Nos petits cours d'eau auraient, peut-être, mérité plus de soutiens, volet n° 2, volet final.
Le drame de Mayotte nous rappelle quel est le prix de l'eau consommable pour les humains et pour les animaux.
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Observons le bassin nauzérois.
Avant de s'aventurer sur les berges de nos petits cours d'eau, soyez bien conscients que ceux-ci relèvent du domaine privatif. Pour les approcher, il convient d'obtenir l'acquiescement permissif des propriétaires. Un commerce des plus florissants de nos jours, est celui des panneaux "propriété privée, défense d'entrer". Cette pratique, tout à fait légale, secoue les traditions ancestrales de tolérance des paisibles promeneurs, jadis, usages largement admis dans la ruralité profonde. |
En préambule, offrons-nous le plaisir de découvrir une des plus belles sources du bassin nauzérois. Où elle sourd, elle est libre comme la nature qui l'entoure.
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Photo © Bruno Marty
Monplaisant, hameau de Fauvel. La naissance d'une des plus belles sources, voire la plus belle, se déversant vers la Nauze. Son échappatoire est de l'ordre de 50 mètres. A priori, elle n'a jamais été nommée ou alors, peut- être, Source de Fauvel. Ce bijou est exclusivement privé et ses propriétaires, s'ils le souhaitaient, auraient toute latitude de suggérer aux édiles monplaisanais de nommer cette fantaisie de la Nature avec un hydronyme poétique comme la Fauvette ou la Fauveloise.
Notons que la fauvette à tête noire est commune dans les jardins comportant une végétation touffue (ronciers, sureaux, haies...), c'est tout à fait le cas à Fauvel .
En s'écartant de l'ornithologie, le patronyme Fauvel, diminutif de fauve, est un sobriquet désignant sans doute une personne aux cheveux fauves ; francique falw, latinisé en falvus. A noter, cependant, que le patronyme semble avoir été utilisé au Moyen Âge comme nom de personne. Un autre sens possible est celui d'hypocrite, lié sans doute au Roman de Fauvel, oeuvre du début du XIVe siècle. C'est en Normandie qu'il est le plus répandu.
Le patronyme de Fauvel n'est pas rarissime en Périgord ni en Villeneuvois.
L'eau de source, jadis admise comme a priori potable, aujourd'hui, est à considérer avec beaucoup de circonspection.
Faut-il sauvegarder nos hydronymes ? La réponse devrait tomber sous le sens tant nos hydronymes sont des passeurs de mémoire de nos ancêtres.
Christophe Audivert, technicien de rivière du SMETAP, le 18 décembre, à Monplaisant, s'est livré à la restitution de ses recherches sur les documents cadastraux du siècle dernier.
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Christophe Audivert, Photo © Bruno Marty |
Hydronymie des cours d’eau du bassin versant de la Nauze
Les références de Christophe.
CN : Cadastre Napoléonien.
DDT 1942 : Carte du réseau hydrographique du département de la Dordogne en 1942.
Suivons son énumération dans le réseau capillaire de la Nauze. Pour la Nauze, il n'a relevé qu'une variante. C'est à Sagelat qu'il a surpris une Nauge, probablement un glissement de plume. À sa naissance à Cabirat, elle a été reconnue comme Fontaine de Cabirat puis elle adopta les Fontaines de Moulin Grand, de Laroque Basse puis de Salles.
Suivons Christophe. Il n'a pas été jusqu'au Dictionnaire de Gourgues et il s'est limité aux hydronymes recensés sur les documents cadastraux des deux siècles précédents.
Dans le cadre du vaste programme du dictionnaire topographique de la France, commencé au XIXe siècle et toujours inachevé, le vicomte Alexis de Gourgues fit paraître, en 1873, un volume consacré au département de la Dordogne.
Célèbre érudit, Alexis de Gourgues compulsa de nombreux documents anciens, pour composer ce dictionnaire qui rassemble une foule de renseignements sur les villes et les villages, les lieux-dits et les cours d'eau, les anciennes voies de communication et les ponts établis autrefois. Il ne s'agit pas pour autant d'un dictionnaire des communes, mais plus exactement d'un répertoire des lieux mentionnés dans les documents officiels, sources de l'histoire.
https://www.histoire-locale.fr/livre/DORDOGNE-0937.html
Christophe a trouvé deux micro-affluents sans nom sur la rive droite en amont de la Farguette. Il cite Ruisseau de la Fontaine de Langin (affl. RG "Les Tuques" Larzac).
