Cent vingt ans de vie rugbystique ont marqué la vie du castrum... et au-delà.
Le stade belvésois en 1947
De gauche à droite :
En haut : Marcel Roussely, X, Jacques Carcenac, André Casse, X. Lafon, X. Albe, X. Nadaud, Gabriel Martegoutte, X. Alcodorri, X. Pellegry, X. Guimbaud-Delluc,
En bas : Gilbert de Goïti, Jean Manchotte, Zézé Sanchez, X. Martinet, André Grandet, X Guichard, X. Magnanou
Il est toujours émouvant de retrouver des images qui, 3/4 de siècle après, font revivre des personnages qui ont porté l'allégresse tonique et sportive de nos villages. Celle-ci est une belle illustration de "rupture" sociale. Des garçons aux cursus fort différents qui, ailleurs, pour certains, auraient probablement usé de voussoiement là, autour de la pelouse de Sem Gallet, dans une sympathique symbiose, partaient à la rencontre d'autres équipées rugbystiques tout aussi motivées.
Il reste à retrouver celui du personnage en uniforme... probablement un gendarme.
Ces sympathiques adeptes du rugby, image 1910/1911, 40 ans après la Guerre de 1870 qui détacha l'Alsace et la Lorraine de notre République, ignoraient que dans peu de temps, ils allaient ferrailler avec les hommes du Kaiser. Là, hélas, il ne s'agira pas de faire bouger une balle ovoïde d'une ligne de but à l'autre mais d'affrontements atroces.
Combien de ces jeunes gens ont payé de leur vie les rivalités des détenteurs de pouvoir de l'époque... ne sachant y répondre, disons simplement que celui qui est en haut, le second à partir de la droite, Jean-Octave Sem Gallet, est parfaitement identifié. Est-il le seul de cette équipée, équipée qui, a priori, était composée au moins en grande partie des jeunes étudiants du bassin de vie nauzérois, à avoir donné sa vie sur les champs de bataille ? Aucune certitude car le listage des noms n'apparaît pas dans le "musée rugbystique" d'Émilien Lacaze. Le stade belvésois, lui, porte le nom de Sem Gallet.
____________
Faut-il que je précise que, personnellement, je ne suis pas du tout sportif en général... ni rugbyphile en particulier, d'autant plus que je ne connais absolument rien des règles de ce sport qui suscite de folles passions en Ovalie, pays aux limites fort indécises dont le pivot pourrait être un village, terrasse de la Nauze, où jadis on parlait occitan.
Je me suis même autorisé à dire à mon proche voisin, ami depuis 1957, qui a pratiqué ce sport et même, pendant quelques années a arbitré, que je savais tout juste que la balle des adeptes du rugby avait une curieuse forme ovoïdale.
On est quand même fier des lauriers de nos concitoyens même si l'on ne maîtrise pas du tout leurs rites.
Grâce à la complaisance amicale de Valentin PLAT, journaliste sportif à ici Périgord qui m'a donné l'autorisation de prendre appui sur son reportage je puis vous livrer les images de son passage à Belvès ce 2 août. J'ai été fort impressionné par les interviews de mes amis Alain Giffault, Serge Orhrand et Michel Boucherie. Tous les 3 furent particulièrement à l'aise, en face du microphone, ce qui n'est pas le cas pour tout un chacun. Je les ai connus au dessus des remparts belvésois où nous fumes collégiens. Alain, le plus âgé, devait être parmi les plus en avant, Michel fut mon condisciple tandis que Serge poussa les portes des vénérables remparts quelques 2 ans plus tard.
Bien sûr j'ignorais, à l'époque, qu'Alain, en 1962 allait, à Châteauroux devenir champions de France de rugby de la Troisième série. Je savais encore moins que Michel, en 1969, allait porter le bouclier de Brennus à Bègles.
Alain, tout naturellement fier de ses racines belvésoises, a toujours un mot gentil pour ceux qu'il a connu dans sa jeunese.
Serge, personnage de la vie politique locale, n'oublie pas non plus les années 60 où il foulait la pelouse de Sem Gallet.
Michel, lui, a bien été à Châteauroux comme supporter de ses aînés. Il garde, bien sûr, un excellent souvenir de cette journée castelroussine mais, plus encore, de celle du 18 mai 1969 quand Bègles remporte le championnat de France contre Toulouse au stade Gerland de Lyon. Le score fut serré, 11 à 9.
