Terre de l'homme

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Confiage de l'étendard de la République d'Espagne

 

 

Un drapeau plus qu'une banale pièce d'étoffe attachée à une hampe représente la " personne morale " d'un groupe ou d'une communauté : nation, territoire, ville, organisation, compagnie commerciale ou régiment.

 

La symbolique de notre drapeau tricolore avec le bleu et le rouge aurait pour origine les couleurs de la ville de Paris, celles de la Garde nationale, couleurs qui entouraient le blanc du royaume de France, donc identiques aux trois couleurs utilisées par les différents pavillons français d'Ancien Régime. Il a pris un sens très fort lors de la Révolution.

Le blanc, lui, qui s'impose en son centre, symboliserait l'autorité. Lafayette qui, sauf erreur, ne fut pas un ardent révolutionnaire, tint à cette place dans notre emblème national.

 

L'Espagne républicaine se devait d'avoir un hymne. C'est Manuel Azaña Díaz-Galloµ*, un fervent partisan de l'adoption de La Tricolor**, qui prit comme soutien la marche militaire du colonel Riego. Chaque année, au mémorial de la Raze, en hommage aux partisans espagnols qui ont perdu leur jeune vie dans les collines veyrinoises, c'est cet hymne qui résonne dans ces reliefs.

Quand l'ère républicaine espagnole sonna, le drapeau de la République d'Espagne conserva ses deux couleurs majeures et en prit une troisième. La tradition admet par l'insigne d'une illustre région,  la Castille, nerf de la nationalité, avec laquelle l'emblème de la République, ainsi formé, résume plus exactement l'harmonie d'une grande Espagne. 

 

* Manuel Azaña Díaz-Gallo,  le 10 janvier 1880 à Alcalá de Henares, communauté de Madrid, décéda en exil, le 3 novembre 1940 à Montauban. Il fut président de la République.

** La Tricolor est l'emblème de l'étendard de la République d'Espagne.

Quand au tout début de 2024, pour des raisons plurielles, le collectif du bureau de l'ANACR du Val de Nauze, à l'exception du président Hélion, décida  définitivement de se démettre, tout en estimant du devoir de chacune et de chacun d'honorer, à titre individuel, les chemins de la Résistance, une question se posa, que faire du legs remis, par José Santos-Dussert, lors de la Cérémonie dite du Canadier de mars 2023.

José Santos-Dussert

 

José Santos-Dusser, fils d’exilés républicains espagnols, daglanais par ses jeunes années, a souvent honoré de sa présence les devoirs de mémoire de Veyrines-de-Domme, village qui, chaque année, commémore la tragédie du Canadier, honteuse lâcheté du 16 mars 1944, "œuvre immonde de la collaboration". Lors de ce massacre des partisans du maréchal félon, quatre jeunes vies républicaines de la péninsule ibérique s'effondrèrent.

José  estima pertinent, pour ces recueillements, de pouvoir, à la place d'un drapeau de fortune, arborer fièrement l'étendard La Tricolor.

 

 

Remise du drapeau

 

Serge Righi a remis en garde,  le 29 mai, l'étendard de la République d'Espagne à Pascal Delpech, maire de Veyrines-de-Domme. Qui mieux que le maire de Veyrines, commune qui honore les partisans espagnols tombés sur son sol,  aurait pu être  choisi pour la garde de cet étendard.

 

Un peu d'histoire. La Seconde République d'Espagne s'effondra en 1939 quand un général félon, la France n'a pas l'apanage de ce genre de traître, destitua la jeune et fragile République. Hélas, en disant la seconde -et non la deuxième- pour certains, cela peut sous-entendre que la plus haute marche constitutionnelle de l'Espagne serait, à tout jamais, d'une manière irréversible, une assise transmissible par la naissance en écartant  la voie du suffrage universel pour le personnage majeur incarnant la souveraineté de l'état. Les hordes cléricales fascistes et monarchistes ont vassalement reconnu le tyran comme leur "caudillo". Celui-ci mena d'une main de fer le pays jusqu'à son décès et, in fine, réintroduit la monarchie des Bourbons qui, en aucun cas, n'admet l'essence fondamentale de l'article n° 1 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen.

 

Un détail de la petite histoire. Tout au long du règne de Juan Carlos 1er ***, l'utilisation de ce drapeau a été en vigueur dans les sphères non officielles et parmi la plupart des groupes républicains de gauche du pays, comme symbole revendiquant un changement du modèle d'État espagnol vers une nouvelle république. En 2009, le PCE, se sentant dissocié de la Constitution espagnole de 1978, s'est séparé du drapeau rouge et jaune, revendiquant une nouvelle république avec le drapeau tricolore.  Source Wikipédia

 

On notera que les " républicides " **** les plus zélés de notre pays, le "héros" du 18 Brumaire qui l'assassina ou le maréchal à la solde d'un des plus terrifiants dictateurs de la planète, n'osèrent déposer notre drapeau tricolore. Les franquistes, avec leurs alliés naturels, Les Bourbons et le clergé, ont balayé L'hymne de Riego. Ils l'ont supplanté par la Marche royale et, bien entendu, ont mis à bas La Tricolor.

 

Puisse-t-on, un jour, de l'autre côté des Pyrénées, dire en toute liberté Viva la Republica sans se faire embastiller, comme  les indépendantistes catalans le furent, ces dernières années, par les héritiers du Caudillo.

 

*** Juan Carlos 1e, installé à la tête de l'Espagne par le Caudillo, ce Bourbon, pour bon nombre d'observateurs, fut, singulièrement, considéré comme un libérateur du Franquisme. Ses frasques et son massacre d'éléphants ont terni son image au point de l'amener à l'abdication. 

****  "Républicides", licence lexicographique P.F, désignant les grands prêtres sacrifiant sur l'autel de leurs ambitions, les républiques.

 

Texte et photo Pierre Fabre  

 

 

 



01/06/2024
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