Mois d'octobre 2022
Fayrac. Un pique-nique citoyen et écologiste
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Non, il n'y avait point de légions vertes pour ce pique-nique qui a su garder une juste mesure de détermination citoyenne et d'amicale convivialité autour du fleuve et de ses émergences témoins de son passé historique.
Photo © Marcel Lacrampette
Ce 30 octobre, radieuse journée automnale, avait conservé l'accent estival. Les "amis de la Dordogne" en profitaient pour pique-niquer au-dessus du fleuve sous le château de Fayrac. La Dordogne basse, très basse pour la saison, rappelait que sa vie aquatique est un trésor et qu'elle mérite, comme tous les cours d'eau, l'attention de celles et de ceux qui pensent qu'il faut la laisser s'écouler paisiblement. Tout au long de son cours, on rencontre des barrages, des ponts, magnifiques certes, des prises d'eau et autres ouvrages qui sont là pour témoigner de son rôle majeur.
Kléber Rossillon, un des chantres de cette résistance verte, réaffirme la stratégie de sauvegarde de notre fleuve.
Photo © Marcel Lacrampette
Faut-il aller plus loin encore et s'acheminer cahin-caha vers un fleuve domestiqué à 100 % et muselé comme la Bièvre en Essonne ou la Senne du Pentagone bruxellois, c'est un autre concept.
Des citoyens de sensibilités bien différentes ont pris, au cours des dernières années, les chemins des berges, ont tenu tribune, sont allés dans les tribunaux et se sont fait entendre. Ils ont eu probablement l'oreille des experts en écologie puisqu'ils ont obtenu gain de cause dans les prétoires et, aussi, au Conseil d'État.
Cela prouve-t-il qu'ils avaient raison... là, c'est un autre débat. Celles et ceux qui pensent qu'ils avaient et ont tort, se plaisent à camper sur leurs arguments. Dès qu'il y a un croisement difficile sur la R.D. 703, il ne manque pas d'y avoir au moins un photographe pour en saisir l'image.
Cette "passe d'armes" entre les pros et les antis risque de jouer les prolongations… jusqu'à ce que le bon sens et le désir de trouver un plan B n'enfouissent une vieille querelle.
Pierre Fabre
Adicias Jean
Le BUGUE
Photo © Pierre Fabre |
Sur les berges de la Vézère, l'annonce du décès de Jean Montoriol a suscité un bel émoi. Jean s'est éteint à son domicile, ce vendredi 28 octobre, à l'âge de 78 ans. Il y repose, 70 Route de la Borie au Bugue, en attendant de partir au crématorium de Bergerac où sa famille et ses proches l'accompagneront, lundi à 13h15. Le personnes qui souhaiteraient se recueillir à son domicile, sont invitées à prendre contact avec sa famille. |
Jean naquit à Rouffignac, le 7 juillet 1944. Le village de la Forêt Barade venait de vivre l'horreur du 31 mars avec les atrocités de la division Brehmer. Le curé du village, courageusement, affronta l'officier du Führer qui brûlait Rouffignac et obtint que l'église et trois maisons voisines soient épargnées.
Jean était fier de ses racines plébéiennes et paysannes de ces reliefs sylvestres de l'Herm.
J'ai, en marge d'une conférence de l'ABC, fortuitement connu Jean et nous avions sympathisé. Je lui glissai, alors, amicalement, que nous n'avions probablement pas les mêmes références… ce qui le fit sourire. Il brisa alors vigoureusement le vouvoiement conventionnel et m'invita, tout simplement, à l'appeler Jean. Je n'ai pas mémorisé son propos, mot pour mot, mais il me dit en substance "tu vois, je crois bien que nous avons les mêmes affinités, nos racines paysannes, notre fil conducteur est l'intérêt général et surtout celui de notre attachement aux valeurs de la laïcité".
Ce néphrologue qui consacra sa vie au service de sa patientèle, avait pour les plus humbles, une considération qui les touchait. Sylvie Braud et moi avons eu l'honneur et l'occasion de l'accueillir à Belvès, il y a une bonne douzaine d'années, pour une conférence où il passionna l'auditoire sur le thème médical qui était le sien.
