Terre de l'homme

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Mois de janvier 2021


Une terminologie occitane locale intraduisible "La rafica".

 

 

 

Pierre Miremont

 

 

 

 

Qui est Pierre Miremont.

 

Cet occitaniste a rédigé "Glossari del perigord negre", ouvrage publié en 1974 à  Rodez.

 

Pierre Miremont, né le 17 décembre 1901 au Buisson (Dordogne) et mort le 22 juillet 1979 à La Garde (Var), est un écrivain français, rédigeant en occitan et en français.

 Ses grands-parents, originaires du Sarladais, ne parlent qu'en dialecte du Sarladais. Il fait des études chez les jésuites puis dans les écoles marianistes. Il était destiné à la prêtrise, mais renoncera à entrer dans les ordres. Il sera successivement enseignant, huissier de justice, militaire et inspecteur d'assurance.

 

 

 

Très tôt, il s'intéresse à la langue d'oc. Il consacrera sa vie à la rédaction d'ouvrages en occitan (poésie, prose, théâtre, études linguistiques, conférences).

Prisonnier dans un oflag de 1939 à 1945, il souffre de faim et de privation de liberté mais continue à lutter pour la défense de la langue d'oc. C'est ainsi qu'il crée L'Escòla dels embarbelats (" l'école des barbelés ") à Lubeck en 1940 avec des compagnons occitanophones ; ils décident de confronter les divers systèmes de graphies existants afin de les concilier et d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes. C'est cette graphie éclectique qui sera désormais celle de Pierre Miremont.

Il est élu majoral du Félibrige en 1945, Cigale d'or d'Aquitaine, et travaille à la promotion de la langue du Pays d'Oc du Périgord noir dont il publie un glossaire en 1974.

Une rue de Sarlat-la-Canéda a été baptisée allée du Majoral Pierre Miremont en son honneur. Une avenue, inaugurée en 1980, porte également son nom au Buisson-de-Cadouin, sa ville natale. [Source Wikipédia]

 

L'ouvrage du majoral Miremont, a priori, semble bien être le seul à parler de "rafica".

 

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Tòrna-z-i que n'as ren fach !

 

Phonétiquement, on dirait "torné y é que n'a fa ré" ce qui revient à dire "Reviens y puisque tu n'as rien fait". Mouvement de lassitude exprimé à l'encontre "d'une rafica".

C'est l'expression qui, jadis, venait à l'esprit quand "una rafica" revenait sur un de ses thèmes récurrents et qui lassait à l'envi les personnes qui l'entendaient.

 

Qu'est-ce au juste "una rafica".

 

Ces "rafiques", pour les occitanistes, sont des patoiseries bien locales. Elles disparaissent de notre verbe contemporain.

Non, "la rafica" n'est pas un personnage qui "repapia", c'est à dire un radoteur, un senior qui devient gâteux, qui radote ; à la rigueur, on peut dire "qu'una rafica" ressasse mais c'est beaucoup plus subtil que cela, c'est pour cela que ces "raficas" sont, en un seul mot, intraduisibles. Le synonyme de verbe "rafiquer", en un seul mot, serait "rohnar".

Les riverains du Raunel, modeste ruisseau adjacent à la Nauze, disaient "Lo Raunel rohna" pour désigner son écoulement qu'ils assimilaient à une discrète perceptible plainte permanente.

Pour savoir qui sont ces personnages, un tantinet agaçants, il faut avoir des racines occitanes bien localisées car "les raficas" sont inconnues dans le Dictionnaire occitan (languedocien) Lexicologos. Notre ami, le majoral Jean-Claude Dugros, il est presque un étranger puisqu'il vit le jour dans la ville de Jasmin, là où la Garonne passe sous le pont-canal, nous dit qu'il ne l'a jamais entendue à Agen. À Nice, à ma grande surprise, j'ai entendu le président des F.C.P.E, se désigner, par une forme d'autodérision, comme "una rafica".

Nous savons tous que nos mots ont un sens bien précis et que le synonyme parfait, parfois, est introuvable surtout si l'on emprunte une terminologie d'une autre langue… fut-elle latine. Un patio n'est pas tout à fait une cour, c'est une enceinte qui rappelle l'Espagne et l'ère de son influence mauresque. Un briefing, brève réunion d'information, se calant sur un terme du franglais, n'a pas d'équivalent en un mot en français.

Revenons à nos "raficas". On pourrait les traduire par ressasseurs, personnages pétris de certitude qui reviennent sans cesse sur les mêmes choses.

