Acte tardif mais hautement significatif et courageux.
Image verdun-meuse.fr
Le 5 novembre 1998, le premier ministre, Lionel Jospin, a surpris en réhabilitant symboliquement, sur le chemin de la mémoire, les fusillés pour l'exemple.
Quand on parle d'un ministre, avec le recul, on a souvent tendance à l'associer à une décision, celle qui nous semble la plus capitale de son passage en exercice dans les affaires.
Ainsi, tout le monde a entendu parler de la loi Loucheur. La loi Loucheur du 13 juillet 1928, votée à l'initiative de Louis Loucheur, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, entre 1926 et 1930, a prévu l'intervention financière de l'État pour favoriser l'habitation populaire.
Plus proche de nous, Robert Badinter, chantre de l'abolition de la peine de mort, certainement obint sa plus grande victoire de droit sociétal qu'il ne faudra jamais oublier, il a signé par son combat une des plus belles heures de la civilisation.
Encore plus proche de nous, la loi du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme, dite loi Évin, en référence à son instigateur Claude Évin, est une loi française qui vise à lutter contre le tabagisme et l'alcoolisme.
Ce n'est pas vers ces grandes décisions ministérielles que le blog d'aujourd'hui va porter son regard mais sur un temps fort, je dirais émotionnel, qui est à souligner sur le parcours politique de Lionel Jospin et qu'il ne faudrait surtout pas jeter dans la poubelle de l'oubli.
Lionel Jospin, Premier ministre, le 5 novembre 1998, lors d'une cérémonie officielle dans la petite commune de Craonne, haut-lieu de la bataille du " Chemin des Dames " d'avril 1917, qui avait été l'élément déclencheur d'importantes vagues de mutineries dans l'armée pour protester contre les " offensives suicides ", réhabilita la mémoire des "mutins" qui avaient été " fusillés pour l'exemple ".
https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001690/discours-de-lionel-jospin-a-craonne.html
La Première Guerre mondiale, une des plus grandes atrocités de l'histoire de l'humanité, précipita dans la mort plusieurs millions de malheureux jeunes gens ; et si, le 11 novembre, nous sommes invités à participer au devoir de mémoire, nous honorons les noms des victimes de cet effroyable charnier.
Totalement insensibles à la souffrance des centaines de milliers de leurs jeunes concitoyens, les "aspirants" au gain d'étoiles sur leurs manches, n'ont pas hésité à envoyer de vie à trépas, des centaines de milliers de jeunes qui auraient préféré travailler dans les champs, dans le monde artisanal ou industriel, que faire la guerre stupide et insensée.
La guerre, c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. Paul Valéry
Robert Nivelle, né le 15 octobre 1856 à Tulle et mort le 22 mars 1924 à Paris, est un militaire français. Il est généralissime et commandant en chef des armées françaises pendant la Première Guerre mondiale en 1916-17, et relevé de ses fonctions en mai 1917, en raison des controverses encore vives, aujourd'hui, autour de ses options stratégiques, particulièrement meurtrières notamment au Chemin des Dames.
Mort dans son lit en 1924, Nivelle fut inhumé à Passy. Il fut transféré en 1932 dans la 8ème alvéole de la crypte de l’église Saint-Louis des Invalides, après la décision prise en mars 1926 par le ministre de la Guerre et des Pensions, d’y faire inhumer tous les généraux ayant commandé une armée pendant la Grande Guerre. Son épouse repose néanmoins toujours dans le caveau de Passy.
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Nivelle ou le charme tapageur de l’incompétence, chef taillé pour de grands désastres, comptable de ce gigantesque enfer du Chemin des Dames, n'a tout de même pas obtenu sa quatrième étoile mais a eu droit aux honneurs des Invalides. Les malheureux mutins qui s'opposèrent à cette absurdité de stratégie, eux, ont seulement eu droit, d'être fusillés par leurs "frères d'armes". Pire, pour l'exemple, la hiérarchie militaire n'hésita pas à faire fusiller parmi son propre camp, sans trop s'assurer d'une quelconque responsabilité établie.
Image "L'Humanité".
En général, "on" préférait faire exécuter des hommes du rang, de la plèbe, cela altérait moins la notion de classe. Soulignons cependant au moins le cas d'exécution extra-judiciaire qui a dû être reconnu par le ministre de la Guerre, en 1921, puis a fait l'objet d'une décision de justice, en 1926, c'est celui de deux sous-lieutenants Henri Herduin et Pierre Millant.
Le 5 novembre 1998, Lionel Jospin en rendant un hommage appuyé à ces malheureux, avec retard, beaucoup trop de retard, non pour lui mais collégialement pour la République, a pris le chemin que bien d'autres n'ont pas pu, ou n'ont pas su, emprunter.
P-B F
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