Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 38. Saga de Françoise Maraval

 

DE BELLES GENS

 

 

 

Épisode 38

 

 

 

 

Reprendre sa vie en main,

 

 

Résumé de l’épisode précédent :

 

Yvonne et Achille ont trois enfants et Yvonne est de nouveau enceinte.

Achille travaille pour son beau-frère, Henri Lamaurelle, chaisier, matelassier, tapissier. Ce dernier a 5 enfants : les deux aînées, Henriette et Jeanne sont internes au Collège d’Enseignement supérieur de Belvès.

Dans le bas du village de Saint-Cyprien, rue de la Mairie, Jean Maraval senior a enfin trouvé la paix : avec ses fils, il est allé se recueillir sur la tombe de son fils André, « mort pour la France ».

Le petit-fils, Jean, est en apprentissage à Bergerac, pendant que son père est camionneur pour le compte de l’usine de chaux des Tuilières.

 

 

Pendant que les hommes de la famille Maraval étaient dans le Pas-de-Calais, en visite à la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, Yvonne mettait au monde un beau bébé : Jean. Jean !!! Achille n’a pas voulu interrompre  la lignée officielle des Jean Marchive. Lui-même est Jean-Lucien à l’état civil. Yvonne est heureuse de lui faire ce cadeau car elle savait qu’il espérait un fils.

Jean est un bébé qui se fait entendre, contrairement à ses trois sœurs aînées qui ont fait leurs nuits relativement vite.

Yette va avoir 7 ans en août et elle est de plus en plus sollicitée par la mère qui l’habitue à partager des petites tâches ménagères. Le rôle de sœur aînée ne plaît pas du tout à Yette qui , à chaque nouvelle naissance, voit sa part d’amour maternel s’amenuiser ; ce n’est pas qu’elle soit jalouse mais... pourquoi tous ces enfants ?

 

A l’automne 1923 et à leur grande surprise, Yvonne et Achille reçoivent une lettre de Périgueux, envoyée par le frère d’Yvonne : Clément. Depuis qu’elle a quitté Montpon, après son mariage, elle n’a reçu aucune nouvelle de sa famille. A chaque naissance, pourtant, Achille se fait un devoir d’annoncer l’arrivée de petites-filles et maintenant du petit-fils. Rien en retour… Pas étonnant ! ils ont toujours ignoré leur fille.

Jean Bailly, tuilier, est tombé d’un échafaudage et se trouve tellement mal en point qu’il demande sa fille auprès de lui. Il a été ramené à son domicile à Montpon. Achille ne veut pas qu’Yvonne parte seule et Anastasie, la grand-mère, se propose pour s’occuper des enfants. Pourtant, ils prennent avec eux le petit Jean.

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Arrivée chez ses parents, Yvonne, seule, a le droit de pénétrer dans la chambre. Le faux mourant fait jurer à sa fille qu’elle s’occupera de la mère si la mort le rappelait. Yvonne promet… Il a obtenu ce qu’il voulait. Ils n’ont pas changé. On ne leur a même pas offert un verre d’eau et bien sûr aucune embrassade. Les embrassades… ils ne connaissent pas.

 

Ils sont allés se restaurer à l’auberge et Yvonne n’a pas voulu quitter Montpon sans aller rendre visite à M et Mme R, ses anciens patrons. Leur arrivée a déclenché une joie insensée, aussi bien de la part de Monsieur et Madame que du personnel. On les a réprimandés pour ne pas avoir osé s’inviter à midi.

- « Yvonne, tu dois toujours savoir que chez nous, c’est aussi chez toi ! »

 

A entendre ces paroles, Yvonne a craqué, elle n’a pas pu maîtriser ses nerfs. Achille a expliqué. Trouver autant de chaleur humaine, après avoir été prise pour une idiote par ses propres parents. Madame a donné des nouvelles de tout le monde : de ses deux filles, mariées et mères de famille, du personnel de maison qu’Yvonne avait connu autrefois. On lui a présenté la nouvelle cuisinière. Il n’a pas été question qu’ils repartent le jour même, ils repartiront demain et Fernand, le chauffeur, les conduira jusqu’à la gare de Périgueux. Plus la journée avançait et plus Yvonne se transformait en fontaine, entourée par toutes les meilleures attentions possibles.

