Mois d'octobre 2024
Le chêne dans tous ses états ou L’avenir des chênes en Périgord Noir
CAMPAGNE-du-BUGUE
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Lieu de R.V. sur le parking du Val de la Marquise
En médaillon, le Château de Campagne. Image © Daniel Kasprzack
Le GROUPE FORÊT du Collectif Transitions du Périgord Noir a le plaisir de vous inviter à la SORTIE TERRAIN le SAMEDI 9 Novembre de 10H à 16H dans la Forêt domaniale de Campagne avec l’aimable participation du Domaine Départemental de Campagne
RDV au parking du Val de la Marquise (route des Eyzies)
24260 Campagne
LE CHENE DANS TOUS SES ETATS
ou
L’avenir des chênes en Périgord Noir
Une journée autour des chênes dans un moment de partage bienveillant pour l’avenir de nos forêts du Périgord Noir : le chêne pubescent, le chêne vert, le chêne pédonculé, le chêne sessile, et rarement le chêne tauzin ; et, aussi, comprendre pourquoi le chêne rouge qui vient d’Amérique a été planté, parfois, ici, à une autre époque forestière. Un débat sur le terrain entre passionnés, propriétaires de forêt et forestiers.
Beaucoup d’a priori à débattre, ensemble, concernant les différents chênes et leur avenir dans le Périgord noir.
Nous allons développer autant que possible toute la filière locale du chêne, depuis le gland qui tombe au sol jusqu’à son meilleur usage, la transmission entre les générations de propriétaires pour un chêne qui a été choyé par le grand-père sur une bonne station pour ses petits-enfants, bien trier le bois, entre les besoins de nos habitations , de nos aménagements ou de notre bois de chauffage.
Un chêne de grande valeur en menuiserie, ce qui se trouve, parfois, ici, permet de rapporter autant que de couper 50 arbres qui vont finir en broyage.
Un chêne qui a subi le gel ou qui a des fibres torses, ou qui a des charpentières basses ou d’autres singularités, aura la chance de rester dans la forêt comme semencier et arbre structurant pour la faune et les prochains.
Leurs capacités à s’adapter, leurs différences, développer la notion d’épigénétique, s’hybrider et bien croître sur notre territoire et pour l’avenir de nos forêts, leurs besoins situationnels et la filière locale pour valoriser au mieux et durablement nos bois. La projection de petits films dans une salle du château complètera la journée. Voici le menu de cette sortie forestière accompagnée par plusieurs intervenants spécialisés.
Cette sortie est ouverte à tous avec l’envie de partager les expériences, les connaissances et d’accueillir toutes les questions. C’est donc très concret et devrait être exceptionnel dans les échanges.
Repas partagé dans le parc du château de Campagne ou à « la Maison de Campagne » réservation conseillée 05 53 03 51 88
PREVOIR : une bonne paire de chaussures et des vêtements peu fragiles : parcours d’environ 4 km .
Renseignements complémentaires : ctpn@courriel.bio
et Isabelle au 06 81 87 99 11 ou Philippe 07 82 12 03 04
Au plaisir de vous y rencontrer,
Cordialement,
Pascale Van den Ostende présidente du Collectif Transitions du Périgord Noir |
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Image d'automne © libre d'utilisation. Kaboompics.com
RAPPEL
Ce samedi 2 novembre à Siorac-en-Périgord
Souvenir d'enfance V, par Jacques Lannaud
Les battages autrefois
Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine
Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine ;
La Terre est assoupie en sa robe de feu.
Charles Leconte de Lisle (Poèmes antiques)
« La moisson était autour de nous. Au soir, elle était plus active…il entrait dans son blé ; ses hanches étaient comme un moyeu ; la faux tournait autour de lui presque en plein…avec son grand chapeau et sa chemise rousse, on le voyait de loin. Il avait chargé son char.... il tenait le cheval au museau et l’éventait avec une feuille de choux. »
Jean Giono (Jean le Bleu)
Quand juillet était là, la chaleur me faisait revivre. Plus d’engelures, plus de rhumes, de toux, plus de vents glacials me faisant frissonner… plus de classe, c’était les grandes vacances.
