Terre de l'homme

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I have a dream

 

 

 

I have a dream 1

 

 

Martin Luther King - discours du 28 août 1963 

 

Les vieux maux, les vieilles querelles, les vieilles rancœurs de notre société vont-elles triompher au détriment du bon sens, de la conciliation et de la réconciliation ? Il est évident qu’il y a là, comme un échec de notre vivre ensemble, une incapacité de trouver une échappatoire à des pièges qui, chaque fois, se referment sur notre joie de vivre créant des situations ubuesques, des angoisses, des interdits, des contraintes d’un autre âge. Toutes ces forteresses qui se replient sur elles-mêmes, dans la certitude de leur vérité, semblent incapables d’entamer un dialogue qui devrait être la règle, compte-tenu de l’évolution des métiers, de la complexification de la société et des mœurs, de la nécessité d’intégrer totalement la révolution numérique et informatique au service de tous.

C’est par un dialogue permanent à différents niveaux, par l’obligation exigeante de trouver des solutions aux grands problèmes qui nous assaillent, que l’on devrait commencer ; une volonté sans faille, le courage, la patience devraient inspirer les différents acteurs pour que ce pays ne soit pas paralysé ou immobilisé par des comportements et des attitudes d’un autre âge. Est-ce un rêve ? Certains se réalisent. J’en avais un, partagé, je pense, par d’autres, sans conséquences sur notre vie quotidienne mais qui, chaque année, depuis 20 ans, était remis à plus tard.

Cette fois, en éteignant la télé, ma tête résonnait du grondement des clameurs enthousiastes, des cris de joie, des chants, de la Marseillaise, des bandas et percussions, des applaudissements ; un peuple à l’unisson fêtait ses héros, se reconnaissait dans la victoire tant elle était belle et indiscutable.

Dans cette soirée pluvieuse et froide de Twickenham, s’effaçaient les déceptions successives des années précédentes, nos héros relevaient la tête, s’embrassaient, se congratulaient, tandis que leurs « meilleurs ennemis » s’avançaient tête basse pour former une haie d’honneur.

Ce moment religieux de fin de match que les supporters des deux nations avaient vécu dans le stress et l’angoisse, allait se conclure par la poignée de main traditionnelle entre les deux capitaines et, pour une fois, le fair-play acide du capitaine anglais Will Carling qui nous décernait, rayonnant, un : « Sorry, good game » pouvait être retourné à l’envoyeur.

Voilà des joutes comme celles des Jeux Olympiques où dominent l’effort, le courage, l’intelligence, la stratégie, le combat et la compétition basés sur le respect de règles intangibles où toute violence ou agressivité est bannie voire sanctionnée mais non la noble virilité, révélant la maturité et le respect de ces acteurs qui se regardent dans les yeux, fiers de leur prestation.

Qu’on s’en inspire pour solutionner les problèmes de notre société de plus en plus tentée par l’affrontement stérile, le manque d’imagination et dont le seul recours semble être l’agressivité, le communautarisme, des zones de non-droit où les valeurs de la République n’ont plus cours et où l’on se réfugie dans la délinquance et la drogue.

Il faut reconquérir notre démocratie, éviter qu’elle ne se replie en factions, en féodalités des temps modernes recroquevillées sur leur pouvoir individuel, sans aucune vision de l’avenir en dressant les gens, les uns contre les autres.

En son temps, la Révolution, dans une situation particulièrement trouble et dangereuse, avait interrogé le peuple et des discussions multiples s’étaient déroulées dans tout le pays, aboutissant à la rédaction de « cahiers de doléances » dont beaucoup sont conservés dans les Archives Nationales.

Il faudrait, certainement, aujourd’hui, que notre démocratie se démocratise, ne s’élabore plus quasi systématiquement dans des bureaux remplis de technocrates choisis par le pouvoir. Pour cela, il n’est nul besoin de tout casser mais de mettre en place des ateliers de discussion car les solutions les meilleures ne sont pas forcément celles qui viennent d’en haut mais trouvées au stade local ou loco-régional, suivant les besoins spécifiques parfaitement identifiés de territoires, de bassins de productivité, de contrées agricoles spécifiques et spécialisées en culture, élevage ou agro-alimentaire : santé et déserts médicaux, disparition des services publics, sécurité, pollution, gestion de l’eau qui se fait de plus en plus urgente, équipement en énergies renouvelables, industrialisation, décentralisation...

Tout ceci apparaît assez anachronique aux yeux de beaucoup de gens et, vu de l’étranger, au point de se demander si nous tombons pas dans le cercle vicieux d’une société atteinte par le blues, par l’oisiveté, de se laisser porter par le temps et de chasser les soucis, alors que nous n’avons pas à rougir de notre degré de développement, de notre histoire riche, de notre culture et de notre langue parlée un peu partout et admirée dans le monde, une littérature très souvent récompensée, des mathématiciens couronnés de la médaille Field, des poètes au sommet de leur art, peintres, sculpteurs et bien d’autres qui ont construit la société actuelle et perpétuent leur art loin du bruit et des agitations stériles. Le monde que nous connaissons, qui nous a été légué par nos aïeux et leurs réalisations qui attirent les touristes du monde entier.

Le pasteur Martin Luther King, adepte de la non-violence comme Gandhi, avait raison quand il a prononcé ces paroles sur les marches du Lincoln Memorial à Washington, le 28 août 1968, à propos des droits civiques : I have a dream.

Ce sont de tels visionnaires qui font non seulement rêver les hommes d’un monde meilleur mais d’un monde à notre portée, à condition d’avoir la volonté de le bâtir comme nos grands philosophes des Lumières, comme nos grands révolutionnaires de 1789.

 

 

 

Jacques Lannaud

 

 

 

 

 

 



03/04/2023
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