Un grand merci à Valentin PLAT, journaliste sportif à ici Périgord, pour son crédit photo.
________________________
À Sem Gallet "Terre de l'homme" rencontra les Gaziers de Gascogne.
Photo © "Terre de l'homme" Pierre Fabre
Situons la Gascogne. Cette terre occitane a des contours souvent discutés. Pour faire simple, disons qu'elle englobe le bassin de l'Atlantique à l'Ariège. Au sud, les Pyrénées définissent sa limite naturelle la séparant de l'Aragon espagnol, au nord la Garonne l'unit à la Guyenne mais d'aucuns poussent la limite à Sauveterre-la-Lémance. Il y a une cinquantaine d'années, lors d'un entretien télévisé, Guy Ducolonné*, natif de Monsempron-Libos, aux anciennes racines périgourdines, dit avec une pointe d'humour qu'il était gascon. Bien avant le grand résistant, qui survécut à sa captivité à Buchenwald, Edmond Rostand par licence littéraire, avec Cyrano, a avancé la Gascogne jusqu'à… Bergerac.
Peu importent les limites, elles ont trouvé un socle élargi au cours de l'histoire. Cette terre de Gascogne est la terre des mousquetaires, personnages plus que largement enjolivés par la plume romanesque d'Alexandre Dumas. Ces fiefs sont aussi le chevalet du vaste vignoble d'où on a conçu la plus ancienne eau-de-vie de France connue dès le Moyen âge pour ses vertus thérapeutiques. L'Armagnac, souvent associé à la Bigorre, c'est aussi un bassin rugbystique où les performances ont été portées par des joueurs d'exception depuis bien des décennies. En Gascogne, le rugby est une religion au moins aussi forte que le football à Manchester.
* Guy Ducoloné, homme politique français, né le 14 mars 1920 à Monsempron-Libos, décéda le 25 août 2008 à l'hôpital Georges Pompidou de Paris. Communiste de la première heure, il s'engagea dans la Résistance pendant l'Occupation allemande et il survécut à la déportation à Buchenwald. Député de 1964 à 1988 et vice-président de l'Assemblée nationale de 1981 à 1986, il fut également conseiller général de la Seine de 1953 à 1967, puis des Hauts-de-Seine de 1967 à 1988.
Situons les gaziers. Les encyclopédies les définissent comme les ouvriers ou employés qui travaillent à la fabrication, au transport, à la distribution ou à l'utilisation du gaz. Dans le milieu populaire, "on" s'est plu à donner aux gaziers, une synonymie aux terminologies de gars, gnards, hommes, "mecs", quidams, soldats, "rombiers". Dans l'expression triviale, on veut, souvent, imaginer les gaziers en joyeux drilles, un rien fanfarons, qui osent bousculer les clichés.
Photo © "Terre de l'homme" Pierre Fabre
Les manifestations rugbystiques, surtout lorsqu'elles sont grandioses, sont des temps forts musicaux où les musiciens et chanteurs savent donner à ces moments, des accompagnements réunissant le public des deux tribunes. Citons l'émouvant "Se canto" attribué, sans la moindre certitude, à Gaston Phébus et "Montagnes Pyrénées", chanson palpitante d'Alfred Hector Roland qui réunit bien des clubs rugbystiques de la Garonne aux Pyrénées.
Compositeur et poète français, Alfred Hector Roland, né le 22 janvier 1797 à Paris et mort le 13 mars 1874 à Grenoble, est le créateur du conservatoire de musique de Bagnères-de-Bigorre et de l'orphéon des Chanteurs montagnards. Il est l’auteur d’un grand nombre de chansons considérées comme des classiques du chant montagnard pyrénéen.
Photo © "Terre de l'homme" Pierre Fabre
Le tirage de la tombola, décernant le fauteuil des 120 ans de rugby, fut le dernier moment de cette journée où les autochtones et les vacanciers ont loué ces équipées qui ont marqué la vie rugbystique belvésoise.
A découvrir aussi
- Ici Périgord
- Á l'unanimité, "Les amis du bassin de la Nauze" ont porté Françoise Martinet à la présidence de leur association.
- Une tonique balade collinaire nauzéroise
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 229 autres membres