Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 31. Saga de Françoise Maraval

 

 

DE BELLES GENS

 

 

 

Épisode 31

 

 

 

 

CHAUX ET CIMENTS ,

                                              

 

 

Résumé de l’épisode précédent :

 

Dans le haut de la ville, Henri Lamaurelle et Achille ont repris le travail. Aimée, la petite sœur de Yette, est arrivée le 20 décembre 1919. Angèle attend son 5ème enfant.

Dans le bas de la ville, Arthur Maraval a repris son métier de roulier mais il a un camion : il est camionneur pour l’usine de chaux Bouteil. Henri, notre ancien prisonnier en Allemagne, se repose à Saint-Cyprien et passe beaucoup de temps avec son frère Marcel, grand blessé de guerre. Alice vient d’avoir un enfant, l’enfant de Marcel : Marcelle.

 

 

Le matin, Arthur part rejoindre son camion parqué dans la cour de l’usine Bouteil des Tuilières. Il part à bicyclette et se retrouve donc au milieu des hommes qui, eux aussi, vont prendre leur travail. Que de monde sur cette route qui mène à Mouzens !!!

Avant d’arriver à l’usine à chaux des Tuilières, soit à deux kilomètres du village, Arthur rencontre deux autres usines à chaux et ciments et après, le flot des cyclistes s’éclaircit.

 

Dès 1835, deux fours à chaux existaient dans Saint-Cyprien. A la fin du XIXème siècle, le secteur concentrait plusieurs usines à chaux et à ciments, dont celles des Tuilières, de Costegrand, de Malemort et d’Allas. En 1863, 12 fours produisent 5 000 m³ de chaux hydraulique et 200 tonnes de ciment pour Bordeaux, Agen et Toulouse. La production était alors acheminée jusqu’au port du Garrit ; de là, elle était chargée sur des gabarres qui descendaient la Dordogne. Après l’ouverture de la gare de Saint-Cyprien, le 2 juillet 1882, la plupart des usines mirent en service un chemin de fer Decauville afin d’y apporter leur production. En 1901, une nouvelle cimenterie est mise en service à la Borie Basse. Elle exploitait des carrières situées sous la montagne du Montaud.

 

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Sur la rive droite, le long de la route de Mouzens, on trouve les usines de Malemort, Costegrand, Tuilières et une briqueterie. L’exploitation industrielle débuta en 1861 avec 10 fours à chaux aux Tuilières, 10 fours à chaux à Costegrand et 3 autres fours à mi-chemin des deux autres. Le calcaire était issu des carrières exploitées à ciel ouvert ou creusées dans le flanc Est de la montagne du Nau Pech , nommé défilé de Roc-Long.

 

Aux Tuilières, la pierre était en partie descendue dans des wagonnets, par l’intermédiaire de plans inclinés commandés par des treuils encore visibles. Mais il semble qu’en raison du fort dénivelé (90 à 100%), on utilisait également la gravité en déversant directement les pierres dans des couloirs formant goulottes ( flèches en pointillés roses).

 

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                        Le lieu 1 est indiqué sur la carte de Belleyme, levée entre 1761 et 1774.

                                               En médaillon, vue aérienne IGN de 1966.

 

L’usine des Tuilières était spécialisée dans la chaux agricole de la marque « Le Roc », a fermé en 1965.

 

A Costegrand, il existe une unique carte postale des lieux. La photo a été prise après le 30 avril 1924, date de l’acquisition par la Société Anonyme Française des Ciments et Chaux Hydrauliques Portland Chanez de l’Isère  dite « La Française ».

 

 

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L’usine n’a pas résisté à la grande crise économique des années 1930.

 

                                                                                                                                                       

A Malemort, les carrières et l’usine étaient situées dans un vallon perpendiculaire à la route de Mouzens, au lieu-dit « La Passée ». Elle disposait de 2 fours. Elle aussi faisait partie de « la Française » qui la racheta au milieu des années 20. Elle a fonctionné jusqu’en 1929.

 

 

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De Malemort, le chemin de fer Decauville à voie de 60 cm acheminait les sacs entassés dans des wagons fermés. Chaque wagon contenait vingt sacs de 50 kg, soit une tonne de ciment.

