Le canal de Panama (1ère partie) par Françoise Maraval
Le canal de Panama (I)
Le discours d’investiture du 47e président des USA a remis sur le devant de la scène, le canal de Panama, ce 20 janvier dernier. Donald veut que les États-Unis d’Amérique reprennent le contrôle du canal de Panama, propriété de la République du Panama, mais, d’après lui, sous contrôle chinois.
L’Isthme de Panama est une étroite bande de terre reliant l’Amérique Centrale à l’Amérique du Sud ; il abrite le Panama.
Il est délimité au nord par la mer des Caraïbes et le Costa Rica et au sud par le golfe de Panama, l’Océan Pacifique et la Colombie. L’Isthme est traversé par le Canal de Panama en son point le plus étroit qui mesure environ 50 km et il relie l’Atlantique au Pacifique.
Cet isthme fut exploré pour la première fois en 1502 par Christophe Colomb qui y fonda une colonie. Mais, c’est l’explorateur Vasco Nuñez de Balboa qui fut le premier à traverser entièrement l’isthme et à parvenir, ainsi, au Pacifique. Dès le XVIe siècle, le concept d’un canal avait commencé à faire son chemin ; mais, il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que le rêve se réalise. Jusque-là, pour passer d’un océan à l’autre, il fallait passer par le Cap Horn, ce qui représentait une perte de temps et d’argent considérable et c’était une réelle aventure que de devoir s’engager sur les mers du sud, fréquentées par des icebergs et faisant de l’endroit le plus grand cimetière de navires.
La première mention d’un canal à travers l’isthme remonte à 1534 : Charles Quint suggère, alors, qu’un canal à Panama faciliterait le voyage de ses navires allant au Pérou ou en Équateur.
En 1698, le royaume d’Écosse se lance dans le projet Darién destiné à créer une voie commerciale terrestre, mais il fut abandonné en 1700, en raison des conditions inhospitalières.
Au XIXe siècle, le chemin de fer du Panama est construit et il est mis en service le 27 janvier 1855. Ce fut le premier chemin de fer transcontinental ; mais, une route maritime entre les océans était toujours vue comme la solution idéale.
Ferdinand de Lesseps
Finalement, il faudra attendre 1882, pour que les Français (cocorico) sous la direction de Ferdinand de Lesseps, connu pour avoir percé et mis en exploitation le canal de Suez en 1869 et, cela avec un franc succès, commencent la construction du canal de Panama, le 1er janvier 1882. C’est un canal au niveau de la mer (sans écluse) qui a été envisagé.
Le projet rencontre, aussitôt, l’opposition des États-Unis concernant le contrat franco colombien. Il faut rappeler qu’à ce moment-là, l’Isthme de Panama est territoire colombien.
« Notre intérêt commercial est supérieur à celui de tous les autres pays … Les États-Unis ont le droit et le devoir d’affirmer et de maintenir leur autorité d’intervention sur n’importe quel canal interocéanique qui traverse l’isthme. »
Ainsi parlait le président de l’époque, Rutherford B. Hayes.
En septembre 1882, un tremblement de terre secoua l’isthme panaméen faisant baisser à la Bourse de Paris, le cours des actions de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama créée trois ans plus tôt.
La fièvre jaune ainsi que la difficulté à domestiquer le rio Chagres, qui connaissait régulièrement des crues dévastatrices et meurtrières, mirent à mal le projet, que Gustave Eiffel sauva, en concevant un système de dix écluses.
Ainsi, ces graves difficultés débouchèrent sur la faillite de la Compagnie en 1889, déclenchant ainsi le fameux scandale de Panama.
Action de la Compagnie universelle du Canal Interocéanique
en date du 29 novembre 1880
Alors, en 1894, l’ingénieur en chef du chantier, Philippe Bunau-Varilla, crée La Compagnie nouvelle du canal de Panama pour reprendre le projet. Mais, la crise politique qui mène à la démission du cabinet ministériel français, provoque la chute des investissements. En décembre, à l’insu du gouvernement colombien, et sans se soucier d’aller à l’encontre des clauses du contrat, le gouvernement français et les actionnaires de la Compagnie nouvelle autorisent la vente des actions aux États-Unis.
Le 29 juin 1902, le Congrès ratifie la décision du président Théodore Roosevelt, d’acheter des parts de la Compagnie nouvelle.
Mais la Colombie refuse de concéder aux États-Unis une souveraineté quasi totale sur le futur canal et la région environnante. Les Américains adressent des menaces à l’encontre de la Colombie, pour l’intimider.
Avec le soutien des troupes américaines, le 3 novembre 1903, les séparatistes panaméens se déclarent indépendants de la Colombie. Les navires de guerre américains, ancrés à l’abord des côtes, interdisent toute intervention de l’armée colombienne.
Le 18 novembre 1903, à New York, est signé le traité Hay-Bunau-Varilla, faisant du Panama, un protectorat par lequel les États-Unis reçoivent une frange de 10 milles de large, des deux côtés du canal, pour la construction et son exploitation à perpétuité.
On leur concède, aussi, un droit d’ingérence permanent dans les affaires intérieures panaméennes, et la possibilité d’intervenir militairement en cas d’atteinte à l’ordre public.
Voilà comment les États-Unis font du business !
Où va le monde…
Le corps du génie de l’armée des États-Unis élabore un nouveau projet impliquant la construction de trois ensembles d’écluses et la création d’un lac artificiel, le lac Gatun. Ce projet se fonde sur une étude réalisée en 1879 par l’ingénieur français Adolphe Godin de Lépinay, (cocorico) mais qui avait été rejetée par le congrès dirigé par Ferdinand de Lesseps.
Le canal est enfin achevé et inauguré le 15 août 1914, alors qu’en Europe, la Première Guerre Mondiale vient d’être décidée.
Françoise Maraval
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