Terre de l'homme

Terre de l'homme

Des petits riens... mais pas seulement

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

Source de la Dordogne

 

La Dordogne sourd du flanc du Puy de Sancy.

Image Sancy.com

 

Laisse, laisse moy faire; et un jour, ma Dourdouigne,

Si je devine bien, on te cognoistra mieux:
Et Garonne, et le Rhone, et ces autres grands Dieux,
En auront quelque enuie, et, possible, vergoigne.

 

Sonnet de La Boétie. 

https://www.youtube.com/watch?v=bmCNiW78AdI

https://www.jeuverbal.fr/laboetiesonnets.pdf

 

Sous cette pierre, sourd un des plus beaux cours d'eau de notre pays. Est-ce la Dore ou la Dordogne? L'inscription plaiderait pour la Dordogne mais en optant pour une formulation ou pour l'autre, on peut ouvrir une polémique, stérile, cela va de soi, car le Puy de Sancy, lui, en ouvrant une de nos plus belles artères fluviales, ne se préoccupe pas de cette nuance. Laissons la poésie de La Boétie maîtresse de la situation.

 

Commençons par remercier Élysée Reclus qui définit dans la Dronne, la plus belle rivière de France. Ce faisant, le géographe, par sa naissance saint foyenne, pouvait être taxé de partial. Par son choix, en écartant la Dordogne, cours d'eau qui arrose sa ville natale, de la matrice des rivières, il la laisse filer dans celle des fleuves. Avec Jean Bonnefon, Patrick Saligné, mais bien après le géographe émérite Aimé Perpillou, oui, nous pouvons dire notre Dordogne, plus qu'une belle rivière de France, est le cinquième fleuve de l'Hexagone.  

 

Élisée Reclus — Wikipédia

 

 

 

Aimé_Perpillou

 

 

 

 

 

La pensée du géographe anarchiste Élisée Reclus (1830-1905), à gauche, peut apporter aux débats actuels sur la planète et l’environnement. En analysant les racines intellectuelles de cette approche originale de l’environnement, on découvre la modernité d’une vision refusant toute séparation artificielle entre « humanité » et « nature », servant de puissant dispositif conceptuel pour questionner la prétendue domination de la première sur la seconde.

https://ehne.fr/fr/encyclopedie/th%C3%A9matiques/%C3%A9cologies-et-environnements/id%C3%A9es-acteurs-et-pratiques-politiques/%C3%A9lis%C3%A9e-reclus%C2%A0-une-philosophie-de-la-nature

 

Aimé Perpillou, élève de l'école normale supérieure (promotion 1923), à droite, obtient l'agrégation d'histoire-géographie en 1927. Après avoir soutenu une thèse de géographie physique sur le Limousin en 1940, il entreprend une carrière universitaire. Il enseigne au lycée Gay-Lussac à Limoges (1928-1930), Professeur à l'École Navale de Brest (1930-1939), Enseigne au lycée Henri-IV à Paris (1939-1945), Maître de conférences à la Faculté des lettres de Lille (1945-1946) puis Professeur (1946-1948), Maître de conférences à la Sorbonne (1948-1950), Professeur à la Sorbonne (1950-1973).

Il fut Professeur à HEC (1944-1960), Président de la Commission du CNFG de Géographie économique et politique (1952-1956).

 

https://cths.fr/an/savant.php?id=2683

 

 

Toponymes et patronymes

 

Le pivot de l'animation de ce mercredi récréatif du 7 février

Photo © Jasmine Chevrier, municip Siorac

 

Ce mercredi récréatif du 7 février fut une petite réussite pour le nombre de participants. En effet, 24 personnes sont  venues là, pour participer à la discussion sur les toponymes et  les patronymes, avec une fenêtre sur les hydronymes et un tout petit aparté sur l'hagiotoponymie. Cet aparté voulut replacer le Bois Bénit et La Croix des alignés... lieudits qui, en fait, ne sont pas des hagiotoponymes.

