Terre de l'homme

 Image © La Montagne

Qu'est-ce que la modération.

Le Petit Robert donne "sa" définition. "Diminuer l'intensité d'un phénomène, d'un sentiment, réduire à une juste mesure ce qui est excessif". Modéré coule de source. Ce terme est, ou semble, évident. Il s'impose spontanément à l'esprit et, naturellement, est facilement déductible.

Jusque-là, tout le monde suit. Il n'y a nullement besoin d'être un littéraire pour comprendre le mot modéré, tour à tour nom, participe passé ou adjectif qualificatif.

Si l'on va dans le champ politique, le modéré est plutôt un protagoniste consensuel. Dans l'arène politique, on se plaisait à définir, parfois avec ironie, dans ce domaine, la pléthore de ces acteurs qui aspirent, par choix, à la reconduction de leurs prérogatives tranquilles et qui tiennent à éviter les "marées".

La modération synonyme de censure… oui et non.

En informatique, la modération prend un sens plus subtil ; dans le langage populaire, on serait tenté de dire "tarabiscoté". La modération d'informations consiste à accepter, à déplacer vers une rubrique plus appropriée ou à refuser intégralement ou partiellement la publication d'une information ou d'un commentaire déposé par un utilisateur sur un réseau social, un site web ou un forum.

Ne nous y trompons pas, la modération n'est en informatique que le domaine de la censure. Dans l'histoire, la censure était la charge de censeurs. Dans les lycées, le "censorat", aux mains du censeur, pédagogue de la direction de l'établissement, occupait les fonctions de veille à la bonne marche des études et à la discipline générale. Les lycéens d'antan allaient se faire sermonner chez le censeur. Pour les littéraires, la censure, terminologie restrictive, a du mal, beaucoup de mal, à être admissible. Elle est encore moins supportée dans un cercle qui se veut ouvert et permissif. Rappelons le sens didactique de la permissivité. Le fait d'être permissif marque la disposition de permettre sans conditions. Les opérateurs ferroviaires connaissent des lignes, ou sections de ligne, définie(s) Block automatique à permissivité restreinte, le BAPR.

La modération sur "Terre de l'homme". Sur ce blog, il était tentant de tout autoriser. Pierre Merlhiot, le fondateur de ce lien, lui a donné pour vocation la mission d'être un lieu d'échanges, de partage d'idées, d'informations. Il précisa que  tout citoyen y est le bienvenu et aucun sujet n'est exclu.

Il préconisa, cependant, les mots d'ordre que sont la bienveillance et le respect des autres et de leurs opinions.

La bienveillance, valeur que tout un chacun aime retrouver dans ses interlocuteurs, dérape facilement, trop facilement quand, à tort ou à raison, un lecteur estime ne pas partager le point de vue exprimé. Le commentaire est là pour apporter un redressement d'erreur, un correctif, une précision, et, pourquoi pas soutenir une démonstration.

C'est là que la modération intervient dans le domaine de la recevabilité d'un commentaire. En faisant de l'humour bien déplacé, on pourrait dire que c'est une forme de 49-3 du blog.

Imaginons, pure hypothèse d'école, une importante -voire gigantesque- dépense publique sujette à interprétation. Là, il est loin d'être facile de démonter l'absurdité ou le bon sens des  choix et décisions des partisans et adversaires qui vont dans le sens ou à contresens. Si un flot d'affronts jaillit, la modération, là, est tentante pour éviter la vis sans fin d'une polémique.