Avec J-Claude Dugros, revenons sur les sources du Raunel.
Le pont de Saint Pardoux. Le Raunel compte une petite dizaine d'ouvrages d'art, ponts, ponteaux ou aqueducs, le chevauchant. La voie communale en pente relativement escarpée conduit au Bournat.
Ici, la route du Raunel, fraîchement désignée ainsi, encore castinée lors de la saisie photographique, en aval du ponteau de Saint Pardoux. Elle suit le cours du Raunel, de Saint Pardoux jusqu'à la jonction avec la R.D. n° 54, route reliant Belvès à Cadouin par l'aérodrome..
Comme beaucoup d'autres ruisseaux ou rivières, le Raunel compte plusieurs sources.
Les géographes, pour les cours d'eau, ont retenu trois critères majeurs. Il faut, au minimum, qu'ils aient :
- Une, voire plusieurs, source(s).
- Un écoulement qui peut être intermittent.
- Un canal d'écoulement, un lit, qui rejoint un autre cours d'eau ou la mer. Il est vivement souhaité qu'il soit bordé de ripisylve
Monplaisant, goulet séparant les bas de Fleurat du Coustal et La Rouquette. Le Raunel se glisse sous la R.D. n° 52, dite route d'Urval. Là, le cours d'eau a réuni l'écoulement des trois talwegs collinaires Vielvic, Bournat et Chaussi.
Pour le Raunel, on peut s'interroger sur la plus haute source. Celle-ci, eu égard à l'observation de la carte hydrographique et géologique, situerait la plus haute source à quelque 100 mètres du village de Vielvic mais celle-ci n'apparaît pas sur le terrain. La source de Bournat qui, elle, est permanente, ouvre un lit d'environ 250 mètres plus court. Sur son exutoire, on connaît des intermittences. Pour terminer l'écoulement venant de Chaussi, lui aussi comporte de très sévères et longs tarissements. La longueur de son lit, il s'apparente à un fossé, est sensiblement égale à l'étirement du Bournat.
Quand il y a un faisceau de plusieurs sources, en général, on retient soit le lit le plus long soit le conduit au débit le plus important, pour nommer un cours d'eau, exemple La Dordogne a écarté la succession Ramade / Chavanon qui trace un étirement plus long de 15 km.
Sans ouvrir une stupide querelle de chapelles, on doit ou on devrait pouvoir dire que le Raunel prend naissance au Bournat.
Notre ami, Jean-Claude Dugros, qui est un contributaire du billet sur Raunel et le Raunel, apporte quelques précisions.
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Il relève une faute pour Lastrounières alors que sur la carte, il y a Lastournières. La correction est faite.
Le mot occitan pour "tournière" (on dit aussi en français "chaintre") est : tauvera (prononcé /taoubèro/) : c'est l'espace en haut et en bas du champ où on faisait tourner les bêtes et la charrue pour reprendre un nouveau sillon ou un nouveau rang de vigne, par exemple. C'est devenu un symbole : la tauvera, c'est l'espace fragile, limite où on peut trouver un peu de liberté. Le grand auteur rouergat Jean Boudou a écrit un très beau poème : "Es sus la tauvera qu'es la libertat" ("C'est sur la tournière qu'est la liberté").
Pour Le Bournat, l'étymologie est effectivement le prélatin -born- qui signifie "source , trou, cavité". Qui est devenu "ruche, arbre creux" quand on a canalisé la source qui jaillissait d'un trou, dans le rocher par exemple, avec un tronc d'arbre évidé, puis ultérieurement ce demi-tronc d'arbre évidé mis debout et refermé, est devenu une ruche, puis le mot par dérivation a désigné aussi un essaim… Tout ça à partir d'un trou dans un rocher !
Tu dis "toponyme surtout porté dans l'Allier et le Puy-de-Dôme". Attention : ce n'est pas le toponyme qui est porté, c'est le patronyme (nom de personne). Le toponyme, avec d'innombrables variantes (à commencer par Born (patrie de Bertran de Born, du côté d'Hautefort), Bort-les-Orgues, en Corrèze, Bournazel, Bournazeau, Bournazet, Bournazeux…) est pan-occitan. Il est présent partout en Occitanie.
