La bonne barrique bordelaise, une pièce maîtresse des bons chais.
Notre ami Alain Rosier qui sait si bien nous conter l'histoire du vin, il marqua positivement Pierre Merlhiot, le regretté fondateur de "Terre de l'homme", a réagi au récent billet "Les grands vins ont boudé le litre".
Aujourd'hui, il va nous préciser pourquoi il faut maintenir nos bouteilles en position horizontale. Ce rituel, nous le pratiquons tous mais Alain va nous préciser pourquoi et il va nous emmener un peu plus loin, dans ces lieux fascinants où les barriques, depuis longtemps, bien longtemps, font l'objet de toutes les attentions du monde des vignerons.
Les Celtes ont inventé la barrique en développant une technique de cintrage du bois. Elle permettait de contenir des denrées alimentaires puis de la cervoise. Les premiers fûts avaient des cercles de fer, que les Romains ont remplacés par des liens de bois. |
Les fûts de vin, ici des barriques de 225 l, dites bordelaises, sont, un peu, "la particule de ces vins". Les grands chais n'hésitent pas à mentionner sur leurs étiquettes, conservé à la propriété dans des fûts de chêne. Ces fûts peuvent durer longtemps pour peu qu'ils aient été entretenus et, au besoin, restaurés par un maître tonnelier.
Ci-dessus, un lot de barriques restaurées par Gérard Busin, artisan tonnelier en Touraine.
https://www.france-barriques.com/
Les bouteilles, soigneusement rangées dans la cave de Château Lambert, un très bon lieu de production de vin du Fronsadais. Image © Château-Lambert.
Avec toute ma sympathie à la sympathique équipe vinicole de ce château, collectif, managé par un noyau familial, les Bordeilles, qui se fait un plaisir d'accueillir ses hôtes et, naturellement, ses clients.
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Alain Rosier que "Terre de l'homme" se réjouit de compter parmi ses lecteurs actifs, a logiquement réagi à un commentaire sur les grands vins qui boudent les contenants d'un litre.
Pierre Fabre
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Alors que je ronronnais paisiblement dans ma cave lyonnaise, je fus sournoisement réveillé par un écrit de Pierre, dans lequel ce dernier manifestait son inquiétude relative à la conservation des bouteilles de vin : |
Couchées ou pas couchées ?
Couchées bien sûr car le liège doit être constamment humidifié.
Dans le cas contraire, cela provoque une oxydation prématurée.
La qualité du bouchon est capitale et repose essentiellement sur son élasticité. Lorsqu’il se rétracte, nous obtenons des bouteilles «couleuses» qui entraînent une détérioration du vin.
Un exemple lié à l’élasticité : les bouchons de Champagne ont la forme d’un cylindre avant le bouchage. Une fois la bouteille ouverte, le liège, après compression dans le goulot, essaie de reprendre sa forme initiale, d’où ces bouchons en forme de champignon.
Mais, suite à une garde de longueur variable, le liège ne peut plus reprendre sa forme initiale. C’est ce qu’on appelle un bouchon chevillé (Les bords sont droits)
Dans ce cas, il se produit une perte de gaz préjudiciable à la qualité du vin.
Donc, si vous avez des bouteilles de Champagne dont les bouchons se présentent ainsi, après ouverture, il est temps d’inviter vos copains afin qu’ils vous aident à mieux gérer votre cave…
A noter que l‘on couche les bouteilles de vin mais pas celles d’eaux de vie ou de liqueurs. L’alcool suffit à assurer leur conservation. D’autre part, il désagrège le liège à la longue.
On peut procéder de même pour les VDL (vins de liqueur : Porto, Madère, Xérès, etc..) ou les VDN (vins doux naturels : Banyuls, Maury, Muscat de Lunel..etc…) pour des raisons identiques.
Un petit mot sur les contenants.
Pierre fait allusion à la " barrique " bordelaise de 225 litres qui a, heureusement, tendance à se répandre dans tout le monde vinicole.
Il reste cependant des irréductibles comme les Bourguignons qui affirment leur gourmandise avec leurs " pièces " de 228 litres, La pièce beaujolaise, elle, reste plus discrète avec 216 litres.
Les mesures de l’Ancien Régime n’ont donc pas toutes disparu….
J’ai connu dans le restaurant de mes parents, les pièces de 228, les feuillettes de 114 et, parfois, les quartauts de 57 litres…tout cela pour tirer des pots de Beaujolais de 46 cl….
Nous y voilà…le pot, dans lequel on propose Beaujolais, Coteaux du Lyonnais ou Côtes du Rhône. Lyon fut, il y a peu, une des rares villes de France à servir des vins AOC (appellation d’origine contrôlée) dans des récipients sans étiquette… La confiance du consommateur était suffisante et le demeure encore de nos jours.
D' où vient-il ce pot ?
Sans doute de " asnée ", charge que pouvait porter un âne soit 93 litres.
Puis vint la pinte parisienne de 92 cl.
Le pot correspond donc à une demi-pinte parisienne.
Entre-temps, nous connûmes le pot de 2,08 litres, ramené à 1,04 litre au 17ème siècle (ce qui déclencha une émeute à Lyon, l’esprit frondeur des Lyonnais n’ayant rien à envier à celui des Périgourdins..)
Enfin, en 1843, une loi fixa à 46 cl la contenance du pot lyonnais.
Les mauvaises langues disent que les canuts avaient droit à 50 cl de vin payés par les patrons ; ceux-ci, afin de les exploiter un peu plus, firent réduire la contenance du pot de 50 à 46 cl.
A noter que les règlements européens qui imposèrent 50 cl au lieu de 46 cl, n’ont fait naître aucune protestation chez mes voisins…
Merci encore, Pierre, pour tous ces articles aussi passionnants que diversifiés.
À Lyon, on dirait que t’es un bon gone, tiens !
Alain Rosier
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