Terre de l'homme

Terre de l'homme

Mois de juin 2023


Et au loin coule la rivière Espérance. Saga de Françoise Maraval - épisode final

 

Le cours élémentaire : CE2

 

 

 

Les vacances ont été les bien venues. Depuis plusieurs mois, au patronage, on préparait la kermesse prévue pour la fin juillet. Le vicaire, Gabriel Truchassout, avait demandé l’aide d’un frère franciscain, le père Salvator, pour mener à bien cette manifestation. Durant son séjour à Saint-Cyprien, 3 ou 4 ans, l’abbé organisera cette fête paroissiale tous les ans.

 

 

1

 

 

Les belles demoiselles avaient fait un brin de toilette : Jeannette, ma cousine Jackie et moi.

C’est le parc du château de Beaumont qui accueillait les fêtes paroissiales. Les grands garçons du patronage, encadrés par l’abbé, se creusaient la tête pour innover afin de construire des stands 

destinés à des activités multiples. Les jeunes filles travaillaient depuis des mois et elles avaient confectionné des ouvrages à proposer à la vente : napperons brodés, napperons au crochet, simple dentelle. La layette rose, bleue, blanche, avait toujours un franc succès. Les châles pour réchauffer les épaules et le dos, pendant les longues soirées d’hiver, n’étaient jamais assez nombreux pour satisfaire la clientèle. Yette avait préparé des sucreries et des pâtisseries avec l’aide des grandes demoiselles du patro. Sur place, le coin des crêpes était pris d’assaut !

On pouvait bénéficier de l’ombre des grands arbres et des bancs d’église, descendus pour la circonstance, se proposaient pour un instant de repos.

 

De grandes farandoles étaient organisées où grands et petits s’échappaient dans les allées du parc et autour de la mare. On repérait çà et là, des amoureux qui s’étaient un peu éloignés de la fête pour échanger quelques baisers.

Les garçons, les plus lestes, montaient au mât de cocagne pour décrocher un superbe saucisson ou une bouteille. D’autres, les plus jeunes, participaient au concours de sacs et à celui de grimaces. On pouvait mesurer son adresse, en essayant de décaniller des boîtes métalliques avec des balles de chiffon remplies de son ou de vieux chiffons.

 

Pour le soir, une opérette était proposée. Le père Salvator avait un frère ténor, Michel Roux, qui avait la gentillesse de se produire pour nous, sur la grande terrasse du château. Lui et sa troupe nous

ont offert, une année, l’opérette « Véronique » d’André Messager. Les jours qui ont suivi, l’air de l’« escarpolette » était encore dans toutes les têtes.

Le patronage paroissial était un bon complément de culture générale à l’enseignement laïc.

 

Dans les jours qui suivirent, j’ai été témoin d’un accident qui m’a beaucoup marquée. J’étais dans le pré d’Estay avec ma grand-mère : elle ramassait des pissenlits. Brusquement, elle s’est mise à hurler et je ne reconnaissais plus son visage. Elle m’a demandé d’aller chercher mon grand-père, occupé au jardin, à 100 m de là. J’ai couru aussi vite que j’ai pu. Nous avons rejoint mémé ; sur la brouette que mon grand-père avait fait suivre, il y a installé ma grand-mère qui se tenait la tête et criait toujours. Maurice Janot, alerté par ma mère, a conduit mes grands-parents à l’hôpital de Périgueux. Tout est allé très vite mais sûrement pas assez vite pour ma grand-mère. À l’hôpital, elle a été prise en charge rapidement et opérée de l’œil gauche. Le glaucome qu’elle avait à cet œil, lui a explosé dans l’orbite. Elle est restée longtemps à l’hôpital et, de retour à la maison, elle avait un cache devant son œil.

Bien plus tard, on lui a mis un œil en verre, de la couleur de son autre œil.

 

J’ai dû aller au patronage, les jours suivants et suivre le patronage à Lourdes, cette fois sans ma mère car elle multipliait les allers et retours à destination de l’hôpital de Périgueux.

Pour la Saint-Louis, le 20 août, nous sommes cependant allés au Bugue pour la fête annuelle. Ma tante Raymonde s’était installée en ménage avec un jeune homme, Claude, que j’aimais beaucoup. Ils avaient loué une petite maison, rue de la République et, pour la fête locale, qui rassemblait beaucoup de monde et avait un franc succès, nous étions invités. Mes grands-parents n’avaient pas pu venir en raison de la santé de mémé Yvonne.