 

 

L'après-midi commença par un hommage à la Dordogne, notre Dordogne, fleuve de 483 Km qui va du Puy de Sancy au Bec d'Ambès. Spontanément, notre ami Didier, plus Sioracois que lui on meurt, qui entretient une passion pour notre cours d'eau, formula le poncif Dore et Dogne formant la Dordogne. Cette idée toute faite qui, habituellement, jaillit au premier chef, est-elle une exactitude géographique ou, plutôt, une idée reçue discutable.

Pour trancher, tournons-nous vers les cartes I.G.N.

 

Dore et Dogne

 

 

 

Celles-ci laissent dubitatifs car si la dore et la Dogne apparaissent séparément sur la carte la plus détaillée, on trouve la Dordogne - et non la Dore - recevant la Dogne. La première rejoint la seconde après un écoulement d'un kilomètre tandis que la seconde, à peine plus courte, 800 m, rejoint l'autre. La confluence se concrétise à 1 365 m d'altitude.

La vivace idée reçue, qui a largement pénétré les esprits, semble bien être crédible et, peut-être, exacte et, certainement, demeurera.

 

Ne pourrions-nous pas clore en disant qu'il y a deux écoles !

 

CLIQUEZ SUR L'IMAGE

 

Première confluence pérenne

 

 

Sur cette carte, on trouve bien la Dordogne et la Dogne mais point de Dore, ce qui ouvre une discussion sur cette belle image rassembleuse. 

 

Ensuite, nous avons poursuivi en nous demandant combien de cours d'eau arrosent l'espace sioracois. Là, on s'est vite rendu compte que ces détails hydrométriques méritaient sans doute un affinement. Tout le monde, heureusement, connaît la Dordogne et la Nauze.

 

Pour les autres, c'est beaucoup plus subtil. La Vallée et le Raunel sont à peu près bien localisés mais Le Peyrat et Font Caude mériteraient d'être mieux identifiés. Ne parlons pas des discrets sillons du Colprunet et du Ruisseau de Lastournière. Ils auraient besoin de balades bucoliques pour être découverts.

Il est évident que lorsque l'on a le privilège d'être riverain de la Dordogne, les hydronymes de ces humbles liens hydrométriques collinaires relèvent du détail géographique.  

 

 

Cette rencontre, grâce à l'éclairage à distance, de notre ami le majoral Jean-Claude Dugros, nous a permis de parler des toponymes et des patronymes.

 

Reine, une participante, a apporté une précision de taille. Le Pont des sœurs  n'a rien à voir avec le couvent. Ce sont des sœurs mais non des religieuses qui ont cédé le terrain pour ouvrir le chemin vicinal sous Pech Bracou. Notons donc que les sœurs, dans ce cas de figure, ne devraient pas prendre de majuscule. 

Didier s'est interrogé sur la raison de l'abandon du toponyme de Belvès pour prendre le nom de Pays de Belvès.

Un participant a rappelé que la Cuze, rivière sarladaise, est recouverte depuis l'Ancien Régime.

L'abbé Michel Grazziani, qui a fait l'honneur à Siorac de participer à cette animation récréative, a voulu savoir quelles étaient les communes qui n'ont pas souhaité voir rétabli l'hydronyme historique de la Vallée ; c'est à dire le Valech, talweg humide. Notons que Siorac, Sagelat et Grives avaient ouvert cette possibilité qui fut fermement refusée par Saint Germain et écartée par Carves. À Saint Laurent, le maire, par désir louable de neutralité, s'est abstenu. Le conseil municipal de cette commune, craignant une confusion ou une perte de traçabilité du toponyme,  a préféré le statu quo.

 

Toponymie

 

SIORAC : du nom de personne latin Severus + -acum. Dans sa forme officielle, la commune s'est curieusement dénommée « Siorac-et-Fongauffier » jusqu'en novembre 1923, Malgré le fait que Fongauffier soit le nom d'un village et d'une ancienne abbaye se trouvant beaucoup plus au sud, à cheval sur Sagelat et Monplaisant. À cette date, le déterminant officiel devint « en-Périgord » que nous restituerons par convention en de Perigòrd. La forme « Sioreac-de-Belvès », parfois lue ou entendue, n'a jamais correspondu à aucune forme officielle. » (Jean Roux, Dictionnaire toponymique des communes de Dordogne, p. 673).