Toujours sur la RG, le Rivatel, dit parfois le Ruisseau de Larzac, environ 1 000 m, est un affluent pérenne ou quasi-pérenne. Rivatel, en occitan, désigne un cours d'eau. Légèrement en aval, on trouve la Grille, jadis identifiée sous l'hydronyme du Landrou, environ 3 km. Elle est pérenne. L'exutoire de la fontaine de Landrou, son hydronyme la rattache aux André, rejoint la Grille. Jadis, la Grille s'appelait, en amont, le ruisseau de Malbreuil et, en aval, le ruisseau de Malbrunet. La Grille est en totalité belvésoise.
Le Mamarel, sur la R.D, environ 4 km, a dû s'appeler le Saint Amand, DDT 1942. Son unique affluent sur sa rive droite, vient de l'église de Saint Amand et, alors, fut nommé La Mothe du nom du lieudit où il naît. Par transmission orale, certains anciens l'ont nommé l'Amand.
Toujours sur la R.D., le Branchat, environ 2 km, jadis pérenne, est en grande souffrance et présente un écoulement toujours inférieur ou égal à un trimestre.
La Nauze
Retrouvée dans la plupart des communes, avec une variante à Sagelat (CN) : La Nauge.
À Mazeyrolles (CN) : source et ruisseau appelés Fontaine de Cabirat puis La Nauze.
(Fontaines de Moulin Grand, de Laroque Basse, de Salles, …)
2 micro-affluents sans nom (rive droite en amont de La Farguette).
Ruisseau de la Fontaine de Langin (affl. RG "Les Tuques" Larzac).
Ruisseau de Larzac ou Le Rivatel.
La Grille ou Le Landrou : ruisseau de Malbreuil (amont) /ruisseau de Malbrunet (CN Belvès).
Poursuivons et retrouvons Le Mamarel : Le Saint-Amand (DDT 1942 + CN Belvès et Saint-Amand de Belvès) et son affluent, rive droite "La Mothe", certains le nommaient l'Amand.
Le Branchat (Sagelat).
Le Raunel
Source rive droite : le Saint-Pardoux (CN Saint-Pardoux et Vielvic + DDT 1942).
Source rive gauche (vers aérodrome) : ruisseau du Bos du Casse (CN St-Pardoux et Vielvic).
Le Pardoux puis le Raunel, en aval du moulin de Bosredon (même feuille CN Monplaisant).
Le Montplaisant en aval (DDT 1942).
La Beuze
Retrouvée dans la plupart des communes. Une variante : La Bouze (CN Larzac)
Affluents rive gauche :
Le Grand Ravin (sous le bourg d’Orliac - CN Orliac).
La Fontaine de Lacoste ou La Grainerie (DDT 1942) à Orliac.
Le Rajol (Barbel-Le Foissier à Ste Foy de Belvès).
(La Trape-Le Vignal à Ste-Foy de Belvès) : sans appellation.
Affluents rive droite :
Le Gaugeard (CN Doissat).
La ou Le Trompette : ruisseau de Doissac puis ruisseau de Lestang (CN Doissat).
Le Mespoul (entre Gratecap et La Barde - limitrophe Sainte Foy de Belvès et Pays de Belvès), sont mentionnés Le Grand Fossé, Le Grand Ravin et fossé-rigole (en amont) sur le CN Saint-Amand de Belvès.
La Vallée
Retrouvée dans la plupart des communes, mais également :
Le Sécalou, en aval du moulin du Renard (CN Saint-Laurent la Vallée).
Fonfroide - entre Les Pouges Basses et Ecoute s’il pleut - (CN Carves).
Rivière des Cabanes – sous La Fage et Le Villageot - (CN Carves).
Affluents rive gauche :
Le Sécalou -entre "Les Douges" et "Labeuradon"- (CN Saint-Laurent la Vallée).
Scournat-Guiralpot à Grives : aucune appellation.
