Terre de l'homme

              "Tu les fais naître"

Trop fières

La cueillette miraculeuse

C'est en ces termes qu'on accueille le chercheur de champignons chanceux, avec admiration et un brin de jalousie.

Je ne vais plus au bois mais des jambes plus agiles s'y rendent. Et c'est bien ainsi.

Connaissez-vous un loisir plus simple où la découverte est une émerveillement et la pousse un mystère ?

Certains disent qu'ils en ont vu pousser. Je tiens cela d'un ami de bonne foi, dont je n'ai aucune raison de mettre en doute le témoignage : assis sur un vieux tronc d'arbre, il en a vu un soulever la terre. Il est vrai que lorsque l'on trouve des champignons corsetés, comme emprisonnés dans des tiges de bruyère qui les enserrent et les blessent, on subodore la vigueur et la vitesse de la pousse.

Cela dit, voilà un loisir de plus en plus encadré par la législation. La cueillette est très règlementée.

Il faut remercier les élus qui s'emploient à agrandir le domaine communal, accessible à tous, chasseurs, promeneurs, chercheurs de champignons.

Sans peut-être le savoir, ils reconstituent l'ancien communal du Moyen-Age, où, à tour de rôle, les gens avaient le droit de vaine pâture, de ramassage de bois mort, des baies et des champignons.

Revenons à notre cueillette, attendue chaque année avec fébrilité : départ à la pointe du jour vers ses "places"  où l'on se rend silencieux et discret. La surprise est parfois au  bout du sentier : de vieux fagots pourris que l'on soulève négligemment comme par acquis de conscience et c'est la révélation : une armée de petits cèpes presque blancs de n'avoir pas connu le jour.

J'ai fait un jour cette trouvaille au lieu-dit Goudarel, ça ne s'invente pas.

Pierre Merlhiot