Alors, seul ou avec un copain, j’allais à l’aventure par les sentiers odorants, fleuris, où butinaient de nouveau les abeilles qui fabriquaient ce miel délicieux d’acacia et autres fleurs des champs que nous apportait, de temps en temps, un paysan apiculteur.
Et dans nos pérégrinations, à travers les coteaux et les sous-bois, il arrivait que l’on découvre quelque source qui sourdait d’une anfractuosité rocheuse dont le petit filet d’eau s’écoulait zigzaguant, dissimulé par une végétation verdoyante d’herbe, de petites plantes aquatiques, la pesse d’eau qui se dresse sur sa tige ou la sagittaire reconnaissable à ses petites fleurs blanches, que l’on avait repérées sur les planches jaunies accrochées aux murs de la classe ; fleurs sauvages ou herbes aromatiques, menthe sauvage, on en cueillait revenant chez nous en fin d’après-midi, assoiffés et brûlés par le soleil. Et, tout autour d’une petite flaque d’eau pure et fraîche que la source, elle-même, faisait onduler, nous observions ces libellules fines de couleur bleue, ces papillons jaune citron ou bleu clair qui, à notre approche, voletaient tout autour de nous, ainsi que des moro-sphinx qui, de leur longue trompe, n’arrêtaient pas de butiner les fleurs.
L'azuré de la bugrane
Le souci
le moro-sphinx
Le temps des moissons était arrivé. Dans le grand champ de blé que nous longions, la vague dorée s’inclinait sous un vent léger.
Notre ami paysan était en train de moissonner non pas à la faucille ou à la faux mais avec sa faucheuse tirée par son cheval. Pour nous, c’était tout un spectacle. Nous restions fascinés de voir la barre de coupe, réglée à hauteur pour ne pas heurter pierres ou racines, qui tranchait les épis serrés qui tapissaient le sol.
Le fermier sur son siège observait, attentif, le déroulement de l’opération, veillait à ce que le cheval se déplace d’un pas régulier sans trop ralentir ni accélérer, l’habitude de l’un et de l’autre aboutissant à cette harmonie entre la bête et l’homme pour relâcher ces javelles et les lier en gerbes que l’on regroupait.
« Venez nous aider. » lança-t-il. Car, il fallait ramasser toutes ces gerbes. La monture peinait par moments et il s’arrêtait à l’ombre des arbres qui bordaient le champ pour une pause et désaltérer la monture ; mais, le temps pressait car tout devait être terminé quand la batteuse annoncée arriverait le lendemain en fin d’après-midi pour battre le blé.
Dans ces étés rayonnants et chauds, c’était une occupation, l’occasion de passer le temps à une tâche ardente et le sentiment d’être utile. Nous ne connaissions ni les plaisirs de la mer ni ceux de la montagne que nous n’avions jamais vues. Mais, nous participions, pleins d’allant, discussions et plaisanteries n’étaient pas en reste et nous savions que l’on se retrouverait tous pour fêter cet épisode de la moisson autour d’une bonne table.
Le lendemain, nous étions aux premières loges pour voir se pointer cette batteuse montée sur de grandes roue à rayons, tirée par des chevaux de trait et positionnée dans le champ près des tas de gerbes. Une fois l’emplacement déterminé, les responsables de la machine l’avaient fixée sur l’aire au moyen de crics, l’organe essentiel qui faisait tourner les poulies actionnant les batteurs était entraîné par un moteur diesel.
Une fois démarré, le bruit se répandait à l'entour et nous regardions, pleins de curiosité, ce monstre que nous n’avions jamais vu fonctionner, auparavant. Les mécaniciens veillaient à son chevet, l’alimentant en carburant et en huile, et nous respirions pour la première fois, cette fumée dense et âcre que crachait le moteur, qui nous entourait et que le vent chassait. Des heures durant, elle broierait les gerbes de blé, séparant la paille et le grain recueilli dans de grands sacs tandis que la paille sortirait sous forme de balles.
Quand tout fut prêt, le moteur allumé, les gerbes de blé que nous allions chercher, récupérées par ceux qui étaient en haut, les engouffrant au fur et à mesure dans la batteuse, le bruit était intense ; on se protégeait de la poussière soulevée tout autour, à l’aide de mouchoirs sur le visage, et les brins de paille voletaient de tous côtés, s’accrochaient aux cheveux, aux vêtements, collés à la peau trempée de sueur, s’introduisant dans les chemises largement ouvertes.
