À Saint Cyprien, les passionnés du terroir ont "trulé".
Qui est Jean-François Gareyte. La toile se révèle peu loquace pour nous éclairer sur le patronyme de Gareyte. Ce nom, presque confidentiel, figure rarement dans les matrices de l'état civil. On peut s'interroger sur sa sémantique. On trouve qu'en ancien français, une "garette", autrefois, était synonyme de labour. Guéreter signifiait donc labourer, terminologie qui est issue du latin vervactum. Le dico latin définit ce nom féminin de terre labourable, la jachère, qu'on laisse reposer. Nous sommes, donc, là, en pleine poésie bucolique. Dans l'hymne de l'hiver, "Mon beau sapin"* le lyrisme du parolier français s'invite dans les bois et guérets. Le toponyme de la ville de Guéret, ancienne capitale de La Marche, aujourd'hui chef-lieu de La Creuse, est attesté sous la forme Waractus au VIIe siècle, de Garait vers 1140.
* Le chant de Noël Mon beau sapin, d'origine prussienne, a pour titre original : O Tannenbaum.
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Jean-François Gareyte, photo © Pierre Fabre |
Jean-François Gareyte, médiateur culturel pour l'Agence Culturelle départementale de la Dordogne, peut surprendre par son anticonformisme et, aussi, par son cursus d'exception. Il naquit à Paris, le 24 octobre 1969 quand les braises soixante-huitardes s'éteignaient dans les cendres. Quand il se présente, il regrette presque sa naissance parisienne.
Cet enfant émut la France entière et le Jacquou défaisant la morgue des Nansac fut un triomphe. Pour Cyrano qui sourd de l'imagination fertile de Rostand, tout est montage, du nez qui vaut une péninsule jusqu'à l'amour brûlant dissimulé de Cyrano. Jacquou et Cyrano, dans le trule de Gareyte, sont vivants et bien vivants.
L'occitan, notre occitan, la langue des troubadours, a su parfaitement résister à la langue des vainqueurs.
L'imaginaire prit une place, une belle place dans la dissertation du médiateur culturel. Il réunit dans sa phraséologie, la terrible coulobre de Lalinde, le monstre du Loch Ness, aux monstrueux, terrorisants et dantesques dragons orientaux.
Ces reptiles de légende, menaçants et effrayants, en prenant place sur les armoiries de leurs pays, n'ont-ils pas su se dégager des croyances grossières et irrationnelles pour atteindre des sommets culturels.
Pensons à ces lébérous, êtres de pure imagination, qui ont, dans certains esprits candides, pu cheminer jusqu'à l'avant-dernier siècle.
Oui, toutes ces croyances ont fait le tour du monde et Gareyte en trouve la trace dans les lointaines Andes, bien loin du socle de nos troubadours. Il a su créer des passerelles entre toutes ces cultures qui ont des similitudes. N'en sourions pas. Elles sont celles de nos ancêtres.
Quand il entend des journalistes qui placent et replacent dans les J.T., des terminologies anglaises ou américaines, notre médiateur culturel sursaute avec un réquisitoire ferme et discret contre ces journalistes. Pour épater, ils ne savent pas placer une phrase sans la truffer d'anglicismes qui sont plutôt des américanismes. Ce phénomène, hélas, assaille tout un chacun. En 1971, Gary Vermeer s'est fait un nom en promouvant le round baller supplantant les balles rondes.
Quand on parle de ces dérapages qui ont fait qu'à Hautefort, on ne parlait exactement pareil qu'à Saint Aignan ou qu'à Siorac, on remarquait que le verbe occitan diffère infinitésimalement de celui du Coux, on ergotait sur notre langue commune.
Jean-François Gareyte, a-t-il trulé, ce 29 novembre… c'est certain. Oui, celles et ceux qui sont allés à sa causerie, ont apprécié quand ce dernier nous affirma que leur langue, leur belle langue, avait encore de beaux jours devant elle car nos idiomes ne sont-ils pas la catalyse des expressions humaines.
Pierre Fabre
Photos © Pierre Fabre
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