 

Par contre, l’oncle Henri nous avait suivis ; il habitait maintenant Saint-Cyprien, à l’hôtel des « quatre colonnes », en attendant que sa maison soit terminée. Dans un premier temps, il avait demandé au mari de sa nièce, Marcelle Destal, maçon de son métier, de faire les travaux ; mais, je ne sais pas ce qui s’est passé car René Lacombe est parti en claquant la porte. Heureusement, le mari d’une autre cousine de Saint-Cyprien, Ginette Leyssalle, était entrepreneur de maçonnerie et a accepté de prendre le relais. Il était un vrai professionnel et il a fait du très bon boulot.

                                                                                                                                                          

Mon père a profité des conseils d’Yvon Bonnat et de son savoir-faire, pour faire construire des W-C intérieurs car nous avions toujours dans le jardin, les toilettes sèches, là, du temps de mes grands-parents et qui jouxtaient la petite terrasse de l’oncle Henri. On se modernise chez Maraval !

 

 

2

 

 

Mon futur oncle Claude est venu nous rejoindre au terminus du petit car qui assurait la navette entre la gare et le village. Sur la photo, de gauche à droite : Claude, Françoise, Clémence ma mère, l’oncle Henri à l’arrière et mon père dont on ne voit que le bras. La journée a été magnifique.

 

Vivre avec son amoureux, sans être mariée, est choquant pour l’époque. Aussi, les tourtereaux ont dû régulariser la situation, d’autant plus qu’un heureux évènement était annoncé.

Ils se sont donc mariés à Saint-Cyprien, au mois de septembre. Mes parents ont offert en cadeau de mariage, le costume de la mariée qui n’a pas cru bon d'opter pour une robe blanche. Ce costume fait sur mesure, dans un drap de très belle qualité, avait comblé de bonheur ma tante Raymonde qui en a

parlé longtemps. Le repas de mariage a eu lieu à Saint-Cyprien, chez ma tante Yette, dans la grande salle du patronage. Pour la cuisine, elle s’était fait aider par Marthou, la mère de ma copine Sousounette, et par notre voisin, le garde-champêtre, qui, lui, assurait le service.

La journée a été d’une gaîté folle.   

 

 

3

                         

Sur la photo, de gauche à droite, au 1er rang : Jeannette, Jackie, Sousou, mon oncle Claude, Raymonde et moi.

Au 2e rang : mon grand-père Achille caché derrière Jeannette, ma mère, M. Roger, la maman de Claude, l’oncle Henri, Mlle Lescombe, et Jeannette Gauville.

 

Tout le monde n’est pas sur la photo. Ma grand-mère a dû rester à l’intérieur car elle craignait le soleil.

 

4

 

            Mes parents sur cette photo. Derrière eux, la maman de Claude et Jackie sur la gauche

 

Papa et maman sont radieux et témoignent de l’ambiance de la noce. Toute la famille a été heureuse d’offrir aux jeunes époux, une fête digne de ce nom et, ainsi, de les assurer de son affection.

                                                                                                                                                          

                                                                                                                                                       5

 

 

Ma cousine Jackie, Jeannette, moi et Sousou

 

C’est cette année-là, que nous avons vu arriver les premiers Alsaciens, venus remercier mes grands-parents paternels, pour leur accueil pendant l’exode.

C’est moi qui les ai reçus. Quand ils ont dit qu’ils voulaient voir M. et Mme Maraval, j’ai appelé mon père. Certes, ils le connaissaient mais c’est à Emma et à Arthur qu’ils pensaient. Mon père m’a expliqué qui ils étaient et les circonstances de leur venue en 1940. Ils avaient un garçon plus grand que moi. Ils ont discuté un bon moment, pendant qu’ils buvaient le café préparé par ma mère. Ils étaient catastrophés d’apprendre le décès de mes grands-parents ; et, leurs éloges à leur encontre ont provoqué chez moi, une crise de larmes. Ma mère a trouvé que mon comportement était déplacé.

D’autres Alsaciens et Lorrains sont passés, aussi, plus tard.

