Après les commentaires d'anciens élèves
Le précédent billet, cosigné par une ancienne élève et deux complices de scène de théâtre amateur, qui salue un anniversaire marquant d'une enseignante bien hors du commun, a suscité des commentaires d'anciens écoliers qui, spontanément, ont voulu faire part de leur attachement à celle qui a ouvert leur parcours scolaire. Pour eux, se mêlaient, dans leur esprit, les terminologies de maîtresse d'école et d'institutrice. Ces terminologies qui, certes, n'ont rien de dévalorisant, tout au contraire, ont été écartées au cours des siècles, pour devenir "professeur des écoles".
Pour beaucoup, pour ne pas dire tous, ces professeurs des écoles, héritiers des méritoires Hussards noirs de la République, sont bien loin des formateurs qui, sur les bancs des écoles, n'étaient pas toujours des plus amènes et rassurants. On a toujours -et dans tous les domaines- connu des sillons générationnels séparateurs de méthodologies. Michelet, dans "Les palombes ne passeront plus", n'a-t-il pas trouvé que les laboureurs modernes devaient défoncer les sols plus profondément. Il y avait, jadis, des enseignants qui émerveillaient leurs élèves par leur pédagogie empreinte de calme, de respect de l'élève. Pour d'autres, c'était bien plus spartiate.
Dans le feuilleton télévisé, la dictée, le vieux maître d'école pensait, voyant son successeur, Louis Messonnier, partir sur une envolée hugolienne, que les élèves ne le suivraient pas.
Les occitanistes emploient dans la belle langue de nos aînés, le mot "regent" e "regenta", pour parler de l'instituteur et de l'institutrice. Plus fouillé, ou plus littéraire, "lo mèstre" était parfois entendu. "Mestressa", son féminin, était, semble-t-il moins utilisé.
Attendons les réactions de notre ami Jean-Claude Dugros qui, probablement, aura quelques souvenirs ou enrichissements à apporter.
On a, plus de 30 ans après la mutation linguistique et la réforme de Lionel Jospin, qui remonte à 1991, inventant les professeurs des écoles, bel et bien l'impression que la terminologie d'instituteur et d'institutrice peine à disparaître. Les fonctions ont tendance à vouloir demeurer dans l'esprit populaire. Nos braves paysans du Périgord, parlant du chef de secteur ou de l'agent technique de la SEITA, balayant la hiérarchie, disaient, avec une forme élitiste de déférence, l'employé des tabacs. Le "brigadier" d'antan, dans une gendarmerie rurale, était souvent un maréchal des logis chef. Dans le milieu populaire, on promouvait volontiers au rang de chef de gare, l'agent qui travaillait dans une modeste gare. Certains chefs de gare ont, néanmoins, diversement apprécié quand, dans les textes sécuritaires, après avoir été des chefs de gare, puis chefs de sécurité, ils sont devenus agents-circulation. Plus encore, d'aucuns ont cru déchoir quand le titre de chef de gare devint, hiérarchiquement, obsolète.
Pagnol s'est plu, dans le verbe de Soubeyrand, à hisser le père de Jean de Florette, employé du trésor, au rang de percepteur.
Quelques enseignants "ont souri" quand on les a "promus" professeurs des écoles. Parmi eux, certains ont lâché "quelle c… a-t-on inventé là". Plus sérieusement, d'autres, plus pointilleux, ont tenu à garder leur titre, ô combien noble, d'instituteur.
Laissons chacune et chacun avoir son point de vue sur ces changements de vocabulaire… qui n'ont pas toujours été bien perçus.
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Quand l’école a-t-elle été dévolue aux instituteurs ?
On connaissait dans l’ancien régime, les mots de « maître, pédagogue, précepteur, régent, escolier (un étudiant fréquentant l’enseignement supérieur), gouverneur…» Le terme d’instituteur n’a pas été employé avant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il n’est passé dans l’usage courant qu’après la Révolution de 1789.
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Pascale Rocard. "La dictée" Image © PicClick.fr |
Notre langue employait, autrefois, le mot institution dans le sens d’éducation. Vers 1580, Montaigne, dans ses Essais, a intitulé un chapitre « Institution des enfants, » et décrit comment Gargantua fut « institué » par un sophiste ou professeur d’éloquence. Il semblerait donc que le beau nom d’instituteur, celui qui fonde, qui met debout, qui institue, ait été précédé par les mots instituer et institution. Formés dans les anciennes écoles normales, les instituteurs seront remplacés par les professeurs des écoles, pris en charge depuis 1991, sous Lionel Jospin, dans les Instituts Universitaires de Formation des maîtres [I.U.F.M.].)
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Notre langue employait, autrefois, le mot institution dans le sens d’éducation. Vers 1580, Montaigne, dans ses Essais, a intitulé un chapitre « Institution des enfants, » et décrit comment Gargantua fut « institué » par un sophiste ou professeur d’éloquence.
Il semblerait donc que le beau nom d’instituteur, celui qui fonde, qui met debout, qui institue, ait été précédé par les mots instituer et institution.
Formés dans les anciennes écoles normales, les instituteurs seront remplacés par les professeurs des écoles, pris en charge depuis 1991, sous Lionel Jospin, dans les Instituts Universitaires de Formation des maîtres [I.U.F.M.].)
http://patrimoinelaroque2.unblog.fr/2021/04/16/le-maitre-decole-le-regent-et-linstituteur/
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