Terre de l'homme

Terre de l'homme

Avoir sa classe, bien à soi, quelle satisfaction pour une jeune pédagogue.

 

 

 

Manon Desplain-Bossenmeyer, charmante professeur des écoles, a 24 ans. Elle tient tout particulièrement à affirmer son patronyme composé. Celui-ci incarne ses racines plurielles dont elle est, à juste titre, fière parce qu'elles fouillent la France profonde, celle des arrondissements populaires de Paris, là où J-Baptiste Clément composa "Le temps des cerises", celles de cette Alsace attachante que le binôme d'Erckmann-Chatrian rendit populaire pour les écoliers des siècles précédents, sans oublier, bien sûr, le Périgord de ses aïeux maternels où il n'y a pas si longtemps, l'occitan était l'idiome naturel.

 

Petite-fille de résistant, lectrice lors des manifestations du souvenir,  Manon s'est, avant tout et surtout, consacrée à son cursus d'étudiante qu'elle mena en terre limousine. Manon, tout naturellement, est fière de ses parents, sa mère était secrétaire à la mairie de Paris et son père conducteur de métro. Elle regrette que celui-ci, subrepticement, lui ait échappé, il y a quelques mois. Elle tient par son opiniâtreté pédagogique à porter l'image intime de son géniteur.

Obtenir un poste de professeur des écoles, bien à soi, avec des élèves dont on est persuadé d'être un peu, sans empiéter sur les paramètres sacrés des parents, les guides ou maîtres d'œuvre de leur ouverture d'esprit, voilà une mission qui fait rêver les étudiantes et étudiants dont l'aspiration n'est pas d'obtenir un emploi quelconque mais l'aboutissement idéal de leur attente. On devient vendeur en informatique, opérateur sur un terminal, employé d'un service ou d'un laboratoire. Cela concrétise un besoin de gagner sa vie. Opter pour une carrière de pédagogue, ce n'est pas du tout comparable. Il faut, avant tout et surtout, avoir la foi de sa pédagogie, vouloir que l'éducation soit un chantier permanent de la formation de futurs citoyens qui comprennent et ont compris que l'école n'est pas une quelconque obligation mais une chance de découvrir une langue, avec ses finesses, une méthodologie pour s'approprier les bases du savoir mathématique, scientifique et tout simplement de la vie sociétale, sans oublier celle de la terre. Voilà un chantier immense, follement séduisant et terriblement prenant.

Ne dit-on pas “Le plus beau métier du monde, après le métier de parent (et d'ailleurs, c'est le métier le plus apparenté au métier de parent), c'est le métier de maître d'école et c'est le métier de professeur de lycée.

 

Nous avons tous, malheureusement, de lointains souvenirs de certains enseignants –et, hélas, il y en avait pas mal- qui, à contresens permanent, cultivaient l'art d'être revêches, offensants, désagréables à l'envi, brutaux et coercitifs. Ils se croyaient les meilleurs formateurs de l'humanité et, cerise sur le gâteau, ils osaient non seulement humilier les élèves en difficulté et savaient avoir une considération élitiste. Ces temps-là, fort heureusement, sont révolus ou en voie de l'être.

 

 

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Manon en classe

 

 

Le cours de C.M. 2 de Manon. Image © prise par elle-même.

 

Manon, lors de cette rentrée de septembre, fut affectée pour son premier poste à l'École communale de Panazol. Panazol, seconde cité de l'agglomération limougeaude, avec 11 000 habitants, se détache de la métropole haut-viennoise par le creuset séparateur de la Vienne. Panazol, c'est un peu pour Limoges, comme Villeurbanne pour Lyon, une excroissance qui fera, au cours des décennies futures, de plus en plus oublier qu'il y a là, un passé qu'il ne faudrait pas oublier. Panazol, lors de la grande Révolution, n'atteignait pas le millier d'habitants et les Panazolais se considéraient comme les gardiens d'une porte rurale à l'écart de la ville.

 

P-B F.

  



18/09/2022
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