Terre de l'homme

Terre de l'homme

Mois de mars 2021


Pour André Brun, c'est le grand départ

PAYS de BELVÈS

 

 

André Brun vit le jour, le 3 juin 1931, à Castres-Gironde, gros bourg du Pays de Montesquieu, dans le vignoble  des Graves.

 

Après ses études secondaires, il réussit brillamment au concours d'élève exploitation. Il fut donc de  cette jeune génération de l'après-guerre.

 

C'est à Saint Emilion, dans un autre prestigieux vignoble, qu'il effectue ses premiers pas ferroviaires.

 

Ses servitudes militaires l'ont conduit sur l'autre rive de la Méditerranée, à Oran.

André, après son retour d'Algérie,  est affecté à la gare de Belvès. En 1955, il épousa Marthe Brouqui-Grangier. Leur foyer s'enrichit de la naissance de Marie-Laure puis d'Henri. Marthe nous a quittés, le 5 janvier 2016.

 

À Belvès, il troquera ses étoiles de facteur mixte pour celles de facteur enregistrant avant de glisser, en 1969, un peu vers le sud, à Villefranche-du-Périgord où il accéda aux prérogatives de chef de gare. Dans ce site de voie unique, on travaillait beaucoup avec les forestiers.

 

Lors  du cent-cinquantenaire de l'inauguration de la ligne de ch de fer Px-Agen, André présenta un factice signal de départ avec un guidon du type 1948. Photo © Pierre-Bernard Fabre.

 

 

Villefranche n'était pas bien loin mais, tout de même, André préférait Belvès où il vivait. Il revint, donc, après une escale au Got, au pied du castrum, pour boucler son parcours professionnel.  À Belvès, les agents de la gare ont fondé, alors, un informel collectif de "mousquetaires du rail" qui allaient bien au-delà de leurs attributions. Comme ceux d'Alexandre Dumas, ils n'étaient point trois mais quatre à aller amener la billetterie au domicile des clients et à veiller aux échanges avec la clientèle. La hiérarchie et même certains collègues percevaient ces "plus" avec réserve.

 

 

 

André Brun, le 5 août 2014, lors de la Fête médiévale. Photo © Pierre-Bernard Fabre

 

André était bien autre chose qu'un chef de gare à la retraite. C'était le personnage obligeant qui participait à la vie de la cité. Les jours de marché, il apportait une aide bénévole à un producteur de l'Agenais,  tout cela pour garder le lien sociétal qui l'unissait à ses concitoyens.

André a, aussi, accompagné le folklore local en participant à diverses manifestations.

André, toujours dans le bénévolat, fut un auxiliaire précieux pour les visites du castrum et de l'église où il captivait son auditoire. 

 

C'est ce dimanche 13 mars que, paisiblement, il s'échappa.

 

Nous accompagnerons André, mercredi à 11 h, à Belvès, pour son ultime départ.

 

André, jusqu'à la cérémonie, repose au funérarium de Belvès. P.F Paoli

 

P-B F


15/03/2022
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Grande boucle verte de partage des eaux

SAGELAT, CARVÈS,

PAYS-de-BELVÈS,

SAINT GERMAIN-de-BELVÈS

 

Ce Décadi de la décade I de Germinal de l'année 229 de la Révolution, disons, pour les adeptes du calendrier grégorien, le dimanche 4 avril 2021, sera le dimanche pascal. Cette journée était celle des couvoirs.

 

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Cette promenade bucolique, pratiquement accessible à toutes et à tous, permettra à celles et à ceux qui adorent la Nature de l'honorer par l'attention qu'ils auront pour chaque détail. Là, vous aimerez un chemin forestier, plus loin une mare parfaitement sauvegardée, ailleurs un hameau scrutant l'horizon, un oppidum carvésois cherchant quelque part en Bessède  la découverte de la ligne d'horizon et les crêtes de l'autre côté du fleuve, puis une passerelle rustique et enfin une magnifique source.

L'eau, visible ou phréatique, sera la souveraine de ce chemin avec pour point d'orgue Fonpasserelle qui, depuis une soixante d'années, alimente en eau potable bien plus d'un millier de foyers.

