Terre de l'homme

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Petite Reine et Grande Boucle

Alain Lamour, membre de notre blog, nous fait parvenir les documents, ci-dessous,  extraits du blog Rétro Vélo Dordogne sur la vocation cycliste du Belvésois. Il a pensé qu'ils seraient de nature à intéresser nos abonnés à l'approche de l'anniversaire du championnat de France du 22 juin 1958, gagné par Valentin Huot, et du prochain départ du tour, le 26 juin 2021.

 

C'est bien volontiers que nous répondons favorablement à sa demande. Un nouveau contributeur est toujours le bienvenu.

 

Sa contribution est suivie du billet de Pierre Merlhiot.

 

 

tour cycliste

 

 

Le Championnat de France (1958) à Belvès, a traversé Fongauffier, lieu-dit de Sagelat (Louison Bobet suivi par Raphaël Géminiani). Vainqueur : Valentin Huot. (photo prise à Vaurez). Palmarès connu de l’épreuve : 1948 Laval (Pédale Sarlat), 1950 Roudier (Belvès), 1951 Paradol (Belvès), 1952 Stanislas Olejnizack (Belvès), 1955 Jean Bodin (Villefranche)

 

 

Sagelat est une petite commune du canton de Belvès qui a connu une petite période où le cyclisme occupait une place dans le cadre de la fête locale. Mais certainement que les courses se sont déroulées à Fongauffier, hameau de cette commune plus important que son bourg et situé sur la RD 710. Dans ces conditions, tous les Grands Prix de Belvès et toutes les grandes épreuves de cette ville traversaient Fongauffier, ce qui donne une autre dimension à la vocation cycliste de Sagelat.

 

Deux épreuves en une :

Le Cyclo-Club de Belvès d’après guerre a traversé une période faste en événements sportifs. Le Grand Prix de la ville qui s’y déroulait, avait une stature internationale. C’est dès 1950, que l’équipe du président Carcenac décida d’organiser un Tour de la Dordogne en jumelant l’épreuve avec le Grand Prix, soit deux étapes sur deux journées. Ce Tour et ce Prix ont vécu des éditions glorieuses, avec ses hauts et ses bas, puisque l’édition 1957 constituera la dernière à être mise sur pied. Mais, ce n’est pas pour autant que le cyclisme tombera à Belvès. En 1958, ce fut le Championnat des professionnels qui fut organisé, puis en 1972 et en 1974 (je pense) le critérium international de la route...

 

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Valentine Huot

                                         

                                       Valentin Huot, champion de France en 1957 et 1958

 

 

Petite Reine et Grande boucle.

On ne compte plus les courses disparues. Souvent associées aux fêtes votives dans les petites communes rurales, elles faisaient appel au bénévolat pour recueillir l'argent des primes et sécuriser l'itinéraire. Petit à petit, la circulation routière augmentant, les pouvoirs publics donnèrent les autorisations au compte-gouttes et c'est ainsi que ma commune (Les Eyzies) vit sa course supprimée au cours de mon dernier mandat. La fête votive où l'on invitait parents et amis, en fit les frais. Heureux les villages qui ont pu conserver les deux.

La France a la passion du football et du vélo. Tout jeune, j'ai le souvenir des jours où tous les habitants du quartier se retrouvaient chez le seul détenteur d'un poste TSF. Maintenant, écouter la radio serait considéré comme un pis-aller : le petit  écran règne en maître. Il est vrai que l'image, par-delà l'aspect sportif, nous fait connaître la richesse de notre patrimoine naturel et bâti. C'est le talentueux journaliste, Franck Ferrand, animateur de l'émission quotidienne "Au coeur de l'histoire" sur Europe 1 qui, à partir du 26 juin, sera "la voix histoire-géo-patrimoine" pendant le Tour de France.

 

 

Eugène_Christophe
petit breton

 

 

               Eugène Christophe                                                                  Petit Breton

 

Tour de France : course de légende, coureurs hors norme : j'en retiendrai deux parmi les pionniers, Lucien Georges Mazan dit Petit Breton (1882-1917), rouleur d'exception qui gagna le Tour, deux fois (1907 et 1908) et Eugène Christophe (1885-1970) dont les nombreux déboires le privèrent, à plusieurs reprises, du maillot jaune. Tout le monde se souvient du célèbre épisode de la fourche cassée en 1913, dans la descente du Tourmalet, fourche qu'il dut réparer seul dans une forge de Sainte-Marie de Campan. Par la suite, des champions prestigieux succédèrent à ces pionniers : Robic, Bobet, Anquetil, Poulidor, Copi, Koblet, Eddy Merckx ............

 

 

antoine blondin

 

 

                                                                    Antoine Blondin

 

Il fallait un chroniqueur de génie pour rendre compte de l'épopée du Tour de France : ce fut Antoine Blondin, chroniqueur au journal l'Equipe, qui, à partir de 1954, tout au long de 27 tours et de 524 rubriques, mit sa compétence et son talent littéraire au service de la Grande Boucle.