Une petite précision : l'article "La" désigne souvent un collectif, notamment pour les toponymes finissant en -ie : La Renardie est le domaine du nom de personne Renard, La Justonnie, les terres, les biens du nom de personne Juston, la Robertie < Robert, La Merlerie < Merlier < Merle (surnom), La Marqueyssie < Marquis ou Marquet, etc.
Le verbe occitan est : raunhar (prononcé /raougna/) et non rauhnar.
Mais tout cela n'enlève rien à la qualité de ce bel article.
P.S. : L'étymologie du Rhône n'est pas encore bien sûre. Son nom est Rhodanus (1er siècle avant notre ère), Rodonus en 915, Rodeno en 941. L'hypothèse de Pline l'Ancien qui fait venir le nom des Rhodiens, Grecs venus de l'île de Rhodes (Rhodos) qui auraient fondé une colonie du nom de Rhoda, à l'origine de Rhodanus, nom latin du fleuve, ne semble pas fondée.
Deux hypothèses étymologiques sont aujurd'hui proposées :
– l'hydronyme indo-européen *danu, « fleuve » (qui peut être aussi l'étymon de Danube), associé au préfixe gaulois ro-, « très », « trop », lié à la puissance du fleuve. Rodan(i) aurait donc signifié « le puissant fleuve ».
– l'indo-européen *ri(nāmi), rei- « couler, courir », à l'origine du gaulois renos, « rivière, fleuve ».
– l'indo-européen *red-, *rōd-, « gratter, ronger ». Un petit affluent de la Loire, le Rhodon, partage la même étymologie que le Rhône. Il a donné son nom à la ville de Roanne.
Jean-Claude Dugros
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La rubrique commentaires a fait réagir le lectorat. Elle est là pour cela. Marie-Claude est surprise, probablement déçue, de ne pas retrouver son compte. Bien entendu, ce modeste billet n'est pas un recensement des riverains du Raunel. Comme il est expliqué dans le préambule, c'est une modeste introspection de divers souvenirs de personnes qui ont vécu dans ce mitage monplaisano-sioracois ou qui l'ont aimé. Disons, c'est un humble passage mémoriel. Ce retour en arrière est certainement largement imparfait... et, inévitablement, lacunaire.
Marie-Claude, observatrice de notre bassin de vie, adroitement, dans cet automne pluvieux, s'interroge sur les furies du Raunel. Isolera–t-il la Tute-Haute, comme il y a quelques années, en mai. Là, seul, le ciel pourra lui répondre.
Quand, sur la rive gauche de la Nauze, à Raunel, nous nous sommes concentrés sur des figures marquantes qui ont illustré ce passé, il n'y avait aucune intention d'écarter qui que ce soit mais cette fragile rétrospective se prête merveilleusement aux remarques interrogatives. La coordinatrice de ce blog souhaite que les sapes " ravageuses " soient informatiquement modérées. C'est pour cela que le listage des commentaires comporte un infime écart numérique.
Un dernier point, à aucun moment, ne sont abordés les profils des nouveaux résidents de ce mitage de Raunel, tant dans l'espace sioracois que monplaisanais, ils sont pourtant ô combien sympathiques. Ce dossier n'avait pour but qu'un passage mémoriel. Il ne s'agissait pas, non plus, de suivre au fil de l'eau, le Raunel du Bournat à sa confluence. Laissons à nos amis Jean Bernard, Jean-Claude, Ginette et Gérard, le soin de remonter le Raunel pour trouver de qualitatives plumes citoyennes pour faire vivre ce corridor.
Qui, sans la complicité des descendants de Louis Bergue, aurait su dire que, sur les bords du Raunel, il y a un siècle, le meunier venu d'Écoute-s'Il-Pleut créa une saboterie.
Photo © Terre de l'homme
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