Terre de l'homme

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Et au loin coule la rivière Espérance- Saga de Françoise Maraval - épisode 62

 

 

Épisode 62

 

 

 

 

1944: vers la Libération

 

 

 

 

Au lendemain de mon baptême, les familles reprennent la lecture des journaux et se regroupent autour de la T.S.F.

 

Le 15 août 1944, 800 navires et 3600 avions dont 1700 bombardiers appuient le débarquement franco-américain de Provence entre Marseille et Toulon ; c’est l’opération Anvil.

Les troupes françaises de l’armée B débarquent les premières, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny. Les Alliés qui disposent d’une supériorité écrasante, désorganisent la résistance allemande.

 

Le 17, les villes de Saint-Raphaël, Saint-Tropez, Sainte-Maxime et Fréjus sont libérées.

 

Le dernier Conseil des ministres présidé par Pierre Laval se tient à Paris. À la suite de quoi, il se retire à Nancy, accompagné d’une escorte allemande.

 

Le même jour, les troupes soviétiques atteignent la frontière de Prusse-Orientale, en Lituanie.

 

Sur le Front de l’Ouest, la 2e division canadienne s’empare de Falaise. La IIIe armée américaine libère Orléans, Chartres et Dreux.

 

Le 18 août à Paris, les FTP et les FFI appellent à la mobilisation.

Le lendemain, les résistants occupent plusieurs édifices publics et le surlendemain, une trêve sera signée entre le général von Choltitz et le général Jacques Chaban-Delmas. Cependant, dès le 22, après une réunion du CNR, la trêve est rompue.

L’insurrection reprend.

 

Le 20 août, le maréchal Pétain est arrêté par les Allemands et conduit à Belfort.

 

Sur le Front de l’Ouest, les troupes américaines du général Patton établissent une tête de pont sur la Seine à Mantes.

Toujours sur le Front de l’Ouest, les maquisards de la Haute-Vienne s’emparent de Limoges.

 

En Italie, les Allemands reculent.

 

Le 21, aux USA, la conférence de Dumbarton Oaks qui réunit les représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Union Soviétique (Andreï Gromyko) et de la Chine, jette les bases de la future Organisation des Nations Unies.

 

Le 22 août, la IIIe armée américaine s’empare de Sens, à quelque 90 km de Paris.

En Provence et dans les Alpes-Maritimes, les troupes alliées progressent rapidement et remontent la vallée du Rhône.

 

Dans le Sud-Ouest, les FFI libèrent plusieurs villes, dont Tarbes, Pau et Toulouse et dans les Alpes, ils prennent le contrôle de la Haute-Savoie.

 

Le 23, dans la région parisienne, les Américains atteignent Melun et Corbeil. Ils prennent aussi Grenoble, où les combattants des maquis de l’Isère ont pénétré, la veille.

 

Le 24, les premiers éléments de la division Leclerc, détachés de la IIIe armée américaine, arrivent aux portes de Paris.

Le même jour, André Malraux, colonel Berger des maquis de Corrèze, qui vient d’être libéré de la prison de Toulouse, crée la brigade Alsace-Lorraine ; elle combattra aux côtés de la Ie armée.

 

Le 25 août, la 2e division blindée du général Leclerc achève de prendre le contrôle de la capitale. Le général von Choltitz signe, dans l’après-midi, la reddition des troupes allemandes à la gare Montparnasse, PC de Leclerc. Sont présents, le colonel des FFI, Rol-Tanguy, signataire de l’ordre de reddition, et le général Chaban-Delmas, délégué militaire pour la France occupée. Par la suite, le général de Gaulle fera son entrée dans la capitale, où il sera acclamé par la foule.

 

 

Libération de Paris

 

Ph. X - DR - Coll. Archives Larbor

 

Le 26, ce dernier et les membres du CNR, du GPRF, des FFI, descendent les Champs-Élysées, au milieu de la foule puis se rendent à Notre-Dame. Dans la nuit, la capitale est bombardée par l’aviation allemande.

 

Le 28 août, Marseille est complètement libérée par la 1e Armée française.

 

Le 31, la IIe Armée britannique atteint Amiens et s’empare du pont de la Somme pendant que les troupes américaines atteignent la Meuse.

