Regard sur le fanal
Pour le Robert, le fanal est une grosse lanterne servant de signal, feu ou falot.
Nom masculin (pluriel Fanaux). xvie siècle. Emprunté à l'italien fanale, de même sens, issu du grec phanos. " lanterne ".
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Pour Karel, le manager de l'office de tourisme, et Marie, l'hôtesse, ce fanal est riche de symbolique.
Le fanal, une terminologie qu'il faut préserver du vacillement dans l'oubli.
Le dictionnaire universel de Furetière (1690) rappelle un point capital de son historicité. Feu allumé sur de hautes tours ou à des ports de mer, pour servir de guide aux vaisseaux. La tour de Cordouan sur la rivière de Bordeaux est un fanal fort utile à ceux qui naviguent en ces quartiers-là.
Le fanal est aussi un feu allumé dans une grosse lanterne, que les vaisseaux portent au plus haut de la poupe pour se guider la nuit. L'Admiral porte trois fanaux, afin de se faire suivre des autres vaisseaux de la flotte ; le Vice-Admiral, deux ; les autres navires de guerre, un. Ménage la dérive de phanalium, qu'on a dit du Grec phanarion.
Maxence van der Meersch, le Zola du Nord, écorché à vif, qui s'épuisa en tentant un rapprochement avec la mouvance catholique qui le fascina et l'agnosticisme qui l'emporta, dans Invasion 14, une œuvre qui échoua au Goncourt d'une voix, a pris le Fanal comme figure métaphorique pour faire vivre une âme résistante. Fanal, un journal qui a été distribué sous le coude, s'imprimait chez Dumesnais. Cette antique revue bien pensante... est une force. Elle incarne un patriotisme à coups de grosse caisse et la haine de l'Allemagne.
Patrice Franceschi, romancier, aventureux, pour ne pas dire aventurier, avec sa publication du 2 juillet 2015, " Un fanal arrière qui s'éteint ", donne au fanal toute l'importance qu'il a tant sur les terres qu'en mer.
" En cette nuit de Noël 1884, l'équipage du capitaine Flaherty, dont l'Irlande entière connaît la compétence et le courage, affronte une tempête sans précédent. Le vent hurle de toute sa hargne, l'océan est déchaîné. Bientôt, l'anémomètre se bloque au-delà de 11 Beaufort. L'ouragan est là. Chacun l'affronte avec sang-froid, même le jeune Tim, le fils du capitaine, qui ne recule devant rien pour empêcher le naufrage. Mais quand la mâture est touchée, Flaherty se retrouve confronté à un choix terrifiant."
Le fanal, bien injustement, se rapproche de l'obsolescence. Dans de lointains souvenirs scolaires, j'ai la parfaite mémorisation d'un enseignant, avide de traits d'humour, volontiers blessant pour les plus humbles, qui, manifestement, avait une nette sympathie pour l'excellence et un franc dédain pour la médiocrité. Pensant " faire de l'esprit ", ce lanceur de jeux de mots dirigea à l'endroit du carré des cancres, où j'excellais, que nous étions les fanaux de l'équipée.
Revenons au sens du fanal. Le terme passerait presque pour être d'un vocabulaire précieux. Il n'est pas du tout ringard, il est ancien. Gardien de la sécurité des convois, son rôle n'a jamais été minoré même si l'aspect visuel de sa présentation a changé dans la modernité. Il y a près de 40 ans, j'étais dans un train de lycéens qui les amenait à la Cité des Sciences. Il fallait, pour soutenir le programme, tenir l'horaire.
Au niveau d'Étampes, voilà que notre train marque un arrêt imprévu. Je fulmine et me renseigne. Le fanal, forcément de queue, pour une raison inconnue, s'était éteint. Je sais gré, bien longtemps après, à l'agent-circulation d'avoir provoqué cet arrêt. Il prit alors une décision sécuritaire, la décision sécuritaire qui s'imposait.
Autour du fanal
L'ancienne gare de marchandises de Niversac. Aujourd'hui, elle abrite l'office de tourisme. Au premier plan, une grue presque séculaire dont le point d'attache était la gare d'Excideuil.
Le château d'eau octogonal. Heureusement épargné d'une destruction il n'est plus utilisé depuis l'ère de la vapeur.
La voiture de 3ème classe, lors de ses lointaines courses, était suivie par le P.L.M, Paris-Lyon-Méditerranée.
Le dimanche 3 juin 1956, la SNCF supprimait le voyage en 3ème classe. Jusqu'à ce jour, les voyageurs de 3ème classe assurant la majeure partie des recettes, il était juste de revoir leurs conditions de voyage. En réalité, ces voyageurs ont été élevés d'un rang dans la hiérarchie du confort. Certains esprits critiques et caustiques avaient alors dit, parlant de la transformation de la 3ème classe en seconde classe : " les effaceurs de numéros ".
* Au 3 juin 1956, les tarifs sont ainsi modifiés : celui de la première classe est de 8,75 fr le kilomètre (au lieu de 10,60 fr précédemment), celui de la seconde, 6,25 fr (ce qui correspond au tarif de l'ancienne troisième). Les voyageurs de deuxième classe payaient 7,80 fr, ils doivent donc débourser 95 centimes de plus par kilomètre pour voyager en première.
Paris Strasbourg 502 km. Aujourd'hui, le meilleur prix est à 16 €. Le plein tarif de 3ème classe était de 3140 frs en 1956, équivalence 76 € de nos jours. Le plein tarif en TER, 5 h 04' de trajet, aujourd'hui, est de 78,60 €.
Paris-Brive 500 km, 4 h 38', 62 €.
Périgueux-Paris 499 km, 73.50 €, temps de trajet 5 h 04'.
L'itinéraire bis, Limoges-Poitiers, est proposé au prix le plus bas à 59,40 €, temps de trajet 6 h 47.
Les inscriptions, scrupuleusement repeintes, donnent les critères de la voiture. La lettre C indique qu'il s'agissait d'une voiture de 3ème classe, le 9 en exposant renseignait sur le nombre de compartiments, 9, le i, intercommunication, précisait qu'elle disposait de soufflets.
Karel Boulogne présente l'intérieur de la voiture de 3ème classe à Bruno. L'intérieur de la voiture est enrichi d'images olympiques.
Le quai pour les voyageurs est juste derrière la grille.
N'hésitez pas à vous arrêter à Niversac. Son micro-musée à ciel ouvert, probablement, vous surprendra.
Texte et photos Pierre Fabre
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