Terre de l'homme

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Mois d'août 2022


De belles gens. Suite n° 37. Saga de Françoise Maraval

 

                                                                                                                                                  

 

 

 

 

 

DE BELLES GENS

 

 

Èpisode 37

 

 

 

Maria Alexandrovna Smirnoff,

 

Résumé de l’épisode précédant :

Dans le haut de la ville, Achille et Yvonne attendent leur 4ème enfant. Chez les Lamaurelle, les aînées, Henriette et Jeanne sont internes aux Cours Complémentaires de Belvès et donnent entière satisfaction. La plus jeune Micheline va faire sa première année de maternelle tandis que Louis va rejoindre son grand frère Michel à la grande école.

Dans le bas de la ville, Jeantou junior se prépare à partir à Bergerac, en apprentissage, pour apprendre le métier de tailleur d’habits.

A Paris,Henri Destal, le frère d’Emma, a de nouveaux voisins, les Smirnoff, venus de Moscou.

 

 

Simon Simonovitch Smirnoff vient d’apprendre le décès de son frère aîné, Piotr Nicolaïevitch. Les frères étant nés à Saint-Pétersbourg, les parents ont trouvé opportun de leur donner comme prénom celui du saint-patron de la ville, celui de l’apôtre Simon-Pierre. Piotr ne s’est pas intéressé à l’entreprise familiale de poêles. Il a préféré faire des études de droit et tourné vers la littérature il s’est fait offrir une librairie ; « la librairie des amis », place Saint-Isaac en face de la cathédrale du même nom. Il a épousé une jolie moscovite, Tatiana, qui lui a donné une petite fille Maria Alexandrovna. Dans la continuité, Piotr a acheté la maison d’édition « l’isba ».

 

 

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                                                                       Place Saint-Isaac

 

                                                                                                                                                         

Maria a été élevée dans ce milieu littéraire et a côtoyé les grands de la littérature russe : Maxime Gorki,  Boulgakov, Boris Pasternak, etc …

L’éditeur organisait des rencontres d’écrivains confirmés et de jeunes écrivains. L’arrivée des usurpateurs avait changer la donne et on se méfiait. Ce milieu était surveillé, les espions étaient partout.

 

Maria a perdu sa mère du typhus en 1908 et le père et la fille se sont protégés mutuellement. Quand la jeune fille a eu 17 ans en 1917, face à l’abdication du tsar Nicolas II et au changement profond de la société russe  amené par les bolcheviks, elle a voulu apprendre un métier, un métier sûr et stable dont toutes les sociétés auraient toujours besoin : la comptabilité. Son père a fait appel à un ami de la famille, le négociant en vodka et caviar, Dimitri Malinoff. Ce dernier l’a mise entre les mains de son comptable et ainsi Maria s’est sentie en sécurité malgré son implication dans le milieu littéraire.

 

Avant 1917 Piotr Smirnoff et sa fille sortaient beaucoup le soir. Les soirées au théâtre Mariinsky, à l’Opéra, au théâtre de l’Ermitage du Palais d’Hiver se multipliaient. La père voulait introduire son héritière dans le monde. Au café littéraire, 18, rue de la perspective Nevski, ils ont rencontré les écrivains de l’âge d’or.

                                                                                                                                                        

                                                                                                                                                        

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                                                           le Palais d’Hiver et l’Ermitage

 

Le premier étage de leur appartement était réservé aux rencontres littéraires et Maria était le pivot indispensable : la maîtresse de maison. On trouvait encore  à se restaurer, à faire la fête à la Russe comme autrefois. Dimitri Malinoff amenait caviar et vodka  et les anciens traiteurs travaillaient encore, sous cape, pour leurs anciens clients. Se dégustaient le gâteau « Napoléon », le vatrouchka, le paskha…

 

Mais d’une rencontre à l’autre les mauvaises nouvelles arrivaient ; ainsi on apprit que le jeune  écrivain émergeant et journaliste du journal réactionnaire Russkii, Léonid Andreïev était mort d’une crise cardiaque le 12 septembre 1919.

 

                                                                                                                                                        

Auparavant, dans un de ses articles intitulé « S.O.S » , Andreïev avait demandé l’intervention des Anglais et des Français pour renverser le Gouvernement bolchevik.

Alors crise cardiaque ou …

Plusieurs de ses écrits étaient encore en mémoire : « le journal de Satan et autres récits », « le rire rouge »,  « les sept pendus ».