Au sud, la VIIe Armée américaine libère Narbonne, Béziers, Montpellier, Nice et Valence.

Les FFI libèrent Bordeaux et la 1e Armée française s’empare de Toulon.

 

En août, la Wehrmacht bat en retraite ; les Allemands stationnés le long des côtes atlantiques françaises, se replient sur leurs bases maritimes qu’ils transforment en solides camps défendus par des batteries côtières, bunkers, barbelés et champs de mines. Près de 100 000 hommes, protégés par plus de 1000 blockhaus et 1300 pièces d’artillerie, constituent autant de «poches» de résistance ennemie dans les lignes alliées, telles celles de Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle, l’Île de Ré, la Pointe de Grave et Royan.

À Royan, les belligérants se préparent à la guerre de siège. Les canons du mur de l’Atlantique sont tournés vers l’intérieur du pays et sont appuyés par 4 batteries de DCA et 215 000 mines parsemées sur le front de terre.

 

La «poche» de Royan, contrôlée par une garnison de 5500 hommes, est délimitée par la Seudre et ses marais jusqu’à l’Eguille et au sud-est, par une ligne Saujon-Cozes.

 

Dans les rangs alliés, la coordination est difficile. Il faut structurer les maquis, grossis à la fin d’août par le renfort des résistants de départements extérieurs. Le général de Gaulle prépare avec l’aide de la 2e DB et de l’état-major anglo-américain, «l’opération Indépendance» destinée à libérer Royan. L’opération prévue pour le 25 septembre, repoussée au 10 janvier, doit être annulée côté français, en raison du départ des chars de la 2e DB, indispensables pour contenir la contre-attaque allemande des Ardennes.

 

Au camp de Monsec, comme dans d’autres camps de résistants, les volontaires sont partis rejoindre les Groupements Z qui représentent la Dordogne sud, dans la libération de Royan. Ces groupements sont commandés par le commandent Georges Moressée alias Z. Ils sont cantonnés autour de Marennes.

Jean Marchive fait partie de ceux-là. Bien sûr, la famille est inquiète !!! Pourvu que le problème se solutionne vite et sans dommage.

 

À Saint-Cyprien, Raymonde vient d’avoir 16 ans, en cette fin septembre. Elle a trouvé du travail grâce à sa marraine Jeannette Gauville. C’est Mademoiselle Lescombe, marchande de chaussures au Bugue et à Saint-Cyprien, qui accepte de prendre Raymonde sous son aile. La jeune Cypriote va apprendre à tenir une maison selon les règles édictées par la commerçante ; elle sera logée et nourrie et pourra disposer de son dimanche.

La maison des Marchive se vide, un peu plus, tous les ans. Il reste la fille aînée, Yette, et la benjamine Jeannette. Bien sûr, grand-mère Anna se fait toujours entendre et donne beaucoup de travail. Elle ne veut toujours pas se mêler au reste de la famille qui doit, toute la journée, emprunter les escaliers pour la laver et pour la servir.

 

Yvonne a ressorti ses notes de cuisine car un grand évènement se prépare. Achille et Yvonne vont enfin ! faire la connaissance de leur gendre Guy Mazaré. Ils l’ont trouvé très simple, malgré ses bonnes manières et ses «beau-papa» et «belle-maman» étaient très chaleureux. Incontestablement, il est très amoureux d’Aimée qu’il appelle «son petit Poucet». Jacqueline, la petite-fille, a maintenant 10 mois et Jackie est désormais son prénom. Guy a repris son travail aux Ponts et Chaussées d’Agen. Aimée a demandé à l’Éducation Nationale, un rapprochement familial.

 

L’année 1944 a été une année de naissances chez la famille Lamaurelle. Michau, marié à Nini Boucher, a été l’heureux papa d’une petite fille au début d’ août : elle s’appelle Marie-Claude. Louis, désormais instituteur, a épousé Raymonde, une institutrice de sa promotion et ils sont les parents d’une petite Michelle. Micheline, la dernière des Lamaurelle a, elle aussi, épousé un instituteur et ils ont deux enfants : Michel et Anne-Marie.

 

Nos Alliés progressent de toutes parts.

Le 1er septembre 1944, les troupes canadiennes conquièrent Dieppe et Rouen, pendant que les Britanniques atteignent Arras.

