Terre de l'homme

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Bon anniversaire Andrée

 

 

 

 

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Photo Andrée Carrier-Teilhaud  

Aujourd'hui, Andrée devient nonagénaire. Bien sûr, tout le lectorat de "Terre de l'homme" lui souhaite un très bon anniversaire.

 

 

Qui est Andrée Teilhaud.

 

Andrée Carrier, charmante Eumacoise, naquit dans le hameau de Bonnemort, écart de Saint Chamassy, quand les collines de ce versant de Vézère étaient encore à l'abri de la spectaculaire évolution d'un siècle secouant les archaïsmes. Les ruraux de l'époque n'avaient pas encore vu les engins agricoles, remuer le sol de leurs champs et les bucoliques chemins ruraux étaient tous des chemins de terre. Les plus fréquentés d'entre eux devenaient d'agrestes voies blanches qui conduisaient aux villages.

 

Andrée, écolière, collégienne, lycéenne puis normalienne, tôt, très tôt, trouva le sens de sa mission. Elle sera institutrice ; et, sa vie durant, elle ne regretta point son choix qui lui donna beaucoup de satisfaction, en suivant ses élèves dont certains sont partis haut, très haut, dans l'ascension sociale, en fréquentant les écoles d'ingénierie ou en secouant les portes des facultés, signant ainsi le principe pédagogique qui retient que c'est, dès les plus jeunes années, que les élèves trouvent leur équilibre, affirment leur personnalité, tracent leur voie et se lancent dans la vie active.

Andrée voulait ardemment que ses élèves, à l'abri de désastreuses pressions psychologiques assorties de regrettables et stupides coercitions, soient en capacité cognitive d'être au centre de la vie éducative, pour prendre l'itinéraire du savoir comme une préhension volontaire des connaissances de base. Ce n'était pas encore tout à fait dans l'air du temps. Il restait encore beaucoup d'enseignants pour qui la verticalité était une règle intangible, absolument intouchable et incontournable.

 

Jeune institutrice, entre le 13 février au 29 mai 1960, Andrée collecta les signatures contre le financement public des écoles privées. Cette campagne nationale recueillit 10 813 697 émargements. 

 

Andrée confiait un jour, en aparté et presque confidentiellement, qu'elle fut marquée par un épanchement de la directrice de l'École normale de La Rochelle qui lui inculqua ses bases pédagogiques. Surprise mais séduite, elle comprit que, dans les cas extrêmes, "il fallait savoir désobéir".  Cette fine formatrice d'enseignantes ciblait là, les circonstances les plus délicates de riposte à d'ignobles directives inhumaines,  imposées par une autorité complice d'une idéologie terrifiante qui a bien tourmenté.

 

Andrée ouvrit le chemin du savoir à Sainte Foy, à Larzac puis à Sagelat, où elle guida les élèves pendant 35 ans. Andrée ne s'inspira pas de Sheila qui chanta, en 1963, "... mais oui, mais oui, l'école est finie ". Pour elle, jamais l'école ne finissait. Elle était chantresse de l'école de la vie. Très jeune institutrice, elle fut, avec Jacques-Louis Teilhaud et Amédée Delmond, du trinôme qui fonda l'Amicale laïque de Sagelat. C'était quand la laïcité, déjà, faisait débat et que les instituteurs et institutrices faisaient face à une gouvernance qui ne la mettait pas au premier rang de sa motivation. Ils se battaient comme de beaux diables, obtenaient des signatures d'adhésion pour enraciner le concept de l'école laïque.

 

Andrée immergea l'amicale laïque dans ses fonts baptismaux républicains. Elle lui donna une envolée créative et culturelle, en associant la jeunesse et les adultes à cette épopée. Elle fut, en 1962, Lioubov Andréïevna Ranevskaïa, le personnage-clé féminin de La Cerisaie de  Tchekhov. Le dramaturge russe disait que sa Cerisaie était une comédie mais le public trouva bien là, un accent avant-gardiste et symboliste.

 

La Cerisaie

 

1962. Andrée est, sur la photo des comédiens, le troisième personnage en partant de la droite.

 

Celle et ceux qui ont, alors, vu Andrée, interprétant une aristocrate ruinée, pénétrant,  nostalgique, dans La Cerisaie, en disant avec  émoi " La chambre des enfants ",  ont identifié son talent scénique. Tout fut dit.  Andrée fut l'épouse du dernier filateur fongauffiérain et elle partagea avec lui, cette passion théâtrale qui perdure encore et toujours dans le Val de Nauze.

 

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1963.  Image émouvante de L'invitation au château, de Jean Anouilh. Andrée,  sur un banc, avec l'inoubliable et regretté Amédée Delmond.

 

Andrée ne fut pas que le personnage impulsant la vie théâtrale. Elle voulait ouvrir la ruralité profonde au monde extérieur. Les premiers voyages scolaires et périscolaires furent un des points de son fil rouge. La création de la salle des fêtes sagelacoise, lieu associatif bien vivant, fut certainement son point d'orgue.

 

Pour cela et tant d'autres choses, le sillon du Val de Nauze ne saura jamais oublier qu'Andrée fut la pionnière d'un chamboulement pédagogique, certes, mais plus encore de cet éveil culturel et citoyen car Andrée fut, aussi, la première élue sagelacoise.

 

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Image de continuité culturelle nauzéroise de cette vie artistique : Andrée entourée de Maryse et Christian Bouyssou.

 

Contribution plurielle de Catherine-Jacqueline Deï-Tos, Denise-Janine Pasquet-d'Angelo, Josette Boussat-Port et Pierre Fabre

 

 



19/12/2023
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