 

« l’oreille du geôlier est pleine de poils, le trou étroit et serré : faite pour les mots mensongers, onduleux, qui rampent sur le ventre comme des créatures viles. Mes mots à moi, marchent droit, la poitrine saine et le dos large. Ah, comme ils ont déchiré l’oreille tendre et pleine de poils du geôlier. »

 

« il est dangereux d’appeler la liberté : tant que l’on se tait, la vie est encore possible ; mais si on l’appelle une fois, une seule, à voix très, très basse il faut soit s’en emparer, soit mourir. »

 

En 1921, ce fut le tour de Nicolaï Goumilev, écrivain et poète, mari de la grande poétesse Anna Akhmatova. Tout le monde le sait, il méprise les bolcheviks. Un complot a été monté de toutes pièces  contre lui; même l’intervention de Maxime Gorki auprès de Lénine n’a rien évité. Il a été fusillé par la Tchéka. Les écrivains représentent un danger pour les nouvelles autorités.

Dans la devanture de la librairie « la librairie des amis » son recueil « poèmes » trône à coté de « la Mère » et des «  pensées intempestives » critique du bolchevisme par Maxime Gorki, à coté du livre d’Alexandre Pouchkine « le cavalier de bronze » chef d’œuvre de la littérature russe , à coté du « docteur Jivago » de Boris Pasternak, à coté de « crime et châtiment » de Fiodor Dostoïevski etc… 

 

Puis les amis ont disparu : Alexandre Blok, mort de désespoir en 1921, après de longues souffrances physiques et morales. Ils ont perdu aussi Alexeï Remizov, auteur de  « la Russie dans la tourmente » victime de persécutions et déporté en 1923. Sergueï Essenine, auteur de « l’homme noir »s’est suicidé en 1925.

 

La Tchéka guette ; et un matin Piotr Smirnoff les a vus arriver, c’était pour lui !!! Maria était dans l’arrière boutique et impuissante, elle a tout vu. Son père a été fusillé avec d’autres. Elle a pu récupérer son corps et au cours d’une brève cérémonie bénie par un pope, son père a pu rejoindre le caveau familial aux cotés de son épouse. Un miracle dans le malheur !!!

Depuis quelques temps, les corps des fusillés servaient à nourrir les animaux du zoo.

 

Il fallait partir au plus vite. Une opportunité s’est présentée : elle a vendu librairie et maison d’édition  pour la moitié de sa valeur mais elle a été payée en devises étranges et en or.

 

Pour préparer son départ, elle a été aidé par l’ ami de la famille, Dimitri Malinoff. Elle a prévenu son oncle Simon Smirnoff de sa arrivée. Deux grandes malles ont été chargées dans la cale du bateau puisque c’est la route maritime qui a été choisie pour prendre la fuite. Avec elle, Maria a gardé un bagage à main et une énorme valise qu’en temps normal elle n’aurait pas pu soulever. Du golf de Finlande, elle a vu l’éloigner Saint- Pétersbourg, sa ville natale qu’elle aime tant. Elle a cru qu’on lui pressait le cœur comme on presse une orange. Pendant un court instant, il ne s’est rien passé dans sa tête : elle a eu peur. Remise,elle ferme les yeux et revoit la Néva bordée par l’Ermitage et du palais d’Hiver, elle revoit la perspective Nevski et tous ces endroits qui resteront familiers à jamais.

 

 Comme de nombreux Russes Blancs, elle pense qu’elle reviendra et qu’ils installeront un état plus juste, ouvert sur le monde, apôtre de la liberté individuelle et de la Démocratie.

 

 

                                                                                                                             

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                        l’Ermitage : le vieil Ermitage, le petit Ermitage, le Palais d’Hiver.

 

Palais marbre

 

                                                                                                                                                                    

 

                        le Palais de Marbre

 

 

Maintenant, le bateau est en Mer Baltique. A chaque instant elle se croit surveillée : la Tchéka est là, ses agents sont au milieu des voyageurs. Elle sait qu’elle a un avantage, celui de passer inaperçue. Son père la priait de se mettre en valeur, de montrer qui elle était  réélement. Sur le bateau on ne la voit pas…

 

A Stockholm, il a fallu changer de navire, donc tout débarquer, malles et valise, trouver un porteur jusqu’à l’embarcadère du bateau qui va à Copenhague. On a demandé les papiers, elle a été dévisagée, regardée de la tête aux pieds et finalement traitée comme un élément négligeable. Le même manège s’est répété au Danemark, puis à Douvres, puis au Havre. En France, l’enregistrement des malles à destination de la gare Saint-Lazare a été une épreuve en ce qui concerne le contenu : la douane a été intraitable.

