Terre de l'homme

Terre de l'homme

Les rendez-vous manqués.

 

Nous attendons tous la concrétisation des travaux de l'adressage.

 

Faut-il préciser que les exécutifs municipaux ne sont nullement tenus de soumettre à leurs mandants les noms de chemins, de routes, de places, etc, que les nécessités et obligations leur imposent de définir. Ceux qui, scrupuleusement, le font, prennent des décisions qui les honorent mais qui ne  sont absolument pas impératives.

 

Illustration De Groupe De Personnes De Réflexion Vecteur Premium

 

Image Freepik

 

 

Ces chantiers, on ne peut plus pertinents, seront souvent un florilège d'atouts gâchés ou de rendez-vous manqués, pourquoi ?. Tout simplement parce que les citoyens lambda, dans bien des cas, sont redevenus des sujets et ont perdu leur rang de citoyens. On pense, ou on a pensé pour eux, et dans bien des cas, certainement nombreux, si ce n'est fait, on va demander à ces sujets de valider les schémas en acceptant, toutefois, que certaines remarques soient formulées. On veillera bien à ce que ces remarques restent à la marge et suggèrent des ajustements très limités et en précisant que l'on ne peut remettre en cause le travail où ils n'étaient nullement associés et pas davantage souhaités pour soutenir des objections.

 

Il faut bien savoir et admettre que nos concitoyens ne se dérangent pas -ou fort peu- pour cette esquisse de formatage de notre matrice, prétextant qu'ils feront bien ce qu'ils voudront sans trop savoir quels personnages peuvent bien se dissimuler derrière ce pronom personnel pluriel ils.

Dans bien des cas, les responsables des exécutifs municipaux ont donc "refilé le bébé" à un, ou plusieurs- citoyen(s) bénévole(s), en général des élus bien placés pour apprécier les réalités locales et l'ont -ou les ont- chargés de concocter un projet de listage des odonymes locaux.

Il faut bien dire que ces bénévoles ne s'en sont pas si mal sortis si l'on constate, là où ces travaux sont terminés, que l'éclosion des odonymes paraît, au moins, souvent conforme aux réalités de terrain parfois historiques ou géographiques.

Le regret majeur que l'on peut avoir, c'est que, manifestement, il n'y a pas eu, ou si peu, de recherches par bassin de vie et que les limites communales ont souvent, très souvent, trop souvent prévalu.

 

Les esprits critiques sont, néanmoins, en droit de dire qu'ils n'ont été dans ce chantier que la toute dernière roue du carrosse et, manifestement, c'est le cas.

Il faut bien que les édiles en place, oints de l'onction du suffrage universel  direct, aient une voie puissante dans la direction des affaires de leur cité, de leurs entités mais rien ne les empêche de rencontrer, avant, pendant et après, les citoyens pour expliquer le sens de la démarche. Une commune qui, par exemple, entend mettre en valeur, en premier lieu, ses lieux-dits, doit expliquer à celles et à ceux qui ont une affinité soutenue pour l'ornithologie, que donner aux chemins les noms des oiseaux -aussi judicieux que cela puisse être- n'est pas le sens retenu, au premier chef, par les décideurs.

 

Le propre des rendez-vous manqués de l'adressage, à mon humble sens, n'est pas dans le choix des odonymes retenus. Il est plutôt dans le fait que rarement, il y a concertation entre les communes pour éviter que les chemins, les routes, et les espaces publics ne changent de nom aux pointillés des limites communales.

 

À Sagelat, les plus anciens se rappellent certainement que, pendant des décennies, la magnifique allée de marronniers qui traverse la Nauze était appelée route de Sarlat.  Au fil des années, elle est devenue la Route de Castelnaud et, a priori, elle va devenir la Route des Milandes. Cet exemple sera, espérons-le, une réussite parce que cette route est évocatrice de Joséphine Baker dont l'âme est milandaise. Nous sommes là dans un cas de figure où l'intérêt général a prévalu. Il y a quelques années, Monplaisant et Sagelat ont adopté l'odonyme d'Allée  Joséphine Baker pour un double segment de la R.D. 53. La route des Milandes, si elle est validée, sera fort bien nommée.

 

On aurait pu imaginer qu'elle soit la voie routière qui relie les Milandes sur les sols monplaisanais, sagelacois, carvésois, cladéchois, veyrinois et castelnaudézien. Ce serait, là, aller vite en besogne, chaque commune dispose du droit de nommer ses voies publiques. La route Joséphine Baker aurait été un excellent vecteur touristique et pratique.

