Sur le chemin de la mémoire
Avant le début de la cérémonie du 27 mai.
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Le groupe de mots devoir de mémoire ne nécessite aucune explication. Il nous amène, au pied de notre mémorial nauzérois, 80 ans après la Capitulation sans condition du 3ème Reich. Ses mentors osaient le projeter pour mille ans. Ici, le 27 mai, nous commémorons, aussi, la naissance en 1943 du Comité national de la Libération.
Rappelons que notre lieu de mémoire, érigé en 2012, se voulait être un lieu d'assemblage des entités de notre limbe nauzérois. Il fut décidé et porté par les élus de notre bassin de vie, non pour privilégier une localité mais pour s'inscrire en témoignage d'une vie résistante qui, hélas, a connu plusieurs dates tragiques. En 1944, le 4 mars, le 24 juin et le 9 août furent des journées de cruels deuils douloureux. Elles réunirent dans l'au-delà, des partisans français, certainement, mais aussi deux Espagnols, un Italien, un Tchèque et un Polonais. Inspirons-nous du poète Louis Aragon. Il appela à l'unité dans la Résistance, par-delà les clivages politiques et religieux. Elle a été superbement imagée dans la Rose et le réséda. Ce titre fait référence aux groupes opposés au sein de la Résistance. Dans l'esprit de son auteur, la rose, la rose rouge, symbolisait le communisme et le réséda, fleur blanche, personnifiait le royalisme et, par extension, le catholicisme. Le refrain du poème se résume par l'expression " Celui qui croyait au Ciel / Celui qui n'y croyait pas". Ce poème, prenant, fut mis à l'honneur, il y a une vingtaine d'années, au mémorial de Vaurez, par Marie Praderie représentant le maire de Monplaisant. Ce florilège de métaphores rappelle combien nous savons être couplés quand l'adversité nous assaille tous.
Ce 27 mai, implicitement, les écoliers de Sagelat ont pris rang pour devenir passeurs de mémoire. Ces élèves ont eu la chance d'avoir pour enseignante, Mélanie, une pédagogue qui noue ses racines des deux côtés des Alpes. Pour elle, la terminologie de Résistance a un sens et c'est pour cela que son école, à plusieurs reprises, fut couronnée de succès dans le Concours départemental. Ses écoliers, avant de filer vers les hauteurs du collège Pierre Fanlac, où Marie-Claire Dardevet, Véronique Malaurie et Fabien Planchou les attendent, savent que leur modeste classe a accueilli, dans les heures noires d'après 1939, des petits Alsaciens, Lorrains, de jeunes Slaves, Italiens, ou Espagnols que les vicissitudes de l'histoire ont amené là, dans cette ruralité nauzéroise où les enfants bilingues, certainement, parlaient le français mais le mélangeaient, parfois, de pointes d'occitan.
Oui, en 1944, au bord de nos routes, s'échappaient les hordes nazies. Elles ont laissé plus au nord, leurs indélébiles et énormes traces, les plus monstrueuses, les 9 et 10 juin à Tulle et à Oradour. Ces soldats de l'autre rive du Rhin ont tenu à endeuiller nos paisibles villages et c'est un peu pour cela qu'en 2012, il a paru nécessaire de transmettre les noms de nos valeureux partisans sur une roche du pays. Cette pierre vient du Scournat, écart de Grives. Le jour où, symboliquement, nous ouvrons le chemin de mémoire aux préadolescents, notons que ce n'est pas tout à fait un hasard si la recherche d'un gros caillou, en 2012, se porta sur Grives. La guerre a ôté la vie à deux instituteurs attachés à Grives, soit par leur naissance soit par leurs fonctions. Michel Giffault enseigna à Grives, avant de donner sa jeune vie à Tuilières en affrontant les intrus ; Abel Laviale, lui, fut abattu, le 7 juillet 1944, au pied de son école de Vézac, pour ne pas avoir livré de renseignements à l'occupant. La présence de Sébastien Fongauffier, maire de Grives, et de Lucien Larénie, maire-adjoint de Vézac, remplaçant notre ami Christian Roblès désolé de ne pouvoir être associé à ce pèlerinage mémoriel, scelle nos amitiés des deux rives de la Dordogne.
