Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 34. Saga de Françoise Maraval

DE BELLES GENS

 

 

Épisode 34

 

 

 

Le monument aux morts : 11 novembre 1921,

 

 

Résumé de l’épisode précédent :

Achille Marchive travaille dans l’atelier de son beau-frère Henri Lamaurelle. Son épouse, Yvonne, attend son troisième enfant pour la fin du mois de novembre.

Les jeunes filles Henriette et Jeanne Lamaurelle vont devenir boursières au Cours d’Enseignement Supérieur de Belvès.

Arthur Maraval est devenu chauffeur pour le compte de l’usine de chaux des Tuilières. Son fils Jeantou a réussi son certificat d’études primaires et l’on pense à une prochaine orientation. Rue de la Mairie, la famille Maraval s’est reconvertie dans l’énoisage, l’hiver et dans le jardinage, à la belle saison.

 

Au mois d’octobre, les petites Lamaurelle ont pris la direction du Cours d’Enseignement Supérieur de Belvès, appelé aussi Cours complémentaire : elles sont boursières, internes et, pour le moment, elles rentrent à la maison, chaque fin de semaine.

 

 

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Carte postale collection Carcenac, antérieure à 1908 : en haut, le Cours Complémentaire et la mairie actuelle, la place d’Armes avec son beffroi et sa halle et une vue générale du village.

                                                                                                                                        

Elles sont là avec des élèves qui, comme elles, ont été sélectionnées par un examen et le niveau approche l’excellence. Elles sont entrées dans la compétition pour arriver aux premières places, sans concession pour les autres jeunes filles. A la maison, elles ont laissé un immense vide mais on se réjouit pour elles : leur avenir est plein de promesses.

 

Pour Jeantou, route du Bugue, son orientation est différente. Il est maintenant apprenti tailleur d’habits, à Saint-Cyprien, chez madame Cabannes, la référence en la matière. Sa première année va consister à observer, à écouter, à retenir et sa patronne lui confiera seulement des éléments de costumes à surfiler.

Emma, elle aussi, a demandé à suivre l’apprentissage. Elle n’est pas complètement débutante car, très jeune, elle a suivi des cours de couture à Saint-Cyprien, en même temps que sa jeune tante Gabrielle Borde. Elle s’est confectionnée des robes, des jupons, des tabliers, des chemises de nuit mais tailleur d’habits, c’est d’ un autre niveau.

Arthur est venu à l’atelier, harcelé par Emma ; elle a passé pour lui la commande d’un costume trois pièces. Madame Cabannes va donc lui prendre les mesures et les noter soigneusement sur un cahier. Elle a demandé à Jeantou d’observer attentivement.

 

Le sur-mesure demande précision, minutie, assurance et être bien équipé.

Les mesures :

 

1- le tour de poitrine :

« je passe le mètre ruban, le centimètre, sous les aisselles et en-dessous des mamelons, les bras le long du corps, on respire normalement. »

 

2- le tour de cou :

« regarde Jeantou, je place le centimètre autour du cou, juste au-dessous de la pomme d’Adam, sans serrer. La tête ne doit pas être levée, ni inclinée vers le bas, il faut que les muscles soient détendus. »

 

3- le tour de carrure :

«  pour mesurer la largeur des épaules, il ne faut pas tenir le mètre ruban parfaitement droit : il doit épouser la courbure du dos. »

 

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4- la longueur du bras :

« pour le bras, il faut procéder en deux étapes.Tout d’abord, il faut que ton client tienne les bras, le long du corps, alors tu prends la mesure de l’extrémité de l’épaule jusqu’au coude. Bras plié, arrive la deuxième mesure, du coude jusqu’à l’os du poignet, en épousant la face postérieure et externe du bras. »

 

                                                                                                                                                        

5- la circonférence des biceps :

« avec les bras le long du corps, tu mesures le tour des biceps à l’endroit le plus fort et tu retiens la valeur la plus grande entre les deux biceps. »

                                                                                                                                                         

6- la circonférence des poignets :

« Jeantou, tu dois placer le centimètre au-dessous de l’os le plus saillant et retenir la valeur la plus grande entre les deux poignets. »

 

7- la longueur du dos :

« il faut faire incliner la tête vers l’avant puis placer le centimètre sur l’os le plus saillant, derrière le cou et mesurer jusqu’à l’arrière de l’entrejambe,1 cm en-dessous des fesses. »

 

8- le tour d’estomac ou tour de taille :

« demande à ton client de ne pas retenir sa respiration, de ne pas rentrer le ventre. Alors tu places le centimètre au niveau du nombril et tu t’assures que la mesure se fasse bien à l’horizontale. »

 

9- le tour de ceinture :