Jean, une dizaine d'années plus tard, honora de sa présence, aux côtés de Christian Léothier, l'exposition de Bruno Marty à la Médiathèque Gérard Fayolle.
Jean qui avait la fibre citoyenne, l'affirma pleinement en conduisant une liste aux élections municipales de 2014. Il gagna l'adhésion de ses concitoyens et devint le maire affable de cette cité buguoise qu'il adorait. C'est là qu'il passa sa jeunesse et c'est là qu'il se retira.
Jean repose à son domicile.
Jean, fidèle à ses convictions, a voulu que son "adicias" soit strictement sobre, civil, laïque et républicain.
Jean, que tes cendres RIP !
Pierre Fabre
la Seudre : axe fluvial primordial pour le bassin ostréicole de Marennes-Oléron
Entrée chenal de la grève de la Tremblade photo Jacques Lannaud
Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive
Elle court comme un ruisseau que les enfants poursuivent
Courez, courez vite si vous le pouvez
Jamais, jamais vous ne la rattraperez...
Pleurez, pleurez si je demeure esseulé
Le ruisselet au large s’en est allé.
Guy Béart- L’eau vive
Discrète, entre Garonne et Loire et les très visitées Dordogne et Vézère... la Seudre n’a pas à rougir de ces magnifiques cours d’eau, bien que petit « fleuve » côtier de 68km aux rives propices à la détente, aux plaisirs aquatiques, une faune et une flore spécifiques à ces zones humides, elle peut se targuer de son rôle essentiel dans l’économie du bassin ostréicole de Marennes-Oléron.
Certes, moins paresseuse que sa voisine la Charente qui prend son temps pour atteindre la mer, se prélassant dans les terres, serpentant, passant à vitesse réduite sous le pont Transbordeur de Rochefort, se jetant, enfin, dans la mer à Port- des-Barques face à l’Ile Madame tandis qu’une grande voile ou un cargo, vision surprenante, la remontent lentement semblant flotter au-dessus des champs.
Le cours de la Seudre
Son cours assez rectiligne, son débit est très inférieur à celui de sa grande sœur et aux consœurs déjà citées : 40 m3/s pour la Charente en moyenne annuelle contre 0,96m3/s. Mais, la Seudre, rivière paisible aux rives verdoyantes, prend des allures impressionnantes à l’approche de l’embouchure et s’élargit en un estuaire digne de la Seine ou de la Loire. Comment cela se peut-il si ce n’est la conséquence de ces rivages plats où les marées pénètrent profondément dans les terres à la moindre échancrure, prennent leurs aises comme dans un « aber » repoussant, sans vergogne, le petit fleuve qui ne peut lutter contre une telle puissance, élargissant son lit, accaparant ces zones marécageuses où se réfugient les oiseaux migrateurs et n’hésitant pas à remonter très loin en amont jusqu’à Saujon, se croyant tout permis.
Simple ruisseau, perdu dans un sillon de verdure, la Seudre émerge de sa source Saint-Antoine à Saint-Genis de Saintonge puis s'incline vers le nord-ouest, atteint la ville de Saujon au port de Ribérou dit « port des eaux contraires » et là, se trouve un point de non franchissement : en amont l’eau douce, en aval l’eau saumâtre et de puissantes écluses, rénovées en 2008, veillent très rigoureusement à cette séparation, l’eau de mer butant contre cet obstacle et, ainsi, évitant des débordements désastreux pour les terres agricoles et la cité, notamment en saison pluvieuse.
Ecluse - photo Wikipédia
Aménagements essentiels car si la rivière d’amont et ses affluents gonflent, se conjuguent aux marées à fort coefficient, ce serait une victoire océanique, d’où la nécessité et la justification de ces ouvrages et des éclusiers chargés de les manipuler : « Quand il pleut beaucoup, que les coefficients sont forts et qu’en plus le vent venant de la mer souffle en augmentant la houle, cela devient très compliqué à gérer. » (Conseil municipal de Saujon.) et l’ouverture de celles-ci, lorsque la mer est basse, entraîne l’écoulement, naturellement, de ce surplus d’eau vers l’aval.