La voie pénétrait dans Saint-Cyprien* par l’actuelle route de Mouzens et virait à angle droit avant la gendarmerie de l’époque et l’hôtel de la Poste pour emprunter l’actuelle avenue de la gare .

On n’est pas certain que le chemin de fer Decauville aille jusqu’à Costegrand. Mais ce qui est certain, c’est qu’il n’allait jusqu’aux Tuilières car l’usine Bouteil, usine privée, avait été écartée du projet , d’où l’utilité d’Arthur Maraval et de son camion. En outre, la gare de Saint-Cyprien ne pouvait pas tout absorber.

 

En effet, sur la rive droite de la Dordogne, il y avait aussi l’usine de chaux et ciments de A. Pierrot à l’extrémité du lieu-dit de  « la Gravette ».

 

 

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Sur la rive gauche de la Dordogne, la cimenterie d’Allas-les-Mines s’installe en 1880 : Allas-les-Mines s’appelait alors Allas-de-Berbiguières jusqu’en 1910. Elle disposait de 12 fours et exploitait des carrières souterraines puis à ciel ouvert, situées à l’arrière de l’usine.

 

 

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Au départ, le ciment était transporté par  voie fluviale jusqu’au port du Garrit, sur la rive droite. Une flottille de gabares faisait la navette entre l’usine et le port, tirées par un toueur pour la remontée. En 1903, la construction d’un port métallique et d’une voie de chemin de fer Decauville permirent d’atteindre directement la gare de Saint-Cyprien.

Dès 1881, les propriétaires de l’usine demandent la construction d’un pont sur la Dordogne. Le pont métallique tel qu’on peut le voir sur les cartes postales du XXe siècle, a été construit sans autorisation par Pasquet, entrepreneur à Saint-Cyprien. Son tablier principal comportait 4 travées sur 3 piles en maçonnerie sises dans le lit de la Dordogne. Il était précédé sur la rive droite par un avant-pont courbe qui comportait lui aussi 4 travées et 3 piles. Une pile complémentaire entre ces deux parties faisait office de culée intermédiaire.

 

Cet ouvrage par la suite a subi une modification majeure : des pourparlers s’engagèrent avec le département pour qu’il puisse être utilisé par la population. Il fut dès lors équipé d’un passage piétonnier latéral rajouté côté amont du tablier principal.

 

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En 1970, l’usine d’Allas rejoindra le groupe Lafarge et fermera en 1980.

 

                                                                                                                                                         

Vous l’avez compris, l’activité de la gare de marchandises de Saint-Cyprien est importante.

 

L’installation de la gare en 1882 par la Compagnie des Chemins de Fer de Paris à Orléans a contribué à l’essor de Saint-Cyprien. Le rail va prendre le pas sur le transport fluvial.

                                                                                             

Depuis 1880, le monde agricole s’était tourné vers la production de tabacs pour faire face à la crise du phylloxera qui avait ravagé les vignobles. Deux grands entrepôts sont construits sur l’ancien enclos monastique.

 

 

 

 

                                   Carte postale Daudrix alors libraire à Saint-Cyprien

 

                                         Imprimée par Thiriat et H. Baseyau, Toulouse.

 

En 1894, est construit aussi le pont métallique du Garrit permettant de traverser la rivière sans emprunter le bac du même nom, améliorant ainsi les livraisons des producteurs de tabac aux entrepôts.

 

 

 

Avec l’Entrepôt des Tabacs demandeur en main-d’œuvre, les usines de chaux et de ciments, les Cypriotes ont du travail et l’agriculture s’est ouverte à la culture du tabac, ressource appréciée des cultivateurs. Le commerce et l’artisanat sont prospères. En 1920, la reconstruction est en bonne voie.

 

 

 

                                                                                                                                                        

 

                                                           Carte de Saint-Cyprien

                                   ( en rouge le report du cadastre napoléonien de 1832)

 

 

                                                                                                                                                        

Arthur Maraval a bien choisi son employeur, il aura du travail jusqu’en 1940.

 

 

 

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15/07/2022
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