Deux mots pour terminer avec la résistance féminine. Tout le monde connaît le nom de Lucie Aubrac, de Marie-Claude Vaillant Couturier ou de Joséphine Baker. Monplaisant et Sagelat ont donné en 2016, le nom de cette dernière à la traversée fongauffiéraine en hommage à cette artiste qui porta en elle la Résistance. Localement, Marthe Conty-Gorce, Sylvie Baudet-Marty, Suzanne Coulom, Yvette Murat, Marie-Antoinette Fabre-Jacklin… et d'autres, en prenant bien des risques, furent nos dames de la Résistance.
Jacques Prunière, cette année, fut le doyen des porte-drapeaux. C'est donc à lui que revint l'honneur et le privilège d'ouvrir le cortège avec Amélia, une jeune lycéenne.
Amélia Alphonso-Dell, lycéenne à Sarlat, s'est fortement impliquée pour devenir porte-drapeau. Ainsi, elle honore la mémoire de Jean Bariaud, récemment décédé, qui a ouvert le cortège avec Anaïs Manouvrier, en 2023 et, l'an dernier, avec Lisa Baffoual.
Avant la cérémonie, on bavarde.
C'est, tout naturellement, Olivier Merlhiot qui prit la parole pour l'ensemble des élus. On pouvait remarquer la présence des maires de Sainte Foy, Larzac, Belvès, Grives, Cladech, Castels et celle de maires-adjointes de Monplaisant- et Siorac, représentant respectivement Jean-Bernard Lalue et Didier Roques, élus excusés, qui ont répétitivement soutenu ce pèlerinage mémoriel. Joël Eymet et Jean-Luc Ayraud, premiers maires-adjoints de Sagelat et de Castels, ont également pris place dans le cortège.
À droite de Christian Léothier et de Serge Orhand, on reconnaît Sébastien Fongauffier, maire de Grives, Olivier Merlhiot, et Lucien Larénie, maire-adjoint de Vézac. Il représenta Christian Roblès, franchement empêché, qui, cependant, tenait à ce que Vézac soit représenté pour l'hommage à Abel Laviale, instituteur de Vézac, fusillé devant son école, le 7 juillet 1944. L'hommage rappela l'héroïsme de deux instituteurs. Abel Laviale, natif de Grives et Michel Giffault qui donna sa vie à Tuilières lors de l'assaut manqué, le 9 août 1944. Il était en poste à Grives, également en 1944. Devant les élèves du C.M. 2, cet hommage eut pour but de mettre en relief la marche résistante des enseignants. .
La présence d'une jeune porte-drapeau a pour finalité d'associer la génération montante et, par la féminité, souligne le rôle majeur des femmes dans la Résistance. Si les noms de Lucie Aubrac, de Marie-Claude Vaillant-Couturier et de Joséphine Baker sont plus que, notoirement, connus, n'oublions pas nos figures locales Marthe Conty-Gorce, Sylvie Baudet-Marty, Suzanne Coulomb, Yvette Murat, Marie-Antoinette Fabre-Jaklin ... et tant d'autres.
Mélanie Pistolozzi, directrice de l'École de Sagelat, mieux que tous les discours, en lisant la lettre de Guy Môquet, a ému toute l'assistance et, bien entendu, les écoliers qui seront les futurs passeurs de mémoire.
Devant le mémorial
Profil de la stèle
Le maire de Belvès a dû chahuter ses rendez-vous pour être là.
Pour l'heure, ces enfants sont les virtuels passeurs de mémoire. Ce sont eux qui ont fait l'appel des partisans tombés en 1944.
Les familles. Cette année, Nathalie Jarrige, quatrième en partant de la gauche, petite-fille de Georges Fabre, tint, tant pour sa tante que pour sa maman décédées, à venir honorer la mémoire de son aïeul.
La nouvelle porte-drapeau, Castelloise, est lycéenne au Pré de Cordy.
Fort discrètes, mais bien présentes, nos amies élues Patricia Lafon-Gauthier, conseillère départementale et Maryse Durand, maire de Sainte Foy, au centre de l'image, concrétisaient, avec Jasmine Chevrier et Marie Praderie, la volonté féminine de l'accomplissement du devoir de mémoire.