 

Pour respecter les règles immanentes aux prescriptions sanitaires, on ne peut constituer, au maximum, qu'un groupe de 6 personnes. Si vous souhaitez être de ce "sextuor", manifestez-vous au 05 53 29 07 50 le soir ou au 06 52 88 10 74 ou par courriel adressé à terresdenauze@gmail.com

 

 

Le point de RDV pour le départ. RD 53, route de Domme, à 500 mètres du rond-point de Fongauffier.

 

Lieudit Altitude Distance Distance cumulée Horaire approximatif
Sagelat. Foyer rural 82     14.00
Mauvelas 146 1 212   14.25
Mare de Pétrou 212 1 653 2 865 14.55
Cayre Léva 206 1 044 3 909 15.05
Sous les Fargues 150 925 4 834 15.20
Pont des Fargues 117 380 5 214 15.30
Le Cambou 116 410 5 624 15.40
Mas de Carvès 219 693 6 317 16.00
Lestang 125 1 678 7 995 16.30
Croisement rte St Germain 98 1 877 9 872 16.55
Borne R.D 51 92 360 10 232 17.05
Passerelle d'Écoute-s'll-Pleut 87 90 10 322 17.10
Bos rouge 126 483 10 805 17.20
Fonpasserelle 77 1 280 12 085 17.45
Foyer rural 82 454 12 539 17.55

 

 

Les distances sont exprimées en mètres. La moyenne tourne autour de 3,2 km/h.

L'heure de départ est nécessairement impérative.

 

 

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Photo Pierre Fabre

 

La forte pente de Mauvelas descend vers le Branchat. On devine la crête de Belvès à l'horizon.

 

 

Part eaux Peyronnette

 

Photo Pierre Fabre

 

Le raccourci, en passant par le Bois du Maillac, évite  le Col de Peyronette.  Là, les eaux rejoignent le Valech ou le Branchat.  Le hameau de Peyronette, à 100 m, est le point de départ d'un troisième talweg qui recherche la Nauze. Ce talweg trouve son aboutissement à Lavergne.

 

 

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Photo Pierre Fabre

 

La sortie, ou l'entrée, du chemin forestier du Maillac.

 

 

 

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Photo Pierre Fabre

 

Mauvelas. Cette crevasse est toute récente... eu égard à la géologie. Elle s'est ouverte lors du séisme de 1812 dont l'épicentre était à Saint Pardoux. Une faille de plusieurs hectomètres s'est alors dessinée.

Au fond de ce talweg, il y avait une source intermittente et même un lavoir de fortune. Un remblaiement les a comblés. 

 

Mauvelas, en onomastique, est le mauvais lieu.

 

 

Nous arrivons au hameau de Lacoste-lez-Pétrou.

 

 

La Coste

 

Photo Pierre Fabre

 

Lacoste, lieudit de Sagelat. Localement, tout le monde dit Pétrou. Le fossé répartiteur des eaux pluviales qui vont rejoindre Le valech, côté est, ou, côté ouest le Branchat.

 

 

Pour Lacoste, le toponyme tombe sous le sens, il désigne la côte. Pour Pétrou,  d'aucuns voient la racine pech, c'est peu probable. Plus vraisemblable serait le lieu du pétrin, accessoire du fournier qui deviendra, en français, le boulanger.

 

Ce hameau méritera largement une longue découverte lors d'une prochaine balade.

Nous ne ferons que frôler cet agreste hameau, balise collinaire partagée entre Carves et Sagelat et tout proche des reliefs saint-amandins. Ce hameau, à lui seul, méritera une balade de découverte rurale. Terre relativement épargnée par les derniers gels du printemps, Pétrou était fort "courtisé" par le cousinage des résidents qui profitaient de la généreuse hospitalité de leur parentèle pour aller sur cet oppidum, cueillir les cerises.

 

Ch de kla fontaine de Lacoste Pétrou

 

Photo Pierre Fabre

 

Ce chemin ouvrait l'accès à la fontaine de Lacoste-Pétrou. Celle-ci, depuis longtemps, a été privatisée.

 

 

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Photo Pierre Fabre

 

Le hameau de Pétrou, pratiquement plat, sépare ses eaux entre le Valech et Le Branchat.

