Terre de l'homme

Le Pays de l'homme peut se targuer de compter dans son espace, une route  qui,  avec un parcours de 32 km en épousant le cours d'une rivière, puisse permettre de musarder à vitesse raisonnable dans un site classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Suivons-la. Pour en profiter pleinement, si vous le pouvez, ignorez vos voitures et empruntez vos bicyclettes. La double pérégrination fait 64 Km, aïe quelques côtes rappellent que nous ne sommes pas dans les plaines océanes, mais est parfaitement faisable... pour peu que l'on n'ait pas d'escales autres que fugitives ! 

Le château de Campagne. Image Père Igor.

Campagne, village d'un charme "insolent", à lui seul, mérite une journée d'escale. Son château, assorti d'un fort beau domaine,  XV^ème siècle,  XVII^ème  siècle, a été inscrit au titre des monuments historiques en 2001. L'Église Saint-Jean-Baptiste, des XII^ème et XVI^ème siècles, est également inscrite au titre des monuments historiques, mais elle y figure depuis 1949.  Citons le Gisement en grotte du Roc de Marsal qui permet de suivre l'évolution du Moustérien ; ce dernier fut inscrit au titre des monuments historiques en 1989. Ce village est assorti d'une très recherchée Forêt communale.

Il n'y pas de routes dans l'hexagone  qui,  avec un parcours de 32 km épousant le cours d'une rivière, puissent se targuer de musarder dans un site classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Image V. Mourre — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org

Après Campagne, vous arriverez aux Eyzies, capitale de la Préhistoire. Ici on parle préhistoire, c'est naturel, mais on parle aussi de protohistoire, d'histoire et même du temps présent. Quelques années, fort récentes, 1868, découverte de Cro-Mahnon, 50 ans plus tard en 1918, le château des Eyzies devient le Musée de la Préhistoire et, enfin, en 1931 Paul Dardé sculpte son Homme de Cro-Magnon.

La route nous attire plus en amont de cette extraordinaire rivière.

La R.D. 706 du département de la Dordogne, ex R.N. 706, manifestement n'aurait pas coûté plus cher aux finances de l'état si elle avait été transférée au domaine départemental tout en gardant son auréole de route nationale. Layon forestier naturel et sinueux, elle ne s'égare pas du patrimoine sylvestre de la Forêt Barade. Elle remonte, ou descend, le cours de la Vézère sans faire de gros écarts.   Cette image prise à  Tursac, comme celle d'hier en bordure de la R.D. 703, témoigne de son passé de route nationale.   Image Père Igor.

Tursac, modeste bourg, peut s'enorgueillir de compter à La Madeleine, un village troglodytique hors du commun. Il mérite une visite.

Avant d'arriver au Moustier, la route permet un accès à  La Roque Saint Christophe. 

Cliquez sur l'image de St Léon.

Saint Léon-sur-Vézère. Je salue respectueusement, post mortem, Jean-Lucien Lafon, qui y fut directeur de l'école publique, et mon ami Pierre Gaillard, qui en fut le maire.

Image "Les plus beaux villages de France". Le label, là, n'a pas du tout été décerné à la légère. 

La prochaine rencontre sera le village de Thonac, commune natale d'Yvon Delbos.

Le château de Losse. Cette terrasse sur la Vézère est plus séduisante de la rivière que de la route.

Crédit photo : Manfred Heyde - Sous licence Creative Commons

Montignac-sur-Vézère. Image Wikipédia. Travail personnel Jébulon.

Le point d'aboutissement de la R.D. 706.

Montignac. C'est une cité qui compte, au moins, trois grands noms qui ont pris rang dans son histoire.

Joseph Joubert, né à Montignac en 1754 et mort à Paris en 1824, contemporain et ami de Diderot et Chateaubriand, est le philosophe de Montignac.

Antoine Noël 1752-1841 est resté comme une figure historique de Montignac dont il devint l’archiprêtre en 1790. Cet ecclésiastique échappa à l'échafaud grâce à Élie Lacoste (révolutionnaire français né et mort à Montignac). Il exerce à nouveau le culte à Montignac et adhère au concordat en 1802.

Yvon Delbos, Thonac 1885-Paris 1956, a fait une belle carrière politique dans les deux Républiques précédentes.

Qu'il me soit permis d'avoir une préférence des plus affirmées pour Eugène Le Roy ! Cet homme de plume naquit au château d'Hautefort  le 29 novembre 1836. Il  décéda à Montignac le 4 mai 1907. Cet ardent républicain, anti-clérical et libre-penseur, maître du roman du terroir, nous laisse une œuvre en grande partie imparfaitement connue. Eugène Le Roy, pour sa personne, abhorrait les honneurs. Ses convictions, entières et sans ambiguïté, le poussent à refuser la Légion d'Honneur qui lui est proposée en 1904. Il aura eu la grande satisfaction de voir valider en décembre 1905, la "Séparation des Églises et de l'État".

Plus proche de nous , le 8 septembre 1940, alors que la guerre fait rage, Jacques Marsal, Georges Agniel, Simon Coencas et Marcel Ravidat font une promenade dans les collines. Ils sont accompagnés de Robot, le chien de Marcel. Brusquement, ce dernier part à la poursuite d'un lapin, et s'engouffre dans une petite cavité, sous un arbre déraciné. Ce fut la découverte de Lascaux. D'aucuns ont dit, plus tard, que la place de Robot fut, peut-être, plus une image qu'une réalité.

Leur instituteur laïque Léon Laval et l'abbé Henri Breuilh ont, dans une symbiose exemplaire, accompagné cet événement d'une portée inestimable.  

Pour clore ce long billet, une question se pose : était-il nécessaire de "déclasser" la majorité de nos routes nationales et, subsidiairement, n'a-t'on pas, ce faisant, minoré l'aura d'un site classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

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Certains pourront dire que beaucoup de choses adjacentes à cette route, ont été occultées... et ce sera vrai. Dans ces 32 km, on trébuche, à chaque pas, sur la préhistoire et l'histoire, il aurait fallu ouvrir une encyclopédie !

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