Terre de l'homme

Terre de l'homme

De belles gens. Suite n° 23. Saga de Françoise Maraval

 

 

DE BELLES GENS

 

 

Épisode 23     

 

Arthur est de retour.

 

 

                                         

 

                                                           Résumé de l’épisode précédent :

 

Marcel Destal est à l’hôpital de Limoges. Sa santé est sérieusement compromise. Pendant ses autorisations de sorties à Saint-Cyprien, il partagera son temps entre le domicile de sa sœur Emma et celui d’Alice Maraval. Henri Destal est prisonnier en Allemagne à Münster. Le régiment d’Arthur se bat sur le front en Champagne.

Achille Marchive, après avoir rejoint Salonique, se bat lui aussi mais en Macédoine, sur le front Est. Angèle attend son quatrième enfant alors que son mari est dans le secteur de Verdun.

 

 

 

 

Pendant que les familles se débattent avec des soucis et des problèmes qui n’en finissent pas, elles suivent toujours l’avancée des combats et les chamboulements préoccupants dûs à la chute de l’Empire russe. Fonfon note dans son « cahier de guerre » :

 

Le 3 mai 1917 en Russie :

Le ministre des Affaires étrangères russe, Milioukov, déclare que le Gouvernement provisoire restera fidèle aux engagements pris par la Russie à l’égard des Alliés. Cette déclaration entraîne d’importantes manifestations contre le Gouvernement provisoire ; et, le 4 mai, celui-ci doit accepter de négocier avec le Soviet.

 

Le 7 mai en Russie :

La conférence panrusse du parti bolchevik adopte la résolution de Lénine. Un comité central composé de Lénine, Zinoviev, Kamenev, Staline,… est élu.

 

En France, le 15 mai :

à la suite de l’échec de l’offensive du « Chemin des Dames », le général Nivelle est remplacé comme commandant en chef de l’armée française par le général Pétain qui laisse les fonctions  de chef d’état-major au général Foch.

 

 

Lénine (L. Trotsky) - Sommaire

 

Le 17 mai, en Russie :

c’est l’ouverture du premier congrès paysan ; les socialistes-révolutionnaires y sont majoritaires.

Léon Trotski arrive à Petrograd, il est militant marxiste du parti social-démocrate de Russie. Les deux intellectuels, Lénine et Trotski se connaissent, ils se sont rencontrés à Londres alors qu’ils étaient en exil.

                                                                                                                                                         

Le 18 mai, en Ukraine :                                                                                                                   

lors du premier congrès militaire ukrainien organisé à Kiev, le courant socialiste l’emporte sur la tendance nationaliste. La Rada centrale, corps représentatif, créée en mars 1917, est chargée des relations avec le Gouvernement provisoire.

 

Pétain et les mutineries de 1917

 

Tout auréolé d'une forme d'humanisme, le général obtint sa septième étoile et prit, 20 ans plus tard... d'autres rendez-vous avec l'histoire.

Image L'Histoire en question.fr.

 

En France, le 19 mai :

pendant que les mutineries se développent dans l’armée française, le général Pétain rend publique sa première directive afin « d’épargner les effectifs, il faut immédiatement renoncer à des buts inaccessibles au profit d’avancées limitées mais sûres et assurer une défense en profondeur avec l’aide de deuxième et de troisième positions. »

 

Le 19 mai, en Russie :

un nouveau gouvernement est mis en place.

 

File:The Stockholm International Socialist Congress, 1917.jpg - Wikimedia  Commons

 

 

Le congrès de Stockholm. Ne cherchez pas Jaurès. Il a été assassiné deux jours avant la déclaration des hostilités en 1914.

 

En France, le 27 mai :

le Conseil national de la SFIO décide d’envoyer des délégués à la conférence socialiste internationale de Stockholm en vue du règlement du conflit.