 

 

Mare de Pétrou

 

Photo Pierre Fabre

 

La mare de Pétrou tributaire du Valech. Elle récupère adroitement les eaux de son hameau. 

 

 

 

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Photo Pierre Fabre

 

Les amis des chemins ruraux, tout au moins ceux qui sont attachés à la conservation intégrale de ce patrimoine, ont certainement eu une belle déception de voir ce chemin, historiquement pluri-séculaire, être aliéné au niveau des Fargues, certes avec un report  compensatoire qui part du Cayre Léva.

Les nostalgiques de ce très vieux lien, certainement, regretteront la disparition de cet excellent lien bien ermpierré qui a marqué ce flanc collinaire, pendant des siècles.

Pour positiver, le chemin de substitution est une belle sécante sylvestre vers le Cayre Léva.

 

Au Cayre Léva, se partagent les eaux filant vers le Valech, la pente s'aperçoit en haut de l'image, et celles qui vont au Mamarel qui se glisse dans l'autre creuset.

 

Le Cayre Leva, terminologie occitane qui, en français, désigne la pierre levée.

 

 

 

Pont des Fargues avant

 

Photo Pierre Fabre

 

Carvès, Le pont des Fargues. Ce pont pluri-séculaire chevauche le Valech. Il y a une quinzaine d'années, il a été endommagé par un engin agricole... dommage ! Ses parapets n'ont pas été restaurés depuis. 

 

 

Le Cambou

 

Carvès. Le Cambou. Son ru intermittent de 900 mètres rejoint le Valech.

 

 

Confluence Ravine du Cambou -Valech

 

 

Le ruisselet du Cambou, très intermittent, rejoint le Valech après un cours de 900 mètres. Cambou, patronyme et toponyme, est une forme dialectale de chambon, cette terminologie très répandue dérive de gaulois cambo, courbe de rivière. Elle désigne une terre fertile cernée par le méandre de la rivière.

 

Après le Cambou, il faudra gérer son souffle pour une rampe sévère de 500 mètres.

 

Saluons au Mas de Carvès le point culminant de la promenade. 

 

 

Carvès -Le Mas

 

Le Mas de Carvès. Là les eaux, côté est, vont au Neufond et, côté ouest, au Valech.

 

 

Mas de Carvès

 

Photo Pierre Fabre

 

Le mas de Carvès. Une douzaine de communes ont pour toponyme Le Mas. La plus importante est le Mas d'Agenais, environ 1 500 habitants.

Ne parlons pas de la kyrielle de lieudits qui, dans une trentaine de départements, s'appellent Le Mas.

Le mas est une ferme de certaines régions du midi de la France (ProvenceLanguedocRoussillon). Le mas est lié à la vie économique rurale. Depuis le xxe siècle, certains mas sont utilisés comme maison de villégiature.

Ensemble rural, très latin dans son historicité et sa culture, le mas d'antan se définissait dans sa sobriété. Aujourd'hui, les propriétaires de mas n'ont rien à voir avec les Provençaux de l'Ancien Régime. Le Mas, toponyme qui sent bon le terroir où l'on a parlé occitan depuis les fonts baptismaux gallo-romains, se retrouve dans toutes les provinces latines de notre hexagone. 

 

Carvès, commune rurale, compte son Mas, un écart qui comptait autant d'importance rurale que bourg lui-même. Entre le bourg et le Mas, il y a le Faubourg qui était la résidence de l'archiprêtre de Carvès.

 

 

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Carvès. Lestang. Très fragile, la Ravine de Lespinasse, 2 km de cours, elle va apporter ses ondes au Valech. On aperçoit en haut à droite Carvès. Le microtoponyme de Lestang vient de l'occitan, un "estang" qui n'est pas un étang. En français, c'est un bief.

 

 

Confluence Nravine de Conty - Neufond

 

Ce point de confluence peut, à tort, passer pour mineur. Ici confluent avec le Neufond, sur la rive droite, la ravine de Conty, gonflée de la source fontaine de Lestang, et, sur la rive gauche, les ravines de Lespinasse et celle du Mas. Cette dernière quasi imperceptible sur le terrain, récupère les eaux collinaires de Cauze.