 

On trouve, un peu partout, des routes qui sont associées par exemple au vin ou aux châteaux. On aurait pu imaginer des routes des sources, des dolmens, des bastides, des cabanes, etc. Ces liens au lieu d'être des diviseurs, auraient pu jouer un rôle d'assembleur comme la longue rue du Landy ( 3 600 m ) réunit Aubervilliers, Saint Denis et Saint Ouen, en mettant en valeur des lieux patrimoniaux de vie pluri-séculaires. Plus modestement, la Route de Lyon, 585 m, est commune à Périgueux et Boulazac. À mon humble sens, l'idéal eut été que cette Route de Lyon parte de Burdigala pour atteindre Lugdunum, cela aurait été une affirmation hisorique nationale pour la Ville des Gaules.

 

Chaque fois que l'on a retenu  un nom assembleur, celui-ci a été admis par tous. Nos prestigieux trains ont été des assembleurs de bassins de vie, Le Mistral, pendant des décennies, a fait rêver à la Grande Bleue, Charles Trenet a étayé son succès avec la nationale 7. La Route des Volcans d'Auvergne et bien d'autres ont signé leur décor, leur lien.

 

 

CHARBONNIER EST MAÎTRE CHEZ LUI

 

Image Panodyssey

 

 

Un vieil adage dit "L'homme le plus pauvre a le droit d'être le maître chez lui comme l'homme le plus riche."

Ce proverbe, assez ancien, correspond avec celui des Latins, que voici : Gallus in suo sterquilinio plurimum potest, ce qui signifie : Le coq est le maître sur son fumier.

Ce raisonnement, hélas, peu fédérateur, fait et fera que chacun aura tendance à définir ses paramétrages sans la moindre obligation de regard -et encore moins d'alignement- à ceux du voisinage.

 

Ainsi un chemin escarpé de 3 km concernant 4 communes peut s'acheminer vers une dénomination plurielle

 

L'absurdité est loin d'être inévitablement souveraine, soulignons qu'il y a bien des points positifs.

 

Certains qui se sont concentrés sur l'adressage ont fait acte d'une saine lucidité. Je salue volontiers nos amis Sandrine Bruneteau et Daniel Brault, élus sioracois qui ont fait leurs, les odonymes mis en place par Saint Germain-de-Belvès et qui sont, faut-il le préciser, choisis à bon escient. Michel Ribatet, mandaté par le conseil municipal de Monplaisant, a conforté le nom d'Eugène Le Roy pour nommer le segment monplaisanais qui prolonge cette avenue belvésoise. On notera, aussi, dans la nuance, la complémentarité monplaisano-sioracoise pour route du Raunel.

 

L'adressage aurait pu, par une symbiose extraordinaire, mettre en avant des thèmes culturels, historiques ou géographiques.

 

 

 

Quelques rêves, purement  rédactionnels de "Terre de l'homme", d'odonymes.

 

Quelques décideurs, dans les années 70,  ne sachant quoi inventer, de la plus parfaite stupidité pour concevoir des dépenses inutiles, ont imaginé de casser l'architecture de nos voies publiques. Ainsi nos routes nationales amorçaient un lent, méthodique et irréversible déclassement pour revenir aux départements.

 

Certaines avaient une longue historicité, d'autres n'ont été enchâssées dans le rang national que de 1930 à 1972.

Ces déclassements, bien au delà de l'humiliation qu'ils pouvaient susciter qui, somme toute, n'avait pas beaucoup d'importance, ont eu un coût. Il a fallu rectifier la signalisation routière, modifier les cartouches des panneaux et repeindre les bornes kilométriques.

 

À l'heure de la comptabilité analytique, on aurait parfaitement pu se passer de ces coûteux changements en ne remettant pas en cause la numérotation établie des routes qui auraient parfaitement pu garder leur numéro antérieur, tout en étant suivie par les départements. Le "caprice" pris en compte, on a donc changé bien des références solidement ancrées dans nos souvenirs, ainsi nos vénérables R.N. 21 ou 89 allaient donc changer d'intitulés. Les Pétrocoriens connaissaient parfaitement les tracés de leurs deux axes et, aujourd'hui, cherchent encore quelle voie borde l'Isle sous la rampe des Barrys.

 

 

Le portrait d'Olympe de Gouges expliqué aux enfants. George Sand : biographie et œuvres d'une auteure passionnée

 

Olympe de Gouges et  George Sand, en hommage à leur forte personnalité et à leur qualité de plume, auraient mérité d'être pérennisées par un odonyme évocateur.