« il faut placer le centimètre à quatre doigts en-dessous du nombril et il ne faut pas que le ou la mesuré(e) retienne sa respiration et là, aussi, il faut que la mesure se fasse bien à l’horizontale. »

 

10- le tour de bassin :

« il faut prendre la mesure là où le fessier est le plus bombé. »

 

11- la longueur de l’entrejambe :

« elle se mesure sans chaussures, jambes légèrement écartées. Tu dois partir du début de l’entrejambe pour aller jusqu’au sol, en épousant la face interne de la jambe. »

 

12- le tour de cuisse :

« Jeantou, tu places le mètre ruban au-dessous de l’entrejambe, à l’endroit le plus fort, en retenant la valeur la plus forte entre les deux cuisses. Tu t’assures toujours que la mesure se fasse à l’horizontale. »

 

13- le profil des épaules :

«  avec un modèle, on fait choisir le profil des épaules : hautes, régulières, basses. »

 

 

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15- le profil du buste :

«  il faut faire choisir entre : sculpté, régulier ou robuste. »

 

                                                                                                                                                        

« pour les mesures, c’est terminé . Tu as vu Jeantou, j’ ai inscrit les mesures au fur et à mesure sur mon cahier, avec précaution. Demain, nous les reporterons sur un grand papier qui deviendra le patron. Ne t’inquiète pas, mon petit : il faut de nombreuses années avant de devenir maître-tailleur. Tu as le temps... »                                                                                                                                                

Notre jeunesse prépare son avenir et les professeurs s’efforcent de leur communiquer tout leur savoir. Les parents veillent et espèrent le meilleur pour leurs enfants.

 

Depuis quelque temps, la mairie a fait savoir que tout est prêt pour l’inauguration du monument érigé en la mémoire de nos « Morts pour la France » : elle aura lieu le 11 novembre 1921 à 10 heures précises.

Le monument est situé au pied du champ de foire.

 

                                                                                                                                                        

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Pour honorer la Grande Guerre et nos soldats, un superbe poilu a été choisi. Le sculpteur est parisien, il s’agit de Charles-Henri Pourquet.

 

Le vendredi 11 novembre 1921, tout le village est en effervescence. Les Cypriotes se sont préparés pour aller honorer leurs morts. Ils sont arrivés par l’avenue Léon Gambetta, par la traverse basse, du quartier de « la gravette ». Le haut de la ville est descendu : le champ de foire est noir de monde. noir oui noir ! Vous ne pouvez pas apercevoir de la couleur, hormis les couronnes de fleurs qui entourent le monument et l’écharpe du maire Ernest Monset.

 

Les anciens combattants se tiennent rue Gambetta, face au monument. Ils se reconnaissent dans ce fier poilu dressé devant eux ; parmi eux, on reconnaît Arthur Maraval, Henri Destal – descendu de Paris pour l’inauguration-, Henri Lamaurelle et Achille Marchive. On aperçoit le grand Maurice Janot et le docteur Boissel. On a installé les « gueules cassées » au premier rang, pour leur faire honneur.  C’est pitoyable à voir.

 

Le nom des morts pour la Patrie est inscrit tout autour de la grande colonne contre laquelle le poilu est adossé. Les familles concernées sont là, les yeux levés vers le nom de celui ou ceux qu’elles ont perdus. La famille Maraval est au milieu. Jean Maraval senior est terriblement ému et tient sa Maria par les épaules, Alice porte sa fille sur les bras, Emma est encadrée par son fils et Fonfon.

 

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En haut du champ de foire, on peut voir Yvonne et ses deux enfants et Angèle et les siens.

 

Monsieur le Curé est là avec ses enfants de chœur et le goupillon avancé, il bénit le monument en en faisant le tour.

 

Les enfants des écoles sont là aussi, école publique et école privée. Les instituteurs et les institutrices leur ont appris l’hymne national et, soudain, « la Marseillaise » se fait entendre avec force et avec rage.

 

                   

Monsieur le Maire a préparé un beau discours et il le lit tandis que  des larmes coulent le long des visages. Au final, il annonce qu’un vin d’honneur sera servi dans la cour de l’école publique, juste en contrebas.

 

C’est pendant l’heure du déjeuner que le patriarche renouvelle son désir d’aller se recueillir devant la dépouille de son fils André. Arthur promet que son vœu sera exaucé à la majorité de Fonfon, en mai 1923, si on connaît enfin le lieu de la sépulture. Oui, à la majorité de Fonfon car ce dernier aura son permis et pourra conduire en alternance avec Arthur. Le jeune frère sait conduire mais il ne s’éloigne pas beaucoup de Saint-Cyprien.

 

 

Françoise Maraval

 

 

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Bordure enlevée

 

 

 

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Demain : Le reportage photographique de Bruno Marty sur la Fête médiévale de Belvès.

 



10/08/2022
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