Sur l'image,  on voit nettement le filet d'eau de la Rouquette et l'on devine, de l'autre côté de la R.D 51, le Neufond qui sort de l'ancien moulin de Lestang.

Photo Pierre Fabre

 

 

27 - Lavoir à la Rouquette blog

 

Le site du lavoir-fontaine de Lestang, photo © Bruno Marty

 

Ici, le chemin de fer minier, démantelé il y a plus de 80 ans, avait sa prise d'eau. 

 

Les promeneurs vont jouir d'un segment de faux-plat descendant de 2 500 mètres.

 

 

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Photo Pierre Fabre

 

En 1967, Jean Yanne dans son sketch mémorable, interprété avec Lawrence Riesner, "Le permis de conduire", disait combien il "méprisait" les routes départementales. Eh bien, soit !

Qu'il nous soit néanmoins permis d'aimer "nos" routes départementales. La R.D. 51, que nous emprunterons pour 200 mètres lors de notre promenade, relie le superbe village de Limeuil aux portes du Quercy. Elle s'efface à l'entrée du Lot où la R.D. 2 la supplante.

 

Cette promenade a, au maximum, écarté l'emprunt des routes, fussent-elles départementales, au strict minimum pour cette promenade. Elle sera, avant tout et surtout, une balade sur des chemins ruraux ou des voies communales.

 

 

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Autoportrait © Bruno Marty

 

L'avant-dernière rencontre avec un cours d'eau. Ici, à Écoute-s'Il- Pleut, Bruno a eu un coup de cœur pour cette passerelle. Là on peut tout autant voir le Valech à sec qu'en furie comme ce fut le cas au début de février. 

 

 

Bos rouge

 

Photo Pierre Fabre

 

Le Bos rouge, lieudit de Sagelat. Non, nous ne sommes pas dans le plus vieux désert du monde, le désert du Namib, parc du Namib-Naukluft. Là-bas, les dunes de sable rouge peuvent atteindre 300 m et sont les plus hautes du monde.

Non, le sable de ce bois n'est pas rouge, il est de la couleur du sable du Périgord.

 

Les sables du Périgord, grains de quartz grossiers, avec débris de silex et un peu d'argile, souvent grésifiés, ont une teinte jaune ou ocre plus que rouge. Ce sont des formations continentales.

Ces formations fluviatiles détritiques issues du démantèlement des arènes granitiques du Massif Central et de l'altération des calcaires sableux du Crétacé, sont caractérisées par une alternance de sables grossiers ou de graviers avec des intercalations d’argiles silteuses.  

Sous le climat tropical de l'époque, la solubilisation de la silice a permis aux sables de donner des grès quartiques ou des meulières.

Ici, il y avait, à moins de 200 m, sous Pinsac, une carrière de sable qui a été abandonnée, il y a près d'un siècle.

 

Le dernier point de partage des eaux de cette promenade est ici, dans le Bois de La Braude, au Bos rouge. Ce toponyme serait, selon la tradition orale, évocateur d'un lieu de traquenards. Dans ce chemin en tranchée, il paraissait facile aux brigands d'antan, notamment lors des retours des foires, de tendre une embuscade aux gens qui avaient la bourse pleine d'écus. Légende ou histoire, un convoi financier qui évoluait entre Monpazier et Sarlat, aurait été, là, victime d'un guet-apens.

 

Une autre hypothèse onomastique, le Bos rouge a pu appartenir, jadis, à un sieur Rouge.

 

 

Le calcul, très pondéré, de la marche dégage une moyenne de 3,200 km/h. Les gravissements des parcours les plus escarpés étant, naturellement, calculés en dessous de cette moyenne. 

 

5. Sommet du canyon de Mauvelas, tributaire du Branchat.

6. Plateau de répartition des eaux Branchat / Valech.

7. Partage des eaux Valech / Mamarel.

8. Ouvrage placé le plus en amont de la promenade côté Valech.

9. Point culminant de la promenade.

10. Point le plus haut de la promenade pour le Neufond

11. Partage des eaux, aval, Valech / Neufond.

12. Point le plus bas de la promenade du parcours côté Valech.

13. Partage des eaux Nauze / Valech.

14. Point le plus bas de la promenade. La Fonpasserelle sourd là avant de rejoindre la Nauze après un lit naturel de 100 m. 

