus, les effets de la surmortalité du temps de guerre,  les morts de la grippe espagnole, c’est près de 3 millions de personnes qui manquent à la population française, phénomène non compensé par le retour de l’Alsace-Lorraine à la France.

                                                                                                                                                        

Malgré les immeubles détruits, les ponts effondrés, les routes défoncées, les voies ferrées et les voies d’eau détériorées, les installations industrielles hors d’usage, les exploitations agricoles dévastées, malgré tout cela, les garanties de sécurité pour l’avenir sont récusées par le Président américain Woodrow Wilson et par le Premier ministre britannique David Lloyd George qui redoutent l’ impérialisme français.

 

 

Le 7 mai 1919, à l’hôtel Trianon, palace de Versailles, les conditions de Paix sont remises à la délégation allemande conduite par le comte Brockdorff-Rantzan.

Le 12 mai, l’Assemblée nationale  allemande réunie en session extraordinaire rejette le projet de traité des Allemands.

Après quelques allers-retours, le 28 juin 1919, dans la galerie des glaces à Versailles, les Alliés et l’Allemagne signent le traité de Paix qui n’entrera en vigueur que le 10 janvier 1920.

Restons prudents !!!

 

Sans titre 1

                               

 

                                                          peinture du Britannique William Orpen (1919)                                                                                                                                                                                                     

                                                                                                                                                        

Au deuxième plan, assis de face,

Au centre :

- le président du Conseil français Georges Clemenceau ;

- à sa droite, le Président des États-Unis  Woodrow Wilson ;

- à sa gauche, le Premier ministre britannique David Lloyd George ;

Au premier plan de dos, la délégation allemande :

- le ministre des Transports Johannes Bell (assis) ;

- le ministre des Affaires Étrangères Hermann Müller ( debout, penché sur le premier).

 

 

A Saint-Cyprien, les journaux sont toujours lus avec la plus grande attention.

 

Le 11 avril 1919, on a noté l’inauguration du Simplon-Orient-Express, sur le trajet Paris,Lausanne, tunnel du Simplon, Milan, Venise, Trieste, Zagreb, Belgrade, Nish, Sofia, Constantinople. Le voyage dure 56 heures.

Ce qui fait dire au patriarche :

- « la Paix n’est pas encore signée qu’ils veulent voyager !!! ça les démange… Et ils n’ont rien à foutre de la journée de travail de huit heures qui vient d’être votée. »

 

- « Pendant que l’on incite certains au voyage, les riches, les gros, toujours les mêmes, pour ceux qui veulent taper dans un ballon, la Fédération française de foot a été créée le 7 avril ».

 

Le même jour, par voie d’affiches publicitaires, on annonce la sortie de la Citroën « Type A » de 18 chevaux réels, première voiture française construite en grande série.

Fonfon est enthousiaste, il se voit déjà au volant de la voiture. Le patriarche, lui, se demande comment peut-on œuvrer pour la défense du pays et en même temps anticiper  l’avenir.

- « Citroën est une entreprise remarquable ! Il n’y a que des têtes là-dedans... ».

 

Le 1er mai, malgré l’interdiction de manifester, les ouvriers parisiens manifestent, un couteau entre les dents. A la suite de violents affrontements, le bilan est de un mort, 107 arrestations et des centaines de blessés.

 

Sans titre 2

 

 

                                               

                                                                                                                           

La Paix est signée : il faut vivre maintenant. Il faut accepter les malheurs et les déceptions arrivées pendant cette désastreuse période de cinq ans, qu’elles soient grandes ou petites. Il n’est pas question d’oublier : on n’oublie pas la mort d’un enfant, on ne peut pas oublier une infirmité qui se manifeste sous nos yeux chaque jour, on continue à « se serrer les coudes », à se manifester respect, affection et amour.

 

L’anniversaire de Jeantou junior aura lieu chez pépé Jeantou comme il se doit : 11 ans, le 1er août. Son instituteur est content de lui. L’enfant a fait preuve de concentration et de maturité. Il mérite des encouragements. La famille lui a offert un vélo, mais un vélo de femme pour des raisons pratiques. Il peut suivre son père ou son oncle Fonfon, à la pêche à Roclong. Il pédale avec sa jambe droite et maintient l’autre, en suspension dans le vide. Sur une petite distance, c’est tout à fait possible.