 

Quand elle a sonné au 4ème étage, du 35 de la rue Tronchet et qu’Olga a ouvert, elle n’a pas été immédiatement reconnue. Elle était déshydratée, poussiéreuse, fatiguée à un point que l’on ne peut pas imaginer, mais elle avait réussi et pour cela elle était allée jusqu’au bout d’elle même.

Après une rapide restauration, et une toilette succincte, elle s’est effondrée : pendant deux jours on ne l’a pas vue.

 

                                                                                                                                                      

 

La famille Smirnoff a retenu son souffle pour ne pas troubler le repos de Maria. Ils avaient tort car elle était terrassée par un sommeil de plomb : la terre aurait pu s’effondrer qu’elle ne l’aurait pas su.

 

 

Françoise Maraval

 

 

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Bordure enlevée


31/08/2022
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Elle a tenu le coup.

 

 

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La Nauze nettoyée au pont des Abbesses

 

 

Le pont des Abbesses de Fongauffier. Les élus, à juste titre, tenaient à ce que le pont des Abbesses, pour clore l'été, paraisse sous son meilleur angle.

 

Le socle millénaire de cet ouvrage, rappelons que l'abbaye fut fondée en 1094, a connu bien des furies de la Nauze.

L'équipe municipale sagelacoise, mue par Olivier Merlhiot, se désespère de voir que, depuis une vingtaine d'années, le pont retient des alluvions où une végétation aquatique casse l'image idyllique de ce décor. Attention, il ne faut pas faire n'importe quoi. Il faut respecter le patrimoine privatif et la vie aquatique avec ses corolaires, la vie végétale et la vie de la faune toujours en proie aux difficultés d'existence. Les textes multiséculaires prescrivent l'entretien "À vieux bords et à vieux fonds".

 

En mars, Antoine Braud faisait remarquer aux écoliers, combien de vies gravitent autour d'un simple bâton immergé.

 

 

SMETAP Rivière Dordogne organigrammes du Syndicat Mixte

Pour aborder la problématique du pont des Abbesses, l'exécutif sagelacois s'est tourné vers Christophe Audivert, du SMEATP, le spécialiste des bras morts de la Dordogne. Ce technicien de rivière, toujours impressionnant dans ses analyses et préconisations, a su guider les édiles dans la délicate mission de sauvegarde et d'entretien de notre bijou aquatique.   

 

 

Bruno Marty qui est passionné par la vie aquatique en général, bien des fois, a témoigné sur "Terres de Nauze" et maintenant sur "Terre de l'homme", de la vie du cours d'eau  et s'est attardé aux ouvrages qui ponctuent son cours. Il s'est réjoui qu'une recherche soit a priori en passe d'aboutir pour le problème du pont des Abbesses.

 

 

La Nauze avant nettoyage au pont des Abbesses

 

 

Le pont des Abbesses avant le nettoyage du lit.

 

"Tenir le coup", voilà une vieille expression populaire qui se passe de dissertation pour donner son sens, soit résister, supporter. On l'emploie, cependant avec un certain discernement, surtout lorsque la réussite n'apparaissait pas acquise. Le 7 mai 2000, le CRUFC défend crânement ses chances au Stade de France face à Nantes. Premier club amateur à atteindre la finale, il repousse au maximum ses limites pour s’incliner à la dernière minute sur un penalty qui fera éternellement débat (1-2). Les Calaisiens, certes, furent défaits grâce à ce pénalty qui, aujourd'hui encore, fait débat, mais on pouvait dire que le vaillant CRUFC tint le coup.

 

Quand on parle de sources de nos rivières, voire de nos fleuves, on dit, en se croisant les doigts, pour ces liens naturels toujours sous l'épée de Damoclès, "tenir le coup" et, là, rien n'est joué ni gagné d'avance. Pensons à notre majestueuse Loire, notre unique fleuve insoumis, il tarit totalement en 1949… millésime d'exception pour les grands vins. Le Colorado peine pour atteindre l'Océan.

 

Nos sources tarissent les unes après les autres, celles qui "tiennent le coup" émettent d'inquiétants signaux d'asthénie ; alors, comment ne pas être satisfaits de voir, dans la vie de la souveraine du corridor s'imposant des crêtes cabiracoises à la confluence du Chai sioracois, un acte de résistance aux charges de la sècheresse.