 

Et puisque l’on parle des Lorrains, je ne vous ai pas dit que le frère de ma mère, Jean (le Bolide pendant la Résistance) travaillait maintenant à Metz et s’était marié avec une Alsacienne et ils avaient une petite fille : Dany. Dans un premier temps, en 1946, Jean est parti travailler en Lorraine avec d’autres jeunes Cypriotes, dans les Houillères de Lorraine nationalisées depuis peu ; mais, il a dû arrêter cette activité car il était atteint de la tuberculose, peut-être contractée pendant la dernière partie de la guerre.

Maintenant, il est groom dans un hôtel : l’hôtel du Globe.

Il est descendu en vacances avec sa petite famille ; je ne comprenais pas ce que disait ma tante Raymonde (une deuxième Raymonde dans la famille) et Dany, à cause de leur accent alsacien très prononcé.

 

L’école a repris et je suis maintenant en CE2. Mlle Roquejoffre m’ignore complètement et ne m’interrogera pas de l’année. Je continue mes efforts et je dois reconnaître que c’est en partie pour lui être désagréable. Je veux lui démontrer, « par la preuve par neuf », que la bêtise qu’elle a décelée en moi, est seulement dans sa tête. Par contre, l’annonce des compositions de lecture me fait toujours le même effet.                                                                                                                                                     

                                                                                                           

Un jour, j’ai rencontré le Docteur Sage qui habitait à côté de l’école.

            - « Il faut que je te parle, Françoise. Qu’est-ce qui se passe à l’école et qui te rend malade, tous les mois. »

Je lui ai tout dit. Il voulait aller voir l’institutrice ; je l’ai prié de n’en rien faire, j’avais le sentiment que cela ne pouvait qu’envenimer la situation. J’ai appris, bien plus tard, qu’il lui avait demandé si je travaillais bien, Fifine avait répondu que oui.

 

Au mois d’octobre, je me suis rendu compte que mes parents étaient contrariés. Je n’en connaissais pas la raison car ils évitaient de parler devant moi. Un jour que je me regardais dans la glace de la petite salle à manger, alors que mes parents s’apprêtaient à y entrer, je me suis cachée derrière la porte pour ne pas être prise en flagrant délit de coquetterie.

Mon père a dit à ma mère, d’une voix chevrotante :

            - « Clémence, tu as assez attendu ! Je t’en prie, va chez le Docteur. »

Alors, c’est ça ! ma mère est malade. Je comprenais que la situation devait être grave ; j’avais, enfin, l’explication qui me manquait. Je n’ai pas eu les conclusions de la visite de ma mère chez le Docteur Sage mais les nouvelles n’étaient pas bonnes, à voir la tête de mes parents. C’est en me rendant chez ma grand-mère que la situation s’est éclaircie. Elle était, elle aussi, de mauvaise humeur et m’a dit sur un ton moqueur :

            - « Alors, tu préfères un petit frère ou une petite sœur ? »

Ah ! Ma mère est enceinte comme ma tante Raymonde. Mais, pourquoi mes parents ne sont pas contents alors que mon oncle et ma tante attendent avec impatience, l’arrivée de leur bébé. C’est aussi chez ma grand-mère que j’ai compris en partie, la détresse de mes parents. Yvonne disait à mon grand-père :

            - « Il va avoir 45 ans et en plus il est handicapé ! »

Elle parlait de mon père. Elle avait l’air de dire qu’il était vieux mais je n’étais pas d’accord, mon père n’est ni vieux ni handicapé.

Il fallait que je trouve le moyen de leur remonter le moral.

 

Noël est arrivé à grands pas. Le père Salvator était de retour à Saint-Cyprien et il était accompagné d’un autre franciscain, le père Philippe. Pour la veillée de Noël, ils avaient décidé d’installer une crèche vivante dans le chœur de l’abbatiale. J’ai été choisie pour être la Sainte Vierge et mon voisin et copain, Jean-Marie Gomez, a pris la place de Saint-Joseph. Ma mère a tout de suite pris la chose au sérieux et s’est rendue chez Mme Magnac, acheter du tissu et des fournitures pour m’habiller en Vierge Marie.

Des bergers, des meuniers venus de nos collines, Melchior, Gaspard et Balthazar arrivés d’Afrique, le tambourinaire, les musiciens, les paysans, tous les corps de métier étaient représentés. Les mamans ont eu beaucoup de travail pour faire que leurs enfants, joliment parés, puissent s’incliner devant l’enfant Jésus.

Le spectacle a eu lieu pendant la Messe de Minuit. Nous, les acteurs, étions dans l’assemblée et au signal donné par le père Salvator, nous devions prendre place : d’abord, Saint-Joseph et la Sainte Vierge et une fois ces deux personnages installés dans l’étable avec leur bébé, un long défilé pouvait commencer par l’adoration des Mages.