Seule interruption, un pique-nique sur place ; et, tout l’après-midi jusqu’au soir, la batteuse fonctionna ; quand elle s’interrompit, nous nous sentions assourdis, instables et fourbus.
Finalement, tout allait se terminer dans la joie, les chants au son de l’accordéon, les danses ; et, dans la nuit chaude, retentit la Marseillaise, le chant des Partisans, à la Bastille on aime bien Mimi Peau de Chien, Ah ! ça ira ça ira, les Aristocrates à la Lanterne… la vieille culture révolutionnaire reprenait le dessus, sur l’histoire mouvementée qui se déroulait tout autour.
Mais, que deviendrait cette belle moisson de blé ? Marché noir, réquisition de la farine, je ne le sus jamais, le secret était bien gardé. Quant à nous, nous n’étions pas au pain de froment. Parmi tous ceux qui étaient présents, certains s’éclipsèrent rapidement, certainement appelés à une autre mission bien plus risquée.
Jacques Lannaud
La Rose de l’Alhambra. Épisode n° 25, par Françoise Maraval
La Rose de l’Alhambra
Résumé des épisodes précédents.
Isabelle, fille aînée de viticulteurs du Bas Languedoc, Arthur et Marguerite Garrigues, par son mariage avec Miguel de Almanzar, est entrée dans une riche famille espagnole de la région de Valencia.
L’unique propriétaire des lieux, Luciana Ferrero, a dû se résigner, en épousant son voisin Juan de Almanzar, simple maraîcher et cela faute de soupirant. Ce dernier intéressé par l’« affaire » proposée par son futur beau-père, Luis Ferrero, partage désormais la vie de Luciana et se retrouve à la tête de l’orangeraie sans en être le propriétaire. Il a rempli son contrat : un enfant est né de cette union. C’est Miguel, l’enfant chéri de Luciana, conservatrice et fanatiquement religieuse.
Mais, une rivale amenée par son fils va savoir trouver sa place dans la vaste demeure et lui faire de l’ombre. Ainsi, Isabelle, devenue Isabella, provoque quelques bouleversements à l’ordre établi avec la complicité de Miguel son mari. Trois enfants sont nés de cette union : Juan, né en 1879, Maria-Isabella, née en 1883 et enfin Alfonso, en 1893.
Alors qu’une épidémie de choléra ravage le pays, le domaine est épargné grâce à l’application de gestes barrières et aussi grâce à la vaccination.
La pandémie à peine terminée, un incendie détruit l’oliveraie voisine des Alvarez.
Le bilan est lourd, le propriétaire meurt des suites de ses brûlures. Miguel de Almanzar recueille la petite Olivia Alvarez devenue orpheline et rachète la propriété de ses parents. L’enfant récupérera l’argent de la vente à sa majorité.
Des années ont passé et Juan junior et Olivia s’aiment mais Miguel de Almanzar s’oppose au mariage. Les amoureux quittent le domaine et Juan trouve un emploi de jardinier à Aranjuez. La nouvelle vie est difficile. Ils attendent la majorité d’Olivia pour qu’elle puisse récupérer son héritage chez le notaire de Bárriana. Il est grand temps car Olivia est enceinte…
Des jumeaux ont vu le jour ; ils sont très beaux et se nomment : Violetta et Vincente. Le fils Juan s’est rapproché de son père ; il est de retour à l’oliveraie qu’il administre en tant que nouveau propriétaire. Miguel de Almanzar en est heureux d’autant plus qu’une maladie le ronge. Il a définitivement repoussé son épouse. Cette dernière, Isabelle, s’est amourachée du professeur principal de son plus jeune fils : le professeur Fernando Delgado.
Elle se réfugie au domaine des Belles Demoiselles après le décès de son mari, en compagnie de son amant Fernando Delgado. Celui-ci quitte l’enseignement et reprend l’exploitation viticole d’Arthur Garrigues devenu son beau-père.
Le jeune Alfonso fréquente maintenant l’Université de Salamanque et remporte un maximum de diplômes. Il est retenu par le grand séminaire de Grenade mais son avenir vacille quand, interrogé par les gardes de sécurité et d’assaut, il apprend que son ami Ramon Sanchez est emprisonné à la prison de Séville pour conspiration contre le roi.