Mme R. a entraîné Yvonne dans une pièce où elle avait mis de côté les habits devenus trop petits pour ses petits-enfants. Elle se propose de préparer des colis pour les enfants d'Yvonne. Mais oui ! Bien sûr ! la jeune mère est ravie et remercie. Madame les enverra par le train en gare de Saint-Cyprien.

 

Revenus à leur domicile, une incroyable nouvelle les attendait. Yvonne a demandé à la petite Aimée, à quoi avait-elle joué. L’enfant, les yeux émerveillés, a dit qu’ils étaient tous allés à l’Église et que M le Curé leur avait fait couler de l’eau froide sur la tête et que tata Angèle avait distribué des dragées. Hargneuse, Yette a dit avec force :

- Maintenant, on est tous baptisés, Dieu nous protège.

 

 

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Le chœur de l’église de Saint-Cyprien

 

 

                                                                                                                                                      

Les deux derniers jours à Montpon ont été difficiles mais là, Achille a du mal à se contenir et, pourtant, il y arrive : oui, bien sûr, il aurait dû emmener ses enfants au Temple de Bergerac pour les faire baptiser. Une fois les enfants couchés, le jeune père qui a ruminé toute la soirée, annonce ses intentions à son Yvonne.

 

-  Michau va quitter l’école, l’année prochaine, et va devenir l’apprenti de son père pour reprendre plus tard, l’atelier. Il n’y aura donc plus de place pour moi. Jean Marliac m’a dit qu’ils cherchaient des menuisiers pour étayer les galeries à l’usine de chaux et de ciment d’Allas-les-Mines. Je vais donc m’y rendre, demain matin, avec le vélo d’un de nos voisins. Ensuite, je demanderai à voir le marquis de Beaumont au sujet de la maison qu’il veut louer, rue de la mairie : il m’en avait parlé quand je lui ai redescendu le fauteuil restauré. Tu t’en souviens ? je t’en avais parlé. Si la maison est toujours disponible et nous convient- le Marquis a raison- les enfants seront à 50 mètres de l’école maternelle et du cours préparatoire ; ils ne traîneront plus dans les rues pour rentrer à la maison.

En plus, nous serons à deux pas de chez le Dr Boissel et le centre ville nous offrira tout ce dont nous avons besoin. Le Marquis m’a aussi parlé de la possibilité de me louer un ou deux jardins où passent des ruisseaux.

Il faut que nous prenions et assurions notre indépendance totale. Si tout se passe au mieux, je remercierai mon beau-frère et ma sœur pour leur aide…

 

Dès le lendemain, Achille a emprunté le vélo de son voisin Vignal, pour se rendre à l’usine d’Allas-les-Mines. Un contremaître lui a expliqué en quoi consistait le travail et, devant la mine du candidat, Marchive a été embauché sur le champ.

 

 

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Avant de remonter chez lui, il est passé chez le marchand de cycles, Fernand Dazinière, pour acheter un vélo d’occasion. Fernand lui a fait une proposition autre : il peut avoir un vélo neuf, un vélo à lui, et payer en plusieurs fois, à chaque fin de mois. Le temps presse … il embauche demain !!! Achille a l’impression de partir à l’aventure mais il accepte. Il descendra prendre le vélo dans l’après-midi.

 

Et, puisqu’il est lancé et que la chance semble être avec lui, notre futur ouvrier de l’usine d’Allas va sonner chez le marquis : oui, la maison est toujours disponible et il peut la visiter sur le champ.

 

                                                                                                                                                        

Maria Maraval a vu passer le marquis. Quel événement !

 

Le prix du loyer est attractif et la première échéance est demandée au terme du premier mois. Achille se confond en remerciements. Pour les jardins, ils verront plus tard. C’est le régisseur,  Louis Aliphat, qu’il faut aller voir dans la maison de maître des quatre routes, au bout du parc.

