Terre de l'homme

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De belles gens. Suite n° 46. Saga de Françoise Maraval

 

 

DE BELLES GENS

 

 

Épisode 46

 

 

 

1928 : vivre à Saint-Cyprien,

 

 

Résumé des épisodes précédents :

A Saint-Cyprien, rue de la mairie, la famille Marchive, Yvonne, Achille et leurs cinq enfants ont repris le cours de la vie, depuis la crise de paludisme de notre ancien poilu et le décès de grand-mère Anastasie.

A deux pas de là, Emma Maraval attend des nouvelles de son frère Henri, le Parisien, et surveille de loin l’apprentissage de son fils, Jean, devenu bergeracois. Il va devenir tailleur d’habits. Pour les autres Maraval, c’est la routine…

 

 

Emma a reçu des nouvelles de son frère Henri. Enfin ! Henri vient de prendre un engagement pour la vie : il s’est fiancé depuis peu avec la jeune Russe dont il a parlé à plusieurs reprises dans ses correspondances : Maria Alexandrovna Smirnoff. Il a expliqué l’intervention de l’oncle Simon et le déjeuner de fiançailles à la « Closerie des Lilas », la bague… enfin tout. Ils n’ont pas encore décidé de la date du mariage mais, bien sûr, tous les Maraval seront invités.

 

C’est l’occasion d’apporter cette bonne nouvelle chez le patriarche, au cours du repas dominical. Jeantou senior trouve que le petit Destal a toujours eu des idées bien à part. Quitter Saint-Cyprien ! Mais, pourquoi quitter un village aussi merveilleux, surtout qu’il y avait un emploi sûr chez Maître Podevin. Pourquoi la capitale avec son air malsain et ses encombrements ? Et, maintenant, il lui faut une Russe pour épouse ? Jean Maraval ne comprend pas cet homme qui aurait pu prendre, pour femme, une belle Périgourdine au teint frais et à la bouche vermeille. Cependant, le patriarche ne cache pas qu’il a hâte de voir la jeune Russe. Ils sont invités au mariage !!! à Paris !!!

Quand le jeune couple « descendra » en Dordogne, il les recevra comme il se doit. Mais, Jean Maraval senior ne se sent pas le courage de « monter » dans la capitale.

 

D’ailleurs, le patriarche est préoccupé : il a pris la décision de rassembler chez lui, les Maraval de Siorac, du Coux-et-Bigaroque, et de Mouzens. Il les croise à la foire du pays, le premier lundi du mois, ils viennent boire un coup à la maison mais Jean veut un beau repas de famille et, dans sa tête, ce repas sera un repas d’adieu ! Il va avoir 73 ans et commence à préparer son « après ». Il a toujours été dans l’anticipation. Il veut laisser un bon souvenir aux siens.

Ils se réuniront pour le quinze août. Alice aidera la mère, en cuisine. Il a tout planifié.

 

Alors que la famille Maraval s’active de l’autre côté de l’impasse, chez Achille et Yvonne Marchive, une nouvelle naissance a eu lieu le 20 mars : une belle petite fille, Hélène, la belle Hélène  que les grandes sœurs entourent de leurs bras de petites mères.

 

                                                                                                                                                        

Les cousins et cousines Lamaurelle, du haut de la ville, sont descendus voir le bébé et ont apporté le cadeau. Henriette et Jeanne sont maintenant à l’École normale de Périgueux. Eh ! Oui ! Henriette a 19 ans et Jeanne 18. Comme le temps passe !

 

 

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L’École Normale de jeunes filles à Périgueux

 

A chacune de leurs vacances, elles ne manquent pas de venir voir leurs oncle et tante et les enfants. Elles garderont toujours en mémoire le souvenir de cette tante Yvonne, si aimante. Louis, lui, se prépare à rejoindre le collège de Belvès à la rentrée prochaine. Micheline, elle, est toujours dans la classe de sa cousine Aimée à Saint-Cyprien. Mme Parat, l’institutrice, prévoit d’en faire deux boursières internes pour le C.E.S. du village voisin, tant elles sont douées.

Comme d’habitude, Achille a fait part de la naissance d’Hélène, aux grands-parents Bailly et, cette fois-ci, ils ont une réponse, mais une réponse de Clément, le frère d’Yvonne. Il se trouve à Montpon, en ce moment. Il a 26 ans et, depuis son service militaire, il est employé à l’aéroport du Bourget en qualité de mécanicien. Il propose de devenir le parrain du nouveau-né.

 

Pour la deuxième fois, Achille et Yvonne se rendent à l’église de Saint-Cyprien, accompagnés de leurs enfants. Le parrain d’Hélène est donc Clément, arrivé les bras chargés de cadeaux pour tout le monde. La marraine est la grande Aimée, bientôt 8 ans, et qui vient de faire sa première communion. La petite Marthou, elle, a été baptisée à Bergerac ! Achille avait voulu tenir son engagement vis-à-vis du protestantisme et, d’ailleurs, tous les enfants ont été baptisés une deuxième fois au temple, sauf Yette qui n’a pas voulu.

Achille a jeté l’éponge depuis la mort de sa mère et, maintenant, tous les événements religieux  se dérouleront dans l’église de Saint-Cyprien : c’est lui qui l’a décidé ainsi et personne d’autre.

                                                                                                                                            

Yvonne a préparé un bon repas. On met les petits plats dans les grands et on se serre autour de la table, pour faire place aux neveux et nièces Lamaurelle, invités pour la circonstance. Achille est heureux au milieu de cette jeunesse. L’Ecole Normale est le sujet qui l’intéresse et Henriette et Jeanne satisfont à toutes ses interrogations. Il rêve du même avenir pour Aimée, son Aimée ! Yette, sa fille aînée, passera son certificat d’études primaires dans deux ans.