L'instituteur, acariâtre à l'envi, qui tenait à obtenir les meilleurs résultats en syntaxe, rabâchait qu'il fallait, pour chaque verbe, rechercher son sujet. Quand il le faisait par habitude, il ressassait quand il y mêlait, en plus, une forme peu amène et désagréable d'agression "pédagogique" verbale ; on aurait pu dire qu'il "rafiquait" car il tenait pour coupables réels et virtuels, celles et ceux qui étaient susceptibles d'égarement et de faiblesse grammaticale.

 

Le verbe "rafiquer" introduit non seulement une forme répétitive mais aussi il sous-tend le côté désagréable de celui qui énonce un manquement réel ou virtuel. Cette notion de "rafiquer" prend donc un côté lassant, voire irritant, pour celle et celui qui la perçoit comme agaçante. "La rafica" a l'impression de prêcher dans le désert mais se fait plaisir à énoncer des principes qui, à son avis, sont des règles souvent contournées.  

 

"La rafica", substantif qui ne comporte pas de masculin, même s'il est attribué à un homme, amalgame la préconisation, la redite, la parfaite conscience qu'elle sera peu, voire pas, suivie d'effet. Elle est énoncée avec fatalisme et un rien de pugnacité.

Une grand-mère chagrine et acariâtre titillera volontiers son fils, en "rafiquant", que ses petits-enfants sont bien plus enclins à s'intéresser aux vacances qu'à chercher du travail.

 

Avouez que "rafica" est une "patoiserie" bien intraduisible en un seul mot.

  

 

 


30/01/2021
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Revenir à Tipaza

 

Albert Camus   Emir AbdelKader

 

 

Albert Camus et Abdelkader

 

Le président de la République a demandé, en juillet 2020, à l'historien Benjamin Stora, un rapport sur les questions mémorielles portant sur la  colonisation et la guerre d'Algérie. Ce rapport est entre ses mains depuis le 20 janvier 2021. On peut le consulter en cliquant ici.

D'anciens présidents de la république étaient déjà intervenus pour améliorer les relations entre nos deux pays.

Le 10 juin 1999, à la demande de Jacques Chirac, l'Assemblée Nationale adopte une proposition de loi reconnaissant officiellement la guerre d'Algérie (les expressions "maintien de l'ordre" et "pacification" sont abandonnées).

En décembre 2007, Nicolas Sarkozy prononce un discours à Constantine où il fait l'éloge de ce grand pays qu'est l'Algérie, des grands résistants de la cause algérienne, fait le procès du système colonial et invite les deux pays à se tendre une main fraternelle.

le 17 octobre 2012, François Hollande reconnaît avec lucidité la répression sanglante à Paris en 1961 à l'encontre des Algériens et rend hommage aux victimes.

Candidat, Emmanuel Macron n'est pas en reste : "La guerre d'Algérie, c'est un crime, un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie" et présente ses  excuses.

Une fois élu, Emmanuel Macron à Abidjan,  le 22 décembre 2019, déclare : "La colonisation  est une erreur profonde, une faute de la République".

Mais pourquoi avoir attendu 60 ans pour tenter d'obtenir une  réconciliation, alors que c'est chose faite depuis longtemps avec nos anciens protectorats, le Maroc et la Tunisie  (1956).

Cette guerre fut une véritable tragédie. Benjamin Stora parle d'un "impossible oubli". C'est pourquoi ces déclarations présidentielles intermittentes non suivies d'effets étaient insuffisantes pour entrer dans la voie de la réconciliation. Celle-ci sera difficile car le peuple algérien exige la reconnaissance unilatérale de notre responsabilité et les 7 millions de Français, descendants des pieds noirs et des harkis, n'oublient pas les conditions dans lesquelles leurs parents partirent en exil et l'accueil qu'ils reçurent en métropole.

Cependant le contenu du rapport est de nature à rapprocher progressivement nos deux pays. Dans l'ensemble des propositions, l'Histoire qui recherche les faits et leur véracité, trouve son compte : Accélération du travail sur les Archives, renforcement de l'enseignement sur le colonialisme et la guerre d'Algérie, création d'un office franco-algérien de la jeunesse.

La mémoire, qui relève  des émotions et des sentiments, aura la part belle : multiplication des hommages et des consécrations, élévation d'une stèle à l'émir Abdelkader, père du nationalisme  algérien, une journée d'hommage aux harkis et une autre en mémoire des Algériens tués à Paris le 17 octobre  1961, entrée de Gisèle Halimi au Panthéon.

Ce projet est vaste. Les propositions retenues s'étaleront dans le temps. Le 60ème anniversaire des accords d'Evian et du cessez-le-feu pourrait être le prélude à une réconciliation à laquelle nos deux pays ont tout à gagner.

Albert Camus, né en Algérie, écrit en 1938 "Noces à Tipaza" : "Au printemps, Tipaza est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes". C'est en ces termes qu'il parle avec ivresse et exaltation de sa terre natale qu'il verra  se déchirer.