Melchior, le vieux mage, offrait l’or, Balthazar, le mage noir, la myrrhe et le plus jeune, Gaspard, l’encens. Jean-Paul Malaurie était Balthazar. Sa mère lui avait passé du cirage noir sur la figure et il était richement vêtu de tissus flamboyants. Le tambourinaire était mon autre voisin, Jean-Pierre Roger, qui, arrivé devant le messie, lui a offert un superbe roulement de tambour.

La crèche vivante a eu lieu, deux ans de suite. J’étais toujours la petite Sainte-Vierge.

J’ai été invitée chez Jean-Marie, pendant les vacances de Noël. Il avait eu en cadeau, un magnifique petit autel, juste à sa taille, fabriqué par le menuisier Lucien Tabanou. Recouvert de peinture dorée, l’autel était un véritable chef-d’œuvre. Il avait aussi reçu en cadeau, tous les accessoires indispensables pour dire la messe. Séverine, la maman de mon copain, le destinait à la prêtrise.

Jean-Marie disait la messe et je jouais le rôle de l’enfant de chœur. Je devais me servir de la clochette mais je l’activais soit trop tôt soit trop tard. Ce n’était pas sérieux ! Nous avons beaucoup ri ; et, dénoncée par Espérance, la tante de Jean-Marie, je n’ai pas eu l’occasion de m’améliorer dans cette fonction.                                                                                                                                                     

 

Le photographe scolaire est revenu et, cette fois-ci, nous avons gardé notre tablier.

 

                                                                                                                                                                             6

 

                                                                                                                                                                            Je m’étais coupé la frange avec les gros ciseaux de tailleur de mon père et j’avais été vivement réprimandée.

 

Claude et Raymonde sont devenus parents, le 14 avril 1953, d’une jolie petite Christine. Ma tante était radieuse. Nous sommes allés leur rendre visite, plusieurs fois, et notamment pour le baptême du bébé. Raymonde cherchait à rapprocher Serge, le fils adoptif de Mlle Lescombe, de sa jeune sœur Jeannette mais la Demoiselle a compris la supercherie et c’est moi qui suis devenue marraine.

 

Le ventre de ma mère s‘arrondissait de plus en plus. L’heureux évènement devait se produire aux alentours du 20 juin. Il avait été décidé que je partirais chez ma tante Hélène, institutrice à Périgueux. Elle s’était entendue avec la directrice de l’école Jules Ferry. On m’a présenté ma nouvelle institutrice chez qui je devais terminer l’année scolaire et j’ai alors décidé, sans rencontrer d’opposition, que je n’irai pas dans sa classe. Je restais toute la journée dans la classe de ma tante, bien sage, dans un coin, pour ne pas perturber les élèves. Je retournais donc en maternelle.

                                                                                                                                                      

C’est peut-être surprenant mais j’ai appris beaucoup de choses. Je me souviens très bien d’une leçon de ma tante sur les couleurs. Il y a trois couleurs primaires, le rouge, le bleu et le jaune. Avec ces trois couleurs, on peut fabriquer toutes les autres. Avec du bleu et du jaune, on fait naître le vert. C’est formidable ! Le vert est appelé couleur secondaire. Suivant le dosage qui est fait en bleu et en jaune, on passe du vert clair au vert foncé. Avec le bleu et le rouge, on fabrique le violet ; avec le rouge et le jaune, on fabrique l’orange. J’ai pris conscience de mes lacunes et je me suis retrouvée très humble. J’ai profité de ce retour en maternelle pour améliorer mon écriture ; elle est devenue plus jolie.

Il y avait un moment de la journée que j’adorais, c’était l’heure du repas. Ma tante Hélène déjeunait au restaurant, tous les jours, à midi, à deux pas de l’école. Elle partageait sa table avec deux instituteurs : M. Bouchillou et M. Beynet. Je préférais, de loin, M. Beynet. Je le trouvais tellement gentil et, en plus, il était beau. Il a été décidé assez vite, qu’après la classe, j’allais rejoindre l’école du Centre, école de garçons, où M. Beynet était instituteur et en assurait l’étude. Ma tante avait un amoureux et pour faciliter leurs rencontres, Guy (M. Beynet) avait proposé de me récupérer. Il me faisait faire des opérations et me posait des petits problèmes. J’étais fière de lui montrer mes capacités en la matière. Le soir, Hélène me faisait faire une petite dictée ; j’aimais moins mais je comprenais qu’il fallait que je lui fasse plaisir.