MOUZENS : 1/ le nom d'origine est peut-être germanique mais rien n'est assuré. Le cognomen Mauso, possible pour Mauzac et Mauzens, pourrait également convenir ici. Il est possible qu'il s'agisse à l'origine du même nom que Mauzens, la réduction de au protonique à [u], ainsi que la diphtongaison au de o protonique en [aw] étant toutes les deux non exceptionnelles. » (Jean Roux, Dictionnaire toponymique des communes de Dordogne, p. 412-413).

2/ ce toponyme est composé d’un nom de personne germanique tel que Muzzo ou Muozzo et le suffixe –ingis signifiant « les gens de ». » (Peter Nollet, Lo Bornat, n° 2 de 2018, p. 27).

LE COUX : Un village légèrement au dessus de la vallée.

BIGAROQUE : à quelque distance à l'ouest du Coux, sur un promontoire dominant la Dordogne, rappelle un « rocher » ou un « château fort », mais le premier élément demeure obscur (…) Il est par contre envisageable que Bigaròca représente une « roche double », le site étant caractérisé par deux lignes de rochers s'avançant vers la Dordogne. Dans tous les cas, on remarquera l'amuïssement de g intervocalique, très fréquent dans cette zone (voir Berbiguières).» (Jean Roux, Dictionnaire toponymique des communes de Dordogne, p. 98-99).

URVAL : l'origine peut reposer sur le nom d'homme germanique Uro, mais le le nom peut venir aussi du nom d'homme gaulois Urus.

MARNAC : du nom de personne roman Marinus + -acum. (Jean Roux, Dictionnaire toponymique des communes de Dordogne, p. 359).

CAMPEYRAL : il doit s'agir sans doute de l'occitan camp peyral « champ pierreux » Voir sur place. C'est le cas ? Nombreux autres exemples.

LA GRAVIELLE : il faut lire Gabrielle (métathèse), femme ou veuve d'un Gabriel, ou bien Gabrielle de son nom. Avec l'article, le toponyme peut désigner « les biens, la terre de Gabriel ».

FONCEGRIVE : le premier élément est clair, c'est l'occitan font « fontaine, source »., pour le second il faut aller chercher le latin sacrivus « sacré ». Voir sur place.

REBIRE : c'est un mot occitan, ça c'est sûr ! Mais quelle en est la signification ici ? Cela peut être l'endroit où on fait faire demi-tour au troupeau ; le début d'un labour ; l'endroit où l'on doit « rebrousser chemin ? »

LE SOULEILHAL : c'est de l'excellent occitan : solelhal désigne l'endroit bien exposé au soleil

RISPE : mot occitan qui a plusieurs sens et entre autres celui de « la bise froide » (endroit exposé au vent (est-le-cas ?). Le mot désigne aussi « une pelle » (entre autres la pelle pour recharger le moulin d'huile, dans ce cas, il peut s'agir d'un surnom (un chafre) de l'ouvrier chargé de ce travail. Ce pourrait être aussi le chafre d'une femme revêche, renfrognée…

ROUMEGOUSE : excellent occitan romegosa (prononcer /roumégouso/) est un dérivé collectif de romega /roumègo/ (ronce). Nombreux toponymes et dérivés.

BARTHALEM : c'est une variante du nom de personne Barthélémy

NAUDIS : hypocoristique (diminutif affectueux) de Arnaud, probable (ou Renaud). C'est la même chose que le nom de personne NAUD (voir plus bas)

BOIS BÉNI : peut-être Bois Beneit : le bois de monsieur Beneit (français Benoit).

CROIX DES ALIGNÉS : « l'occitan alinièr, variante sarladaise de arinièr ou arenièr (terrain sablonneux), dérivé de arena (arène, sable). » (Peter Nollet).

