Terre de l'homme

Terre de l'homme

Saluons l'arrivée du printemps par Jacques Lannaud

 

cerisiers

 

Un printemps qui s’apparente presque à une saison des pluies comme dans ces pays de l’hémisphère sud, serait-ce que le temps ne s’y retrouve plus dans le déroulement des saisons ?

Dérèglement climatique à coup sûr, après une période caniculaire éprouvante pour la nature et les êtres vivants, nous reconnaissons à peine le printemps du poète Charles d’Orléans :

 

Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderies,
De soleil luisant, clair et beau

Il n’y a bête, ni oiseau,

Qu’en son jargon ne chante ou crie :

Le temps a laissé son manteau !

Rivière, fontaine et ruisseau

Portent, en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie,
Chacun s’habille de nouveau
Le temps a laissé son manteau.

 

Confrontés aux forces de la nature, fini le temps lointain où l’on faisait appel à la clémence des Dieux ; et, dans ces périodes printanières, nous savons que Dame Nature peut se jouer de notre patience, de notre imprévoyance, qu’elle peut se rebiffer, passer de la douceur et de la brise caressante au froid mordant, aux gelées intempestives, destructrices de nos cultures, de nos arbres fruitiers, de nos
vignes, fleurs qui ont osé montrer le bout de leur nez. Elle nous rappelle, brutalement, à la sagesse, à la prudence et fait fi de nos jérémiades. Nos tergiversations, nos indécisions, nos retards, elle n’en a que faire, à nous de deviner les aléas fantaisistes calendaires qui, en quelques instants, anéantissent tout un travail au service de la terre. Quelle ingratitude !

 

hanami

Hanami au Parc oriental de Maulévrier © Mehdi Media

 

 

A la fin de la période caniculaire, elle aussi porteuse de calamités, on aurait pu chanter avec Gilbert Bécaud :


Le jour où la pluie viendra, nous serons les plus riches du monde
Les arbres pleurant de joie,
Offriront dans leurs bras les plus beaux fruits du monde,
Les branches nues que rien ne bouge se gorgeront de pluie
Et le blé roulera par vagues au fond des greniers endormis...

 

Mais, ce n’est plus le moment d’implorer. Voici venue la pluie en abondance, averses succédant aux giboulées tombent sur la terre qui n’a plus soif, remplissent rus, ruisseaux, rivières, fleuves qui s’étalent hors de leur lit, inondent les champs et pénètrent dans les maisons.

 

pont rouge

 

Le pont rouge

 

 

Jardins, parcs, sources, cours d’eau, nappes phréatiques, prairies, forêts ne cachent pas leur joie ; enfin, le carburant céleste est de retour et redonne vie à ces étendues brûlées par les rayons violents du soleil, redonne vie à ces lacs pitoyables qui s’évaporaient laissant voir leurs rives et leurs entrailles desséchées, retrouvant leurs berges humides et verdoyantes, leurs poissons et toute cette faune aquatique qui s’agite dans les roseaux.

 

Soyons soulagés, nos centrales électriques peuvent de nouveau fonctionner à plein régime sans rejeter de gaz polluants à effet de serre dans l’atmosphère ; et, possible, qu’à la saison estivale, les potagers se rempliront de salades et de tomates.


Alors, reprenons les randonnées bénéfiques, lançons-nous à l’assaut des chemins fleuris de pâquerettes, de violettes, de jonquilles, ne laissons pas passer le printemps sans lui rendre hommage, l’hiver est derrière nous.


Pourquoi ne pas profiter de ce moment exceptionnel, pour arpenter les allées du plus grand parc japonais d’Europe, à Maulévrier, qui étale ses 29 ha sur les bords de son lac paisible et reposant, à la découverte des magnifiques rhododendrons, camélias, azalées sous les frondaisons de son imposant arboretum. D’autant qu’il s’est mis en majesté, ayant revêtu sa robe princière, celle des cerisiers en fleurs éclatants, cette période dénommée l’hanani qui correspond au pays du Soleil Levant, à l’hommage à la floraison dit Sakura.

 

sculptures khmères

 

Jardin remarquable, ainsi classé par ces autorités horticoles venues de cet Extrême-Orient, qu’ils ont référencé à l’époque EDO correspondant au règne Shogun de 1600 à 1868 dont les représentants avaient choisi EDO pour capitale devenue plus tard Tokyo, délaissant Kyoto, la cité impériale.

 

Ginkgo biloba, érables qui virent au pourpre à l’automne, hêtres, chênes, trembles... buis taillés selon des techniques spécifiques aux jardins japonais. Des torii ou portails peints en rouge donnent accès au sanctuaire Shintoïste, religion avant le bouddhisme, les toro, sorte de panier à lumière ou phare, suspendus, en bois, pierre, bronze, porcelaine et des figurines de pierre typiques des sculptures extrême-orientales qui évoquent ces temples cambodgiens d’Angkor avec leurs danseuses
lascives. Ce magnifique temple khmer dont les portiques sont ornés du dieu Vishnou, le dieu de l’harmonie, gardien et protecteur de l’humanité et de la déesse Lakshmi, déesse de l’abondance, de la prospérité.

 

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Ainsi, ce parcours d’est en ouest est celui, aussi, de la vie selon la philosophie japonaise de l’époque Edo et le paradis des âmes shintoïstes, à hauteur des îles de la Grue et de la Tortue basées sur le culte des KAMIS, forces naturelles du vent, des rivières et des montagnes.


Le parcours nocturne est tout aussi séduisant avec illuminations, éclairages colorés comportant six étapes agrémentées de musiques et de contes japonais.


Mais, je sais que la Dordogne est en pleine renaissance grâce aux photos remarquables de Bruno Marty qui nous apportent fraîcheur et beauté naturelle de la campagne et des cours d’eau.

 

Alors, vive le Printemps !

 

Jacques Lannaud

 

photos extraites du site officiel du parc oriental de Maulévrier



05/04/2024
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