Terre de l'homme

Pratiquement tout le monde connaît la maxime Les Juifs se ruinent en Pâque, les Maures en noces, les chrétiens en procès.   Ce que beaucoup, dont votre serviteur, jusqu'à ce dernier vendredi, dit saint, ignoraient, c'est l'auteur de cette parabole. Elle nous vient d'Eugène Le Roy, notre fine plume de la Forêt Barade.

Le sympathique auteur de Jacquou le Croquant naquit, en 1836, au Château d'Hautefort. Dans ce domaine, son père exerçait la respectable mission d'intendant du comte de Damas tandis que sa mère était lingère.

D'un esprit rebelle affirmé, ce républicain, ardent agnostique anticlérical et libre-penseur, fut révoqué de ses prérogatives militaires car il fut taxé d'être coupable de délit d'opinions. Sa plume s'autorise quelques balades autobiographiques des années où il fut, tout d'abord, aide-percepteur, traînant ses talents dans divers bourgs du Périgord. Ce serait Alcide Dussolier, sénateur de la Dordogne, qui l'aurait découvert en lisant, entre deux trains, à la gare de Thiviers, Le Moulin du Frau. Son œuvre fort riche, toujours empreinte de misérabilisme, dont beaucoup ne connaissent que Jacquou le Croquant,  vagabonde dans le Périgord et, probablement, trouva des accents autobiographiques avec L'ennemi de la mort.

Avec les Gens d'Auberoque, mélange d'anecdotes, il faut sans doute traduire Hautefort, peut-être Jumilhac ou Domme, les lecteurs découvrent le Périgord authentique de son siècle.

C'est Stellio Lorenzi qui, par ses cinq épisodes télévisés, tous émouvants, après une censure incomprise (1967) d'un an, a séduit la France entière.

Le grand écran s'est emparé de ces temps mais le public a beaucoup moins vibré.

La parabole, certes, bien imagée souffre d'un s parasitaire. Il fait un brin désordre. La Pâque juive s'écrit au singulier.

Pierre Fabre