Un soir que j’étais à l’étude, à l’école du Centre, le directeur est arrivé dans la classe. J’ai trouvé, tout de suite, que cet homme avait bien la tête d’un directeur. Il a dit à Guy :

            - « Alors, vous n’avez pas assez des garçons en étude, il vous faut aussi accueillir les filles. »

J’étais impressionnée !

            - « Comment tu t’appelles ? »

            - « Françoise Maraval, Monsieur le Directeur »

            - « Maraval ! Mais d’où tu viens ? »

            - « De Saint-Cyprien, Monsieur le Directeur. »

            - « J’ai connu un Arthur Maraval à Saint-Cyprien. »

            - « Oui, M. le Directeur, il était mon grand-père. »

Je sentais l’émotion me gagner.

            - « Alors, tu connais mon cousin, Maurice Janot. Sa mère était née Lanceplaine comme moi. »

J’ai acquiescé de la tête.

            - « Çà alors, la petite-fille d’Arthur Maraval et d’Emma ! Je vais téléphoner à Maurice, ce soir ; il ira, demain, donner de tes nouvelles à tes parents. »

J’étais adoptée par M. le Directeur.

 

Le jour de mon anniversaire est arrivé et il ne se passait toujours rien à Saint-Cyprien. Je dois dire que, contrairement à ma tante, je n’étais pas inquiète ; je me plaisais à Périgueux.

Pour mon anniversaire, Guy m’a offert une énorme pêche melba et M. le Directeur de l’école du Centre m’a remis un joli petit paquet contenant deux livres écrits par la Comtesse de Ségur : « Les malheurs de Sophie » et « Le général Dourakine ».

Le soir, après la dictée, ma chère Hélène m’en lisait un chapitre. Je trouvais qu’elle lisait bien. Mais, je ne pouvais pas rester avec elle ; car, très active au sein des œuvres laïques de la Dordogne, elle avait à préparer, avec d’autres instituteurs, le soir tard, la nouvelle saison des colonies de vacances. Elle était l’Économe de la colo de Biarritz.

 

Je suis donc partie chez ma tante Raymonde, au Bugue. Sa petite fille Christine était adorable, elle avait alors 2 mois et demi et était très éveillée. Là, j’avais aussi une vie de rêve. Elle travaillait toujours chez Mlle Lescombe, la marchande de chaussures. Nous partions le matin, vers 9 heures, et après avoir laissé ma filleule chez sa nounou, ma tante assurait son service.

                                                                                                                                                       

Je comprenais que tout le monde était très inquiet au sujet de ma mère car la naissance prévue pour la mi-juin se faisait attendre. Déjà 15 jours de retard ! J’arrivais à capter quelques bribes de conversation :

            - « Accoucher à la maison, à notre époque, c’est prendre des risques ! Tous les accouchements se font maintenant dans les services « maternité » des hôpitaux. »

             - « Comment le Docteur a-t-il pu faire son compte, pour se tromper à ce point dans la date du début de grossesse. »

Tout cela était nouveau pour moi. J’avais l’impression qu’on me prenait en pitié.

Un jour, j’ai été vexée quand j’ai entendu Mlle Lescombe parler de moi à une cliente :

            - « Vous vous rendez compte, Nicole a une tête de plus qu’elle et elles ont le même âge ! Mais, il faut dire que dans cette famille, ils sont tous petits. »

De quoi elle s’occupe, je ne vais pas me présenter au concours de « Miss France ! »

Quand ma tante avait fini son service, j’avais hâte de revoir ma petite cousine et j’attendais, aussi, avec impatience, le retour de mon oncle Claude. Il travaillait à la laiterie des Eyzies, tenue par son oncle M. Vaux. Il faisait beau ; nous passions des soirées très agréables dans la cour et ils avaient des voisins charmants, les Moulinier, qui venaient discuter avec eux.

 

J’ai appris à donner le biberon à Christine et à la langer. Le dimanche, nous nous promenions.

 

                                                                                                                                                                           7

 

 

 

Me voilà, photographiée en 1954, avec ma petite cousine Christine et ma tante Raymonde

 

Cependant, chaque jour, la tension montait d’un cran ; du bureau de Mlle Lescombe, Guégué téléphonait chez Péniquaud, nos voisins négociants en noix, pour savoir si mon frère ou ma sœur avait vu le jour.