 

Plus de 60 ans après avoir connu ce pays, quand il m'arrive d'oublier la guerre et ses séquelles, c'est à cet hymne d'amour d'Albert Camus que je pense et je retiens de ce qui fut un lieu d'affrontements sanglants : la beauté sauvage du Djebel, l'odeur  âcre de la terre brune et celle fade des eucalyptus qui poussent au bord des oueds dans la lumière du soleil.

 

TIPAZA 2
Timgad

 

                                                                       Tipaza et Timgad

 

Le jour où, le désir venant, nous pourrons sans crainte, en toute liberté, aller au soleil sur les plages d' Annaba (Bône), ville d'Hyppone dont  Saint-Augustin, penseur (berbère) le plus influent du  monde  occidental, fut l'évêque, visiter Constantine perchée en haut des gorges du Rhumel, admirer les ruines romaines de Timgad et de Tipaza, nous aurons fait un bon bout de chemin sur la voie de la réconciliation.

 

Saint Augustin

                                                      Saint Augustin

 

 

PS : "Si j'avais à choisir entre la justice et ma mère, je choisirais ma mère ". Ces propos qu'on prête faussement à Albert Camus et  qui lui ont fait un tort considérable, sont apocryphes. L'ancien directeur de l'institut suédois à Paris rétablit la vérité. Albert Camus a dit "En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans l'un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère."

 

Pierre Merlhiot

 


30/01/2021
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Hommage à Paul Winter, par Jean-Matthieu Clôt.

SAINT LAURENT-la-VALLÉE

 

paul Winter

Paul Winter décède le 20 janvier 2021 à  Saint-Laurent-la-Vallée.

 

Paul espérait " terminer " comme son père pour s’endormir définitivement. La mort qu’il connaissait pour y avoir été confronté de diverses manières, ne l’inquiétait pas même s' il ne savait pas ce qu’il y avait " après ". Il aimait rappeler la théorie d’un légionnaire en Indochine, courant sous le feu ennemi en disant : " Si ce n’est pas l’heure, il ne peut rien t’arriver " et il concluait souvent ses commentaires par l’expression musulmane : Mektoub ! : C’est écrit !

 

Quand, poursuivi par les Japonais, il marchait vers la Chine en Avril 1945, il pensait à la propriété du Monteil, se raccrochant à l’idée de revoir ce " phare " dans la famille depuis 1928.

Souhaitant laisser une trace pour ses descendants, il s’est confié dans un récit de deux cents pages, évoquant ses souvenirs dont voici quelques dates :

Il naît le 16 mars 1922 à Hué, résidence impériale au Vietnam. Une Annamite qu’il nomme la Thi hay, prend soin de l’enfant handicapé par un voile du palais.

" Bon à tout, bon à rien ", il pratique tous les sports qui s’offrent à lui, et le scoutisme lui fait découvrir le chant autour des feux de camp. Plus tard, il sera assidu aux retransmissions sportives à la télévision.

Des attaques de paludisme induisent chez lui, une régulation thermique catastrophique d’où son habitude de porter un béret " vissé " en permanence sur sa tête. Il réalisera tardivement qu’il passait des vacances princières dans la baie d’Along.

A l’automne 1948, il est en Côte d’Ivoire, travaillant comme assistant dans une exploitation de palmiers à huile. Il rencontre Laurette déjà mère de trois enfants, qui deviendra sa femme. Début 1951, il s’occupe d’une plantation de café. Laurette lui donne trois filles : Françoise, Nicole et Jacqueline. Il garde de son premier séjour en Afrique, une amitié indéfectible pour Nikiema Bayouré. En 1958, la famille revient en France, plus précisément à Chabeuil dans la Drôme où il découvre le chant choral avec le groupe paroissial, puis Pamproux dans les Deux-Sèvres et Saint Maixent-l’Ecole. En janvier 1982, il revient avec son épouse plus un teckel, à Abidjan pour quatre ans. Dès lors, il aura toujours un ou plusieurs animaux de compagnie. A 64 ans, son couple revient d ‘Afrique et s’installe pour la retraite à Saint-Laurent-la-Vallée où Paul est un temps, conseiller municipal, et adhère dès la première heure, au groupe vocal de Belvès.

