Terre de l'homme

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Aller au charbon

 

 

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La forge des Eyzies

 

                               cliquez sur lien ci-après : reportage sur la grande forge des Eyzies

 

Le sol du Périgord est semé d'embûches. Certains chasseurs ou promeneurs en ont fait l'expérience ou les frais. Mon père, après être tombé dans une cavité, ne dut son salut qu'à la bretelle de son fusil.

Ces cavités, invisibles, témoignent de la recherche d'argile, de kaolin ou de minerai de fer, en dépôts très superficiels du sidérolitique mais d'excellente qualité.

Abandonnées parce qu'épuisées ou infructueuses, elles sont, depuis des décennies ou quelques siècles, recouvertes de branchages et constituent de véritables pièges.

Le Périgord avec son minerai de fer, son charbon de bois, son chevelu de ruisseaux et de rivières qui apportaient la force hydraulique, a connu une époque florissante en matière d'industrie métallurgique. Celle-ci n'est plus mais il faut en sauvegarder et valoriser les vestiges.

 

 

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La route des canons  va de la Boissière d'Ans à Peyzac le Moustier en passant par Brouchaud, Limeyrat Ajat, Thenon, Bars, Fanlac, Plazac, Saint-Léon sur Vézère.

 

 

Un seul exemple : La route des canons, de 1691 à 1830, entre Auvézère et Vézère, entre les forges d'Ans et le port du Moustier, des milliers de canons y furent transportés. En 1661, notre marine ne comportait que quelques galères et vaisseaux armés. Dès le début de son règne, Louis XIV demanda à Colbert de procéder à la remise en ordre de la marine. En 1666, Colbert créa l'arsenal de Rochefort où 166 navires furent construits, navires qu'il fallut armer. Le Périgord fut mis à contribution. Le Pays d'Ans avec les forêts de chênes et de charmes de Limeyrat et de Bars, toutes proches qui donnaient un excellent charbon de bois et l'eau en abondance avec le Blame et l'Auvézère, se prêtait à l'implantation de forges. Les canons étaient fabriqués à la Boissière d'Ans et subissaient des essais à Brouchaud où, avec un peu de chance, on peut encore retrouver des boulets. Les canons étaient transportés sur les chemins et les routes à l'aide de boeufs.

 

 

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La forge d'Ans

 

Le syndicat, dont je faisais partie, confia à une jeune professeure de géographie, le soin de retrouver l'itinéraire emprunté : ce qu'elle fit avec beaucoup de talent.

A l'exclusion de l'emplacement exact du port du Moustier, on connaît désormais cet itinéraire long de 34 kilomètres, qui traverse 10 communes, au terme duquel les canons descendaient la Vézère, la Dordogne, l'embouchure de la Garonne puis remontaient jusqu'à Rochefort, arsenal royal, maritime et militaire. Le voyage était périlleux. Il fallait affronter "le saut de la Gratusse" à Lalinde et les vagues de l'Océan Atlantique.

Désormais, cet itinéraire est balisé, renseigné, utilisé par de nombreux touristes et a permis de faire la jonction entre deux territoires qui se tournaient le dos.

 

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Si les forges d'Ans fournissaient les canons à la marine royale, la forge des Eyzies fabriquait des boulets qui empruntaient le même itinéraire. Ce magnifique bâtiment aux Eyzies, qui a servi à de multiples usages,  est aujourd'hui protégé. Il a servi, entre autre, à la fabrication de galettes de kaolin, expédiées ensuite par voie ferrée jusqu'aux manufactures de porcelaine de Limoges. Le site d'extraction de cette argile, aux Eyzies, au lieu-dit Pagenal, a été abandonné après épuisement en 1963. Dans les années 1990, un projet de parc médiéval et récréatif n'a pu voir le jour mais, actuellement, compte-tenu du site et de la beauté de son environnement naturel, la communauté de communes de la Vallée de l'homme, songe à créer un éco-hameau en devenir.

 

 

 

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Savignac Lédrier

 

 

Soucieux de préserver et de valoriser son patrimoine industriel en déshérence, notre département, dans les années 1990, a acquis et restauré les forges de Savignac Lédrier édifiées vers 1521 dans la vallée de l'Auvézère.

Site emblématique, alors que les autres établissements du Périgord cesseront leurs activités au milieu du XIXème siècle, la forge familiale continuera sa production jusqu'à extinction de son haut fourneau en 1930.

 

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Xanthy

 

Pour un projet d'une telle ampleur, l'Europe fut sollicitée, notre département prit attache avec Xanthy, capitale de la Thrace, qui souhaitait trouver un usage social et culturel à des entrepôts de tabac abandonnés et avec Zerain, commune du pays basque espagnol, qui souhaitait valoriser une ancienne mine de fer.

Ce projet s'appela R.E.V.E.I.L. Le F.E.D.E.R appporta la moitié du coût des 3 opérations (900 000 écus).

Notre département, ayant à charge la conduite des opérations, je me suis rendu à deux reprises, avec une délégation à Xanthy, pour l'évaluation du programme.

Désormais, les forges de Savignac Lédrier se visitent toute l'année et les visiteurs peuvent profiter du parcours découverte et des panneaux explicatifs, dans le cadre admirable de l'Auvézère et de ses cascades.

 

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                                                               Zerain, la route du fer

 

Nos amis basques à Zerain, ont non seulement réalisé leur projet mais ont continué avec les mêmes fonds européens à reconvertir d'autres mines de fer abandonnées et à les intégrer dans la route du fer des Pyrénées, itinéraire culturel qui va du pays basque à la Catalogne en passant par les Pyrénées Atlantiques, l'Ariège et Andorre.

 

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                                                                    Les hauts fourneaux de Zerain

 

Je suppose que nos amis grecs ont fait une large place à ce qui fit la fortune de la Thrace, à savoir l'industrie tabacole et qu'ils ont intégré, par delà les aspects techniques, les conditions matérielles de travail d'une main d'oeuvre qui, de 1918 à 1928, fut l'avant-garde de la classe ouvrière de la Grèce.

On a tendance , quand on parle de patrimoine industriel, à oublier que, derrière la machine, il y avait un homme, une femme, un enfant qui travaillaient souvent dans des conditions insupportables. Le langage populaire ne s'y trompe pas quand il parle " d'aller au charbon".

En aucun cas, cet article n'a la prétention d'être aussi détaillé  que "Voyage au centre de la France", mais je tenais à vous faire part de ces deux projets dans lesquels je me suis investi et qui remontent à une trentaine d'années.

Comme le temps passe !

 

Passons, passons puisque tout passe

Je me retournerai souvent .

Guillaume Appolinaire

 

Pierre Merlhiot 

 

PS :

REVEIL (cliquez sur le lien en rouge) = Réseau européen de valorisation économique de l'histoire industrielle en milieu rural

FEDER = Fonds européens de développement régional

Est-il besoin de rappeler, sur notre petit territoire, l'existence de la filature de Belvès qui, après 2 métamorphoses :  ancien moulin médiéval puis filature au XIXème siècle, elle est devenue un centre d'interprétation de la laine et le travail de l'AOREVEN pour valoriser les sites des anciennes mines de lignite au sud-ouest de Sarlat.

 

 



28/10/2021
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