LE FRAYSSE : c'est l'occitan fraisse (le frêne) Sans doute un arbre isolé caractéristique du lieu.

LES GRÈZES : c'est l'occitan gresa (terre caillouteuse ; friche).

FOURQUE : la mention ancienne Portus de Forcas de Sieurac, Portus de Furches, de Furcis en 1462, désigne problablement l'endroit où se trouvaient les fourches patibulaires. Est-ce le cas ?

TROUILLOL : c'est l'occitan trolhòl, dérivé de truèlh (pressoir). Un autre lieu-dit Le Trouillol au Coux.

LA RÈGE : l'occitan reja désigne « un sillon, un fossé ».

LE PRADAL : c'est de l'excellent occitan, désigne une prairie naturelle.

LES SOUNIES : toponyme intéressant. Il fait partie des nombreux lieux-dits formés avec un nom de personne et le suffixe d'appartenance -iá /yo/ et qui désignent les terres, le domaine de… Ici, le nom de personne pourrait être Aisson (prononcer /Eyssoun/) (nom germanique), diminutif de Aitz qu'on trouve souvent cité dans les registres consulaires, notamment de Périgueux (et qui est à l'origine du noms des Eyzies). Il faut donc lire l'Aissoniá /Leyssounio/.

LES BARRES : ce pourrait être l'ancienne limite de l'octroi, l'occitan barra a pu désigner « un droit d'entrée, un péage ».

GAURENNE : probablement le nom de personne Gaure et le suffixe d'appartenance -enc : « la propriété, les terres de Gaure ».

PEYSSOTTE. Une petite pâture

 

Patronymie

Si, pour les noms de lieux, l'origine est à 99 % occitane, pour les noms de personnes, c'est différent. L'origine géographique de leur provenance doit être connue, sinon c'est plus difficile.

 

BAQUET : « baquet est un nom de famille artois, nom de métier designant le marchand ou fabricant de baquets ce nom a aussi designe petit bac, en ancien francais le surnom a pu concerner un marinier ou un passeur. » https://www.filae.com/nom-de-famille/Baquet.html

BÉZANGER : nom d'origine (Bazange à Monfaucon (24) ou Bazanges (Creuse)

BARJOU : l'occitan (nord-occitan) barjon désigne une petite meule de foin, de paille. Peut-être un surnom. On a le lieu-dit Barjou à Sainte-Croix et La Barjoune à Lolme.

BEAUMANN : « cultivateur » en alsacien.

BOISSE : l'occitan boissa désigne un lieu planté de buis. Peut être aussi un surnom de mesureur (la boisse était une mesure de blé).

BOISSERIE : les terres, le domaine de Boissier, nom de personne, celui qui travaille le bois.

CASSAGNE : l'occitan cassanha désigne une forêt de chênes.

BRASSIER : chez nous, le brassier était celui qui cultivait la terre seulement à bras. Il faudrait connaître l'origine géographique.

CHOBRAC : « c'est peut-être un dérivé de chauve (nord-occitan) coma *calverat > chauvrat, désignant « un terrain pauvre et sans herbe (?) » (Jean Rigouste).

FONBROUZE : sans doute à décomposer en font et brousse. Ici, le nom de lieu a donné le nom de personne.

HOLZMANN : « bûcheron » en alsacien

LALBAT : peut-être l'occitan albar « saule blanc ».

LABAT : plusieurs possibilités suivant l'origine : occitan l'abat « l'abbé » (celui qui travaillait pour l'abbé) ; le gascon la bath (prononcé /labat/ désigne « la vallée »

KOCHEL : « cuisinier » en alsacien

LAFLAQUIERE : l'occitan flaquièra désigne « un sol mou, marécageux » .

NAUD : hypocoristique d'Arnaud (ou Renaud…)

 

Contribution largement plurielle en étroite collaboration avec le binôme des maires-adjointes Sandrine Bruneteau et Jasmine Chevrier.  



09/02/2024
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