Le chenal à marée basse - photo wikipédia
Quant à l’étiage du fleuve, il est, bien sûr, tributaire des saisons et des intempéries comme tous nos cours d’eau ; mais, ici, la remontée de la mer loin en amont, joue un rôle capital suivant que notre sympathique rivière charrie des eaux en abondance ou est atteinte d’une cure d’amaigrissement faisant souffrir poissons, faune et flore ; car, son débit tourne, alors, autour de 0,4- 0,6m3/s lors de ces sécheresses prolongées mais, en aval, les marées poursuivent leurs coups de boutoir et la maigre rivière d’amont demeure un fleuve bien rempli mais ..." d’eau saumâtre".
La teneur en sel de l’eau est régulée par ces mélanges eau douce-eau de mer, baigne les rives et les anciens marais salants, s’introduit dans les chenaux qui alimentent les bassins de « claires » dont la salinité dépend de ce mélange et peut aller de quelques grs/l à environ 10grs/l.
Huîtres de Marennes - photo Jacques Lannaud
Alchimie naturelle complexe, essentielle pour l’affinage des huîtres, opération faisant suite à la longue période d’élevage dont le résultat est la fameuse huître de Marennes-Oléron, à l’origine de la réputation du bassin et de toute l’économie du pays. D’aucuns comparent son goût à celui de la « noisette », en tout cas, bien différent de celui des huîtres de « pleine mer » ou sauvage où dominent sel et iode.
Tout débute par cet amas de larves ou d’embryons qu’on appelle le naissain qui va croître, se développer, passer par différents stades et donner de jeunes huîtres dont on remplit des sacs grillagés, élevés en pleine mer près des côtes, placés et fixés à des arceaux de ferraille, des lieux de culture qui se découvrent aux marées basses et où se rendent les ostréiculteurs sur leurs bateaux allongés à fond plat munis d’un grand plateau, « les plates", retournent les sacs, les nettoient, régulièrement, jusqu’au terme de leur croissance. Alors, ayant atteint la taille adulte, elles quittent ce lieu pour être dispersées dans les claires aux fins d’affinage.
Ultime étape, moins longue que la précédente, nourries du plancton de pleine mer, elles vont être conditionnées dans ces bassins qui maillent le paysage et les bords de la Seudre, de Mornac à La Tremblade sur la rive gauche et Marennes sur la rive droite.
Depuis des siècles, existent ces fameux bassins que d’aucuns font remonter à l’époque des Romains. Intervient, ensuite, le savoir-faire des ostréiculteurs, leurs recettes magiques et l’eau de la Seudre qui remplit les claires grâce aux chenaux où le fleuve s’introduit, eau riche en minéraux, en phytoplancton et de cette algue « la navicule bleue » qui donne au mollusque sa couleur verte, eau renouvelée lors des marées, les claires bénéficiant d’une vidange toute naturelle car à un niveau un peu inférieur.
Bateaux et cabanes sur le chenal de la grève à la Tremblade (photo Adobe stock)
Le long de ces chenaux, hangars, cabanes, gargottes sont alignés, devenus des lieux prisés de dégustation. Le long du chenal de la Grève à la Tremblade, tout bariolés de couleurs vives, ils nous invitent à nous asseoir à leur table.
L'Eclade - photos Jacques Lannaud
Nous voilà attablés devant un plat d’huîtres spéciales no3 plus quelques Jades et Pousses en Claire et Fines de Claire, attendant, impatiemment, l’Eclade charentaise que l’on prépare devant nous dans le four où elles vont s’ouvrir à la flamme des aiguilles de pin de la forêt de la Coubre. Se détache, sur la rive droite, l’église massive de Marennes et sa haute flèche, un amer pour les navigateurs.
Un peu plus loin, le pont, construit en 1970-71, enjambant la Seudre, long de 1024m, d’une hauteur de 20m, comportant 9 piles élancées et désenclavant la presqu’île d’Arvert qui peut très facilement échanger avec l’Aunis et la Saintonge proches. Puis, le très large estuaire et le pertuis de Maumusson où se jette la Seudre.