 

Le jeudi, les enfants Marchive vont au patronage paroissial sauf Marthe et le bébé. Jean, 5 ans, a été admis et les sœurs aînées sont chargées d’avoir un œil sur lui car c’est un bagarreur et un garçon plein d’énergie. A la tête de ce centre, Madame Teyssandier, veuve de guerre et en manque d’ enfant, se dévoue avec une autorité toute naturelle, accompagnée dans sa tâche par Mademoiselle Despont , Eva Tabanou dite « Vava » et d’autres personnes qui consacrent à tour de rôle, quelques heures à cette œuvre. Le patronage accueille tous les enfants. Ainsi, les familles nombreuses sont rassurées de savoir leur marmaille dans de bonnes mains. Dès que l’enfant est autonome, il peut rejoindre le lieu, le jeudi et pendant les vacances scolaires, à partir de 9 heures jusqu’à 5 heures de l’après-midi : le patronage paroissial prend donc le relais de l’école laïque. Ils peuvent même manger sur place et le repas est offert grâce à la générosité des commerçants du village et des parents qui le peuvent mais aussi grâce à la générosité de Mr le Curé.

 

Une injustice, cependant, que personne ne relève. Pendant que les garçons jouent toute la journée ou partent en promenade avec le vicaire de la paroisse, les filles préparent leur avenir. Les dames du patronage leur enseignent la cuisine, la broderie et la couture. Bien sûr, la journée est jalonnée d’une messe, de cours de catéchisme et de cantiques entonnés dans la joie.

Les enfants Marchive se plaisent « au patro » surtout Yette car elle y côtoie certaines des jeunes filles privilégiées  qui fréquentent l’école Sainte-Marie et que l’on vouvoie.

 

Pendant que les enfants Marchive passent leurs vacances au patronage paroissial, les voisins Maraval préparent le repas familial du 15 août, comme prévu. Jean Maraval réalise son vœu : faire que ce repas, un repas mémorable tant par la qualité des mets que par l’ambiance qu’il s’y dégage.

 

 

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La photo de famille a été faite au jardin d’Arthur. Le photographe doit être Fonfon ou Arthur. Cette image rassemble une génération. En dehors des cousins Maraval, on découvre Maria au premier rang, à droite, et son amour de mari, le patriarche, derrière elle.

 

                                                                                                                                                          

On remarque que les messieurs sont sur "leur trente et un" ; les dames se sont un peu oubliées car leur devoir premier est de soigner leur mari, dans tous les sens du terme et, ainsi, de les mettre en valeur. Ils sont beaux comme des ministres et ils le savent !!!                               

Toute sa vie, Jean Maraval a fait son devoir, de son  mieux ; quelquefois, en y apportant trop de passion, chacun son tempérament.

 

De l’autre côté de l’impasse, Achille Marchive a retrouvé la santé. L’usine d’ Allas-les Mines, deux jardins et le voilà maintenant dans le rempaillage de chaises. C’est une occupation qu’il pratique, en fin de journée, dans sa cuisine, pendant que la maison dort. Le ruisseau du jardin, celui qui est en face de  « Beauregard », foisonne de jonc, un jonc magnifique. Il estime avoir contracté  une dette vis-à-vis de la famille Souletis : Mathilde, la mère, s’est beaucoup investie en assistant Yvonne, auprès de sa belle-mère Anastasie. Aussi, Achille a proposé de leur rempailler les vieilles chaises.

Le jonc doit être séché avant d’être utilisé. La grande chambre du haut permet de l’installer sur le plancher. Achille monte le retourner de temps en temps. Il se dégage de ce végétal qui sèche, un parfum à nul autre pareil et qui a un effet soporifique sur les enfants. Il a commandé de belles pailles rouges et vertes pour agrémenter le jonc.

Quand Mathilde a eu récupéré sa première chaise rempaillée, elle l’a montrée à tous les voisins. Tout le monde a admiré le travail impeccable d’Achille. Des commandes ont afflué ; mais, Achille ne peut pas faire de concurrence à son beau-frère Lamaurelle. En rempaillant les chaises des Soulétis, Achille n’a fait que payer ses dettes.

 

Le jardinage est pour Achille, une vraie passion, un lieu de détente et d’évasion. Ses jardins sont beaux et le fruit de son labeur le récompense et l’encourage. Ils n’ont pas besoin d’acheter de légumes et si le ciel a été clément, ils ont des fruits à profusion. La récolte est partagée : on n’oublie pas le Dr Boissel, les institutrices de la maternelle et du cours préparatoire et M. le Marquis, s'il est à Saint-Cyprien. Tous les voisins ont, eux aussi, leur jardin : les Rougier (le garde-champêtre), les Maraval (Arthur et le patriarche), les Souletis, les Édouard, les Roye et les derniers arrivés, les Girodeau.

 

Anne Giraudeau est maintenant en location chez les Roux, dans la grande maison qui est en face de celle des Marchive. Elle vit avec son fils, Alix Girodeau, un magnifique garçon qui fait actuellement son service militaire. Alix a remarqué la belle Nini, la fille du garde-champêtre, l’amoureuse de Jeantou junior quand il était à l’école maternelle. Alix et Nini se retrouvent au jardin, derrière les maisons. Célestine Rougier, la maman de Nini, multiplie les recommandations à sa fille …

 

 

Françoise Maraval

 

 

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Bordure enlevée

 

 



15/11/2022
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