Terre de l'homme

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La rose de l’Alhambra. Épisode n° 18, par Françoise Maraval

 

La rose de l’Alhambra

 

 

18

 

Salamanque,

 

 

La rose de l’Alhambra

 

Résumé des épisodes précédents.

 

Isabelle, fille aînée de viticulteurs du Bas Languedoc, Arthur et Marguerite Garrigues, par son mariage avec Miguel de Almanzar, est entrée dans une riche famille espagnole de la région de Valencia.

 

L’unique propriétaire des lieux, Luciana Ferrero, a dû se résigner, en épousant son voisin Juan de Almanzar, simple maraîcher et cela faute de soupirant. Ce dernier, intéressé par l’« affaire » proposée par son futur beau-père, Luis Ferrero, partage désormais la vie de Luciana et se retrouve à la tête de l’orangeraie sans en être le propriétaire. Il a rempli son contrat : un enfant est né de cette union. C’est Miguel, l’enfant chéri de Luciana. Conservatrice et fanatiquement religieuse, elle exige de ses ouvriers agricoles, leur présence à la messe du dimanche, dans la petite chapelle du domaine.

 

Mais, une rivale amenée par son fils va savoir trouver sa place dans la vaste demeure et lui faire de l’ombre. Ainsi, Isabelle, devenue Isabella, provoque quelques bouleversements à l’ordre établi avec la complicité de Miguel, son mari. Trois enfants sont nés de cette union : Juan, né en 1879, Maria-Isabella, née en 1883 et enfin Alfonso, né en 1893.

Alors qu’ une épidémie de choléra ravage le pays, le domaine est épargné grâce à l’application de gestes barrières et aussi grâce à la vaccination.

 

La pandémie à peine terminée, un incendie détruit l’oliveraie voisine des Alvarez.

Le bilan est lourd, le propriétaire meurt des suites de ses brûlures. Miguel de Almanzar recueille la petite Olivia Alvarez devenue orpheline et rachète la propriété de ses parents. L’enfant récupérera l’argent de la vente à sa majorité.

Des années ont passé et Juan junior et Olivia s’aiment mais Miguel de Almanzar s’oppose au mariage. Les amoureux quittent le domaine et Juan trouve un emploi de jardinier à Aranjuez. La nouvelle vie est difficile. Ils attendent la majorité d’Olivia pour qu’elle puisse récupérer son héritage chez le notaire de Bárriana. Il est grand temps car Olivia est enceinte…

 

Des jumeaux ont vu le jour ; ils sont très beaux et se nomment : Violetta et Vincente. Le fils Juan s’est rapproché de son père ; il est de retour à l’oliveraie qu’il administre en tant que nouveau propriétaire. Miguel de Almanzar en est heureux d’autant plus qu’une maladie le ronge. Il a définitivement repoussé son épouse. Cette dernière, Isabelle, s’est amourachée du professeur principal de son plus jeune fils : le professeur Fernando Delgado.

 

 

C’est maintenant acquis et définitif, Alfonso ne reprendra pas l’exploitation de l’orangeraie. Son père, Miguel de Almanzar, a vu ses derniers espoirs s’effilocher avec le temps. Le fils veut être enseignant, un métier de « crève-la faim » ! Qu’il fasse ce qu’il veut… La maladie mine le propriétaire de l’orangeraie, ses forces l’ont abandonné, lui autrefois si volontaire, si combatif. Il a déposé les armes. Le nouveau propriétaire de l’orangeraie est désormais Juan de Almanzar junior. A l’étude notariale de Bárriana, on a trouvé un arrangement de façon à compenser les deux autres enfants, Maria-Isabella et Alfonso  mais aussi la mère, Isabella.

Juan de Almanzar reversera, chaque année, une partie des résultats d’exploitation à sa sœur et à son frère mais aussi à sa mère. En attendant la majorité d’Alfonso, les revenus correspondants tomberont sur un compte de dépôt sis à l’étude.

 

Alfonso est soutenu par sa mère, elle-même séduite par les conseils du professeur principal du petit séminaire, Fernando Delgado. L’adolescent a suivi avec brio, tous les enseignements de Valence et il a fallu choisir une université correspondant aux aspirations du jeune Almanzar. Salamanque remplit toutes les conditions.

 

Tous les renseignements ont été pris pour assurer à Alfonso, une parfaite intégration. Le jeune Ramon Sanchez a renoncé à la prêtrise. Ses parents ont accepté la proposition de la dame française du domaine de l’orangeraie ; leur fils, lui aussi, sera étudiant à l’université de Salamanque et continuera à partager la chambre d’ Alfonso de Almanzar. Ramon est un adolescent sérieux, conscient de la chance qu’il a. Il sait qu’il doit veiller sur son ami Alfonso et à la moindre incartade, il sait aussi qu’il doit avertir la dame française.

 

L’université de Salamanque a été fondée par Alphonse IX de Léon en 1218. Son origine remonte aux Écoles de la Cathédrale. Le premier document officiel est celui du roi Alphonse IX de Léon, par lequel il concède le titre de Studium generale à ces Écoles, en raison de la qualité des enseignements dispensés. Il est ouvert à tous et ses diplômes sont très recherchés.