Enfin, le grand jour est arrivé. Pour sa venue au monde, mon petit frère avait choisi le 14 juillet pour son défilé et sa clique, sa fête républicaine et pour ses feux d’artifice. Tout le village était en fête. Il avait fait plus fort que moi, arrivée aussi à la date historique du 18 juin.

Ma grand-mère Yvonne a téléphoné chez Mlle Lescombe pour annoncer la bonne nouvelle ! Nous y étions car, invités pour la fête nationale.

                                                                                                                                                        

La maman et le bébé vont bien. Ouf !

Mais, dans la maison Maraval de la rue Verdanson, à Saint-Cyprien Dordogne, dès les premières contractions de Clémence, la tension nerveuse, déjà très forte depuis de nombreux jours, est arrivée à son paroxysme. Ma grand-mère Yvonne ne savait pas qu’elle était capable de courir aussi vite quand elle est allée demander du secours auprès du Docteur Sage. Fête nationale ou pas, le Docteur et Denise, son épouse, sont toujours prêts à intervenir.

L’enfant s’est présenté par le siège. Louis Sage avait été confronté à ce type d’accouchement, deux ou trois fois, depuis qu’il exerçait et jusque-là tout s’était bien passé. Avec ses mains, il a manipulé l’abdomen de Clémence de façon à modifier progressivement la position du bébé dans le ventre de sa mère. Toujours avec l’aide du toucher, il a compris que l’enfant avait pivoté de telle sorte que la tête était bien en bas. Il avait, cependant, des inquiétudes qu’il essayait de ne pas montrer. Le travail de Clémence pouvait commencer ; elle poussait autant qu’elle pouvait mais le médecin a dû utiliser les forceps, quelque chose empêchait la progression du bébé. Le périnée avait commencé à se déchirer et ces déchirures ont permis au Docteur de mieux comprendre le problème. Le bébé avait le cordon ombilical enroulé plusieurs fois autour du cou ! Il suffisait de le couper pour que la délivrance ait lieu.

L’enfant était magnifique malgré les tourments qu’il avait subis. Il se faisait entendre comme aucun bébé, jusque-là, ne s’était fait entendre et ses gesticulations ont donné à penser qu’il deviendrait un grand rugbyman.

Mesdames et Messieurs, oyez ! Mon petit frère pesait 11 livres ou 5 kg et demi, c’est comme vous voulez. Il était temps de s’occuper de ma chère Clémence et de Jeantou qui attendait, pétrifié dans la pièce voisine.

 

Raymonde a admirablement rapporté la communication téléphonique ; j’étais perdue avec cette histoire de périnée, de forceps, de cordon ombilical et les exclamations de Mlle Lescombe ont amplifié mon mal-être, si bien que « je suis tombée dans les pommes. »

 

Je suis restée au Bugue, deux ou trois jours de plus et mon oncle et ma tante m’ont mise dans le train. En gare de Saint-Cyprien, c’est Vié Roye qui m’attendait.

            - « Alors, Françoise, tu es contente d’avoir un petit frère ? »

Comment pouvais-je être contente ? Voilà plus d’un mois que j’étais éloignée de la maison parce qu’il s’y passait des choses louches et inquiétantes. Pour donner le change, j'ai aussitôt demandé des nouvelles de Nicole, sa nièce ; elle arrive la semaine prochaine.

 

Arrivée devant le berceau de mon petit frère, je regarde le bébé dormir. Il a le teint rougeaud, il est beau puisqu’ils disent qu’il est beau.

Mes parents, réservés, attendent ma réaction. Je comprends que je dois les rassurer et, avant même de les embrasser, je rassemble toutes mes pensées et je leur offre le petit discours que j’ai préparé dans le train :

            - « Un fils vous est né ! Vous devez être les plus heureux des parents.

Papa, c’est Pierre qui, comme toi, aura le devoir de transmettre avec fierté, notre nom et la mémoire de notre famille et son fils, à son tour, aura les mêmes obligations. Il faut que notre nom continue à traverser les siècles.

Maraval ! Je ne connais pas de nom plus beau : il est chargé d’histoire, de l’histoire de notre famille. Il est notre véritable héritage, il fallait le sauver et tu l’as sauvé de l’oubli avec l’aide de maman.