Les recherches menées par Fernand Delgado, nous apprennent que Ramon purge une peine de 10 ans au bagne de Ceuta. De son côté, Alfonso s’est épris de la jeune Rose, fille de l’aubergiste Pablo. Ce dernier exige de l’enseignant qu’il sorte son fils José de l’analphabétisme.
25
Le dictateur
Je suis libre de cours au grand séminaire, le lundi et le jeudi après-midi, aussi ai-je proposé ce créneau à Pablo.
La grande salle du fond, loin des bruits de casseroles m’a été réservée. Non seulement, José était présent, mais quelle a été ma surprise quand j’ai vu que tout le tour de la grande table était occupé par des jeunes de l’âge du fils de maison. Assises autour d’une table plus petite, se tenaient Rose, sa sœur Carmen et sans doute leur mère, Pilar, que je n’avais jamais vue de près. Cette dernière avait dans les yeux une lueur qui semblait dire : « nous nous sommes imposées, nous sommes là et bien là ».
Pilar
Chacun avait devant lui un cahier, un crayon à papier, une gomme et un taille-crayon. Installé sur un trépied, un grand tableau noir occupait le centre de la pièce. Je me suis présenté et j’ai demandé à chacun d’en faire autant, en insistant sur le fait que nous sommes ici dans un climat de confiance absolue. Je les sentais inquiets et tendus. Ils étaient en majorité fils de paysans. J’ai, tout de suite, eu le sentiment que j’avais devant moi de futurs rebelles, des opposants au régime.
J’ai expliqué que l’apprentissage allait être long et que j’irais à leur rythme, cependant leur présence assidue est indispensable ; il n’y a rien de compliqué.
Ce jour-là, nous avons passé en revue la moitié de l’alphabet. Chacun s’appliquait et devait refaire, pour le prochain cours, des lignes de a, des lignes de b, etc en caractères d’écriture manuelle et en caractères d’imprimerie. J’ai terminé le cours en leur lisant un des contes de l’Alhambra écrits par Washington Irving, un personnage intéressant ayant habité le vieux palais maure.
Ils ont été assidus et je les ai sentis plus détendus quand nous avons abordé les syllabes et les mots. Quelle fierté quand ils ont su écrire leur nom et leur prénom ! Ils me transmettaient leurs émotions et, ainsi, j’avais le sentiment de participer à une œuvre nationale.
Je me déplaçais autour des tables et chacun attendait d’un air inquiet mes remarques ou mes encouragements. Rose suivait les cours, complètement détendue, contrairement aux autres élèves. Elle avait une écriture agréable et j’avais le sentiment qu’elle ne faisait aucun effort pour en arriver là.
Je restais à l’auberge jusqu’à l’heure du dîner et maintenant, j’avais le loisir de m’y déplacer sans craindre le regard inquisiteur de Pablo. J’allais jusqu’en cuisine pour y voir Pilar dans le but de me la mettre dans la poche. Je sentais que cette femme avait une vitalité incroyable et que rien ne pouvait lui résister, pas même son mari, Pablo.
Un matin de 1923, à la pension de famille, au petit-déjeuner, j’ai vu arriver mon ami l’ingénieur, en habit, paré pour une rencontre importante. Il devait remettre à l’alcade de la ville (le maire) son rapport sur l’état du palais nasride. Ce jour-là, il est rentré très tard après, sans doute, une journée bien remplie. Dès le lendemain, il avait hâte de m’emmener découvrir une petite merveille. Il s’agissait d’un castelet accroché à la colline de l’Alhambra, sur son versant sud-ouest. Du chemin ânier que j’empruntais habituellement , je ne pouvais pas l’apercevoir, tant il était pris dans la végétation. C’était un bâtiment de style mauresque qui avait dû être fort charmant mais qui, abandonné depuis des siècles, nécessitait une sérieuse restauration. Luis Machado s’était mis dans la tête que je devrais profiter de l’aubaine pour me porter acquéreur : la ville de Grenade le mettait en vente à un prix très attractif.