C’est sous le règne d’Alphonse X que le Studium generale est transformé en Université. Elle a été la première université d’Europe à prendre ce nom et à posséder une bibliothèque. Le pape, Alexandre IV, confirma l’Université dans une bulle de 1255.

 

Quand le jeune Alfonso de Almanzar arrive à l’Université de Salamanque, il est d’abord ébloui par le bâtiment, mais aussi par le nombre de facultés mises à la disposition des étudiants.

C’est Fernando Delgado, le régent de Valencia, qui organise son emploi du temps en fonction des facultés choisies :

 

- Faculté de l’Éducation,

- Faculté de Philosophie,

- Faculté de Philologie,

- Faculté de Psychologie.

- Faculté d’Histoire.

 

Alfonso rêve déjà de passer des heures dans l’imposante bibliothèque de L’Université.

Il est plein de reconnaissance pour cette mère qui le comprend parfaitement et qui a pris également sous son aile le jeune Ramon Sanchez.

 

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Le parvis de l’Université de Salamanque

 

Isabelle et Fernando Delgado ont trouvé une pension de famille non loin de là : elle assurera une alimentation correcte à ces deux jeunes adolescents. Ils auraient pu être logés par l’Université mais on a estimé qu’ils sont trop jeunes pour courir le risque d’être contaminés par les fêtards de l’Institution.

 

Alfonso s’est jeté à corps perdu dans les études. Ramon a du mal à suivre, mais pourtant il s’accroche. Les jeunes s’autorisent des sorties nocturnes dans les cafés et bodegas de la ville et ils prennent vite des habitudes d’étudiants.

Les premiers diplômes ont été fêtés sans retenue. Pendant les vacances, après un court séjour à l’orangeraie, les deux jeunes rejoignent le domaine des Belles demoiselles, en France, dans le Bas Languedoc. Ils y retrouvent leur ancien professeur, Fernando Delgado, venu avec Isabelle.

A 19 ans , nos deux jeunes gens sont devenus de véritables ouvriers saisonniers pendant que leur ami Fernando prend toute sa place dans l’exploitation. Arthur Garrigues est heureux de voir son petit-fils et l’amant de sa fille se mêler au flot des ouvriers dès les premiers heures de la matinée.

L’amant de sa fille ! On attend un délai convenable pour les marier. En effet, Miguel de Almanzar s’est éteint, voilà maintenant un an, un beau matin de printemps, installé sur la terrasse de sa chambre, alors qu’il contemplait une dernière fois l’étendue de sa propriété et qu’il humait le parfum délicat des bigaradiers en fleurs. La cérémonie a été courte et discrète, telle qu’il l’avait demandée. Il a été enterré dans la caveau familial aux côtés de sa mère, Luciana et de ses grands-parents Ferrero.

 

Arthur Garrigues vieillit, mais il est serein : il a trouvé un successeur en la personne de son futur gendre. Fernando Delgado s’est laissé séduire par la proposition du viticulteur, de reprendre l’exploitation. Le matin, à potron-minet, il est dans les vignes jusqu’au repas de midi ; et l’après-midi, il est près de son beau-père pour apprendre toutes les ficelles de la comptabilité. Il quittera le petit séminaire de Valencia, l’année de son mariage avec Isabella.

 

La soirée est réservée aux échanges sous les ramures du grand tilleul à l’arrière de la demeure. Arthur Garrigues lit toujours la presse nationale et s’intéresse à l’international. Il en parle avec son futur gendre qui n’avait jamais été autant informé de sa vie. L’octogénaire de 83 ans ne comprend pas ces convoitises au sein de l’Europe. Environ 60 millions d’Européens appartiennent à des pays étrangers. C’est le cas d’une partie de l’Empire russe avec les Baltes, les Finlandais, les Polonais et les Moldaves.

Aux deux nationalités dominantes, allemande et hongroise de l’Empire austro-hongrois, y sont soumis les Polonais de Galicie, les Tchèques et les Slovaques, les Roumains de Transylvanie, les Croates, les Slovènes, une partie des Serbes et des Italiens.

La Serbie a vu la Bosnie-Herzégovine, ancienne province turque en grande partie peuplée de Serbes, passer sous administration autrichienne, puis être annexée en 1908.

En 1910, L’Empire Ottoman possède encore en Europe, la Macédoine et la Thrace.

 

 

2

 

 

L’Allemagne, quant à elle, est maîtresse des Polonais de Poznanie qui s’ajoutent aux Alsaciens et à une partie des Lorrains et aux Danois du Schleswig.

L’Irlande, enfin incorporée au Royaume-Uni, soulève une importante question nationale.

 

Pourquoi cela ! Jusque là, personne ne s’en inquiète. Chacun y va de son autorité sans trouver d’obstacles sur son chemin. Que va-t-il sortir des ambitions de dominations des uns et des autres ?

 

Arthur Garrigues a compris… L’Europe est sur une poudrière.

 

 

Françoise Maraval

 

Rose



01/09/2024
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