 

Nous terminerons notre promenade avec Fonpasserelle.

 

 

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La source de Fonpasserelle

Photo Pierre Fabre

 

Il s'agit, vraisemblablement et logiquement, d'une fort lointaine agglutination de fon, la font, la fontaine, et de passerelle. 

 

Cette magnifique source a été captée en 1956. Les travaux de creusement de la poche de puisage, initialement prévus pour aller sous terre beaucoup plus profondément, ont été revus par crainte pour les personnels de l'entreprise thibérienne qui  menait le chantier. Le terrible hiver de 1956 a très peu interrompu le chantier. Pour la toute petite histoire, les ouvriers ont été interpellés par la présence dans la vasque, de tuiles. Grâce à la présence sur les lieux d'Amédée Delmond, le propriétaire cédant, ils ont eu la clé de l'énigme. Le moulin de la Robertie, très légèrement en amont, a été en partie emporté par  la crue du siècle de 1812 et ce sont des tuiles qui, par le phénomène gravitaire, se sont déposées dans la vasque. Jusqu'alors, une appréhension des sables mouvants avait fait qu'elles sont restées là englouties dans la roche de la source. 

 

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Un jour que, sous les roseaux, sommeillait mon eau vive
Vinrent les gars du hameau, pour l'emmener captive
Fermez, fermez votre cage à double clé
Entre vos doigts, l'eau vive s'envolera.

 

L'eau vive. 1958 Guy Béart.

C'est, selon moi, une des plus belles, voire la plus belle, des chansons françaises.

 

 

 

 

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Après la vasque 

Photo Pierre Fabre

 

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Sortie de Fonpasserelle

Photo Pierre Fabre 

 

 

 


30/03/2021
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Deux feuillardières à Saint-Léon-sur-Vézère, en Périgord noir.

Aujourd'hui, le blog reste en Forêt barade, grâce à Huguette Simon-Labrousse, pour aller à la rencontre d'Estelle et de Judith qui nous donnent une belle leçon de sauvegarde et de renaissance d'une activité manuelle... on pourrait presque dire artistique.

 

Huguette Labrousse

 

Huguette Simon-Labrousse

 

Qui est Huguette Simon-Labrousse.

 

Cette sympathique enseignante honoraire, aux solides racines du Pays vernois, fut professeur des écoles après son parcours à l'Êcole normale d'institutrices, au cœur des années 60.  Quand elle enseignait, on disait institutrice. Elle n'avait absolument rien de ces "pédagogues" revêches, cassants et désagréables à l'envi, d'une génération s'arcboutant sur une méthode magistrale, d'aucuns la taxent de "frontale" ou "transmissive", où l'émulation et l'humanisme étaient l'exception.

La démonstration, preuve par neuf, de cette foi pédagogique dans un climat serein et participatif, elle fut la règle permanente de toute sa carrière, nous est apportée par son billet sur une de ses anciennes élèves qui, aujourd'hui, est sa fierté en promouvant le travail de feuillardière.

 

Merci à Huguette et à Estelle, l'ancienne élève qui, en quittant la sécurité d'un emploi stable, sécurisant et valorisant, n'a pas hésité à se lancer dans le travail manuel pour finaliser une aspiration et donner toutes les lettres de noblesse à ce métier qui tutoie un art, que bien peu de dames ont osé approcher.

 

P.F

 

 

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Le métier de feuillardier, très courant au début du 20ème siècle, était exercé exclusivement par des hommes durant les mois d’hiver.

C’était un travail d’appoint pour les agriculteurs.

 

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7 Estelle

 

                                                         Estelle et Judith

 

Estelle et Judith sont, peut-être, les premières feuillardières de France.

 

Estelle est une de nos* anciennes élèves de l’école de Marquay et c’est avec un grand plaisir qu’elle nous a accueillis dans sa belle maison qui domine la Vézère et le pittoresque village de Saint-Léon.

Lorsqu’ Estelle a annoncé à son père Guy Phélip qu’elle voulait abandonner son métier d’assistante sociale et apprendre à faire le feuillard, celui-ci a été très surpris et ému.