 

Nauze, ma mie, tu trouves encore des forces pour protéger ta faune et ta flore.

 

Pour ce dimanche 28 août,  avant ma stupide chute cycliste, je comptais travailler le sujet pour une promenade tout à la fois "affectueuse et culturelle" autour de notre rivière, de ses berges, de ses flancs collinaires imparfaitement connus de beaucoup de "néo-Nauzerois". Manifestement, ce n'était pas la grande forme mais si Euphron veut bien me donner un peu de tonus pour les journées du patrimoine, je compte bien revenir sur ces pistes patrimoniales qui, manifestement, méritent bien autre chose qu'un timide et banal contour conté de fontaine.

 

Ce 28 août, après un déjeuner sous chapiteau dans le parc fongauffierain, Sylvie Braud, de "Terre en vert", invita les adeptes de la nature à suivre Christophe Audivert sur les bras morts de la Dordogne. L'exposé, avec de superbes images vivantes de ce décor aquatique, a beaucoup intéressé.

 

P-B F


30/08/2022
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Le rendez-vous des sapeurs-pompiers

PAYS de BELVÈS

 

 

Depuis des années, nos amis sapeurs-pompiers belvésois me font l'honneur de m'associer à leur journée de rencontre avec les forces vives de la population et les édiles locaux,  pour rendre compte de leur bilan et, aussi, honorer les profils qui méritent une attention toute particulière soit pour une promotion, soit pour un effacement.

Je suis naturellement très touché de la délicatesse d'Olivier Reynal. Elle fait suite à celle de Michel Dumas. Ces officiers se placent dans la continuité d'André Sartrand, et Georges Marty, sapeurs issus d'un autre combat, celui de la Résistance. Ils furent les promoteurs, avec des moyens de fortune, du centre de secours de Belvès dont les acteurs partaient jadis, avec les moyens du bord, à l'assaut des incendies notamment en Bessède, 2 000 hectares brûlés en 1962, ou sur les accidents de la circulation pour apporter leurs premiers soins. Georges Bidault les relaya avant de confier le flambeau à Michel Dumas.

 

La vie sociétale a souvent placé les sapeurs-pompiers au premier plan de l'actualité, que ce soit chez nous en temps de paix, aux États-Unis quand le génie diabolique de partisans de l'intolérance religieuse tenaient à faire vaciller le monde civilisé, au Japon pour faire face à une catastrophe écologique, en Ukraine pour secourir les malheureuses victimes d'un immonde tyran estimant que la force doit primer sur le droit. S'il y avait deux hymnes qui pourraient coller à la mission de celles et de ceux qui honorent la fort belle devise "Sauver ou périr", sans aucun doute, on pourrait retenir "Si tous les gars du monde", paroles de Marcel Achard, musique de Georges-Eugène Van Parys, et "Enfants de tous pays", œuvre de Pascal René Blanc, Jacques Demarny, immortalisée par Enrico Macias.

 

Je tenais, cette année, plus que les années précédentes à saluer nos amis sapeurs parce que, bien au-delà de notre bassin de vie, nos sapeurs sont allés jusqu'à l'épuisement à l'assaut tant des incendies "naturels" qu'à ceux résultant du dysfonctionnement sans nom d'irresponsables.

 

 

Je n'ai pu être des leurs,  samedi, et je l'ai profondément regretté.

 

Bravo à tous nos sapeurs. Dans les familles, on connaît les dérangements qui peuvent sacrifier une intime réunion de famille et même nos sapeurs, parfois, sont dérangés lors d'une cérémonie pour aller effectuer leur devoir.

 

 

P-B F

 

 

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François Colomes, le contrôleur-général, remet au lieutenant Olivier Reynal, son insigne de chef de centre échelon argent. 

 

 

 

Le discours d'Olivier Reynal, chef de centre, lors de la fête des sapeurs a été supprimé à sa demande

 

 

 

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Le médecin-colonel Stéphane Buhaj concrétise les 10 ans de service de Jocelyne Robert

 

 

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Le commandant J-Claude Valet décore Alain Rouvès pour ses 20 ans de service.

 

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Après 34 ans de servitude, Manuel da Silva , lors de sa reddition, devient lieutenant honoraire.

 

 

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Le contrôleur général, équivalence d'un général de brigade, emporte en souvenir un article retraçant sa carrière.

 

 

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Moment d'émotion pour Michel Dumas. Il vient de passer la main de président de l'amicale à Mathieu Mouillac.

