Gustave Magimel et Louis Hoorens honorés dans leur village d'enfance
La Braude, Lavergne et La Tute
Le devoir de mémoire, ce lundi 27 mai, a été un double moment de recueillement. À 11 heures, devant les familles d'Évariste-Gustave Magimel et de Camille-Louis Hoorens, la plaque, fraîchement scellée dans le Monument aux morts, honorant leur mémoire, a été dévoilée par Siobahn, descendante de la quatrième génération de Gustave. Ce moment fut, faut-il le dire, très émouvant pour les deux familles, il fut largement partagé par l'assistance.
La famille de Gustave Magimel. Jeanine Magimel-Weill, au premier plan, troisième en partant de la droite, et son arrière-petite-fille, toujours au premier plan en partant de la gauche.
Photo © Lydie Garrigue
Gustave, Évariste Magimel, cadet né du foyer Magimel de La Braude, naquit le 1er février 1909, dans la liesse du foyer Élia et Jean, dit Louis. Les Magimel avaient fondé leur maisonnée sur cette crête nauzéro-valechoise, le 2 mai 1905. Gustave devint le probable successeur de son père dans cette ferme bien assise qui signait le décor de La Braude. Gustave noua une idylle, au début des années 30, avec Denise Bergue, la belle meunière de La Tute. La minoterie Bergue, à la jonction de Monplaisant, de Sagelat et de Siorac, se prêtait à la création d'une scierie qui, sous la houlette d'une très jeune maîtresse des lieux et chef d'entreprise, avait besoin de bras virils pour avancer. Louis Bergue, meunier et sabotier, fut maire de Monplaisant après la Guerre de 14. Il décéda avant la fin de sa seconde mandature, en 1930. Il revint à Denise très tôt de prendre en main la succession de Louis Bergue.
Une terrible page de l'histoire allait mettre le feu sur les deux berges du Rhin et cet incendie se propagea au monde. Gustave, le cœur brisé, vit cette tragédie l'interpeller, il émit des signaux prémonitoires de ne pouvoir revenir de cette guerre. Il fut affecté au 250ème Régiment d'Infanterie, unité de réserve bergeracoise, et entra en captivité au stalag d'Hohenstein où il décéda le 7 février 1943.
Son père, bien entendu, a souffert de la captivité de son fils mais, en décédant le 25 novembre 1942, n'en connut pas l'issue. Élia, sa mère, ne se remit jamais de ce deuil terrible et survécut, dans un volontaire isolement sociétal, à ce moment douloureux jusqu'au 28 juillet 1967.
Second, en partant de la gauche, Jean-Louis Hoorens, fils de Pierre Hoorens, puis Régine, sa soeur. Les enfants de Jean-Louis sont à droite de l'image.
Photo © prise par la famille
Camille, Louis Hoorens naquit à Saint Cyprien le 15 février 1922. Ce sont les vicissitudes de l'histoire qui ont fait rencontrer, au début du siècle précédent, Marie Chanvrit, une Vendéenne, native dans le Haut Poitou, à Saint André le 30-11-1894, et Auguste Hoorens, un Flamand, ancien combattant de l'héroïque armée Belge, qui fit face aux assauts prussiens de Guillaume II. Marie, après une escale à Journiac, vint à Sagelat où les Chanvrit avaient pris place sur la colline de Lavergne. Marie et Auguste, d'ardents travailleurs, ont acquis, grâce à un labeur sans répit, un petit patrimoine qu'ils embellissaient et étayaient quand, dans les années d'occupation, la sinistre police de l'occupant, dans des conditions obscures, leur enleva Louis, leur plus jeune fils. Celui-ci, après de brillantes études secondaires à l'École primaire supérieure de Belvès, qui souffrait d'un handicap, obtint un emploi réservé à l'Éducation nationale, pour les derniers mois de sa courte existence. Il était employé au Lycée d'Arcachon et, naturellement, venait, pour le plus grand plaisir de ses parents, de Marie-Jeanne, sa sœur, de Pierre et de Lucien, ses frères, chez lui, à Lavergne quand il fut happé par la police du Reich. Il ne revint jamais du stalag de Breslau où il décéda le 15 mars 1944.
C'est dans une dignité hors du commun que Marie et Auguste ont vécu ce drame. Jamais, ils n'en parlaient. Marie, qui était si vive et accueillante, perdit définitivement son sourire et s'éteignit le 25 août 1959 sans jamais avoir su mettre un bémol à son deuil. Auguste, bourreau de travail, lui, chercha, sa vie durant, un apaisement à son immense chagrin. Il s'effaça, 24 ans après son fils, le 16 décembre 1968.
Gustave et Louis avaient 13 ans de différence d'âge mais, naturellement, se connaissaient. Ils étaient d'une petite commune rurale où la civilité était une constante. Tous les deux avaient pris, avec quelques années d'écart, le chemin de la même école.
Une vibrante et toujours émouvante sonnerie "Aux morts" les a réunis lors du dévoilement de leur plaque commémorative, ce 27 mai 2024, à 11 heures, dans ce sillon nauzérois qu'ils ont tant aimé.
Gustave et Louis ont perdu leur jeune vie dans ce couloir que les géographes et historiens, après les accords de Potsdam, ont intitulé la ligne Oder-Nice.
Du 17 juillet au 1er août 1945, à Potsdam, la Grande-Bretagne et les États-Unis acceptèrent que l'ensemble des territoires à l'est de l'Oder et de la Neisse occidentale soit administré, provisoirement, par la Pologne, à laquelle ils avaient été remis en fait par l'Armée rouge, la frontière ne devant être fixée qu'au moment du futur traité de paix. Source Universalis.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/accords-de-potsdam/
Pierre Fabre
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