Cette grande voix s'est tue mais ces quelques citations nous rappelleront l'écrivain au style inimitable.

Le 19 juillet 1954, lors de sa première chronique, il nous fait part de son enthousiasme :

« De Bordeaux à Bayonne, je me suis étonné d’être dans cette caravane qui décoiffe les filles, soulève les soutanes, pétrifie les gendarmes, transforme les palaces en salles de rédaction, plutôt que parmi ces gamins confondus par l’admiration et chapeautés par Nescafé. Je peux le dire, mon seul regret est de ne pas m’être vu passer."

Le 20 juillet 1957, quand le Tour s'achève, il exprime sa mélancolie :

« Un maillot jaune, une peur bleue, une copie blanche et peu de matière grise… Nous en aurons vu de toutes les couleurs pendant trois semaines. La mémoire, comme un arc-en-ciel, retient et dilapide des souvenirs confonds, pépite qu’il nous faudra extraire de leur gangue et rentrer avant l’hiver, pour les veillées. Seul s’impose, aujourd’hui, ce sentiment que Gustave Flaubert  appelait la mélancolie des sympathies interrompues."

 

 

anquetil et poulidor 2

 

 

Le 14 juillet 1954, c'est avec lucidité qu'il parle de la rivalité Anquetil/Poulidor :

« Bien sûr, le peuple attend que Poulidor, que l’on a très longtemps fait passer pour un « sans-culot », prenne la Bastille. La voxpopulidor ne s’en cache guère et son exaltation  n’est pas pour nous déplaire à condition qu’elle n’entache pas de goujaterie à l’endroit de l’extraordinaire aristocrate de la bicyclette qu’est Jacques Anquetil. On ne demande pas la tête de l’homme de tête aussi impudemment que nous l’avons vu faire sur les routes.

 

Le grand philosophe Roland Barthes dans son ouvrage "Mythologies" (cliquez sur le lien pour lire tout l'article) compare le Tour de France à une épopée.

" Il y a une onomastique du Tour de France qui nous dit à elle seule que le Tour est une grande épopée. Les noms des coureurs semblent pour la plupart venir d'un âge ethnique très ancien, d'un temps où la race sonnait à travers un petit nombre de phonèmes exemplaires (Brankart le Franc, Bobet le Francien, Robic le Celte, Ruiz l'Ibère, Darrigade le Gascon). Et puis, ces noms reviennent sans cesse ; ils forment dans le grand hasard de l'épreuve des points fixes, dont la tâche est de raccrocher une durée épisodique, tumultueuse, aux essences stables des grands caractères, comme si l'homme était avant tout un nom qui se rend maître des événements : Brankart, Geminiani, Lauredi, Antonin Rolland, ces patronymes se lisent comme les signes algébriques de la valeur, de la loyauté, de la traîtrise ou du stoïcisme."

 

PS : Mon beau-père, dans sa grande générosité, m'avait donné son vieux vélo équipé d'une sonnette et d'un frein à rétro-pédalage pour me rendre à mon collège.

Arrivé près d'un groupe d'élèves, j'entendis : "Vas-y Robic !". Ne pouvant faire le partage entre l'irrespect et l'encouragement admiratif, je décidai de laisser à l'avenir mon vélo au garage.

"Vas-y Bobet !", "Vas-y Fangio ! " : expressions familières pour encourager quelqu'un en plein effort. Tombées en désuétude, seule subsiste ; "Baisse la tête, tu auras l'air d'un coureur !"

 

 

Pierre Merlhiot 

 

 

 

 

 

tourdefrance2

 

 

 

      1er juillet 1903 : départ du 1er tour de France   (source : Hérodote, le média de l'histoire).

 

 

La Course cycliste est organisée par le journal  L'Auto  et se déroule en six étapes. Le parcours relie les principales villes françaises    Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. 

La 1ère étape part de  Montgeron (Seine et Oise) et arrive à Lyon  pour une distance de 467 kilomètres. L'étape est remportée par le  Français Maurice Garin qui prend également la tête du classement général.  Les coureurs sont rassemblés devant l'auberge « Le Réveil-matin », où les organisateurs ont installé le point de contrôle. Les coureurs passent, donc, un à un, dans la grande salle du café pour signer la feuille d'engagement et recevoir leur brassard, sur lequel figure le numéro qui leur est attribué. Montgeron est choisi comme lieu de départ de la course car le préfet de police de la  Seine, Louis Lépine, avait interdit la tenue de courses cyclistes sur le territoire parisien.

 

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Les prochains billets

 

Avec,  pour les dates seulement prévisionnelles, les réserves d'usage.

 

Demain. Mercredi 23. Le 24 juin chez Maraval à Saint Cyprien, par Françoise Maraval.

Jeudi 24. De "Jingle Bells" à "Tokyo Shaking", contribution de Pierre Merlhiot

Vendredi 25. Chroniques du temps qui passe,  par Charles Potier.

Samedi 26 juin. En suivant la promenade mémorielle ouverte par Claudinéa Wroblenski et Alain Giffault, P-B F.

 



22/06/2021
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