Donner ou redonner un nom à nos sources, à nos ruisseaux, à nos sentiers et à nos collines.
L'onomastique, branche de la lexicologie, porte merveilleusement nos racines, notre histoire et, parfois, fait revivre des toponymes qui, depuis longtemps, ont perdu leur sens historique.
La Vieille-Mer, un cours d'eau bien inconnu au cœur du vaste espace olympique dyonisien. Image Sage crédit photo © Olivier Delahaye
C'est un peu pour tout cela, qu'il est important de ne point perdre ces terminologies qui ont tendance à nous échapper. Qui, dans le bassin urbain de Saint Denis, connaît l'histoire, ou plus simplement le nom, de la Vieille-Mer, petit cours d'eau de 6 km qui conflue avec la Seine à 2 500 mètres du Stade de France. Il est recouvert sur une bonne partie de son cours. Plus proche de nous, La Cuze, à Sarlat, elle aussi, depuis l'ère de la sénéchaussée et plus encore depuis les travaux engendrés par la loi Malraux de 1962 prescrivant sa réhabilitation, est recouverte dans sa traversée urbaine. Cet effacement de la Cuze fait, qu'au sein des jeunes générations, son hydronyme est loin d'être connu comme il le mériterait.
Les noms des villes, parfois, changent au rythme de grandes épopées historiques. Saint Étienne fut brièvement Armeville et Pontivy, Napoléonville. Nos fleuves et nos rivières, eux, restent bien stables depuis des siècles. Notons, cependant, que dans sa forme première, notre Dordogne s'appelait "Duranius", puis devint "Duranus" à l'époque romaine, " Dordonia " au Moyen-Âge et, finalement, "Dordogne" au XIXe siècle.
Sous l'Ancien Régime, avant que le cadastre ne devienne un outil admis et reconnu par tous, tous les lieudits et parcelles de terrain, quelle que soit leur étendue, avaient un microtoponyme. C'était Malecourse, un lieu de guet-apens sagelacois, tout près du Bos Rouge, c'était Soubartelle, un carrefour de chemins de la Bessède, etc. On trouvait des microtoponymes plus spécialement appliqués à un lointain propriétaire ou occupant comme Le Pré de Cordy que l'urbanisation sarladaise a promu cité lycéenne au sein de son quartier du Pontet. On trouvait, par exemple, des lieux inhabités tel Le Champ Batailler, Fonpasserelle, Pré de la Ville, un Terre d'en Haut, un Terre d'en Bas, beaucoup de Combe Nègre, de multiples parcelles dénommées Rivière, La Fontaine, etc, etc.
La Patte d'Oie du Bout de la Côte, 36 route du Cayre Leva, parcelle C 105 de Siorac, était, jadis, beaucoup plus aisément située que sous sa référence cadastrale.
Les reliefs coiffant nos bassins de vie, en général, sont bien identifiés, ainsi Le signal d'Écouves, point culminant de la Normandie, situé dans la forêt d'Écouves, sur le territoire communal de Fontenai-les-Louvets, dans le département de l'Orne, au nord d'Alençon, ressort bien sur les cartes. Aujourd'hui, si la cartographie doissacoise reconnaît bien La Montagne, modeste mais sévère relief de la R.D. de la Beuze, seuls les gens du terroir savent situer l'étendue du plateau de Cravelle
Si vous regardez le bassin de la Nauze, vous verrez sur la carte les hydronymes de la Nauze, du Raunel, de la Vallée, du Neufond, de la Beuze, du Gaugeard et de son affluent le Ruisseau Trompette.
Transmis par la voie orale, les hydronymes du Mamarel, du Colprunet, de la Grille et du Rivatel ne figurent pas. L'hydronyme du Branchat, grâce au fonctionnaire du cadastre, a été rajouté sur les plans.
Si nos rivières étaient clairement identifiées et demeurent toujours gardiennes du temps, il n'en est pas tout à fait de même pour nos petits cours d'eau qui étaient souvent déterminés sous l'hydronyme du ruisseau, parfois complétés d'un déterminant, Pélard, de l'Étang, du Barrail ou du joli ajout des Yvonnets, tous ces petits cours d'eau s'invitent dans le pays libournais. Quand ces ruisseaux étaient très modestes, on les appelait Lo Rio, le Ruisseau. À Larzac, les anciens ont baptisé le leur, Le Rivatel, ce qui est la francisation de la forme occitane du ruisseau.
La carte I.G.N., hélas, ne donne pas le nom du ruisseau qui traverse la commune de Carlux. Les anciens l'appelaient le Ponteil ou le Ruisseau du Ponteil. À Belvès, l'humble cours d'eau qui se déverse dans la Nauze, sur sa R.D., à Vaurez, nommé par quelques anciens, la Grille, n'est pas cité nominativement sur la carte. Un peu plus étiré, mais toujours sans nom sur la carte, on cherche sans succès l'hydronyme du Mamarel, affluent de la R.G.
Force est d'admettre que ces rus et ruisselets, souvent, sont peu connus voire parfaitement inconnus… y compris par les résidents des communes traversées.
Pour les plus courts d'entre eux, beaucoup n'ont pas de nom ; ou, s'ils en ont eu, ils ont filé dans la grande matrice de l'oubli.
De profundis. Pour nos plus modestes sources, elles avaient, jadis, toutes un nom, hormis pour les propriétaires -et encore- les hydronymes, de la forme source des sangliers ou source des bordiers, se sont perdus et ne figurent que très rarement sur les cartes.
En usant de la fenêtre commentaire, dites si vous estimez qu'il vaut mieux ne pas nommer ou renommer ces liens oubliés ou s'il serait opportun qu'ils soient des repères mémoriels sur nos cartes.
Pierre Fabre
A découvrir aussi
- L'Europe, ce vaste chantier à finaliser.
- Recettes de cuisine du Périgord
- Saint Laurent-la-Vallée. Le Merci Téléthon
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 215 autres membres