Paul avait le plus grand des plaisirs (déplaisir) à évoquer ses souvenirs ; nous nous rappellerons qu’il montait dans les tours quand on parlait de ceux qui n’allaient pas voter ou encore de la " mode " bio. Les dames n’oublieront pas les gros bouquets de fleurs reçus à la moindre occasion, Quand on arrivait chez lui, boire le café, c’était toujours : " Prends un siège Cina et assieds-toi par terre sans crainte de salir ton illustre derrière, et si tu veux parler, commence par te taire. ". Quand il venait tôt le matin chez quelqu’un : " La levée des corps est faite ? " Et quand on se quittait : " A la prochaine ! Si je ne suis pas mort d’ici là ! "  

 

Jean-Matthieu Clôt

 


29/01/2021
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Retour sur la généalogie de Joseph-Abner Maraval

 

 

Françoise Maraval, hier, avec "Il y a 140 ans, le vent républicain buta autour de la vieille bastide fondée par Alphonse de Poitiers", a présenté Joseph-Abner Maraval, dont elle ignore si, quelque part, elle est de son lignage. Elle aimerait en savoir davantage et poursuit ses recherches. Elle explique, aujourd'hui, comment "Ensemble" l'a amenée à se précipiter dans cette complexe piste généalogique.

 

 

Joseph-Abner Maraval

 

 

Françoise Maraval s'explique.

Comment ai-je eu connaissance du passé de Joseph-Abner ?

 

 

 

 

Abbé Jean PICARD

L'abbé Jean Picard

prêtre coopérateur belvésois. 

Il pratique un alternat pastoral avec le Brésil

Photo Paroisse N.D de Capelou

J’étais abonnée au bulletin paroissial " Ensemble " commun aux paroisses de Saint-Cyprien, le Bugue et Belvès. L'abbé Picard, alors curé de Belvès, y tenait une chronique "D’où venons-nous, où allons nous". Elle relatait des faits régionaux pendant les 2 décennies qui ont précédé la séparation des Églises et de l’État (loi de 1905). D’après lui l’Église y était malmenée et les prêtres n’étaient plus respectés par les républicains et notamment par un certain Maraval de Villefranche-de-Belvès, ancienne bastide devenue Villefranche-du-Périgord. Il ne citait que ce personnage portant mon patronyme.

 

 

J’ai voulu en savoir un peu plus et voilà ce que j’ai trouvé :

 

 

 

Redoutable partisan de la IIIème République, maire de Villefranche-de-Belvès (aujourd’hui Villefranche-du-Périgord), puis conseiller général du canton, Joseph-Abner MARAVAL connaissait-il l’origine de son nom ?

 

Il s’agit d’une rare transformation patronymique :

 

 - aux origines le nom est Carles,

 

 - puis à partir de 1725 Charles-Maraval,

 

 - et enfin seulement Maraval au XIXème siècle.

 

On trouve en 1675 un Jean Charles, menuisier à la Magdeleine - commune de Saint-Cybranet - qui transige avec Antoine Besse de Maraval (Cénac) au sujet de la succession de feu Gervais Charles.

 

En 1650, environ, Jean Charles avait épousé Marie Maury, veuve Vergnolle, dont le mari -menuisier à la Magdeleine- enrôlé dans la compagnie du sieur de Bars, a été déclaré mort au combat en Picardie.

 

La famille s’embourgeoise…

 

Ils ont un fils Antoine qui épouse  Ysabeau (ou Isabeau) Barrat. Plusieurs enfants naissent de cette union.

Le fils aîné Jean Charles dit " le laboureur " épouse en 1742 Isabeau Escoubeyrou. Il habite la Magdeleine avec un autre frère, prêtre.

Le deuxième fils, lui aussi, est Jean Charles, dit Le Marchand.

Le second, parti un moment, est de nouveau à la Magdeleine en 1752, lors de la reconnaissance du tènement au commandeur de Condat. Il est désigné dans le texte, comme  Jean Charles, sieur de Maraval.

Guillaume est le fils cadet d’Antoine Charles et d’ Ysabeau Barrat. Dans un acte de remise de testament du 7 décembre 1730, il est désigné comme Guillaume Charles, prêtre, docteur en théologie, vicaire de Daglan, mais il signe "Maraval". Il gère les biens de la famille. En 1735, l’abbé devenu Charles-Maraval est vicaire de Domme, desservant la paroisse de Saint-Cybranet. En 1743, il devient curé de Saint-Cybranet. En 1751, il hérite de son frère Jean (le laboureur) mort sans descendance. Il gère les biens de la Magdeleine et les accroît. Il décède le 24 mars 1773 à la Magdeleine.

 

C’est son petit-neveu Jean-Baptiste Charles-Maraval, clerc tonsuré, qui réclame sa succession, pour le compte de son père lui aussi nommé Guillaume Charles-Maraval, maître chirurgien et fils du 2ème Jean Charles et de Jeanne Aymar.