Benjamin Serignac, maréchal des logis-chef, fut le représentant de la communauté de brigades.
Les personnes présentes ont remarqué, avec plaisir, la présence des élues, tout particulièrement celles qui ont dû ajuster leur activité pour venir. Ce fut le cas pour Patricia et pour Maryse qui devaient jouer avec la montre.
Un président de communauté de communes qui, au cours de plusieurs décennies, a honoré de sa présence bien des cérémonies mémorielles.
Derrière la stèle, Serge Orhand, Marie Praderie, Lucien Larénie et Sébastien Fongauffier. Cette stèle honore tous les partisans.
Rarement cité, Paul-Marie Chaumel est le personnage qui, avec compétence et discrétion, fait que le son est parfaitement maîtrisé... Ce qui n'est pas simple dans un environnement extérieur.
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Belvès, depuis la guerre, honore ses partisans et par ses odonymes, grave des repères d' histoire : rue Flandres Dunkerque, avenue de la Résistance, avenue Giffault, rue Manchotte, mais, depuis 2012, ne fleurit plus ces lieux symboliques. La cérémonie du 27 mai, dans un lieu propice à la quiétude du recueillement, regroupe tous les hommages résistants.
Revenons sur le chemin de la mémoire qui, de la Croix des Frères à Belvès, file vers Fongauffier en passant par l'avenue de la Résistance, Landrou, Vaurez et le Bas de la Côte, le pied de la colline Saint Jean.
En 1974, Lucien Dutard qui avait bouclé en 1973, une longue césure de 16 ans de vie parlementaire, est venu sous une pluie glaciale de mars, au recueillement des valeureux résistants de la M.O.I. Ce recueillement très frais fut sobre. Il y a une vingtaine d'années, à Vaurez, au pied cette même stèle honorant Juan Gimenez, Antonio Rabanada, et Giovanni Bagnéra, trois jeunes hommes, a capella, ont entonné, à la surprise générale, "Le chant des partisans". L'un des trois était Olivier Merlhiot. Il devint maire de Sagelat, peu après.
Il y a un quart de siècle, au mémorial de Landrou, un fort jeune résistant domicilié sur la Côte d'Azur, il avait 14 ans lorsqu'il rejoignit le Groupe des CVR, est venu là se recueillir à la stèle dédiée à Roger Orhand et Paul Gilet. Il était naturellement fort ému. Il reste à retrouver son nom.
En juin 2005, à la surprise générale, au pied de la stèle rappelant la tragédie du 24 juin 1944 qui emporta Maurice Desplat, Eugène Drapick, Georges Fabre et François Wroblenski, Mathilde Friboulet, une préadolescente de 10 ans, chanta "Le jour le plus long". Ainsi, elle rendit hommage aux libérateurs du 6 juin 1944. René Coustelier, alias Soleil, franchement troublé, laissa échapper quelques larmes.
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L'heure des remerciements.
L'équipe municipale et le cercle informel des "Amis de la Résistance" remercient toutes celles et tous ceux qui ont voulu que la flamme ne vacille pas pour ce 27 mai. En espérant n'oublier personne, les remerciements vont aux porte-drapeaux fidèles à leur mission, aux élus de la ruralité venus des communes distinctes, à Benjamin Sérignac, maréchal des logis-chef de la gendarmerie, à Mélanie Pistolozzi pour son implication pédagogique et, naturellement, à ses élèves qui ont été attentifs et respectueux du devoir de mémoire, à la presse, aux petites mains qui ont préparé le verre de l'amitié.
Un chaleureux remerciement plus dirigé va à l'équipe municipale sioracoise. Didier Roques ne pouvait être là. Il a délégué Jasmine Chevrier. Cette élue s'applique à tout ce qui peut être de ses prérogatives, dont le devoir de mémoire. Siorac était donc représenté par Jasmine mais, aussi, par Paul-Marie, le technicien du son, et par Bernard Flaud, son porte-drapeau.
