Terre de l'homme

Terre de l'homme

Vie scolaire à Pierre Fanlac. Olivier Boudy a repris le flambeau sur l'éperon belvésois.

PAYS de BELVÈS

 

Qui est Olivier Boudy.

Ce solide "premier de cordée"  d'établissement scolaire n'est pas du tout un inconnu sur les hauteurs de Tourneguil où il fut principal-adjoint  du collège. Il vit le jour dans ce bassin de vie montignacois qui, immanquablement, fut marqué par l'empreinte d'Eugène Le Roy, auteur de Jacquou le Croquant et de bien d'autres ouvrages, là où le Périgord des humbles a ouvert la voie d'esprits libérateurs. Montignac fut, aussi, la terre natale du moraliste Joseph Joubert et du fabuliste  Pierre Lachambaudie. 

Le riche cursus d'Olivier a posé ses jalons à Montignac, bien sûr, au collège Montaigne de Périgueux, et à Versailles, joyau de notre hexagone... qui ne vaut pas notre Périgord. Il a retrouvé ses marques au bord de la Vézère, au Collège André Leroy-Gourhand, préhistorien et ethnologue dont les travaux ont porté sur les techniques de fouilles et l'art préhistorique.

Olivier a repris de la hauteur sur l'émergence du belvédère de la Nauze. À Belvès, année olympique oblige, il s'est saisi du flambeau confié par Jérôme Péméjat qui a rejoint Cadillac, aux portes orientales de Bordeaux.

Olivier Boudy

 

Notons que tous les collèges n'ont pas la singularité d'avoir à leur tête, un brillant occitaniste, ancien président du Bournat. À Rouffignac, site historique et préhistorique, il a su donner une vigoureuse note culturelle à l'enracinement de nos valeurs.

 

2

 

Le binôme directionnel du Collège Pierre Fanlac de Belvès. À gauche : Olivier Boudy, Principal, à droite, Sandrine Pinhero, Principale-adjointe.

 

Photo © Pierre Fabre

 

 

  1. Vous voilà parvenu à la plus haute marche d'un collège que vous connaissez bien. Percevez-vous ce retour, en tenant compte de votre passage antérieur, comme disposant d'un atout maître ou plutôt comme une phase plus complexe ?

Je dirai les deux :

C’est un atout maître dans le sens où j’ai une bonne connaissance du secteur ainsi que des partenaires qu’ils soient associatifs, élus, entreprises, etc…

Mais une phase plus complexe pour avoir gardé en mémoire ce que j’ai connu, il y a quinze ans, et qui forcément a évolué dans le temps.

 

  1. La société de notre temps est un peu une figure d'angle droit. La verticalité qui incarne l'autorité et l'horizontalité qui plaide pour le dialogue, l'ouverture et la prise en compte des sujétions. Un chef d'établissement, y compris à l'Éducation nationale, opère avec maestria dans ce délicat champ de manœuvres où tout n'est pas facile. Estimez-vous que vos lointains prédécesseurs avaient une préhension de l'autorité plus abrupte et, surtout, plus efficace ?

Nous ne sommes plus dans cette philosophie de l’autorité abrupte qui se voulait si efficace.

Aujourd’hui, nous collectons des propositions, nous faisons des propositions et, bien évidemment, nous sommes les relais de notre institution.

Rien n’est fait au hasard ; on constate, on analyse puis on cherche les leviers pour faire évoluer l’action de notre communauté éducative, positivement, et toujours avec bienveillance.

Aujourd’hui, c’est l’affaire de tous dans un établissement scolaire, communauté éducative, parents, élèves, ainsi que tous nos partenaires.

 

  1. Enseigner dans un bassin de vie rural semblerait, presque, une fonction facile, si l'on compare les ruraux à ceux des zones sensibles urbaines. Les acquis de l'école primaire, notamment obtenus dans des sites peu troublés par les excès de notre temps, vous semblent-ils stables ou, plutôt, fragilisés ?

Le problème de la ruralité est plus complexe, les élèves sont effectivement plus calmes que ceux des zones dites sensibles urbaines mais aussi plus timides au niveau de leurs ambitions ; et, là, il y a un réel travail à faire pour qu’ils soient plus mobiles et avec des envies d’études plus ambitieuses.

De même, il est important de développer l’égalité homme femme qui, là encore, a tendance à rester sur un vieux concept qui n’a plus lieu d’être de nos jours.

 

  1. Le téléphone portable est un fléau qui tient accro l'enfance et l'adolescence. Pouvez-vous nous donner votre point de vue sur ce sujet sensible ?

Sachant que le téléphone portable est interdit au collège depuis la loi du 3 août 2018.

Le téléphone portable n’est pas un fléau que pour l’enfance et l’adolescence mais aussi pour les adultes.

C’est très compliqué entre l’objet qui permet d’effectuer des recherches en temps réel et ce même appareil qui peut être destructeur car il facilite le harcèlement sur les réseaux sociaux.

Pour moi, c’est simple, le téléphone est éteint lorsqu’on arrive au collège et remis en route lorsque l’on est sorti de l’établissement. Par contre, sur demande d’un professeur et sous son contrôle, il peut être remis en service et utilisé pour des besoins pédagogiques.

Le téléphone portable est un outil moderne, nous devons tous ensemble, communauté éducative et parents, apprendre aux enfants à l’utiliser correctement et avec modération.