Papa, maman, je vous aime. »

J’avais entendu ma tante Hélène tenir un discours approchant et je me suis lancée avant même de savoir si j’allais m’en sortir.

Je me suis précipitée dans les bras de mes parents qui ne demandaient qu’à me recevoir et j’ai senti que mon cœur se gonflait de tendresse.

 

----------------------

 

                                                                                                                                                        

Sachons prendre appui sur nos patronymes, terminologie, un brin littéraire, qui, tradition antique oblige, privilégie, au premier chef, les noms des pères. Ainsi, depuis nos lointains ancêtres, ces patronymes arborisent nos matrices généalogiques.

Ce cheminement patrimonial des Borde, Destal, Bailly, Marchive, Boisse, Murat, Ramière, Smirnoff, Lacoste, Lamaurelle, Fousal, Mazaré, ouvre tous les rameaux d’un arbre riche d’une belle historicité. Tous ces patronymes sonnent juste. On serait tenté de dire avec finesse. Ils entretiennent la fécondité d’un terroir où l’embrasement, loin des ramures, se complète avec les greffes récentes.

Innocente et frêle Françoise, petite fille de la Libération, je vis dans ce monde familial interpellé par la continuité patrimoniale où les naissances ne sont pas forcément liées à une attente permanente, parfois anxieuse, d’enfant profondément désiré et attendu. Quand une naissance arrive dans un foyer proche de la précarité, celle-ci fait qu’elle n’est pas le synonyme d’une bénédiction. Il me revient donc à trouver, dans cette arrivée de Pierre, l’image d’un passeur de lignage qui aura en charge d’être le graveur du patrimoine.

Le nom de Maraval chevauche les provinces occitanes avec, parfois, une dérive en Marabal. Il vient de ces hameaux qui indiquent une mauvaise vallée. Il convient d’être fier de nos patronymes. Ils sont nos identificateurs, ils s’inscrivent en jalons marqueurs de cette mémoire collective des familles. Chaque année, les généalogistes constatent que des familles s’éteignent car elles perdent leurs rameaux déterminants ; parfois, par les hasards des mariages, parfois, hélas, par une disparition totale. Puisse le patronyme Maraval qui défie le temps, depuis plusieurs siècles, perdurer pendant bien des siècles encore.

 

 

 

 


30/06/2023
27 Poster un commentaire

Moustique tigre. Faut-il avoir peur des mares ?

 

CLIQUEZ SUR L'IMAGE

 

mare de c

 

La mare de Cabirat, sanctuaire biologique, niche à quelques hectomètres de la plus haute source de la Nauze. L'observation de la faune et de la flore autour d'une mare, avec l'arrivée du moustique tigre, pose un énorme problème aux promeneurs.  Photo © "Terres de Nauze".

 

Le moustique tigre, ce trublion de nos étés.

 

Ajoutez des plantes, une fontaine ou encore une cascade pour les faire fuir. Plusieurs variétés de plantes peuvent éloigner les moustiques : le géranium rose (pélargonium), le pyrèthre (chrysanthème) et la citronnelle (pelargonium citrosum). Une technique efficace est l'ajout de poissons dans votre bassin

 

.

 


29/06/2023
0 Poster un commentaire

Balade botanique

PAYS de BELVÈS

&

SAINT PARDOUX & VIELVIC

 

Description de cette image, également commentée ci-après

 

Millepertuis photographié au cœur d'une prairie naturelle. Image Wikipédia

 

 

Millepertuis : Les vertus du millepertuis contre la dépres ...

 

 

Connaissez-vous le millepertuis sauvage ? Cette plante possède des effets extraordinaires sur l'humeur. On recourt généralement au Millepertuis pour traiter des affections nerveuses comme la dépression et l'anxiété. Utilisée en phytothérapie, cette plante a des propriétés anti-inflammatoires, analgésiques, sédatives, antispasmodiques, antioxydantes et cicatrisantes.

 

TERRE EN VERT

 a le plaisir de vous proposer une

 

BALADE BOTANIQUE

 

Le dimanche 2 juillet

 

PLANTES COMESTIBLES/MEDICINALES

 

Aérodrome de Belvès

10h30

 

             

Objectif :

Établir une fiche botanique de chacune des plantes rencontrées, la plus complète possible : caractéristiques botaniques, confusions possibles, photos, dessins,  herbier…

Le but étant de pouvoir à nouveau l'identifier avec certitude, par nous-mêmes.

