Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 33. Saga de Françoise Maraval

 

 

 

 

DE BELLES GENS

 

 

Épisode 33

 

 

 

Les enfants ont progressé  depuis l’âge de raison,

 

 

 

Résumé de l’épisode précédent :

 

Dans le haut de la ville, la vie a repris et c’est un plaisir de voir les enfants grandir.

Chez Angèle et Henri Lamaurelle, on compte 5 enfants : Henriette 12 ans, Jeanne 11 ans, Michel 9 ans, Louis bientôt 4 ans et la petite dernière Micheline 6 mois.

Un peu plus haut, tout au bout du carreyrou de Montmartre, Yvonne et Achille regardent grandir Yette, 5 ans et Aimée 1 an et demi.

Route du Bugue, chez Emma et Arthur, le fils aura 13 ans le 1er août alors que sa cousine Marcelle Destal a presque 1 an.

 

 

 

Au pied du champ de foire, s’échappent de la grande école, des litanies de tables de multiplication, de belles récitations, des ritournelles de dates sur l’histoire de France mais aussi des cris de sauvages dans la cour de récréation des garçons et les bruits des jeux de balles chez les filles.

 

Henriette et Jeanne ont bien travaillé et sont sur le point de passer le concours des bourses pour devenir boursières et internes au Cours d’Enseignement Supérieur de Belvès. Madame Parat, elle-même, va les conduire jusqu’à l’endroit où se déroule l’examen tant elle est fière de ses deux élèves. Et le résultat ne se fait pas attendre : elles sont reçues !!! Toute la famille laisse éclater sa joie et les voisins eux-aussi sont contaminés. Elles reçoivent des félicitations et elles sont citées en exemple. Des livres de récompense leur sont offerts, de quoi se perfectionner un peu plus en français. Achille a acheté pour elles, le recueil des fables de la Fontaine, une belle édition recouverte de cuir rouge et or qu’il avait remarqué depuis quelque temps, dans la devanture de la librairie Daudrix.

Il faut aussi leur préparer un trousseau et « les petites mains » de la famille vont se mettre à l’ouvrage sous la direction de mémé Anastasie.

 

Ah ! Il faut que je vous dise : on attend un heureux événement chez Yvonne et Achille pour la fin de l’année. Ils ont déjà deux petites filles, ils espèrent un garçon...

 

Route du Bugue, on a attendu avec impatience les résultats du certificat d’études : mais oui ! Jeantou a réussi son examen. Certes, il l’a passé avec un an de retard, mais qu’est-ce-que c’est un an

 

                                                                                                                                                     

dans une vie. Dimanche, on fêtera ce résultat chez le patriarche qui ne perd aucune occasion pour rassembler les siens autour de lui.

 

Jean Maraval senior a dépassé la légère dépression qui avait suivi son départ à la retraite. L’énoisage de cet hiver y a largement contribué et il a constaté que son nouvel emploi était de bon rapport. Le matin, dès que la petite Marcelle est réveillée, il est prêt et il s’installe pour dénoiser. Dénoiser, c’est casser la coquille des noix. Pour ce faire, assis sur une chaise confortable, plutôt basse, un sac de noix à sa gauche, une belle pierre plate sur les genoux, avec son maillet de bois, la tricote, il cassait d’un coup sec, de la main droite, les belles noix amenées par poignées sur la pierre et il déposait les noix cassées dans un cageot.

Il casse des noix toute la matinée, pendant que Maria s’occupe de Marcelle et vaque à ses occupations habituelles. Après le déjeuner, le pépé s’autorisait une petite sieste. Les noix cassées sont alors empilées sur la table. Avec l’aide de sa femme et souvent d’Emma, dans l’après-midi, ils extraient les cerneaux de noix des coquilles à l’aide d’un couteau à courte lame, avec une infinie délicatesse pour ne pas les abîmer. On fait plusieurs tas selon la catégorie et quand on a fini d’énoiser, on met les cerneaux, toujours par catégorie, dans des sacs de jute.

 

Emma apporte toute son aide mais, aussi, elle a pris l’habitude d’aller promener la petite Marcelle. Elle pense que le patriarche a raison, l’enfant est bien une Maraval : elle ne retrouve dans ses traits rien qui puisse lui rappeler Marcel.

