Terre de l'homme

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"De belles gens" volet n° 52 de la saga de Françoise Maraval

 

DE BELLES GENS

 

 

 

 

Èpisode 52

 

 

 

 

1936 en France,

 

 

 

 

 

La France est touchée tardivement par la crise 1929 et à un degré moindre que les autres pays industrialisés. Toutefois, l’inertie parlementaire est telle que les difficultés économiques et sociales contribuent à une véritable crise de régime.

Mais c’est l’abandon de l’étalon-or par la Grande-Bretagne qui précipite les évènements. Progressivement, les produits français deviennent de moins en moins compétitifs, alors que pendant longtemps, la France, avec un franc dévalué et stable ( franc Poincaré ) avait pu offrir sur le marché international des prix inférieurs aux prix étrangers.

 

Avec une Chambre puissante et un Sénat qui tend à censurer les ministres politiquement trop marqués, à gauche comme à droite, l’Exécutif est paralysé. On assiste à une succession de ministères dont le rythme s’accélère avec la crise.

A partir des élections de mai 1932, les Radicaux deviennent le premier parti de France alors que les groupes nationalistes, d’inspiration mussolinienne, se multiplient. Encourageant le culte de l’armée et des figures nationales comme celle de Jeanne d’Arc, l’Action Française, les Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger, les Croix-de-fer du colonel de la Rocque s’affirment comme de puissantes ligues paramilitaires.

 

De 1928 à 1934, éclate une série de scandales qui révèlent l’existence de relations ambiguës entre les milieux politiques et les milieux financiers. On assiste alors à la « valse » des gouvernements et des ministères . En février 1934, le régime est ébranlé et les espoirs de l’extrême-droite ravivés.

Dès le 9 février, une grande manifestation contre la montée du fascisme est organisée par le PCF et la CGTU, suivie d’une grève générale. Un comité d’organisation du rassemblement populaire est créé, rassemblant le PCF, les socialistes et les radicaux.

 

La grande manifestation du 14 juillet 1935 marque la naissance du Front Populaire qui rassemble les partis : communiste, socialiste ( SFIO ), socialiste indépendant,  radical, les deux confédérations syndicales ( CGT, CGTU ) et diverses organisations de défense des Droits de l’Homme.

                                                                                                                                                    

Aux élections de mai 1936, le Front Populaire obtient une large victoire.

 

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Composition de la Chambre des députés en mai 1936

 

                                  

Léon Blum, chef de la SFIO, nommé Président du Conseil par le Président de la République Albert Lebrun, constitue un gouvernement auquel participent les radicaux et que les communistes soutiennent.

 

 

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Léon Blum en 1936

                                                                                                                                                        

Fait sans précédent, le gouvernement comprend trois femmes sous-secrétaires d’État – alors que les femmes n’ont pas encore le droit de vote-. La victoire du Front Populaire suscite un vaste espoir au sein de la classe ouvrière.

 

Léon Blum ne se contente pas de redéfinir le rôle dévolu au Président du Conseil mais il innove, également, en créant de nouveaux postes ministériels et en attribuant ces ministères à de nouvelles personnalités, même si certains barons du radicalisme tiennent leur place, comme Camille Chautemps, Yvon Delbos ou Édouard Daladier. Il recrute parmi les socialistes : Vincent Auriol, Georges Monnet,  et le jeune Léo Lagrange. Il recrute aussi dans la nouvelle génération d’élus radicaux-non conformistes et ancrés à gauche : Jean Zay, Pierre Cot. Le gouvernement est globalement dominé par les socialistes (20 ministres et sous-secrétaires d’État, contre 13 radicaux).

 

Le 5 juin 1936 à 12h 30, Léon Blum rappelle à la radio le programme du Front Populaire :

 

- la semaine de 40 heures,

- les contrats collectifs qui prendront plus tard le nom de conventions collectives,

- les congés payés.

 

Emma a entendu le discours du chef du gouvernement et, le soir, elle en parlera à Arthur et à Fonfon.

 

                                                                                                                                                        

En ces périodes de revendications, Fonfon doit quotidiennement affronter les remarques d’Alice, sa sœur. En effet, depuis la mort du père en mai 1930, la sœur aînée, jusque-là sereine et gentille, demande au benjamin une participation plus importante aux frais de la maison et à la charge que représente Maria, la mère. Dans un premier temps, Fonfon s’est très bien défendu en s’appuyant sur son travail au jardin. La maison ne manque ni de légumes ni de fruits. Il parle au frère aîné, Arthur, des demandes répétées d’Alice.

 

Arthur participe aussi et arrive à raisonner Alice. Elle est inquiète : pourtant, elle dispose de son salaire, de sa pension de veuve de guerre, de la pension de pupille de la nation pour sa fille Marcelle, des aides de Fonfon et d’Arthur, de celle d’Emma qui habille sa nièce et du bas de laine qu’a laissé le père. Personne n’a posé de questions sur ce « bas-de-laine » ; connaissant le patriarche, on pense qu’il est conséquent. En plus, la maison croule sous les conserves en tout genre. Maria, la mère, 73 ans, est toujours alerte. C’est elle qui prépare les repas et fait le ménage. Si sa santé se dégrade, Arthur avisera. Il va voir sa mère, plusieurs fois par semaine. Ni lui, ni Fonfon ne sont à prendre en défaut.

Il faut laisser davantage de liberté au benjamin qui, à 34 ans, veut pouvoir aller et venir à sa guise. D’ailleurs, Fonfon a des projets ; il en a parlé à Arthur et Emma. Fonfon veut partir travailler à Bordeaux. Il en a informé le garage Veyssière qui comprend mais demande un délai de quelques mois pour former le remplaçant.