 

 

 

Nathalie démontrera qu'il n'est pas nécessaire d'être botaniste pour s'intéresser à la botanique

Animation:

 

-    Christian et Nathalie, amateurs et passionnés de plantes 

- Vous ! chacun vient avec ses propres connaissances et est invité à les partager.

 

 

                                               Limites : 5 plantes maximum

                                                   12 personnes maximum

 

 La balade sera suivie par une auberge espagnole à l'ombre des arbres : ce sera un déjeuner sur l'herbe.

 

             Renseignements et inscription :     06 76 13 02 77

 

                                             Participation libre

                                             Enfants bienvenus

 

Contribution "Terre en vert"

 

 

_____________________

 

En marge des promenades botaniques. Moustique tigre. Faut-il avoir peur des mares ?


29/06/2023
4 Poster un commentaire

Communiqué de la mairie de Carves

 

Un communiqué de la mairie de Carves

 

Carves

 

 

Maryvonne Chaumel, maire de Carves, a résolu sa problématique de secrétariat. Dans un billet ultérieur "Terre de l'homme" présentera ses vœux de bienvenue à la personne retenue pour cette mission de service, de contact et de proximité citoyenne.

 

Mairie de Carves

 

 

Dans la semaine

 

-  "Terre de l'homme" retournera à Carves pour annoncer la fête du 8 juillet. 

-  Jacques Lannaud reviendra vers son fidèle et passionné lectorat avec "Voyage et mésaventure"

-   Françoise Maraval, comme promis, va boucler sa saga. 

-  Une conviviale auberge espagnole belvésoise saluera, le 30 juin, " Le village préféré des Français"


28/06/2023
0 Poster un commentaire

Intrigue à la filature

FONGAUFFIER-lez-MONPLAISANT

 

 

Le 14 mai, à Fongauffier, de perspicaces équipages ont brillé pour dénouer de subtiles énigmes sur le fonds abbatial du village.

 

Changeons un peu de décor et précipitons-nous vers la sortie sud du hameau fongauffiérain, le 30 juin à 18 h, pour résoudre une autre énigme.

 

____________________

 

La Communauté des Communes Vallée Dordogne et Forêt Bessède et l’association Au Fil du Temps vous invitent à l'inauguration du nouvel escape game 2e édition, à la Filature de laine de Belvès.

 

_____________________________

 

Plongez dans l’intrigue de cette nouvelle enquête :

« Saviez-vous que dans les années 60, la filature de Belvès est devenue  le fournisseur officiel de chaussettes pour l'équipe nationale de rugby ?

Mais un malheur est arrivé !  Quelqu'un a trafiqué la machine à tricoter et au lieu du "bleu-blanc-rouge", les chaussettes ont des motifs de Noël .  A l'aide ! Il faut retrouver le coupable. La réputation de Belvès en dépend  ! »

 

Si vous voulez en savoir un peu plus, nous vous donnons rendez-vous le vendredi 30 juin à 18h, dans la salle des machines de la filature, autour d’un verre de l’amitié, en présence d’élus et des conceptrices du jeu.

 

Cordialement,

La Communauté des Communes Vallée Dordogne Forêt Bessède

L’association  Au Fil du Temps

 

Affiche EGV 2023(1)

 

 

 

Si vous voulez en savoir un peu plus, nous vous donnons rendez-vous le vendredi 30 juin à 18h, dans la salle des machines de la filature autour d’un verre de l’amitié, en présence d’élus et des conceptrices du jeu.

 

Cordialement,

La Communauté des Communes Vallée Dordogne Forêt Bessède

L’association  Au Fil du Temps

 

P.S. : Veuillez par retour de mail nous confirmer ou non  votre présence à l'inauguration avant le 28 juin, s'il vous plaît

 

 

FILATURE DE BELVÈS Centre d'Interprétation de la Laine

Visites - Stages - Ateliers - Boutique de la Laine
Tel. : 05.53.31.83.05 - Fax. : 05.53.57.73.00
http://www.filaturedebelves.com
Toutes nos actualités sur http://www.agenda-aufildutemps.com
Pour visualiser notre catalogue Boutique et Stages cliquer ici 

 

____________________

 

Contribution partagée par la communauté de communes, au Fil du Temps et, naturellement, les permanents de la filature.


27/06/2023
0 Poster un commentaire