 

 

Nos routes, parfois, sont, historiquement, bien connues, bien au-delà de leur corridor. Ainsi les R.N. 7,  10 ou 20 étaient parfaitement situées par leurs riverains et bien d'autres usagers. Pour d'autres, elles sont -ou étaient- parfaitement inconnues en dehors de leurs utilisateurs, ainsi qui connaissait la R.N. 204, néanmoins chargée d'une riche historicité internationale.

Le tracé de cette route correspond à la " Strada reale da Torino a Nizza ", seule liaison directe entre Turin et la mer avant le passage de la République de Gênes aux États Sardes. Avant la réforme de 1972, la RN 204 reliait Nice au tunnel de Tende. Elle a été créée par décret du 

 

Et si l'on humanisait nos routes avec des odonymes précédant les numéros.

 

On aurait pu, par exemple, donner à l'ancienne R.N. 20, de la porte d'Orléans à Paris jusqu'à l'Espagne, l'odonyme de Route Olympe de Gouges, plume révolutionnaire montalbanaise et à l'ex R.N. 143, Chambray-les-Tours / Riom, le nom de George Sand puisqu'elle passe par Nohant. L'intersection respectivement au P.K. 263 et 108 se trouvant à Chateauroux.

 

L'ex R.N. 113 aurait pu prendre le nom de Pierre-Paul Riquet, ou voie du seuil de Naurouze. L'ex R.N. 89 [route de Thiers], avec l'odonyme de route des  couteliers, aurait pu honorer le savoir-faire artisanal  auvergnat. 

 

L'ex R.N. 1, la route nationale 1 (RN 1 ou N 1), en France métropolitaine, fut une route nationale d'une longueur de 347 km reliant Paris à Dunkerquevia BeauvaisAmiensAbbevilleBoulogne-sur-Mer et Calais. Elle aurait pu être nommée route des Flandres.

 

L'ex R.N. 7, symbolisant le soleil, immortalisée par Charles Trénet, en prenant un odonyme type l'Azuréenne, ou route de la Riviera, aurait parfaitement illustré son rôle de liaison entre Paris et la Riviera..

 

La R.N. 12, de Jouy-en-Josas à Brest, 562 km, aurait été parfaitement nommée, eu égard à l'histoire, route des corsaires.

 

La R.N. 21, de Limoges aux Pyrénées, déclassée au sud de Lourdes, elle atteignait Gavarnie, pourrait s'appeler Route des Mousquetaires, ou de Gascogne, ou, plus subtil, Route des Toys.

 

L'ex R.N. 133 (285 km) de Bergerac à Arnéguy, frontière espagnole, aurait pu s'appeler Route d'Albret, en rappel à cette importante terre de l'ancienne Gascogne.

 

Saluons la R.N. 4, parfaitement nommée Route de l'Est. Elle relie Paris à Strasbourg en desservant Nancy.

 

 

Déclasser "nos" routes nationales, c'est peut-être une "fantaisie" de décideurs, que les ignares -dont je suis- ont pu trouver absurde, mais eu égard à l'histoire de ces vénérables voies de communication, c'est, presque, un sacrilège.

Image Morburre, Encyclopédie Wikipédia

 

Bien plus grave

 

Dans les bureaux bien moquettés, "on" a trouvé admissible de déclasser la R.N. 35 qui, de Bar-le-Duc à Verdun, fut appelée Voie sacrée. "On" a osé !

 

Je n'ai aucune sympathie, faut-il le préciser, pour Maurice Barrès et pas davantage pour Philippe Pétain [tous les deux sont bien calés dans un fonds de détestabilité] mais je crois que par respect aux malheureux de tous les pays qui ont donné leur jeune vie dans cet épouvantable théâtre opérationnel, "on" se devait de laisser la terminologie de "nationale" à la R.N. 35.  

 

 

Image Agence Rol

 

Voie sacrée (Verdun) — Wikipédia

 

 

 

En , la route a été déclassée en RD 1916. Néanmoins, un arrêté du  a réaffirmé son nom de Voie sacrée nationale. Celle-ci est cependant entretenue et gérée par le département de la Meuse.

Dans les années 1960, le monument de la Voie sacrée (57,2 km) est érigé sur le site du Moulin Brûlé.

Image Morburre, Encyclopédie Wikipédia

 

P-B F



04/11/2021
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