 

Guillaume Charles-Maraval épouse Catherine Duloing de Sarlat en 1750. Ils ont 4 garçons et 3 filles. C’est le dernier garçon qui nous intéresse : Jean-Baptiste Charles-Maraval 1765-1838. Il est officier de santé et épouse Marthe-Angélique Maignol le 23 germinal an 5 à Segonzac, village de la commune de Campagnac-lès-Quercy. En vendémiaire an 12 (septembre 1803) il devient maire de Campagnac-lès-Quercy.  C’est alors qu’il laisse tomber le nom de Charles et la moitié de son prénom : Baptiste Maraval. Ils ont 8 enfants tous vivants.

 

L’aîné Jean Maraval est notaire à Villefranche-de-Belvès et le père de Joseph-Abner Maraval,  maire et conseiller général de Villefranche. Jean est lui-même maire de Villefranche de 1848 à 1852.

Joseph-Abner Maraval est né en 1840. Il fait des études de notaire et travaille à Paris dans une étude notariale qui sert de lien entre les notaires parisiens et ceux de province et d’Algérie. Il se trouve à Paris lors de l’avènement de la IIIème République et  se reconnaît tout de suite en elle. Il milite ...

Il se marie en 1873 avec Marie-Juliette Capin de Montauban. Il aura un seul enfant : Marguerite née à Paris. Sur le dénombrement de 1876 de Villefranche, on le retrouve rue Notre-Dame avec sa petite famille. Il ne reprend pas le notariat, on le retrouve négociant en vin et en bois etc ... et il se lance dans la politique.

 

En 1881 il est élu maire. La concurrence a été rude entre les Bonapartistes et les Royalistes cléricaux. (lisez l’affiche rose d'hier en annexe).

En 1886 il devient jusqu’en 1892, Conseil général du canton de Villefranche-de-Belvès, bastide devenue depuis Villefranche-du-Périgord.

Il était en vie en 1902. Il faudrait consulter les archives de Villefranche, à la mairie, pour avoir l’année de son décès.

 

Si le hasard voulait que quelqu’un ait une photo du personnage, je suis partie prenante. Vous comprenez que je ne peux pas installer sans plus de certitude, ce Maraval (à mon grand regret) sur une des branches de mon arbre généalogique car ce patronyme a été adopté par cette famille.

 

 

PS : Je suis remontée jusqu’à Baptiste Maraval, grand-père de Joseph-Abner. Pour tout ce qui précède, j’ai eu de la chance. Abonnée alors, au bulletin de la Société des Amis de Sarlat et du Périgord Noir, je suis tombée sur un article de Louis-François Gibert la Magdeleine à Saint-Cybranet et la famille Charles-Maraval.

 

Remerciements.

 

 

 

Françoise Maraval          

 

 

Demain : Jean-Matthieu Clôt rend hommage à Paul Winter. 

Après-demain : Le billet ponctuel de Pierre-Merlhiot

Le jour suivant : Une terminologie occitane locale intraduisible "La rafica".

       


27/01/2021
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Il y a 140 ans, le vent républicain buta autour de la vieille bastide fondée par Alphonse de Poitiers.

Françoise Maraval

 

 

Françoise Maraval, une assidue lectrice de ce blog qui, bien qu'ayant quitté "son" Périgord natal et,  depuis fort longtemps, "sa" cité cypriote natale, se passionne sur ce terroir. Elle recherche l'hypothétique lien qui éventuellement peut la rattacher au lieudit cénacois qui est un microtoponyme identique à son patronyme.

Au gré de ses recherches, elle a été interpellée par un épisode tumultueux du Villefranchois quand la République cherchait à s'affirmer. Le Désastre de Sedan n'était pas si loin dans l'histoire et dans les campagnes, on avait peur de la République assimilée à la Terreur du siècle précédent.

Bousculant ces stéréotypes, un brave notaire villefranchois voulait casser cet a priori et donner une impulsion républicaine à ce canton rural qui hésitait entre monarchie et République. 

Aujourd'hui, quand, en dehors du Périgord Noir, dans une discussion, est avancé le toponyme de Villefranche, la première question est de dire lequel. En effet, 17 localités de notre hexagone portent ce nom, 18 si l'on rajoute Saulmory-Villefranche, micro-entité du Verdunois qui est la plus septentrionale de nos villes franches. La plus méridionale est le joyau de Villefranche-de-Conflent, très belle place forte des Pyrénées de la Catalogne française.

 

 

Afficher l’image source

 

Cette halle, de nos jours, se situe à "l'épicentre" du commerce des cèpes.