 

Quand son mari est arrivé, Yvonne a compris à sa mine qu’il était content de lui. C’est difficile à croire mais il commence demain, à l’usine d’Allas. Il travaillera en 3/8 et, demain, les horaires sont 8heures/16heures. Son salaire sera le double de celui qui lui est réservé actuellement. Sur le champ, il va prévenir son beau-frère et sa sœur et il trouve les mots pour ne fâcher personne mais il évoque la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : le baptême des enfants. Achille affirme qu’il n’est pas fâché, il demande seulement son dû, son solde et, triomphant et soulagé, il remonte en haut  du carreyrou de Montmartre.

 

Pendant le déjeuner, il commence la description de la maison de la rue de la Mairie.

 

- « Son entrée donne dans une petite impasse. Au rez-de-chaussée, c’est la cave : elle est éclairée par une large baie vitrée qui donne sur la rue. Achille trouve que c’est idéal, pour y installer son établi à la lumière du jour.

En plus, cette cave présente un autre avantage, un puits avec une pompe. Dans un angle, une fosse a été vidée et curée et se trouve maintenant recouverte de grandes lattes de bois.

 

 

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Pour accéder au premier étage, il faut ressortir et prendre l’escalier. La cuisine est grande. En son milieu, trône une table, une grande table de ferme avec son tiroir pour le pain. M. le Marquis nous laisse la table et les deux bancs. Sur le mur de gauche, se tient une cheminée bien équipée et sur celui de droite, un évier en pierre, éclairé par une fenêtre qui donne dans une cour.

La deuxième pièce du rez-de-chaussée peut servir de chambre ; elle reçoit la lumière du jour par une fenêtre qui donne dans l’impasse et peut être chauffée par une petite cheminée d’appoint. Un escalier, avec les premières marches très hautes, permet de monter au premier étage ; là, deux pièces, une petite et une grande. »

 

Si Achille dit que c’est bien, c’est que c'est bien !

 

 

                                                                                                                                                      

Maintenant, il faut prévenir les propriétaires actuels de la maison du carreyrou et déménager. Sans perdre de temps, il faut reprendre contact avec le roulier. Dans l’après-midi, il se rend route du Bugue : Arthur Maraval n’habite plus là. Ils sont maintenant rue de la mairie, la maison à côté de celle du garde-champêtre, en bas de la rue. Emma le reconnaît. Elle est désolée, son carnet de commandes est plein à craquer. Devant la déception de l’homme qui est en face d’elle, elle ose lui proposer le dimanche. Oui ! Bien sûr ! Achille fait une description sommaire des meubles à transporter… pour le nombre de voyages, deux ou trois ?

 

Emma a proposé le dimanche !!! mais le commis ne travaille pas le dimanche, il faut qu’Arthur assure le transport. Il ne peut pas dire « non ! » son épouse s’est engagée et si elle l’a décidé, c’est qu’elle a de bonnes raisons. Achille Marchive était tellement pathétique, devant le refus, qu’Emma a cru qu’il allait s’effondrer.

Le dimanche venu, les voisins de Montmartre ont chargé la charrette et sont descendus par les carreyrous pour assurer l’installation. Attention à la pendule… Il a fallu trois voyages. Dans la soirée, Yvonne et ses quatre enfants sont arrivés, tous un peu apeurés.

C’est la Mathilde Soulétis qui en a eu l’idée dans l’après-midi. Elle a apporté aux nouveaux voisins, une grande soupière d’une soupe fumante de haricots blancs, de citrouille et de couenne . Cousine lointaine des Lamaurelle, elle connaissait le couple Marchive et les enfants. Emma a suivi l’exemple : son présent a été un saladier de compote de pommes et des biscuits sablés. Maria Maraval a donné un bocal d’enchaud et a vite mis des pommes de terre sous la cendre.

 

Tout le quartier, selon ses moyens, a souhaité la bienvenue à ces jeunes qui méritent d’être bien accueillis.

 

Une nouvelle vie commence…

 

 

Françoise Maraval

 

 

 

 

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Bordure enlevée



Demain : tout le monde le sait,  l'aphorisme  "Il n'y a plus de Pyrénées" ne fut bien sûr qu'une vue de l'esprit.

 

 

 

 

 

 



06/09/2022
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