« Il faut que vous pensiez à votre avenir… »
Mon avenir ! Mon avenir, c’est Rose. Voilà 4 ans que je patiente, attendant le moment opportun pour faire ma demande en mariage. Avec l’acquisition de ce bien, je prendrai de la valeur aux yeux du père. Le castelet était à environ 200 mètres de l’auberge « Can Pablo »(Chez Pablo) et, ainsi, Rosa, ma Rose, ne se sentirait pas éloignée des siens. Il faut que je vous dise que j’avais pu parler à Pilar, la maman de ma Belle et que je l’avais officiellement informée de ma décision de demander la main de sa fille la plus jeune. Elle avait acquiescé mais le dernier mot revenait à Pablo. Mettre un bien dans la corbeille de la future mariée ne pouvait que flatter le père.
« Cette demeure a son secret » me confia l’ingénieur ; un souterrain dont l’entrée est dans la cave, permet d’arriver dans une ruelle, à deux pas de la grand-place de Grenade et du grand séminaire. »
Pour rentrer chez moi, après les cours, cela représenterait un raccourci appréciable. Mais je parle comme si la demeure était déjà mienne. Séduit par le projet et assuré de l’appui de mon ami Machado, j’ai donc pris ma plume pour en informer ma mère et Fernand Delgado. Ils ont réagi aussitôt et une lettre m’a informé de leur arrivée. J’avais réservé pour eux une chambre à l’auberge et je ne fus pas étonné de voir l’hispano-suiza dans la cour. José était en train de l’astiquer pour la débarrasser de la poussière du voyage.
Le soir, à table, sur la terrasse, il y avait du monde autour de notre grande table. Luis Machado, mon ami et intermédiaire entre moi et la ville de Grenade, avait pris la place centrale pour mieux se faire entendre. Rose était près de moi. Oui, vous avez bien compris : Rose était près de moi. Ma mère avait demandé sa présence, devenue indispensable et Pablo, subjugué par cette Française qui entrait dans sa vie, avait aussitôt acquiescé.
Depuis 1916, je m’étais contenté de mon salaire d’enseignant, si bien que l’argent qui tombait sur mon compte sis à l’étude de Barriana, avait fait des petits. Tous les ans, je recevais la nouvelle situation de mes avoirs.
Fernand Delgado m’a encouragé à faire l’acquisition du Castelet et ma mère a entériné l’achat, d’un large sourire. Puis, comme je le redoutais, de quoi a-t-on parlé : de politique !!!
En 1925, nous vivons depuis deux ans sous un régime de dictature. Le dictateur, le général Primo de Rivera, prend Mussolini pour modèle.
Bundesarchiv, Bild 102-09411 / Inconnu / CC BY-SA 3.0 DE
Le roi et le dictateur
C’est Luis Machado qui a commencé :
- Une censure préalable corrige sévèrement tous les journaux et les spectacles ; le parlement et tous les organes d’État sont suspendus, il n’y a plus d’élections, partis et syndicats sont interdits et les conflits sociaux réprimés ».
- Mais, comment en est-on arrivé là ? demande Fernand.
Pablo ne disait rien. Il dévisage ma mère qu’il avait en face de lui. Elle ne s’en inquiète pas.
L’ingénieur reprend son monologue :
- La neutralité de notre pays dans le conflit mondial lui a permis de s’enrichir grâce aux exportations mais, dès la fin de la guerre, il est obligé de se replier sur le marché national. En Espagne, les retards s’accumulent. Les chiffres indiquent un retard de plus de 15 ans sur les moyennes européennes pour l’espérance de vie, la maladie infantile, l’hygiène : l’épidémie de grippe espagnole a fait, chaque année, de 1916 à 1919, près de 500 000 victimes dans notre pays. Les retards endémiques dans l’équipement, dans l’éducation - la moitié de nos concitoyens sont encore de nos jours, analphabètes – font que l’Espagne est montrée du doigt.
Le pays est en crise : le Parlement est inexistant car déconsidéré pour cause de corruption et 30 années d’élections falsifiées. L’instabilité gouvernementale -11 gouvernements en cinq ans, de 1918 à 1923- rend vaine toute réforme. L’agitation sociale secoue la campagne andalouse où les grands propriétaires refusent de donner du travail aux paysans sans terre. Les révoltes sont brutalement réprimées. Les années 1923 et 1924 ont vu 50 000 émigrants partir vers l’Amérique.