Ce travail est très physique et il se demandait si elle y arriverait. Mais Estelle était très motivée et elle souhaitait travailler en contact avec la nature. Aussi, lui qui en faisait depuis très longtemps, a fabriqué pour elle un « banc » (un établi spécial) à côté du sien dans son atelier de Tamniès.

 

1 Estelle
2 Estelle

 

L’apprentissage est difficile car il faut répéter les mêmes gestes afin d’acquérir le tour de main nécessaire. Estelle a voulu aller trop vite au début et elle a dû arrêter deux mois à cause d’une méchante tendinite. Mais, peu à peu, grâce à la formation prodiguée par son maître feuillardier, elle est devenue experte. Guy en est très fier.

En 2019, elle a lancé son auto-entreprise « Feuillard et création bois ». L’activité dure huit mois, de septembre à avril. Actuellement, elle partage les taillis de châtaigniers avec son père. Un taillis est constitué de jeunes tiges qui régénèrent la souche. Il faut environ quatre hectares de taillis par feuillardier, de façon à exploiter un hectare par an, par roulement. On l’exploite à quatre ans d’âge, en hiver, à la descente de la sève pour que la peau de la jeune pousse ne se décolle pas et que le taillis se régénère mieux. Parfois, Estelle peut couper jusqu’à fin mars mais, cette année, elle a arrêté fin février à cause du climat printanier. Elle porte les barres d’environ 4 mètres de long dans son atelier. Le cahier des charges impose un diamètre compris entre 2 cm et 2,8 cm (en produit fini). Elle n’utilise que la base de la barre (bois de première et deuxième années) pour sa résistance et sa souplesse. Le bois doit être conservé dans le noir et au frais pour que l’écorce ne sèche pas, sinon elle deviendrait impossible à travailler. Elle coupe les tiges à quatre dimensions : 2m 20, 2m 30, 2m 50 et 2m 70 car elle réalise quatre tailles de cercles.

Avec la serpe, elle amorce la fente de la barre puis avec une partie du banc, elle écarte les côtés pour obtenir deux côtes.

Ensuite, à la force des bras, avec la plane, elle travaille la côte pour l’amincir. Pour aiguiser la plane, elle écrase sur une planchette, de la poudre de pierre de meule qu’elle mélange à de l’huile.

Elle passe la côte travaillée et assouplie dans la cintreuse dont les crans hachurent la tige de châtaignier et permet à celle-ci d’être courbée facilement.

 

3 Estelle 2
4 Estelle

 

Avec la cercleuse réglée sur la bonne circonférence, elle forme 24 cercles qu’elle relie en couronne (ou meule).

Ses outils sont :

  • Une petite tronçonneuse qui a remplacé la hache,
  • un banc de feuillard,
  • une serpe qui appartenait au père de sa grand-mère de Tamniès,
  • une plane (couteau) ancienne fabriquée par une forge de Beynac,
  • une cintreuse achetée pour tirer un meilleur profit de son travail,
  • une cercleuse fabriquée par son père Guy.

Le cercle de feuillard a surtout, aujourd’hui, un rôle esthétique mais il permet aussi de déceler les attaques d’insectes indésirables avant qu’ils ne s’installent dans le chêne des barriques.

Estelle s’est découvert des talents de pédagogue en formant au métier de feuillardière, sa compagne Judith qui a abandonné son activité de juriste dans la fonction publique hospitalière. Elle a débuté son apprentissage  en novembre 2020 et comme conjointe collaboratrice, depuis quelques semaines, à présent que sa formation est terminée. Elle est enchantée de travailler sur place, à son rythme, dans un cadre reposant.

 

5 Estelle
6 Estelle

 

Elles ont un contrat avec les tonneliers Taransaud et Seguin-Moreau de Cognac qui viennent prendre leur commande à Saint-Léon-sur-Vézère. Leur feuillard habille des barriques de grands crus en Bordelais, en Bourgogne, en Alsace, en Italie.

Estelle a aussi fabriqué quelques meubles pour répondre à une commande locale.

 

Estelle et Judith adhèrent à l’Association des feuillardiers du Périgord qui souhaite valoriser le métier et aider des jeunes à s’installer car la demande est importante.