Mais, voilà que l’on entend le sifflet du petit train rouge tiré par sa vieille locomotive Sneider, le train des Mouettes, qui va amener les voyageurs tout calmement, le long de cette rive gauche en passant par Chaillevette, Mornac s/Seudre puis Saujon, paysage de chenaux, de roselières, et de végétation abondante où se cache toute une faune d’oiseaux aquatiques. Puis, avant de reprendre le trajet de retour en bateau, ne ratons pas, auparavant, l’église Notre-Dame du XIIe siècle, un joyau du style roman-saintongeais du petit village de Corme- Ecluse.
Coucher de soleil sur le pont de la Seudre (photo guide du routard)
Le temps a passé, le soir tombe et sur le pont de la Seudre, on admire un coucher de soleil fabuleux ; en-dessous, le fleuve déroule son ruban argenté, des plates continuent à circuler tandis que l’estuaire et le pertuis de Maumusson se colorent de teintes rosées comme le ciel.
Jacques Lannaud
Vol ou (et) profanation
SIORAC-en-PÉRIGORD
Les élus sioracois et la population ont trouvé insupportable, la soustraction du panneau indicateur de chemin Roland Andrieux.
Quand un individu, peu scrupuleux, soustrait frauduleusement un élément de la propriété d'un tiers, on dit que c'est un voleur, quand il s'approprie une pièce patrimoniale faisant référence au devoir de mémoire, on peut dire qu'il profane le bien public.
On conçoit aisément qu'il y a une différence spoliatrice si le voleur s'accapare, hypothèse d'école, du panneau du respectable et modeste chemin du Moulin à Vent de Capdrot, de celui qui s'emparerait de la plaque Esplanade Jean Jaurès à Carry-le-Rouet. Au regard du Code pénal, l'infraction, elle, serait la même.
Le 8 mai 2019, Yannick Carcelès, alors conseiller municipal, aujourd'hui maire-adjoint, à Raunel sous une pluie battante, dévoila la plaque du chemin Roland Andrieux.
Photo © Bernard Malhache
Le Code pénal peut sanctionner durement les inadmissibles agissements portant atteinte à la mémoire des morts. On peut cependant admettre que le panneau indiquant un chemin, n'est pas tout à fait un monument funéraire. C'est néanmoins une atteinte au devoir de mémoire.
La violation ou la profanation, par quelque moyen que ce soit, de tombeaux, de sépultures, d'urnes cinéraires ou de monuments édifiés à la mémoire des morts, est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.
Le théâtre de la Nauze est revenu sur 6 décennies de scènes. Volet n° 1
Ce 22 octobre, la salle des fêtes est pleine à craquer. Les organisateurs avaient dû inviter plusieurs personnes à reporter au lendemain, leur venue à "Revers de décors" de Jean-Pierre Martinez. Sylvain Garrouty, le technicien du son, obtenait un silence parfait du public. Son géniteur, Dominique Garrouty, l'artisan de l'éclairage, plongea la salle dans l'obscurité. Seul un cercle lumineux sur le rideau laisse prévoir que l'on devait attendre une forme "d'introït". Non, ce n'est pas un grand prêtre qui surgit mais Pierre, invisible. Le metteur en scène de Sagelat théâtre de la Nauze, prit la parole Gravement, il s'exprima dans un calme olympien sur la turbulence de 1960. Elle prit la forme d'une grande pétition citoyenne, portée par le C.N.A.L. du 13 février au 29 mai 1960, sur le fondement de l'école laïque, pilier de la République. Elle fit germer l'Amicale laïque de Sagelat.
" De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace ".
Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France sera sauvée ! François Danton naquit à Arcis-sur-Aube le 26 octobre 1759, il fut guillotiné le 5 avril 1794 (16 germinal an II) à Paris. Il alla à l'échafaud sur la charrette qui emporta Camille Desmoulins et le poète Philippe Nazare Fabre. L'inoubliable envolée culte du 2 septembre 1792 du député de la Seine, pour tous, est ramenée à "… de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace… " |
Oui, il en fallait de l'audace, non dans le champ turbulent du Palais Bourbon mais dans l'humble pays "nauzérois", pour avoir la détermination de se lancer et de promouvoir une vie culturelle dans une bien petite localité qui n'avait pas la moindre salle, publique ou privée, pour servir de fonts baptismaux laïques d'une troupe théâtrale. Andrée Teilhaud, figure de proue que personne n'oublie, eut ce cran pour secouer les forces vives et sceller, aux côtés de celles et ceux qui l'ont suivie, la pierre blanche de la première marche.
Pierre Petit, Image © Vanessa Braud |
C'est Pierre Petit, le doyen masculin des comédiens de la Troupe de Sagelat qui, le premier, monta sur scène.
Pierre était bien "crana"*. On aurait dit le sous-préfet impérial dans sa grande tenue, comme celui que Daudet imagina " M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte collante à bandes d’argent et son épée de gala à poignée de nacre " pour se rendre à La Combe-aux-Fées. Tout naturellement, l'espace de quelques minutes, il redevint Perdican. Perdican c'est Musset, c'est nous, c'est un homme qui fait le mal sans être méchant, qui souffre, qui doute, s'égare dans ses rêves, s'épuise à la poursuite d'un insaisissable bonheur. Pierre fut désigné à l'unanimité, plus un soutien externe enthousiaste, par le collectif théâtral pour revenir sur ce début scénique et pour rendre hommage aux comédiens disparus. |
Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde, une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. ”
Acte II, scène V, On ne badine pas avec l’amour, Musset, 1834.
C'est un autre Pierre, Pierre Castets, le metteur en scène du Théâtre de la Nauze, qui a choisi cette déclamation capitale de la pièce, pour rendre hommage à Bernadette Dubois, la première comédienne de la Troupe de Sagelat, qui vient de nous quitter au mois d'août. Bernadette était Camille. Elle était la cousine de Perdican et, manifestement, éprise de lui. Elle avait cependant reçu une éducation stricte dans un couvent et elle souhaitait jurer fidélité à Dieu.
Pierre, avec émotion, reprit la tirade qui fit vibrer la salle en 1961. C'était son pathétique hommage à Bernadette, certainement, mais aussi à tous les comédiens de la troupe qui nous ont quittés. Le premier, Paul Albenque, fut victime d'un dramatique accident, le 18 août 1969. Le dernier, Alain Petit, le frère cadet de Pierre, monta sur les planches à 15 ans. Il s'échappa le 10 octobre. Depuis le 13, il repose dans le petit cimetière de Bouillac.
Oui, il fallait de l'audace pour oser aller, sur les pas de Gérard Philipe et de Suzanne Flon, jouer, deux ans après ces comédiens d'exception, "On ne badine pas avec l'amour".
Gérard Philipe (Perdican) et Suzanne Flon (Camille) dans On ne badine pas avec l’amour. Mise en scène de Jean Vilar au TNP (1959). © Studio Lipnitzki/Roger-Viollet |
Le second volet, probablement samedi ou dimanche, sera les premiers pas scéniques de "Sagelat théâtre de la Nauze" avec "Revers de décors". Le troisième volet sera la présentation du bureau de "Sagelat théâtre de la Nauze".
* Crana, prononcer cronot, terme occitan. Il veut dire élégant, stylé, fringant. En fait, c'est quasiment intraduisible.
Pierre Fabre
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Dans le sas de "Terre de l'homme"… ou sur le point d'y entrer.
Siorac. Inadmissible soustraction de la plaque du chemin Roland Andrieux. P.F
De belles gens. Suite n° 44. Saga de Françoise Maraval
Saintonge. La Seudre un fleuve côtier, artère d'un bassin de vie, par Jacques Lannaud
Sagelat. Retour sur "Revers de décors". P.F
Polémique sur un "jugement de valeur". C'est pour tout cela que je préfère les feuillus. P.F
Sagelat... Le théâtre de la Nauze, volet n° 3. P.F