 

Le 2, le premier Conseil des ministres du GPRF se tient à Paris.

 

Le même jour, Britanniques et Américains entrent en Belgique. Le 3, Tournai et Mons sont libérées ; le 5, ce sera le tour de Bruxelles, Gand et Charleroi. Le gouvernement belge en exil, revient à Bruxelles, le 8 septembre.

 

La 1e division d’infanterie française occupe Lyon.

 

Sur le Front de l’Est, l’Armée Rouge pénètre  en Hongrie et en Bulgarie.

 

En France, le 9 septembre, le GPRF est remanié : des communistes, des socialistes, des radicaux et un modéré y font leur entrée.

 

Le 10, une conférence réunit au Québec, Winston Churchill et le président Roosevelt. Ils examinent les conditions d’occupation de l’Allemagne par les trois Grands Alliés ( USA, Grande-Bretagne, URSS). Ils étudient aussi le tracé de la frontière polonaise et le rôle de la France dans le règlement européen.

 

On accélère. Les troupes britanniques franchissent la frontière belgo-néerlandaise, le 11, pendant que les Américains libèrent Luxembourg.

 

En France, la 1e Armée du général de Lattre de Tassigny, qui a libéré Beaune, le 7 septembre, s’empare de Dijon. Des ponts de jonction sont établis entre la IIIe Armée américaine du général Patton et la VIIe Armée du général Patch qui remonte du sud.

 

Au Palais de Chaillot, le général de Gaulle prononce un discours, le 12 septembre, sur la reconstruction du pays. Il revendique la participation de la France au règlement du conflit, notamment en Europe. Dans le domaine économique, il admet la nécessité de nationalisations.

 

Sur le Front de l’Ouest, des unités américaines franchissent la frontière allemande à Aix-la-Chapelle.

 

Sur le Front de l’Est, l’URSS signe l’armistice avec la Roumanie, pendant que ses troupes enfoncent les lignes de défense allemande dans le sud de la Pologne et atteignent la frontière tchécoslovaque, à 130 km au sud-est de Cracovie.

 

En France, sur le plateau de Langres, les troupes du général Leclerc font leur jonction avec celles du général de Lattre de Tassigny.

Dès le 15 septembre, des Cours spéciales de Justice sont organisées, elles auront à juger les cas de collaborateurs.

 

Sur le Front de l’Ouest, les Américains ont pris pied en Allemagne, tandis que les Allemands occupent toujours le nord de l’Italie.

 

Le 17 septembre, sur le Front de l’Ouest, la plus grande opération aéroportée de la Seconde Guerre Mondiale est déclenchée, suivant les plans du maréchal Montgomery : 34 800 parachutistes britanniques, polonais, et canadiens sont largués dans les secteurs d’Arnhem, Graves, et Nimègue, aux Pays-Bas, afin de s’emparer des ponts sur la Meuse, le Waal et le Rhin. L’objectif est de couper les Pays-Bas en deux et de contourner la ligne Siegfried. Mais, la résistance des Allemands est rude.

On assiste à l’échec de cette opération. Des pertes humaines sont considérables dans le camp allié : 17 000 morts et blessés. Nimègue a été libérée mais les Allemands tiennent toujours le pont d’Arnhem.*

Au terme d’une résistance acharnée, les troupes allemandes d’Aix-la-Chapelle se rendent.

 

Sur le Front de l’Est, l’Estonie et la Lituanie sont libérées par l’Armée Rouge.

 

En France, le 27 septembre, le Conseil des ministres approuve le principe de nationalisation des houillères du Nord et du Pas-de-Calais et une ordonnance du Gouvernement provisoire donne le droit de vote aux femmes.

 

 

A Moscou, Churchill et Anthony Eden s’entretiennent avec Staline, du 9 au 18 octobre. Ils aboutiront à un accord sur le partage des Balkans :

- prééminence soviétique en Bulgarie et en Roumanie,

- prééminence britannique en Grèce.

En Yougoslavie, les intérêts des deux puissances seront à considérer.

 

En Allemagne, le maréchal Rommel, soupçonné de complicité avec les auteurs de l’attentat du 20 juillet contre Hitler, est contraint à se suicider le 14 octobre.