 

L’horizon est complètement bouché, on ne voit pas d’issue…

 

La nouvelle lettre d’Arthur étonne Emma mais elle lui apporte, enfin, du réconfort. En raison de son mauvais état général -faiblesse, varices, asthme- constaté pendant que le 50ème RI est au repos à Chaumont-sur-Aire, il annonce qu’il est détaché jusqu’à nouvel ordre, à partir du 1er juillet, comme bûcheron chez la maison Lajuniras à Saint-Cyprien. Il ne le sait pas mais, pour lui, la guerre est terminée, sur le front. Arthur vient d’avoir 33 ans.

 

Carte photo Guerre 1914-1918, Hôpital militaire, Limoges Haute-Vienne, CPA  Poilu | eBay

 

 

Limoges hôpital militaire. Image CPA Poilu

 

 

Emma et Alice sont à Limoges, à l’hôpital ; Marcel bénéficie d’une sortie d’une semaine. Lors de visites précédentes, Alice et Marcel ont confirmé leur rapprochement et leurs liens semblent se resserrer. Cela devient une évidence pour la jeune femme : elle va se marier avec Marcel. Emma essaie de les en dissuader et le reste de la famille pense comme Emma.

Arrivés au village, l’ordonnance du médecin de l’hôpital en poche, Marcel découvre sa nouvelle chambre cypriote. Bien sûr, il la trouve confortable, un seul point le gêne ; il veut participer aux dépenses occasionnées. Emma, mandataire des comptes de son frère, a déjà fait le nécessaire. Tout est en ordre. L’accueil de Maria et de Jean Maraval le rassure complètement. En effet, Maria a raisonné son époux qui se trouve désarmé et plein de compassion pour l’homme que sa fille aime.

 

Marcel va alterner petites promenades et périodes de repos. Dans la journée, il est chez sa sœur et après le souper, il va rejoindre Alice, rue de la mairie.

 

Marcel est « monté » à la gravette, voir grand-père François  bien fatigué depuis le décès de son épouse ; et, il s’est longuement arrêté à la forge où, bien sûr, l’accueil a été chaleureux. Il est arrivé chez Emma, fatigué mais heureux.

 

Les deux premières nuits, il a fallu avoir recours à la piqûre miracle. Blottis dans leur lit de coin, dans la cuisine, Maria et Jeantou ont entendu un début de plaintes qui se sont rapidement confirmées. Comme prévu, la mère est allée rejoindre sa fille dans sa chambre : elle a tenu le bras du malade avec fermeté alors qu’il s’agitait et, ainsi, Alice a pu lui administrer la piqûre. Au bout d’un quart d’heure, il était calmé et dormait profondément. L’infirmière n’a pas pu résister, elle s’est glissée dans le grand lit à la gauche de Marcel. Au milieu de la nuit, il a senti la présence de ce corps chaud et détendu, et il a remercié le ciel pour l’aide qui lui a été envoyée.

 

 

                                                                                                                                                         

                                                                                                                                                        

Dès le milieu de la semaine, les piqûres n’ont plus été nécessaires. Le docteur de l’hôpital avait dit que les hallucinations de Marcel cesseraient s'il se sentait en sécurité. Il se sent pleinement en sécurité, Alice est là, aimante et professionnelle et, en plus, elle va lui communiquer sa force.

 

Elle a su négocier l’aménagement de ses horaires de travail, si bien qu’après le service des petits déjeuners, elle fait une pause pour assurer la toilette de son amant. L’hôtel et la maison sont séparés de quelques mètres et Maria, bonne collaboratrice, a tout préparé pour qu’Alice puisse soigner Marcel, dans de bonnes conditions. Notre homme est revigoré tous les matins ; ce n’est pas un miracle mais il se sent mieux. Ses sourcils ont repoussé , ses cheveux seulement par plaques. Sur les conseils du pharmacien, les frictions à l’essence de lavande lui apportent un confort supplémentaire, et son béret, tout neuf, lui fait oublier quelques misères.