Régulièrement, sur le journal, Fonfon découvre des propositions d’embauche concernant les ateliers de réparation des Tramways bordelais. Il s'est présenté au bureau de recrutement et il est pris. Son départ se précise mais comment le dire à Alice et à Maria !!!

 

Mais, revenons à cette journée du 5 juin 1936. Le soir, après une réunion avec Léon Blum, le secrétaire général de la CGT, Léon Jouhaux, rappelle à la Une de l’organe du syndicat, Le Peuple, les revendications : «  le rajustement des salaires, la semaine de 40 heures, mesure qui doit être votée dans l’immédiat par le Parlement, la suppression des heures supplémentaires, l’octroi de congés payés, la garantie de conditions d’hygiène, la reconnaissance concrète du droit syndical dans le cadre de conventions de travail... »

En attendant, les grèves continuent.

 

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            Le personnel féminin de l’entrepôt des tabacs de Saint-Cyprien en grève en 1936

            Ma grand-mère Yvonne Marchive, au premier rang, la troisième à partir de la gauche.

                                                                                                                                                        

Le 7 juin 1936, après plusieurs réunions préparatoires, se réunissent à l’Hôtel Matignon :

  • le président du Conseil Léon Blum ;- le ministre de l’intérieur Roger Salengro ;
  • le ministre du travail Jean-Baptiste Lebas ;
  • les sous-secrétaires d’État à la Présidence du Conseil : Max Dormoy et Jules Moch ;
  • quatre délégués patronaux de la CGPF ;
  • six délégués syndicaux de la CGT.

 

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Le 14 juillet 1936, de gauche à droite : Jeanne Levylier-Blum, Léon Blum, Maurice Thorez, Roger Salengro, Maurice Violette et Pierre Cot.

 

Par les lois des 20 et 21 juin, les ouvriers obtiennent la création de conventions collectives, le passage de la durée de travail de la semaine à 40 heures et 15 jours de congés payés et l’obtention de la liberté d’opinion.

Cependant, la loi des quarante heures ne concerne pas la paysannerie.

Néanmoins, on vit une grande avancée sociale.

 

A ces conquêtes sociales, il faut rappeler celle apportée par la loi du 30 avril 1930, sous le gouvernement de Paul Reynaud, issu de la droite modérée.

En effet, par 457 voix contre 29, la Chambre des Députés, en votant le rectificatif de la loi sur les Assurances  Sociales du 5 avril 1928, prévoit que la loi sera applicable aux employés de l’Industrie, du Commerce ainsi qu’aux travailleurs agricoles. Elle institue un régime d’assurance maladie, d’assurance maternité, d’assurance invalidité et d’assurance vieillesse.

Le financement est assuré par une double cotisation ouvrière et patronale.

 

Eh ! Allocations familiales !!!

Longtemps, la France a été le pays le plus peuplé d’Europe.

 

Mais, à partir de la moitié du XIXème siècle, on assiste en Allemagne à une véritable explosion démographique. En 1900, les 40 millions de Français pèsent peu face à aux 56 millions d’Allemands. En France, on milite alors en faveur de mesures fiscales pour inciter à la natalité.

 

Les craintes liées à la natalité entrent dans le débat public après la guerre de 1870. Ainsi, dans son dernier cycle « les 4 Évangiles », série inachevée d’Émile Zola, « la Fécondité » occupe la première

place ; « Travail » et « Vérité » seront aussi publiés alors que « Justice », le dernier projet du romancier n’a été qu’ébauché.

Dans « Fécondité », l’auteur interpelle sur une série de problématiques liées à la dénatalité comme

l’abandon des enfants, leur traitement par l'Assistance Publique, la contraception, l’avortement.

 

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                              Le roman est publié en feuilleton dans l’Aurore, de mai à octobre 1899

 

La première loi familiale est adoptée à l’unanimité, le 14 juillet 1913 - date symbolique - qui prévoit que les familles nombreuses, nécessiteuses, de plus de trois enfants de moins de treize ans, perçoivent  une allocation. Des indemnités familiales sont également attribuées en 1914 aux officiers et sous-officiers, puis en 1917 aux fonctionnaires.

 

Le 11 mars 1932, la loi Landry, du nom de son rapporteur, le député Adolphe Landry, généralise à tous les salariés de l’Industrie et du Commerce ayant au moins deux enfants, les compléments de salaire déjà versés volontairement par nombre d’employeurs aux pères de familles nombreuses. Ces allocations sont financées par l’adhésion obligatoire des employeurs à une caisse de compensation.

 

Systématisant des mesures déjà en place, il les étend à un plus grand nombre de bénéficiaires, en prévoyant de nombreuses  mesures spécifiques pour les agriculteurs et accentuant la progression du barème  à compter du troisième enfant.

 

La loi accentue également la répression de l’avortement et elle contient aussi, un long chapitre « Protection de la race », traitant de l’outrage aux bonnes mœurs et surtout de la lutte contre l’alcoolisme.

 

Les allocations familiales telles que nous les connaissons sont nées. (Les amis d’Hérodote)

 

En février 1939, est créé le Haut Comité de la population. Le rapport qu’il rend, déplore notamment que  « la chute de la natalité est telle que, depuis 1935, le nombre des décès l’emporte sur celui des naissances(…) Au nombre d’incalculables conséquences de la faiblesse de la natalité française, figure, au premier plan, l’aggravation de nos périls extérieurs... »

                                                                                                                                                        

 

 

Françoise Maraval

 

 

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Bordure enlevée

 

 

 

                              



15/01/2023
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