 

 

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Vue d'ensemble de la salle.

 

 

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Tous les médaillés réunis.

 

 

 

 

La grande surprise pour Guy Ferber.

 

 

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Tous les membres de sa famille ont rejoint les soldats du feu.

 

 

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Cela mérite bien quelques fleurs.

 

 

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Un exemple de citoyenneté et de civisme

 

 

Reportage photographique © Marie-France Dines.

 


29/08/2022
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La résurgence du peuple grec : Missolonghi symbole du soulèvement populaire face à l’oppresseur ottoman

     

arrivée de lord Byron

 

 

 

                       L'arrivée de Lord Byron à Missolonghi par Theodoros Vryzakis 1861

 

 

Jacques Lannaud poursuit "la plongée dans l'histoire" initiée avec son dernier article : La victoire athénienne de Salamine sur les Perses de Xerxès. 

 

 

De jeunes audacieux, des passionnés de la varappe se vantent d’avoir grimpé à la force des muscles, cette redoutable falaise de Varasova qui tombe à pic dans la Méditerranée et ne se lassent pas de la vue que leur offre le golfe de Patras et la splendide côte du Péloponnèse. Ils ne sont venus là que pour affronter ce mur vertical de calcaire de près de 1 000m de haut et inscrire cette épreuve à leur palmarès. Peu importe que le guide touristique mentionne : « La petite ville proche, Missolonghi, mérite une visite pour sa lagune à paysage étonnant, sa plage en bout de lagune, ses restaurants. »

 

 

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                                                              falaise de Varasova

 

Et, pourtant, c’est là que débarqua le poète romantique anglais Lord Byron le 5 janvier 1824, arrivée tonitruante, accueilli par une foule enthousiaste voyant en lui le libérateur mettant en jeu sa notoriété et son soutien au soulèvement du peuple grec contre l’oppresseur turc.

Le tableau du peintre Theodoros Vrysakis, au musée de Missolonghi, est éloquent, représentant cet accueil du héros qui portait en lui le souffle de la liberté, porteur de ses positions contre la soumission, pour l’indépendance du peuple grec alors que la ville assiégée par les Turcs était au bord de la rupture.

Pierre Merlhiot nous a, déjà, indiqué la grande figure de ce poète romantique quasi révolutionnaire dont les positions contrariaient frontalement ses pairs britanniques qui voyaient en lui un agitateur, un anarchiste facteur de trouble social dans cette Angleterre pré-victorienne engoncée dans ses traditions poussiéreuses.

 Et, disons-le, la Révolution française qui avait fait table rase de l’Ancien Régime et promu les idées portées par le Siècle des Lumières, avait embrasé une grande partie de l’intelligentsia européenne. Rejeté par l’aristocratie anglaise, il trouve refuge en Suisse puis en Italie. Révolté par l’indifférence des nations européennes face à ce mouvement de libération, il brandit le flambeau de l’espérance face au joug contraignant que subit le peuple grec, depuis la prise de Byzance en 1453.

 

 

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                                                   le prêche de l'évêque Germanos 

 

 

Le 25 Mars 1821, jour de l’Annonciation, l’insurrection avait été déclenchée par un prêche de l’évêque Germanos, évêque de Patras. Une multitude de comités philhellènes s’était créée, envoyant argent, vivres, armes et volontaires.

C’était pour certains, l’occasion de refaire la guerre de la Croix et du Croissant, pour d’autres, celle de poursuivre le combat contre la soumission, l’oppression, la suppression des libertés de se réunir, de  se déplacer, de s’exprimer librement... Paradoxalement, on retrouve parmi ces volontaires des nostalgiques, des déçus de leur gloire ancienne tel le personnage du colonel Chabert qu’a décrit Honoré de Balzac. Ces anciens soldats voire grognards de l’Empire regrettaient les marches, les bivouacs, les batailles, des assoiffés de la guerre.

Des intellectuels suivent le mouvement, farouches défenseurs décidés à faire triompher les idées nouvelles, voulant passionnément rétablir sur cette terre la démocratie qui s’y était imposée au temps de Périclès, démocratie directe face au peuple réuni sur la colline du Pnyx à Athènes près de l’Acropole où les citoyens, harangués par leurs dirigeants, votaient lois, décrets, budget, la nomination des magistrats...

Le mouvement prend de l’ampleur et se fortifie au point que l’on commence dans les palais, à s’interroger, à regarder ce soulèvement pour la liberté, politiquement, déstabilisant pour cette Europe léthargique.