 

  1. La drogue, hélas, circule dans la société qu'elle soit urbaine, certes où elle est difficile à éradiquer, mais aussi s'approche de nos campagnes. Pensez-vous que nous sommes dans un jardin bien protégé ?

Non, aujourd’hui, la drogue est partout, donc, dans nos campagnes aussi.

Il est donc très important de sensibiliser tous nos élèves aux méfaits de toutes ces substances par le biais du parcours santé des collégiens.

 

  1. Un problème terrifiant pour l'adolescence et -même la préadolescence- est celui de la tabagie. Pensez-vous que le corps enseignant, face à ce danger, doit prendre une part plus active dans ce combat ?

Pour moi, le tabac est le même problème que celui de la drogue : il faut sensibiliser les élèves.

Par contre, c’est plus difficile dans le sens où c’est un produit légal et que de nombreux adultes autour d’eux fument.

 

  1. Une grande part des écoliers s'est manifestée lors d'actions écologiques, notamment ramassage d'objets traînant sur la voie publique ou ses abords, captures de légions de mégots polluants et autres. Avez-vous en projet de vous affirmer dans ces micro-sentiers écologiques ?

L’écologie et le respect de son environnement font partie de la construction de l’élève futur citoyen. Certains élèves se sont engagés dans les missions d’éco délégués et le CVC est pleinement ouvert aux 17 missions de l’ODD. 

Les actions de ramassage, c’est bien, mais si chacun respectait son environnement, on n’aurait pas besoin de le faire. Là encore, il faut sensibiliser.

Au niveau du collège, nous souhaitons aller plus loin, faire de l’écologie une culture, une nouvelle façon d’aborder la vie en faisant découvrir aussi à nos élèves des métiers dans un milieu rural tout en ayant l’égalité hommes femmes.

Un premier projet qui va être mis en œuvre au collège, sera un projet de culture de plantes aromatiques avec des élèves volontaires accompagnés par la professeure de SVT pour la partie plantation et culture des plantes.

Le concept est que le chef de cuisine, M. Desseix, présente aux élèves ses besoins en plantes aromatiques pour la cuisine. Les élèves font pousser celles-ci et, au moment de la récolte, le chef de cuisine explique ce qu’il fait avec chaque plante et réalise avec les élèves des plats avec ses plantes.

Bien sûr, d’autres projets sont en cours de préparation.

 

  1. A Pierre Fanlac, "on" a largement accompagné le devoir de mémoire, notamment lors de pèlerinages laïques sur les sites de la Résistance, mémoriaux de Fongauffier ou de La Raze à Veyrines. Les professeurs d'histoire, tout particulièrement Marie-Claire Dardevet, se sont beaucoup investis dans ce portage de flambeaux mémoriels. Une chorale informelle est même venue, guidée par Marie Octobre, le professeur de musique, donner une dimension inhabituelle à ce chemin civique. Pensez-vous, dans la mesure de vos moyens, poursuivre et réaffirmer avec force, cette présence collégienne qui a fait chaud au cœur lors de ces manifestations ?

Le devoir de mémoire est extrêmement important pour moi. Il est essentiel de connaître son passé pour prévoir l’avenir.

Tout d’abord, il faut remercier Marie-Claire Dardevet pour son travail remarquable et sa constante implication pour perpétuer dignement le devoir de mémoire à Belvès et même au-delà de ce territoire avec le CNRD.

Belvès possède de nombreux sites de la Résistance qui sont un réel vivier pour faire vivre des projets. J’ai dans l’idée de monter un parcours mémoriel pour nos élèves du collège.

 

  1. Le capharnaüm, dans lequel se sont engouffrés les décideurs hexagonaux, amène à penser qu'il faut renforcer l'instruction civique pour limiter le désordre de notre société. Pensez-vous que l'éveil civique a un net besoin de pédagogues pour briser bien des méconnaissances ?

L’instruction civique est l’affaire de tous, communauté éducative mais aussi parents. Le besoin de pédagogues est nécessaire pour ajuster et aussi pallier à bien des méconnaissances.

Il s’agit là d’un sujet d’une importance capitale car nos élèves, futurs citoyens, doivent absolument apprendre à penser par eux-mêmes. Être capable de se forger sa propre opinion et non écouter ou regarder certains médias ou réseaux sociaux, sans être en mesure de contrôler la véracité de l’information.

Mais aussi à apprendre le respect des autres, de leurs différences, mettre en avant l’humain et la fraternité.

 

  1. L'Aquitaine où nous vivons -et le Périgord en particulier- sont des terres occitanes. Aujourd'hui, hélas, l'occitan est en chute libre pour la quasi-totalité des collégiens. Est-il encore pensable et possible de sauvegarder ce qu'il reste de la belle langue de nos ancêtres ?

La culture occitane fait partie de nos traditions. Il y a la langues bien sûrs mais pas que.

Derrière cette culture, il faut aussi y voir de nombreux métiers artisanaux anciens voire très anciens. Nous nous devons de les préserver pour éviter qu’ils disparaissent.

Je pense sincèrement qu’il y a un enjeu capital pour notre territoire qui est lié aussi au tourisme, de mettre en valeur cette culture qui est un plus pour notre économie locale avec sa cuisine traditionnelle, ses danses, sa musique, son chant, sa langue et ses vieux métiers.

 

 

Propos recueillis par Pierre Fabre



11/09/2024
3 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 220 autres membres