Marcel ne pouvait pas espérer mieux. Le dimanche, pendant son séjour, il a participé activement aux discussions autour de la grande table familiale avec une Alice rayonnante à ses côtés. Bientôt, un nouvel hôte va s’inviter, je pense bien sûr à Arthur.

 

Et Jeantou junior, dans tout cela ? On lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Il profite des absences de sa mère pour renforcer ses liens avec les copains. Ah ! Les copains… Avec eux, il ne fait pas de compétitions d’orthographe, ni de tables de multiplication mais des compétitions à courir la campagne. Emma s’en rend compte en voyant l’état lamentable de ses galoches et de ses habits. Son épaisse chevelure noire ornée de brindilles et d’herbe,  garde le témoignage des combats de nos gladiateurs campagnards. Arthur va bientôt arriver ; il reprendra son fils en main.

 

En effet, Arthur est de retour, amaigri, fatigué, malgré deux semaines de repos. Ses crises d’asthme à répétition l’ont épuisé et l’alimentation, toujours aussi décevante, n’a pas pu l’aider à reprendre le dessus. Côté alimentation, il n’y aura plus de problème. Fin juin, les légumes du jardin, les fraises, les cerises, les abricots sont au rendez-vous. Le patriarche est fier de sa récolte et oublie de remercier le ciel pour autant de clémence, comme si tout le mérite lui revenait.

Le premier dimanche de juillet 1917, toute la famille est autour de la table de la rue de la mairie. Marraine Angélique a voulu honorer le retour d’Arthur en lui offrant une belle pipe venue des ateliers de Saint-Claude et, pour le dessert, elle a apporté un magnifique fraisier de chez Morneau, le pâtissier. Auguste donne des nouvelles de « Monseigneur », désormais au repos, puisque le jeune cheval « Passepartout » a pris le relais. C’est l’occasion de parler de la petite entreprise de transport et des clients qui, maintenant, sont en majorité des femmes. Emma a baissé les tarifs par solidarité avec ses clientes qui se débattent au milieu de  difficultés quotidiennes.

Cependant, il manque Henri et Marcel, l’un prisonnier en Allemagne, l’autre en convalescence à l’hôpital de Limoges ; et, bien sûr, on pense à André, notre disparu…L’état de santé de Marcel est largement évoqué ; il va mieux mais son avenir reste préoccupant. Seule, Alice pense qu’ils vont avoir de beaux jours devant eux et on est loin de l’avis des médecins de l’hôpital.

Fonfon tient toute sa place : il parle avec assurance de son apprentissage de mécanicien et reçoit les félicitations de son frère aîné. Le benjamin a raison, l’avenir est dans l’automobile et le camion.

 

Arthur s’est présenté au patron de l’exploitation forestière et, après deux jours de repos supplémentaires, il est sur le terrain. Les équipes sont composées de territoriaux détachés comme lui, de jeunes de moins de 18 ans et d’anciens de plus de 50 ans. Pendant les casse-croûtes, on parle de la guerre et des expériences des uns et des autres. Les jeunes ouvrent grand leurs oreilles et sont captivés par tous ces récits. Le soir, Arthur rentre fatigué mais l’ambiance est bonne et, surtout, il rentre chez lui retrouver sa femme et son fils. Le bois débité part en chemin de fer sur le  front. Des camions «  Berliet » acheminent le bois de l’exploitation à la gare du Buisson. Rapidement, fort de son expérience, dans l’arme du Train, Arthur devient chauffeur.                                                                                                                                                     

                                    

 

 

 

1

 

 

 

                                               Les camions « Berliet » des forestiers

 

Ces camions font rêver Arthur… Il a des projets !!!

 

 

 

 

Françoise Maraval

 

Sans titre 5

 

 

 

AG 1

ag-2_9302834

 



14/05/2022
3 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 197 autres membres