Terre de l'homme

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De la vieille fille à la femme célibataire

 

Anaïs 1

 

 

A la lecture de l'excellent article de Pierre Fabre de décembre 2020 "Sur les pas d'Anaïs", je décidai de me procurer l'ouvrage de Guy de la Nauve : "Anaïs Monribot" que je ne connaissais pas.

Mon bouquiniste vient de le dénicher dans son stock à Limoges et je me suis empressé de le lire.

Le portrait d'Anaïs qu'avait fait Annie Delperier en 2010, est remarquable. Cette analyse, faite au scalpel, d'une commune sous l'emprise d'une vieille fille qui la manipule à son gré, alternant promesses et menaces, relève plus du mélodrame comme le dit Pierre que de la comédie, même si le subterfuge de la préface laissait espérer une satire plus bienveillante. Je ne remets pas en cause la qualité de l'écriture, je dis que le mot "réjouissant" employé par Annie est inadéquat au malaise que provoque l'obstination de la vieille fille à se jouer d'une population qui se résigne. Irascible, cruelle, elle me fait penser à la Folcoche d'Hervé Bazin dans Vipère au poing. Dans ce roman où Anaïs, à  aucun moment, ne fait preuve d'empathie, on a de la peine à respirer.

Toute autre est l'atmosphère de "Clochemerle" écrit la même année (1934)  par Gabriel Chevallier.

Avec Anaïs, nous étions dans le registre d'une monographie sans concession ; avec Justine Petit, nous sommes dans celui de la comédie.

Dans la société de Guy de La Nauve, on étouffe, dans celui de Gabriel Chevallier on respire.

 

femme à lunettes
marry me

 

 

Cela dit, Anaïs et Justine sont les archétypes de la vieille fille dont la palette va de la femme autoritaire, revêche, guidée par la méchanceté à la femme effacée, inoffensive et qui rase les murs. L'expression "vieille fille" était devenue tellement péjorative qu'elle a été abandonnée, tout au plus emploie-t-on encore celle de "vieux garçon".

Pourquoi tout ce discrédit ?

Il n'est pas surprenant de constater que l'expression "vieille fille" apparaît au XIX ème siècle, siècle bourgeois où l'homme règne en maître, obsédé par les alliances qui ont pour but la perpétuation de la lignée et l'accroissement du patrimoine. Dans cette société, les vieilles filles sont tenues à l'écart, elles vivent seules, laissées pour compte. N'ayant pas pu ou voulu trouver un mari, auraient-elles un vice caché ?

Je mesure la détresse et la solitude où  les confinait leur état. Il est heureux qu'on emploie aujourd'hui le terme de femme célibataire.

 

 

 

belvès

 

 

Ce livre, par delà son contenu, m'a fait découvrir les croquis de Lucien de Maleville (1881-1964), peintre paysagiste réputé, descendant de J de Maleville (1741-1824), un des rédacteurs du code civil et surprise, une dédicace de l'auteur à l'intention de madame Alfred Tarde, épouse de l'écrivain et journaliste (1880-1925), descendant du renommé Jean Tarde (1562-1631), historien, astronome, philosophe et théologien qui eut, à Rome, un entretien avec Galilée.

 

 

dedicace

 

 

Guy de La Nauve était en bonne compagnie.

Notre région est une pépinière de talents : rive gauche, Guy de La Nauve, rive droite, le docteur Boissel, la liste est loin d'être close.

 

Pierre Merlhiot 



01/03/2021
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