Après le dîner, on recommence avec l’aide de Fonfon et d’Alice. Le mercredi soir, les Maraval de la route du Bugue viennent dîner d’une soupe et d’un morceau de cantal et le grand-père prend Jeantou junior à ses côtés pour  surveiller son travail et lui donner des conseils.

 

Mais, avec les jours qui s’allongent, il ne faut pas négliger les jardins et surtout il faut tenir les engagements pris avec M. Rantet. D’ailleurs, la saison des noix est terminée… Jeantou senior s’oxygène après la longue saison hivernale. Fonfon vient à sa rescousse, le soir, à la sortie du garage. Certains jours, Jean Maraval ressort son vélo et parcourt le pays pour découvrir les nouveaux chantiers de travaux publics et revoir ses anciens cantonniers. On s’affaire au champ de foire : dans sa partie basse, on a nivelé pour construire une esplanade et, en son centre, va prendre place le monument aux morts de la Grande Guerre. Il y portera le nom d’André Maraval, mort pour la France.

 

- Je voudrais qu’ils me disent où est le corps de mon fils. J’en ai bien le droit ! Non ?

 

A la mairie, on ne sait pas encore… Jean Gauville, le secrétaire de mairie, lui dit qu’ils ont seulement  reçu du tribunal de Sarlat, les actes de décès. Jeantou veut voir.

 

- Ce n’est que du charabia de juriste, beaucoup de palabres pour ne rien dire, il leur faut 3 pages pour dire que mon fils André, matricule 10885, est mort pour la France, le 28 avril 1915, en Belgique, dans l’hôpital anglais d’Hoogstaed.

Si on ne savait pas de quoi il s’agit, on n’y comprendrait rien et on y comprend rien. Quoi ?

« Ainsi jugé et prononcé à l’audience publique du Tribunal civil de première instance de Sarlat du trois août mil neuf cent dix-huit à laquelle assistait … bla, bla, bla »

 

Le secrétaire de mairie sent que la tension commence à monter et il ne s’est pas trompé.

 

- Je veux voir le maire, je veux que l’on me dise où est le corps de mon fils. Je veux me recueillir sur la tombe de mon fils et pas devant un monument aux morts. Je veux que l’on me dise où est mon fils.

 

- Jean, je te raccompagne chez toi et je ferai remonter tes préoccupations  auprès du maire.

 

                                                                                                                                                  

 

Gauville a fermé la mairie et a soutenu Jean Maraval jusque chez lui, à 50 mètres ; les vieux démons sont ressortis.

 

 

o bis

 

 

                                                                                                                                      

                                                                                                                                                                                                       

                                                                                                                                                         

On a dû appeler le docteur pour calmer Jeantou senior. Le docteur Costes était en visite, c’est le docteur Boissel qui est venu. Il habite à 50 mètres, en haut de la rue. Lui aussi a fait la guerre de 14 et des horreurs, il en a vues.

 

Rentré du travail, Arthur est accouru aux nouvelles. Il propose de rencontrer le nouveau maire, Ernest Monset, pour savoir s’il est possible de savoir où est la dépouille du frère. Si le père le souhaite, il ira chercher le corps pour lui donner une sépulture définitive et cypriote. On peut aussi le laisser au milieu de ses camarades d’armes et monter se recueillir sur sa tombe. Arthur propose que l’on attende la majorité de Fonfon ; ainsi, ils pourront se relayer au volant de la voiture jusqu’au lieu d’inhumation. La décision de ramener le corps ou pas, peut attendre, le patriarche décidera quand ils connaîtront l’endroit.

L’engagement d’Arthur soulage le père qui veut faire son devoir vis-à-vis de son fils sacrifié.

 

 

Le monument aux morts de la guerre 14-18 sera inauguré le 11 novembre 1921.

 

 

Françoise Maraval

 

 

Sans titre 5 

 

 

 

 

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Bordure enlevée

 

 

Demain mercredi 3 août. Dévoilemment de l'intrigue. " Il aurait cent ans cet automne. Qui va reconnaitre ce personnage ".

 

 

 

 

 

 

 



02/08/2022
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