Affluents rive droite :
Le Fonbounou : Fonbonne (DDT 1942) ou Fobonne (CN Grives).
Le Neufond :
Fontaine de Neufont / ruisseau des Maroux (DDT 1942).
Ruisseau de Cantegrel (CN Cladech).
Ruisseau d’Ecoute s’il pleut à Lolivarie (CN Saint Germain de Belvès).
Affluent La Rouquette : "Ravine de la Combe du Bos" et "Ravin de la Combe de Lavergne" (CN Cladech).
Le Colpruné (Saint-Germain de Belvès).
+ Divers sous-affluents non mentionnés.
En suivant les travaux de Christophe, on peut dire que la passation des hydronymes n'a trouvé une forme de stabilité qu'au siècle dernier.
Hors BV Nauze (BV Céou)
Source de la Bacaresse : Le Calou - vers St-Laurent la Vallée – (CN Doissat).
On peut noter que plusieurs cours d'eau sont identifiés nominativement sur la carte IGN.
La Nauze, le Raunel, La Beuze, son affluent le Gaugeard et son sous-affluent le, ou la, Trompette, la Vallée et le Neufond.
Certains figurent sur les plans cadastraux avec, ou sans, leur hydronyme. Certains ont seulement été transmis par la tradition orale qui, aussi intéressante qu'elle soit, se prête à débat.
Une dizaine, hélas, attendent, au bon vouloir des décideurs, d'être nommés.
Ils sont, essentiellement, sur les communes de Belvès, Larzac, Carves, Saint Germain, Grives, Saint Pardoux, Sagelat, Sainte Foy et Siorac. Notons que Doissat et Cladech n'ont que deux ruisseaux... et ils sont nommés.
Faut-il s'atteler à graver les hydronymes dans nos documents cadastraux et géographiques ?
Là, c'est le rôle des édiles locaux. Ils peuvent recueillir, s'ils le souhaitent et le veulent bien, les avis de leurs mandants et finaliser leurs travaux d'identification.
Rien n'oblige ceux-ci dans ce domaine. Certaine(s) voix, estimant qu'il faut laisser les choses en l'état, s'élève(nt) sur l'immiscion citoyenne dans ce domaine. C'est naturellement leur droit.
Nos ancêtres ont dénommé de tout petits étangs ou mares, de quelques ares, parfois moins, Lac de la Rode, lac du Tondu, lac de Neuf-fonts, lac de Véronne, etc. Certains ont même disparu.
Nos petits cours d'eau, tout comme nos sources, nos fontaines, nos collines, ont, semble-t-il, le droit d'être fixés pour la génération actuelle et les générations futures. Ce faisant, les édiles qui se lanceraient sur cette piste, se feraient passeurs de mémoire géologique, géographique et historique. En se répétant, ce n'est nullement une obligation.
Hors BV Nauze (BV Céou)
Source de la Bacaresse : Le Calou - vers St-Laurent la Vallée – (CN Doissat). |
Notons que Christophe, lors de ces excursions locales, se plaît à souligner que dans beaucoup de communes, on a nommé Merdalou, de tout petits ruisseaux, il n'y a pas besoin d'expliquer pourquoi. À Saint Laurent, par dérision, d'aucuns désignaient ainsi le Mandalou, affluent de la Lousse.
François Poujardieu dans son cluzeau, photo P.F
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Si Christophe Audivert, dans le cadre de ses prérogatives, se révèle être un grand ami de nos petits cours d'eau et, à ce titre, sait être un conseiller écouté et apprécié, n'oublions pas que nous avons, dans notre bassin de vie, un scientifique, un personnage d'exception qui, depuis des années, travaille, dans un désintéressement complet, sur les thématiques de nos cours d'eau, de notre massif forestier et a assemblé dans son musée de Capelou, bien des legs lapidaires de ces collines qui, elles, nous livrent une passionnante et longue histoire. Christophe ne manque pas, au passage, à bon escient, de citer les travaux de François Poujardieu qui, manifestement, est une référence incontournable. Lire François Poujardieu, c'est toujours ouvrir un merveilleux itinéraire de notre passé historique et géologique. |
Avec un grand merci à François Poujardieu et à Christophe Audivert, chantres de nos cours d'eau !
P.F
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