Hugo, Lamartine, Benjamin Constant, Walter Scott secouent les opinions, poussent les dirigeants européens à s’unir pour sauver l’insurrection grecque qui souffre.

« Notre siècle verra-t-il des hordes sauvages étouffer la civilisation renaissante dans le tombeau d’un peuple qui a civilisé la terre ? La chrétienté laissera-t-elle tranquillement les Turcs égorger des chrétiens ? » déclare François-René de Chateaubriand (Note sur la Grèce 1825).

Malgré cela, le siège de Missolonghi par les Turcs s’était prolongé jusqu’à épuisement des défenseurs et la ville est prise le 29 Avril 1826. Byron était décédé quelques mois après son arrivée et cette défaite fut ressentie comme une insulte à la mémoire de l’auteur du célèbre poème « Le pèlerinage de Childe Harold » et un échec des principales nations européennes.

Le mouvement qu’avait déclenché Lord Byron, ne pouvait rester en l’état, les enjeux politiques étaient très importants et les opinions publiques n’auraient pas compris les atermoiements de leurs gouvernants.

 

 

grèce ruines

 

 

 

                                                    La Grèce sur les ruines de Missolonghi 1826

 

 

Delacroix peint, alors, son tableau intitulé « La Grèce sur les ruines de Missolonghi », une jeune femme, la poitrine dénudée, agenouillée sur les ruines de la ville et Victor Hugo reprend la plume devant la passivité des dirigeants européens.

Finalement, après des pourparlers prolongés, Français, Anglais et Russes forment une coalition maritime qui coulera la quasi-totalité de la flotte turque dans la baie de Navarrin, le 20 octobre 1827.

La Grèce, enfin, retrouve son indépendance et le peuple souverain, la démocratie qui renaît de ses cendres, là où elle était née 25 siècles auparavant.

Byron avait vu juste et avait redonné l’élan nécessaire pour que triomphent les idées nouvelles, celles du siècle des Lumières et remué les opinions européennes et leurs gouvernants. 

Aujourd’hui, encore, la Grèce est aux avant-postes de notre civilisation face à la danse de régimes autocratiques voisins…mais elle n'est plus seule et l’Europe se doit d’être à ses côtés et de se montrer solidaire, compte tenu de nos liens avec cette civilisation.

              

Jacques Lannaud

  

 


28/08/2022
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Si Nauze et Dordogne m'étaient contées.

SAGELAT

 

Si Nauze et Dordogne m'étaient contées.

 

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La plus haute source de la Nauze

 

La plus haute source pérenne de la Nauze.

 

Ce dimanche 28 août, au parc municipal fongauffiérain, sera consacré à l'eau ; et, pour ce faire, "Terre en Vert" pilotera  une rencontre d'échange avec les amis de nos cours d'eau avec projection d'images sur la vie de la Dordogne et de son adjacente la Nauze.

En fonction du nombre de participants, ce débat sur les eaux vives sera soit dans le superbe décor médiéval de la sortie de la fontaine soit, si besoin, sous le chapiteau dressé pour le repas de l'animation festive de ce jour-là.

 

Dimanche 28 août à 16h30, "Si Nauze et Dordogne m'étaient contées".

 

Ce sera une occasion de découvrir notre fleuve,  majestueux certes, qu'il faut préserver de toutes les sujétions qui contrarient son écoulement  et sa qualité. Ce sera, aussi, une occasion de s'intéresser à notre modeste Nauze, rivière riche de sa trentaine de moulins  et de son passé plus qu'historique. Notons qu'elle a besoin de bien des attentions pour conserver sa faune et sa flore.

Rappelons que le matin du 28 août, à 10h30, une promenade commentée permettra aux amateurs des vieilles pierres de parcourir les venelles et "carreyrous" fongauffiérains, en arpentant les lieux jadis abbatiaux où les eaux vives s'invitent à chaque pas.

 

Précisons que cette manifestation, bien entendu, est totalement gratuite.

 

Contacts

05 53 29 07 50

07 82 87 02 96

 

 

Confluence Nauze-Dordogne,

 

 

 Siorac-en-Périgord. Confluence de la Nauze et de la Dordogne au Chai. Photo © Bruno Marty

 

Demain : la résurgence du peuple grec : Missolonghi symbole du soulèvement populaire face à l’oppresseur ottoman, par Jacques Lannaud

27/08/2022
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