Image Mairie-de-Villefranche du Périgord

 

 

Ce jour, c'est aux confins du Périgord, du Quercy et de l'Agenais que nous emmène Françoise Maraval, une fidèle abonnée, lectrice et contributrice de Terre de l'homme qui, si elle a quitté son Périgord natal, le conserve dans ses passions. Pour elle, comme pour beaucoup, quand on parle de Villefranche, c'est de celui qui  porte dans son intitulé, le Périgord. C'est donc pour cette vieille bastide française qu'elle a un penchant, notamment pour son image de cèpes et de châtaignes qui vient à son esprit. Françoise a trouvé dans de vieux documents, la trace de bien lointaines élections villefranchoises, en 1881, où un Joseph-Abner Maraval, profondément républicain, rivalisait pour le siège de conseiller général avec un comte, P.L de Vassal-Sineuil, clérical et royaliste... comme il se doit. En 1881, l'ardent républicain dut s'incliner mais, pour la mandature suivante, les "dieux" de la démocratie l'ont poussé vers l'assemblée départementale.

L'ardeur du verbe mettait en évidence, le fossé qui séparait, alors, les républicains des monarchistes cléricaux.

La contributrice ignore si ce Joseph-Abner Maraval, dont elle espère trouver des traces photographiques, figure quelque part dans sa lointaine généalogie. Peut-être, si les conditions sanitaires le lui permettent, elle viendra, à pied d'œuvre à la belle saison, faire des recherches sur ce personnage qui ne mettait pas ses convictions dans ses poches. Depuis cette ère turbulente, les élections locales sortent bien rarement de passes à fleurets mouchetés.

La Lémance a vu partir beaucoup d'eau depuis cette orée républicaine du siècle de Gambetta ; et, à Villefranche, comme dans l'écrasante majorité des communes rurales, les élections municipales ne sont qu'une validation de l'appareil en place, sans le moindre bruissement ni murmure et sans achoppement. C'est certainement bien tranquille de vivre dans un climat paisible mais la réactivité citoyenne n'est-elle pas, aussi, un signe d'émulation et de bonne santé civique !  

 

 

 

affiche profession de foi

 

Cliquez sur le texte ci-dessous mais la lecture est difficile.

 

Agrst

 

 

 

On note qu'en 1881, Villefranche devra attendre 1893 pour ne plus être de Belvès mais du Périgord. Les Villefranchois, ou tout au moins certains, voulaient effacer cette terminologie qui soutendait une forme de "dépendance". Ce n'était pas le thème de l'élection cantonale de 1881. La sensibilité de droite monarchiste l'emporta. Joseph-Abner Maraval dut attendre la mandature de 1886/1892 pour gagner ce canton rural..

 

 

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Mes chers concitoyens,

 

 

Vous êtes appelé le 1er août à élire un Conseiller Général.

 

Le comité républicain de notre canton me présente à vos suffrages, j’ai la confiance que vous voudrez bien ratifier ce choix.

 

Vous me connaissez depuis longtemps ; vous vous souvenez qu’il y a 6 ans le candidat royaliste n’ayant pas de concurrent, je me suis présenté dans un intérêt de parti, mais sans espoir de vaincre, l’opinion publique considérant comme sûre l’élection de mon adversaire qui avait obtenu quelques mois au paravent une forte majorité à la suite de la démission de M. Doriac, son prédécesseur.

 

Malgré ces conditions défavorables, malgré la lutte qui me fut faite par des ennemis sans scrupules, un déplacement de quelques voix m’aurait donné la majorité qui me fut acquise, dans six communes notamment dans les deux plus importantes : Villefranche et Campagnac.

 

Depuis 6 ans la situation politique du canton a totalement changé ; aux élections du 1er août prochain ces six communes me donneront encore une majorité qui se retrouvera dans la plupart des autres où des municipalités amies ont remplacé des municipalités hostiles.

 

Aussi pouvez-vous considérer le succès comme certain ; je ne négligerai pas de mon côté rien de ce qui pourra le grandir, je prie tous ceux qui s’y intéressent, tous mes amis politiques ou privés, d’unir leurs efforts aux miens pour rendre plus éclatant le triomphe d’une cause qui nous est commune et qui nous rend tous solidaires.

 

Je n’ai rien à changer, mes chers concitoyens, à la profession de foi que je vous ai adressée en 1880 dans laquelle je vous disais :

 

« Défendre résolument la cause de toutes les communes du canton, leur servir d’intermédiaire auprès de l’administration , revendiquer énergiquement tous leurs droits , donner satisfaction , autant que possible, à tous leurs vœux, veiller à ce qu’il leur soit attribué une large part dans les allocations départementales, tels sont, à mon avis , les devoirs qui incombent à votre représentant . »

 

C’est ce que je suis encore tout disposé à faire car je crois, moi, que le mandat de conseiller général comporte d’autres attributions que le plaisir de se parer d’un vain titre et qu’il impose à celui qui en est investi l’accomplissement de devoirs et d’obligations multiples.