 

Pour elles, ce n’est pas comme au siècle dernier, une activité complémentaire mais un métier à part entière qui n’est pas prêt de disparaître, comme en témoignent nos deux feuillardières passionnées qui perpétuent la tradition familiale.

 

Nous leur souhaitons une belle réussite.

 

Huguette SIMON-LABROUSSE,  le 25 mars 2021

 

* Huguette utilise le pluriel car Estelle, qui fut son élève a, aussi, été l'élève de Georges son mari.

 

 

Demain... Covid 19 oblige !

Nous ne pourrons être que six pour la balade printanière pédestre du 4 avril de  "La grande boucle verte de partage des eaux". 

Un circuit collinaire de 12 km.

Pensez à prendre rang pour être de ce "sextuor".

 


30/03/2021
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Les collégiens de Leroi-Gourhan sur les sentiers de la Résistance en Forêt barade

Sans titre 2

 

Jean-Paul Bedoin

Photo Pierre Fabre

Jorge Agustín Nicolás Ruiz de Santayana y Borrás énonça l'aphorisme "Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter". C'est en s'appuyant sur ce précepte que Jean-Paul Bedoin, professeur certifié  d'histoire honoraire, président du Comité départemental de l’ANACR et secrétaire général adjoint de l’ANACR, arpente les lieux de mémoire et suit les chemins de la Résistance.

Jeudi 25 mars, Jean-Paul et Rémy Bousquet, figure cendrieucoise  incontournable et emblématique de ce chemin de mémoire de la Forêt barade, ont donné à  la Clairière de La Font du but une ouverture à l'adolescence pour cette appropriation historique de terrain sur les lieux-mêmes de ce passé résistant. 

 

SAINT AVIT-de-VIALARD, JOURNIAC,

 VAL-de-LOUYRE & CAUDEAU

DURESTAL en FORÊT BARADE

 

La Font del But*, lieudit forestier, proche de Durestal, point de triangulation de Saint Avit-de-Vialard, Val-de-Louyre & Caudeau, anciennement Cendrieux, et Journiac. C'est là que les partisans des groupes des maquis Mireille et Ancel, ils étaient des maquis de l'Armée secrète, se retranchaient, loin de la route passante ex R.N 710, Ribérac-Fumel et à l'écart de l'ex C.D 32 Bergerac-Rouffignac. Ce haut lieu de la Résistance eut un hôte illustre en mai 1944. André Malraux y séjourna. Ce 25 mars, J-Paul Bedoin, président du Comité départemental de l’ANACR et secrétaire général adjoint de l’ANACR, a accueilli les élèves de troisième du Collège Leroi-Gourhan du Bugue. Ils étaient pilotés par Séverine Bultel, professeur d'histoire et géographie.

Cette visite a permis aux collégiens de découvrir un site proche de chez eux, lieudit sylvestre que Malraux qualifia de "Ville dans les bois".

 

 

  *  La Font del But, toponyme occitan, partiellement francisé en La Font [la fontaine] du But.

 

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Les élèves devant la cuisine / cantine  qui est vite devenue un des lieux stratégiques du camp où les maquisards, cachés au fond des bois du maquis de Durestal, réussissent petit à petit à survivre.

La documentaliste du collège, de dos sur l'image et J-Paul Bedoin, face aux collégiens.

 

 

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Les élèves découvrent la source de la Font du But où les maquisards puisaient l’eau indispensable à leur survie.

 

 

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Les élèves découvrent la plateforme qui sert de lieu de rassemblement où, dans ce maquis organisé et encadré de manière militaire, deux fois par jour, à 7 h et 14 h, le groupe, après  une mise au garde-à- vous, se retrouve  pour un appel et  un passage de consignes.

 

 

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Les élèves devant  la prison, simple cabane, entourée de barbelés serrés, dans laquelle sont détenues les personnes suspectées de mauvais comportement ou de dénonciation.

 

 

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Les élèves découvrent les tombes, creusées vraisemblablement par les condamnés eux-mêmes qui, après avoir été traduits devant un tribunal militaire créé pour la circonstance, ont été jugés, condamnés car fortement soupçonnés d'avoir collaboré ou d’être faux-maquis ou miliciens et fusillés. Les corps  ensevelis dans ces quatre tombes ont été exhumés par la Croix-Rouge après la guerre et rendus aux familles.

