Niversac, un pivot à mieux connaître.
Jean-Louis Lévêque, plume qui a participé à l'élaboration du Dictionnaire toponymique de la Dordogne de Jean Roux, nous éclaire un peu sur ce toponyme qui, mis à part, ac, sa partie finale, qui appartient à, nous laisse interrogatif.
Jean-Louis écrivit dans une rubrique de toponymie destinée à La Dordogne Libre, le 12 mars 2017 :
" Avant l’arrivée du chemin de fer (1860), ce village n’était composé que d’une seule ferme, bâtie près du pont par lequel la route de Brive enjambe le ruisseau de Saint-Geyrac. L’actuel lieu-dit s’est donc développé autour de la station, le toponyme historique étant " Le Pont de Niversac ".
Au plan étymologique, Niversac peut procéder d’une villa gallo-romaine nommée *Nerviciacum (le domaine de Nervicius) ; selon Jacques Astor*, Nervicius serait formé sur l’ethnique Nervius (les Nerviens, peuple de la Belgique antique). Cette hypothèse suppose une métathèse Nervi- > Niver- semblable à celle qui s’est produite pour la ville antique de Nevirnum, devenue Nivernum (Nevers)."
* Jacques Astor est l'auteur d'un Dictionnaire des noms de familles et noms de lieux du midi de la France, 2002.
Suivons donc l'itinérance où l'on rencontre le Pont de Niversac. On trouve de multiples toponymes construits sur pont de. Citons le Pont de Neuilly, dans la ceinture ouest de Paris, Le Pont de La Maye, faubourg bordelais, formant un quartier situé au nord de la commune de Villenave-d'Ornon, et, plus proche de nous, Pont-de-Cause écart de Saint Cybranet. Beaucoup de ces lieudits sont devenus des localités plus ou moins importantes. La communauté humaine a toujours eu beaucoup de sympathie pour les ponts essentiellement -et surtout- car ces passages facilitaient et promouvaient les échanges. Les ponts sont devenus des moteurs dans la construction lexicographique des localités. Ils sont souvent appuyés d'un complément de nom, complément déterminatif : Pont de l'Isère, Pont de Vaux, Pont de l'Arche, etc.
Il est rare que le toponyme soit formé de son radical et d'un suffixe. Pontoise, qui se passe d'explication onomastique, fait pratiquement figure d'exception.
Les ponts, ouvrages de jonction, existent sur tous les continents.
En Allemagne, dans le Palatinat, Zweibrücken est la francisation de Deux-Ponts. Ponte dei sospiri, le Pont des soupirs, lui, exprime l'affliction des malheureux qui, à Venise, l'empruntaient en jetant un ultime regard sur la cité des doges.
Revenons à Niversac.
Niversac sait être un pivot humain. Là, l'histoire prit un important rendez-vous lors de l'arrivée du chemin de fer mais des recompositions Saint Geyrac, Manoire et Isle ; "Terre de l'homme" reparlera d'ici peu avec de spectaculaires images de ce carrefour où les édiles saint laurentais, aturiens et boulazacois, portés par la volonté assembleuse de Jean-Pierre Passerieux, tiens, un heureux symbolique hasard d'onomastique, passe rieux, passe ruisseau, un de plus, et de Jacques Auzou, l'assembleur incontournable et infatigable de Grand Périgueux, ont fait germer ce pôle Isle-Manoire. Ce carrefour a su, grâce à ses excellents atouts valorisants, prendre rang en hissant leur cercle vivifiant des portes pétrocoriennes au niveau du plus pertinent lieu d'échange du Périgord.
Ce texte est dû au référentiel de Jean-Louis Lévêque, aussi et surtout, grâce à la bienveillante complicité de mon ami le majoral Jean-Claude Dugros que je salue chaleureusement.
Pierre Fabre
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