 

Ces devoirs j’ai pu les remplir comme maire, envers la commune chef-lieu que j’administre depuis 1881. C’est ainsi que, sans aggraver les charges j’ai, à l’aide de subventions obtenues de l’État et du Département , pu faire établir des bornes fontaines dans l’intérieur de la ville , bâtir une maison d’école , ouvrir des chemins , installer un bureau télégraphique , allouer de nombreux recours ou indemnités à des particuliers ce qui n’a pas empêché des adversaires -que les électeurs de la commune de Villefranche ont appris à connaître et à juger – puisqu’ils les ont exclus du conseil municipal lors des élections dernières , de me faire une opposition aussi déloyale qu’inutile et contraire aux véritables intérêts de la commune qu’ils habitent . Personne n’ignore en effet que s’ils étaient arrivés à leur but -établir une municipalité à leur image -aucune des améliorations accomplies ne se serait réalisée.

 

Dans le mandat de conseiller général les questions d’administrations et d’affaires occupent certainement la première place mais vous devez connaître les convictions de vos candidats touchant la forme du gouvernement :

J’ai toujours considéré la République comme étant le gouvernement qui comporte la plus large part de justice et de liberté, c’est aujourd’hui le seul possible en France, le seul qui puisse durer. Si la monarchie venait  à être rétablie ce ne serait qu’à la suite d’une guerre civile  et bientôt une nouvelle révolution rétablirait l’état des choses actuel car la République n’est pas un accident dans le pays mais le terme du travail qui s’est opéré  depuis un siècle dans les esprits et dans les mœurs.

Je ne prétends pas que sous ce régime des erreurs et des fautes ne puissent être commises, aucun gouvernement n’est infaillible mais la République est au dessus de ceux qui la gouvernent.

Avec elle la nation peut, sans révolution, réparer les fautes de ses gouvernants en déléguant le pouvoir à d’autres.

Avec elle nous avons toujours la paix ; souvenez-vous que les 18 années d’empire nous ont valu 5 grandes guerres.

Avec elle le service militaire est de plus en plus réduit.

Je vous engage, mes chers concitoyens à ne considérer dans l’élection prochaine que les intérêts matériels de ce canton, mais à ceux d’entre vous qui voulez à bon droit en faire une élection politique, je dirai ceci :

Vous avez à choisir entre deux principes absolument opposés, la lutte s’engage entre le passé et le présent ; les institutions républicaines sont solidement fondées en France ; les anciens partis complètement divisés, n’y remplissent plus qu’un rôle historique.

Voulez-vous être les hommes d’un autre temps ?

Voulez-vous, en votant pour le candidat royaliste, encourager les ambitieuses espérances des défenseurs de l’ancien régime qui subsistent encore, de ceux qui osent concevoir une restauration monarchique avec toutes les prérogatives et tous les privilèges dont l’avènement nous ramènerait infailliblement la guerre civile et la suppression du suffrage universel ?

 

Comme vous je tiens à conserver les libertés que nos pères ont conquises en 1789 et sur ce terrain, impérialistes et républicains, nous devons facilement nous entendre. Nous sommes les vrais conservateurs, nous ne réclamons aucun privilège, nous défendons les principes d’égalité et de justice pour tous ceux qui savez vous incliner devant le gouvernement que la volonté du peuple a fondé, à vous tous partisans du suffrage universel, qui tenez à le conserver et à le défendre contre les représentants de l’ancien régime.

 

Quels sont les adversaires que rencontre aujourd’hui le gouvernement dans ce canton ?

Des fanatiques, qui, regrettant leurs anciens privilèges, crient à la persécution parce qu’ils sont soumis à la loi commune et qui se sont vu enlever le droit de persécuter les autres.

Quelques meneurs dont la déloyauté est évidente et un plus grand nombre d’inconscients qui, plus à plaindre qu’à blâmer, les suivent sans savoir pourquoi …

 

Que reprochent-ils au gouvernement ?

- D’avoir augmenté l’impôt foncier.

                                               C’est un mensonge

 

Il ne se perçoit pas actuellement un centime d’impôt foncier de plus que sous les gouvernements

Précédents. Ce sont certains conseils municipaux qui ont voté en toute liberté des centimes additionnels pour des travaux qui intéressaient leurs communes.

Ce sont nos adversaires qui, lorsqu’ils avaient la majorité au conseil général, ont voté des impôts extraordinaires pour des travaux ne concernant pas notre canton, dans le seul but, peut-être, de vous faire croire que c’est la République qui augmentait vos charges.

 

- D’être la cause de l’état de souffrance du commerce

                                               C’est un mensonge

 

La crise économique que nous traversons et qui ne peut être que passagère, ne tient à aucune forme de gouvernement puisque les pays monarchiques qui nous entourent s’en ressentent plus que nous et s’il faut attribuer à quelqu’un la responsabilité de cette situation ce n’est pas à nos gouvernants mais bien à nos adversaires, qui par leur constante et systématique opposition entravent le fonctionnement régulier de nos institutions démocratiques.