Contributions photographiques de Bernard Malhache et d'Alain Eymet
Musique en synergie
Monique fut la première Fidézienne pendant 37 ans
SAINTE FOY-de-BELVÈS
Le Mondou dans la peine
Monique fut la première Fidézienne pendant 37 ans
Un champ du Mondou, au printemps, où les coquelicots rendent un hommage floral à Monique Péchavit-Vergnolle. Photo Christelle Vergnolle
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Les Fidéziens, en apprenant la nouvelle de la disparition rapide, à Périgueux, de Monique Péchavit-Vergnolle, pour le moins, furent attristés de ce deuil brutal du 21 mai.
Monique vit le jour dans la demeure familiale du Mondou, le 14 janvier 1947 et ne quitta guère le havre des Péchavit hormis une échappée parisienne, juste après son mariage. La famille, au cours des derniers mois, a connu bien des heures douloureuses et vit le cercle de la fratrie, en deux ans, se réduire à cinq reprises.
Monique a relayé au Mondou, sa sœur aînée Renée. Pendant un demi-siècle, elle fut la gardienne de ce hameau familial. Les rameaux ont essaimé dans les villages voisins jusqu'au proche Quercy. Monique, travailleuse sans faille, fut ouverte à la vie fidézienne. En 1970, elle convola avec Bernard Vergnolle, un jeune Monplaisanais, pour ouvrir une vie commune de 55 ans. En 2024, ce couple aurait pu fêter les noces de zibeline et, cette année, pour quelques semaines, il n'a pas atteint les noces d'orchidée.
Monique devint, en mars 1977, la première Fidézienne quand l'équipe de Bernard obtint les clés de la mairie de Sainte Foy, mairie qui, jamais, ne vacilla au cours de six mandatures parfaitement remplies par 37 ans de gestion communale.
Le Mondou, par deux fois, connut la joie avec l'arrivée de Yannick puis de Christelle. Les rameaux se sont enrichis avec la naissance de deux petites-filles et de deux petits-fils.
Le 26 mai, les routes conduisant à Sainte Foy virent des défilés d'amis venus rendre hommage à Monique et entourer les siens de toute leur compassion. Ce fut, donc, une cérémonie bien triste dans le petit cimetière communal. Pour marquer l'attachement de la défunte à la nature qu'elle aimait, l'assistance la couvrit de fleurs de tilleul. La fleur de tilleul, depuis les lointaines heures de la culture celtique, s'apparente à un cœur. Elle symbolise l'arbre, l'amour et la fidélité.
Pierre Fabre
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Demain, avec 3 jours de retard technique, "Terre de l'homme", grâce à Bernard Malhache et à Alain Eymet, 80 ans après la capitulation du Reich, reviendra sur le pèlerinage mémoriel du 27 mai.
CHARLES-MAURICE TALLEYRAND-PÉRIGORD par Françoise Maraval (suite)



L'usage du monde
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SARLAT
Le groupe - Cinéma et conférences - du "Collectif Transitions Périgord Noir"vous invite le mardi 27 MAI 2025 à 20h00 au cinéma Rex de Sarlatpour la projection du film "l'USAGE DU MONDE, voyage entre nature et culture",écrit et réalisé par Agnès FOUILLEUX
Synopsis :
À travers l’histoire et la préhistoire, depuis les peintures rupestres de la grotte Chauvet jusqu’aux débris laissés dans l’espace par les satellites d’Elon Musk, le film nous invite à une réflexion sur les sociétés humaines et les traces qu’elles laissent de leur passagesur terre.Et si ce lien à la terre, à l’eau et aux autres espèces, était de même nature que celui qui nous relie aux autres ?Si seul un nouveau récit pouvait faire basculer l’histoire ? Réinventer notre rapport au vivant, à l’agriculture et à la démocratie pourrait être les premiers mots jetés là en préambule pour écrire cette nouvelle histoire.
Ce film sera présenté par Camille DUPUY, médiateur culturel du cinéma Rex de Sarlat
NB : Exceptionnellement ce film sera projeté à 20H00, la séance étant suivie d'un échange avec KATIA KANAS, animatrice du café philo du BUGUE.
Entrée : 6€
Contribution Isabelle Petitfils