 

Le 23 octobre, le Gouvernement provisoire de la France est reconnu par plusieurs pays dont la Grande-Bretagne, les USA, et l’URSS.

 

Dès le 9 octobre, le port du Havre avait été remis en service ; celui de Boulogne le sera à partir du 12.

 

Maurice Thorez, condamné pour désertion en 1939, lors de sa fuite à Moscou, est amnistié. Il rentrera en France à la fin novembre.

 

Sur les fronts, la guerre continue. Sur celui de l’Ouest, la IIIe Armée du général Patton libère Metz.

 

Le 11 octobre 1944, l’URSS, la Grande-Bretagne et les USA admettent la France comme quatrième membre de la Commission consultative européenne qui devra organiser le statut de l’Allemagne occupée.

 

Par contre, le 12, les membres de groupes militaires français issus de la collaboration, rassemblés en «une division Charlemagne», prêtent serment à Hitler, pendant qu’une Haute-Cour de Justice, créée par ordonnance, est chargée de juger le chef de l’État, le chef du gouvernement, les ministres et certains hauts- fonctionnaires de Vichy.

 

Le 20 novembre, la Ie Armée française du général de Lattre de Tassigny reconquiert Belfort et arrive sur le Rhin.

Dans le secteur de l’est, toujours sous occupation allemande, la IIIe armée américaine, après avoir libéré Metz, délivre Mulhouse tandis que des unités françaises de la division Leclerc pénètrent dans Strasbourg. Saint-Dié, détruite par les Allemands, passe aux mains de la VIIe Armée américaine.

 

En Pologne, Himmler ordonne la destruction des fours crématoires d’Auschwitz- Birkenau, le 26 novembre.

 

En France, sur le plan de l’économie, le lancement de «l’emprunt de la Libération» rapportera à l’État, 165 milliards de francs.

Le gouvernement qui a fait saisir les biens de la société Renault, transforme cette dernière en Régie nationale des usines Renault, en raison de sa collaboration à l’effort de guerre allemand.

 

En ce dernier mois de 1944, la IIIe Armée  américaine pénètre dans la vallée de la Sarre et en enfonce la ligne Siegfried tandis que la VIIe Armée du général Patch avance dans le Palatinat.

Dans les Ardennes, la bataille fait toujours rage entre Alliés et Allemands et sur le Front de L’Est, l’armée soviétique gagne du terrain, chaque jour.

 

Choyée de tous côtés, je ne me doute de rien. Je viens d’avoir mon premier Noël qui, bien sûr, n’a laissé aucune trace dans ma mémoire. Pourtant, j’ai été gâtée : Emma, ma chère Emma, a commandé pour moi, une nouvelle "mounaque" au Père Noël. Elle est arrivée, habillée en Périgourdine. Je l’ai gardée longtemps puisque je m’en souviens encore, elle avait alors perdu toute sa superbe, ses couleurs étant délavées par plusieurs shampooings et pour avoir, tout simplement, traversé les outrages du temps.

Cette année-là, le Père Noël de Chatou m’a porté un petit ours, mon ami «Tiber». Il était adapté à mon âge et parfaitement articulé.

Tiber, c’est un drôle de nom pour un ours !!! j’ai compris, au cours de ma première année, au collège de Belvès. En anglais, l’ours se dit «the bear» et par déformation, il est devenu «Tiber».

 

Il a fini complètement écartelé, bien des années plus tard, dans le courant de la décennie 70. Les sauvages étaient mes petites cousines. Ma mère a regretté leur avoir prêté mes jouets gardés précieusement dans ma chambre cypriote. Une de mes poupées, la plus belle, a été scalpée. On a essayé de remettre les jouets en état mais la réparation n’a pas été une réussite…

 

Croyant infliger à ces vandales, une leçon de morale, ma chère Clémence leur a déclaré :

- «Françoise, elle, n’a rien abîmé.»

J’imagine qu’il n’y a eu aucun regret !!!

 

 

 

 

 

                                                               

 

 

 

 

 

 

 

  • «Un pont trop loin» film de Richard Attenborough de 1977, d’après le livre éponyme de Cornelius Ryan publié en 1974.

 

arbre généalogique FM 1

 

arbre généalogique FM 2

 

 

 

 

 



27/04/2023
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