Cette année, il manque tonton André, bien sûr, mais aussi cette chère marraine Angélique, partie avant qu’on ait eu le temps de lui dire au revoir ou plutôt adieu, il manque aussi tonton Henri encore mobilisé au 50ème RI de Périgueux. Mais il aura une permission de deux jours pour venir fêter l’anniversaire d’Alice, le 15 août.

 

Avec cet anniversaire, la famille bénira le mariage d’Alice et de Marcel. Ce dernier a une autorisation de sortie de l’hôpital de Limoges, d’un mois. Pour le 15 août, la terrasse de l’hôtel de la Poste va accueillir cette réunion familiale ; rien à voir avec le mariage d’Arthur et d’Emma mais l’ambiance est chaleureuse, on est heureux de se retrouver. Malgré d’évidents problèmes, on veut croire en l’avenir. Henri est là et, inévitablement, son séjour en Allemagne est plus qu’évoqué. Après sa démobilisation, il se rapprochera de son frère avant de repartir à Paris. La capitale l’obsède toujours. C’est avec plaisir que la famille accueille Maurice Janot à sa table, tout juste démobilisé.

 

Fonfon parle de l’exploit de l’aviateur Charles Godefroy qui est passé sous l’Arc de Triomphe avec son Nieuport. L’événement a été filmé par une équipe de Pathé-Cinéma mais le ministère de l’Intérieur interdit le projet de film.

 

 Un groupe de Parisiens a fondé la ligue des consommateurs pour surveiller l’évolution des prix, fait remarquer Jean Maraval senior.

 

Emma parle du rôle des femmes, pendant la guerre : elle ne pense pas à elle mais à toutes ces femmes qui ont tenu des emplois d’hommes dans l’industrie et dans l’agriculture et qui sont souvent devenues les seuls soutiens de famille. Elle déplore le comportement du Sénat qui a bloqué le projet de loi voté par 344 voix contre 97 par la Chambre des députés, projet qui accordait  le droit de vote et d’éligibilité aux femmes !!!

 

Mais un événement « fait la une » des journaux : l’affaire Landru ?

 

Sans titre 3

 

 

                                                                                                                                                      

C’est un tueur en série, né en 1869, père de 4 enfants, un escroc qui a fait de la prison. Une fois libre, il entre en contact avec 283 femmes à la suite d’annonces matrimoniales. Entre février 1915 et janvier 1919, 11 femmes sont tuées. Il les a entraînées à la campagne, dans des maisons louées, villas bien isolées. Il les a tuées, il les a coupées en morceaux, à la scie, il a fait disparaître les corps par combustion dans des cuisinières. Le bruit, la fumée, l’odeur n’ont pas alerté. Il les a dépouillées de leurs biens. Le procès vient de commencer…

 

- « Il aurait fallu le mettre au front, en première ligne, dès août 1914 et qu’il se fasse descendre tout de suite. Quelle honte pour sa femme et pour ses enfants !!! pas besoin de procès, il a droit à l’échafaud dès maintenant.» lance le patriarche.

 

Alice aura passé un mois d’août agréable ; bien sûr, elle  constate que la santé de Marcel décline mais elle a assez de force de caractère pour donner l’impression qu’il n'en est rien. Le blessé repart à l’hôpital dès septembre, heureux de l’accueil de cette famille en or et également heureux d’avoir revu son petit frère Henri.

 

Dans le haut de la ville, il y a du nouveau. Dès le mois de mars, Yvonne est allée rejoindre son Achille en casernement à Bergerac. Il ne peut pas venir jusqu’à Saint-Cyprien mais il a droit à des demi-journées de liberté et une modeste chambre d’hôtel les a accueillis, lui et sa petite famille car la jeune Yette a été du voyage. Un deuxième enfant est prévu pour la fin de l’année.

Le petit Louis Lamaurelle est un enfant très éveillé pour son âge ; ses grandes sœurs contribuent largement à son éveil.

 

Le ventre d’Yvonne s’arrondit, elle reste active et gaie. La démobilisation d’Achille ne saurait tarder.

 

 

 

Françoise Maraval

 

 

 

Sans titre 5

 

 

 

AG 1

ag-2_9302834

 

 



01/07/2022
5 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 199 autres membres