 

 

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Les élèves devant  les cabanes de branchages et de feuillards reconstituées qui abritèrent les maquisards car, à Durestal, comme dans la plupart des premiers maquis, l’hébergement est pour le moins sommaire. André Malraux qui visita ce maquis à la fin du mois de mai 1944, fut impressionné par le nombre de résistants, au point d’évoquer une sorte de « ville dans les bois ».

 

Contribution collégiale de Jean-Paul Bedoin, légendiste des images, Thierry Esnaud, preneur d'images et d'Isabelle Tallet, assembleuse de ces supports. 

 

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Demain le premier billet d'Huguette.

Deux feuillardières de Saint Léon-sur-Vézère

 


29/03/2021
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En même temps ...

 

napoléon II
macron 2

 

 

 
 
 

 

                    Le duc de Reichstadt                                                         Emmanuel Macron

 

               mais........................... en même temps

 

La scène se passe en 1830, en Autriche à Vienne, au Palais de Schönbrunn.

Le fils de Napoléon 1er et de Marie-Thérèse d'Autriche, roi de Rome et duc de Reichstadt, appelé à monter sur le trône, sous le nom de Napoléon II, sert d'otage aux Autrichiens.

 

 

schonnbrun

 

                                                                   Palais de Schönbrunn

 

 

Il se morfond dans ce palais et se plaint du sort qui lui est fait dans cette cage dorée.

L'archiduchesse : "Le duc n'a-t-il pas toute sa liberté ?"

Le comte de Dietrichstein : "Oh le prince n'est pas prisonnier, mais ....

Le duc de Reichstadt : "J'admire ce mais ! Sentez-vous tout ce que ce mot veut dire ? Mon dieu, je ne suis pas prisonnier mais .....Mais il y a toujours autour de moi du monde. Prisonnier ! Croyez bien que je ne le suis pas. Mais .... s'il me plaît de risquer au fond du parc un pas, il fleurit tout de suite un oeil sous chaque feuille".

L'Aiglon (Edmond Rostand 1900)

 

Le fils de Napoléon 1er, l'Aiglon, en liberté surveillée, monnaie d'échange entre l'Autriche et la France, ne montera pas sur le trône. Il mourut à l'âge de 21 ans.

 

 

sarah bernhardt

 

                                                             Sarah Bernhardt dans "L'Aiglon"

 

Il  n'était pas un prisonnier, mais ..... en même temps....voilà ce qu'aurait pu dire le Président Macron, s'il avait joué ce rôle.

"En même temps" : l'expression n'est pas de lui mais il la répète constamment et se justifie ainsi "Je continuerai à le dire dans mes phrases et dans  ma pensée, car ça signifie que l'on prend en compte des principes qui paraissent opposés."

Goût du paradoxe, de l'ambiguïté, volonté de faire croire qu'une synthèse est possible ? Chacun tranchera, l'expression est désormais dans le langage courant comme une figure de style ou de rhétorique. Elle peut prêter à sourire.

 

Tout autre est le danger, venu récemment des Etats-Unis où des hommes politiques accréditent l'idée que la vérité factuelle n'a plus d'importance, qu'elle passe au second plan derrière l'idéologie. Ils appellent cela "faits alternatifs" (alternative  facts). Si ce n'est pas l'apologie du mensonge, ça y ressemble. Les "fake news ", fausses nouvelles, informations mensongères dont le but est d'induire le public en erreur, sont les enfants naturels de cette conception de l'information utilisée pour la première fois en janvier 2017 par la conseillère du président Trump.

 

J'ai choisi à dessein "L'Aiglon" car il me paraît nécessaire d'appeler les choses par leur nom.

 

Face à la crise  sanitaire, les pouvoirs publics font tout pour ne pas utiliser le mot confinement, on comprend leur souci de ne pas effrayer nos compatriotes mais alors, comment appeler les accumulations quotidiennes de nouvelles interdictions et barrières sanitaires ?

 

En somme, "nous ne sommes pas confinés....mais .......".

 

 

Pierre Merlhiot

 


28/03/2021
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