 

- De persécuter la Religion

                                               C’est un mensonge

 

Vous avez chaque jour sous les yeux la preuve du contraire, le gouvernement honore et respecte la Religion mais il ne veut pas que le prêtre s’occupe des affaires de l’État du haut de la chaire où il n’est  permis  à personne de répondre.

 

C’est la République qui, en 1876, a augmenté de cent francs le traitement des curés et depuis cette époque, comme avant des crédits considérables n’ont cessé d’être alloués pour des constructions et des réparations d’église. C’est ainsi qu’une somme de 3 500 francs vient d’être accordée à la commune de Loubéjac pour réparer son église (décision ministérielle du 29 juin 1886).

 

La Religion n’est pas persécutée ; elle est souvent compromise par mes adversaires et par ceux qui ont spécialement mission de la protéger et de la défendre. Vous les  avez vu à l’œuvre à Villefranche où perdant toute espèce de sens moral sous l’influence de leurs rancunes et de leurs passions politiques, ils ont, comme manœuvre électorale, fait supprimer la grand-messe du dimanche et fait célébrer les autres offices aux heures où la population est le moins libre d’y assister, bien que le curé ait voulu les reprendre comme par le passé et quoiqu’il en ait manifesté l’intention formelle, sans aucune restriction , dans sa lettre du 3 juin 1886 il n’a pas fait honneur à son engagement ; il est permis de supposer qu’il en a été empêché par nos ennemis qui, avec leur mauvaise foi habituelle veulent essayer de tromper les électeurs à ce sujet ,en vue du scrutin du 1er août .

 

Je fais appel à vous tous qui, témoins de l’acharnement des calomnies et de la mauvaise foi que mes ennemis apportent dans la lutte, trouverez au fond de vos consciences un sentiment de raison et de patriotisme pour reconnaître de quel côté se trouve le droit, la vérité et la justice.

 

J’ai la ferme confiance, mes chers concitoyens, que vous m’accorderez vos suffrages ; comptez sur mon entier dévouement aux intérêts de notre canton.

 

 

 

                                   Joseph-Abner Maraval   

 

 

 

Cliquez sur le tableau ci-dessous

             

Liste maires Villefranche

On notera que dans la ruralité profonde, les élus, dans leur immense majorité, par prudence, par opportunisme ou, aussi, par respect de leurs colistiers et électeurs, ne tiennent pas à prendre le risque de décliner ouvertement leur sensibilité politique. Celle-ci, par ailleurs, peut louvoyer et évoluer au gré des vicissitudes ! 

 

Liste des conseillers généraux successifs de Villefranche-du-Périgord

Période

Identité

Étiquette

Qualité

1833

1839
(décès)

Joseph de Commarque

 

Propriétaire à Daglan

1840

1848

François Delcer de Puymège

 

Percepteur des contributions directes
Juge de paix du canton de Villefranche-de-Belvès

1848

1852

Joseph Camassel

 

Maire de Villefranche-de-Belvès

1852

1861

Pierre Gaston
de Vassal-Sineuil

 

Officier d'état-major retraité
(garde du corps du Roi et officier de cavalerie)

1861

1867

P.L. Delmas

 

Médecin

1867

1879
(démission)

Jean-Baptiste Doriac

 

Maire de Villefranche-de-Belvès

1879

1886

P.L. de Vassal-Sineuil

Droite royaliste

Médecin, propriétaire
Maire de Saint-Cernin-de-l'Herm

1886

1892

Joseph Abner Maraval

Républicain

Propriétaire, maire de Villefranche-de-Belvès

1892

1929
(décès)

Jean Delrieu

Républicain
puis Rad.

Conseiller à la Cour de cassation, Paris

1929

1940

Alfred Jean Delrieu

Concentration républicaine

Substitut du procureur général de la Seine
Propriétaire à la Bardannie, Villefranche-du-Périgord

1945

1954
(décès)

Charles Maurial

SFIO

Industriel
Maire de Villefranche-du-Périgord

1955

1967
(démission)

Jean Maurial

SFIO

Exploitant forestier

1967

1979

Maurice Bouyou

PCF

Cultivateur
Secrétaire général de la Fédération
départementale des exploitants agricoles
Premier adjoint au Maire de Villefranche-du-Périgord

1979

2004

Jean-Yves Martegoutte

RPR

Agent d'assurance
Maire de Villefranche-du-Périgord (1972-2001)

2004

2011

Vincent Deltreuil

DVD puis
UMP

Agent général d'assurance
Maire de Villefranche-du-Périgord (2001-2009)

2011

2015

François Fournier

PS

Policier retraité
Maire d'Orliac (2008-2014)


26/01/2021
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