Il faut aussi rappeler qu’en 1921, les troupes coloniales se sont effondrées dans le protectorat du Maroc ; et, la perte de 13 000 soldats dans la seule bataille d’Annual provoque une campagne dans tout le pays pour déterminer les responsabilités de ce désastre dans lequel Alphonse XIII semble personnellement impliqué. L’enquête n’aboutira pas car, en septembre 1923, le coup d’État militaire, entériné par le roi, donne tous les pouvoirs au général Primo de Rivera ; en violant les institutions, le roi a joué sa dernière carte.
Nous sommes, donc, depuis deux ans dans un régime de dictature. Et, c’est pour cette raison que les intellectuels interviennent dans la vie politique. De nos jours, ils sont un véritable groupe de pression contre le dictateur, contre la répression, contre la monarchie immorale. En 1924, l’an passé, l’Ateneo de Madrid, lieu de réunions des écrivains et des journalistes et qui ont là, leur bibliothèque et leurs salles de conférences, a été autoritairement fermé par le dictateur. La même année, 1924, Unamuno est destitué de sa chaire de l’université de Salamanque et déporté aux Canaries. Récemment, c’est l’écrivain Valle Inclán qui a été arrêté et plusieurs universitaires ont renoncé à leur chaire ou ont été destitués.
Toutes les manifestations se transforment en protestation contre le dictateur. Les intellectuels sont mobilisés, les mouvements sociaux se sont accentués.
Les milieux financiers s’inquiètent.
Alfonso pense aux tracts qu’il a écrits et que José a fait imprimer dans une imprimerie complice, avec l’argent de son futur beau-frère. Les manifestes ont été dispersés dans la ville ; cela a provoqué une grande agitation, la police a réagi en multipliant les contrôles. Les Républicains sont en marche.
Françoise Maraval
Le recueillement automnal
Pierre Blanchard, capitaine de marine français, en 1789, amena en France des boutures de chrysanthèmes. Elle sont devenues cette fleur qui, aujourd'hui, est privilégiée pour le rite du recueillement de novembre dans nos cimetières. Le chrysanthème a derrière lui une longue histoire. Elle commença en Chine, il y a environ 4 000 ans. D'aucuns, dans ces terres lointaines, voyaient en lui le pouvoir de la vie. Emblème de ce pays oriental dans cet immense pays du Levant, il symbolise l'immortalité et la longévité ; les Australiens l'ont promu fleur de la fête des mères.
L'assemblage lexicographique grec de chrusos, or, et anthémis, fleur, bâtit son étymologie loin de la Chine qui est son espace d'origine.
C'est le président Raymond Poincaré qui, pour le 11 novembre 1919, invita les familles à fleurir de chrysanthèmes, les sépultures des soldats tombés au front. Le chrysanthème, belle fleur, associa donc la mélancolie traduite par de significatives notes de couleur blanche à sa symbolique touche mémorielle. Aujourd'hui, les chrysanthèmes demeurent essentiellement liés au fleurissement des tombes.
P.F
Image LDD Irina Iriser
Après la Toussaint, vient donc le Jour des Morts, plus communément appelé Fête des morts ou Día de Muertos pour les coutumes préhispaniques. La Toussaint est également la cousine d'Halloween, une fête païenne dans les pays anglo-saxons. Halloween, la Toussaint et la Fête des morts...
L'Église catholique consacre, en effet, depuis des siècles, le 2 novembre aux fidèles défunts. Ce que l'on ignore généralement, c'est que l'« inventeur » de cette pratique fut, au XIe siècle, l'abbé du monastère bourguignon de Cluny, Odilon 994-1049.
et Halloween
Son nom actuel est une altération de All Hallows' Eve, qui signifie littéralement « la veille de tous les saints », c'est-à-dire la veille de la fête chrétienne de la Toussaint.
Le thème bucolique du chemin des oiseaux et de la biodiversité sera la partie culturelle de la première journée en faveur du Téléthon.
Ouverture du Téléthon
sur la sente belvéso-monplaisanaise de Bel-Air et du Bloy.
Échappée verte sur le chemin des oiseaux et de la biodiversité.
