Terre de l'homme

Terre de l'homme

Advienne que pourra, par Jacques Lannaud

 

fracture

 

 

photo Le nouvel économiste ©Freepik

 

Doutes ou incertitudes, lot commun d’époques troubles, instables, similaires à cette période d’insécurité chronique, de catastrophes climatiques, de guerres, d’attentats, d’insécurité financière, sujets à l’ordre du jour qui obscurcissent l’avenir, détériorent le climat social actuel, cocktail qui sème le trouble dans une société qui semble perdre ses repères, se recroqueviller sur elle-même au profit de l’égoïsme et du chacun pour soi.

Les valeurs sur lesquelles nous nous sommes construits au fil de l’histoire, auraient-elles perdu leur signification antérieure en ayant structuré ce pays, valeurs de liberté, égalité, fraternité et des Droits de l’Homme et du Citoyen héritées de la Révolution, fondement de notre Démocratie.

L’avenir est incertain pour la jeunesse qui sort du système scolaire avec des acquis pas toujours solides pour s’immerger dans un autre monde plus brutal où chacun se bat avec ses propres armes, pour affronter un cursus universitaire dont les débouchés ne sont pas encore évidents et s’inquiète des formations exigées et de la lutte en vue de l’insertion professionnelle : recherches d’emploi problématiques, compétitives entre candidats, sources de tensions.

Le spectacle d’un Etat débordé par des crises successives ne favorise pas un climat tendu par les mécontentements divers, des finances publiques dégradées, les caisses de l’état vides, la crainte d’une crise économique ou d’une fiscalité qui multiplie les taxes.

Est-ce là le reflet d’une société qui se fracture, qui ne voit pas le bout du tunnel, qui ne comprend pas les objectifs, une incompréhension entre l’Etat et le peuple souverain, le ressenti d’un certain désordre et de désorganisation, de décisions qui se font attendre ?

 

fermeture des services publics

 

 

On a cru que la modernisation d’un pays tel que le nôtre passait par le chemin d’une modernisation acquise par la raréfaction de services publics essentiels, habituels à la bonne marche du tissu social et de ce vaste territoire que sont les campagnes qui se sont vidées, non seulement de ces services régaliens et, dans la foulée, la fermeture de services hospitaliers de proximité, le dépeuplement des professionnels de santé voire transports publics délaissés, annexes bancaires regroupées, etc.…politiques que devait compenser l’usage des nouveaux outils actuels rapides, instantanés, à base d’informatique et de numérique, solutions toutes trouvées mais nécessitant le temps pour équiper les territoires et le temps pour les particuliers de s’y habituer.

Difficile de gouverner, d’anticiper, de moderniser, de faire évoluer les mentalités ;  mais, si l’histoire ne se répète pas, elle peut nous donner des leçons de bon sens, d’opportunité plutôt que de contrainte. La chance d’un pays comme le nôtre est d’avoir misé sur la matière grise grâce au cursus scolaire obligatoire, en accroissant la culture, en faisant la chasse à l’ignorance.

 

école 3

 

 

Toutefois, le progrès n’est-il pas, aussi, facteur de trouble pour ceux qui n’y sont pas préparés, d’affolement pour ceux qui confondent vitesse et célérité dans l’exécution, oubliant que bon sens, simplicité et pédagogie facilitent grandement la compréhension et leur acceptation par les intéressés de moments difficiles.

Et, on n’épargne pas notre bonne humeur habituelle en nous rappelant qu’une dette phénoménale, montant de 3200 milliards d’euros, pèse au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès, à laquelle s’ajoutent nos déficits habituels des comptes publics, commerce extérieur, sécurité sociale...au point que les responsables en sont choqués et envisagent des mesures drastiques comme suppression de crédits inscrits dans le budget en cours d’exécution et, ce n’est, peut-être, pas fini, une mesure qui tombe mal, à peine si on n'accuse pas le peuple d’être un grand dépensier.

Mais, puisons dans notre histoire très riche car nous avons connu une période où les finances étaient à plat, celles de l’Ancien Régime à l’origine de la dette explosive ayant abouti à la Révolution française. Face à pareil traquenard, le 7 août 1788, le roi Louis XVI se résigne à faire appel aux Etats Généraux. Malgré les bons services de Turgot, excellent financier, qui gardait à l’esprit le traumatisme provoqué par la terrible déroute de John Law, l’expert nec plus ultra en matière de conversion des pièces d’or et d’argent en monnaie papier, il rappelle son ancien ministre Necker puis Calonne mais les créanciers s’obstinent, ne veulent plus prêter au roi acculé qui fait appel aux Etats Généraux. Finalement, la crise dramatique du Trésor Royal entraîne la crise politique, le soulèvement populaire victime de la crise économique et financière qui atteint des proportions telles que le peuple meurt de faim. Le processus révolutionnaire est enclenché.

Autre situation incertaine, celle de l’Europe où la France, membre fondateur du traité de Rome, se retrouve particulièrement diminuée quand on parle d’assainissement du budget de l’Etat par suppression de 10 milliards de crédit et un supplément de 20 milliards à cause d’un dérapage budgétaire imprévu. Notre situation s’affaiblit, comparée à celle de l’Allemagne qui a perdu de sa croissance mais a des finances saines et pas de déficit extérieur. Le couple franco-allemand n’est pas au bout de ses peines, est-il solide contre vents et marées ? L’Europe aura-t-elle les reins suffisamment solides pour résister à toutes ces crises et aux critiques de plus en plus vives concernant sa gestion de situations qui génèrent des divisions de plus en plus flagrantes.

On pourra toujours faire le gros dos ; mais, peut-on, chez nous, échapper à la loi d’airain de bonne gestion des Finances publiques ?

 

Jacques Lannaud

 

 

 

 

 

 

 



24/04/2024
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