Organisation Comité des Fêtes de Sagelat
Qui est Michel Ribette.
Dans le pays nauzérois, présenter Michel Ribette, le créateur du "Chemin des oiseaux et de la biodiversité", serait presque aussi ubuesque que vouloir présenter Léon Marchand au bord de la piscine olympique de Toulouse. Que dire de Michel, si ce n'est que nous aimons tous le rencontrer sur la place à Belvès ou lors de ses animations pour nous parler des chouettes, ou des chauves-souris, ou de tous les animaux de la Création qu'il aime décrire, observer et protéger. Pour aborder cette vie animale, il n'hésite pas à fréquenter les hauteurs des clochers de l'ancienne Lotharingie, là où coule la Moselle et son adjacente la Seille. Michel a vogué loin de son village natal de Belvès ; et, dans les pays tropicaux, il a scruté nos colocataires de la planète Terre. "Terre de l'homme" pourrait très difficilement mieux choisir pour promouvoir une figure qui se plaît à dire que la nature ne nous trahit pas.
Humaniste s'il en est, Michel, spontanément, a accepté d'être, en quelque sorte, le parrain local du Téléthon, en ouvrant le samedi 23 novembre prochain, la promenade écolo-caritative du "chemin des oiseaux et de la biodiversité" .
Tout au long de son parcours, Michel saura vous en dire un peu plus, beaucoup plus, que ce qu'il a mis en valeur sur la vingtaine de panneaux de cet itinéraire. Espérons que beaucoup, pour la bonne cause, voudront découvrir -et d'aucuns redécouvrir- ce paisible et pédagogique itinéraire pédestre.
Commençons par l'accès dans le coude de l'allée de la Fontaine à Belvès.
Le premier repère est une toute petite grotte, abri de chiroptères.
Ces dernières, ne l'oublions pas, tiennent un rôle écologique très important pour la forêt. Dans certaines régions du globe, les chauves-souris assurent la pérennité de la forêt en pollinisant certaines plantes ou en dispersant leurs graines. En Europe, elles régulent naturellement les populations d'insectes.
Nous pestons, parfois, trop souvent, au regard des insectes. Ils sont indispensables à l'équilibre de la vie sur la planète.
Dès notre plus jeune âge, nous avons appris qu'il faut aimer les oiseaux.
L'orchidée incarne donc la beauté suprême, la splendeur, la sensualité. Elle parle d'amour et de séduction. L'orchidée est avant tout la fleur de la passion suprême. La couleur détermine ensuite les nuances de cet amour mais reste toujours une fleur sensuelle et mystérieuse que l'on doit offrir avec plaisir et ferveur.
Le panneautage, superbement bien fait, permet de suivre agréablement ce sentier.
Ne passons pas devant ces panneaux, en fermant les yeux. Ceux-ci nous éclairent sur des détails que nous ignorons.
Oui, nous ouvrons sur ce chemin une merveilleuse encyclopédie.
Michel saura dire combien ces vieux murs de pierre sèche sont des havres d'écosystèmes.
Ce tout petit aperçu des thèmes de la balade collinaire du 23 novembre qu'abordera Michel, a, sans doute, de quoi vous donner envie de ne pas passer sur la route en ignorant ce merveilleux corridor.
Michel vous en dira plus, beaucoup plus, et vous racontera, en s'appuyant sur de multiples anecdotes, la vie de ces chemins heureusement préservés. Il démontrera comme c'est dans son habitude que la nature ne nous trahit jamais.
Venez donc le suivre et l'écouter et vous serez charmés par sa diction, certes, mais surtout par ses connaissances.
Vous pourrez terminer la promenade en jetant un coup d'oeil à un tout petit bijou, miraculeusement conservé, sur la colline monplaisanaise du Bloy.
https://terres-de-nauze.blog4ever.com/decouvrons-la-source-du-bloy
Michel Ribette rappelle et précise à tous les maires -et animateurs de la vie citoyenne, culturelle et associative- qu'il est à leur disposition pour réaliser et soutenir toutes les initiatives et actions en faveur de la nature, de l'environnement et de la vie tant végétale, que forestière ou animale. |
Les images © de ce billet sont de Bruno Marty, Denis Dinos et de Michel Ribette.
P.F