Les chemins, ces pièces patrimoniales qu'il ne faudrait jamais démanteler.
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Le tacot était le lien ferroviaire minier qui reliait Merle à Siorac.
En effectuant mes promenades pédestres, j'ai découvert, tout près de chez moi, un bijou patrimonial que j'ignorais. Ce chemin dont, jusqu'au 15 février, je ne connaissais pas l'existence et qui, pourtant, à 2 km de ma chaumière, s'inscrit à la perfection au piédroit de la colline saint-germinoise, est une merveille de rationalisme et de restructuration. Manifestement, il est discret. Il est protégé par la végétation qui le borde. Il respecte, on ne peut plus, l'environnement. Il permet de belles promenades pédestres en toute sécurité. À mon sens, il appelle deux citations de personnages ô combien différents qui, dans leur perception, ont su appuyer le bon sens et le rationalisme.
À l'époque où bien des édiles municipaux, hélas, trois fois hélas, ont concouru au démantèlement de ces merveilleux legs ancestraux des chemins ruraux, les aphorismes d'Euclide et de Welch ne se contredisent nullement... ils se complètent.
Le bon sens scientifique d'Euclide nous laisse cette expression rationnelle. "En géométrie, il n'y a pas de chemin réservé aux rois".
Bel aphorisme ! |
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"Restructuring is a path not a destination", soit “Restructurer, c'est un chemin pas une destination.” Jack Welch , manager d'Outre-Atlantique. |
Non, ces vues de l'esprit n'ouvrent pas cette page pour impressionner le lectorat. Les anciens soixante-huitards savent bien que, selon la formulation attribuée, à tort ou à raison, à Jean Delacour "la culture c'est comme la confiture, moins on en a, plus on cherche à l'étaler". Le chemin m'a paru être tout à fait bien ouvert par Euclide et parfaitement étayé dans sa cohérence par Jack Weich... dont la vue sociétale paraît bien différente.
Le chemin se perd dans la nuit des temps. Son étymologie vient du latin populaire cammīnus ; du gaulois * cammino- / * cammano-.
Sa définition dans le Littré, dictionnaire de la langue française est : Toute voie qu'on peut parcourir pour aller d'un lieu à un autre....
Un chemin est une voie, un passage (lieu de " cheminement ") destiné à la circulation humaine ou animale.
Aujourd'hui, nous allons emprunter un chemin de 1 838 mètres. Il est malheureusement imparfaitement connu.
La parfaite sauvegarde saint-germinoise de l'assiette de l'ancien chemin de fer minier déclassé, démantelé depuis 80 ans.
Vous êtes, peut-être, passés par là, des dizaines, voire des centaines de fois, sans avoir remarqué ce départ de chemin à 40°, au piédroit de la côte de Tire-Sec, voie communale qui conduit à Saint Germain-de-Belvès. C'est le départ de ce segment de l'assiette de l'ancien chemin de fer minier qui reliait la Mine de Merle à Siorac-en-Périgord.
Là on constate que le chemin de fer a épousé le relief, sans que ses concepteurs n'aient jugé utile de réaliser des ouvrages d'art pour aplanir l'assiette. Ces détails, rencontrés à plusieurs reprises, jugés probablement insignifiants pour les promeneurs, ont dû, en leur temps, requérir l'attention certaine d'Henri Escarmand, le conducteur des trains miniers. Il disposait d'un engin de traction qui, à charge, devait être à la peine pour gravir ces très courtes rampes qui, néanmoins, devaient être de l'ordre de 30 ‰. Gare à "l'impuissance" de l'engin de traction ! Il fallait veiller à arriver avec une vitesse adéquate pour ne pas se trouver en difficulté et... devoir repartir à contresens pour chercher un élan salvateur.
Sur ce chemin, tout est calme et sérénité.
Dans ce vallon qui autorise, après une période pluvieuse, l'épanchement collinaire, entre La Coste et Pètre, vous serez amenés à franchir un ruisselet qui file vers le Neufond.
Cette ravine intermittente semble être là, à point nommé, pour écarter les passages d'engins de loisir motorisés. Ce chemin serait bien dénaturé s'il perdait l'essence paisible qui sied aux promeneurs pédestres.
Insolite, ici, au milieu de "nulle part", un panneau pour guider les randonneurs. Le chemin est parfaitement balisé pour les promeneurs.
Avouez que ces panneaux respectueux de l'environnement signent une élégance sobre mais raffinée.
De ce chemin, on aperçoit, vigile du flanc collinaire carvésois de l'autre rive du Neufond, le Manoir de Cantegrel épaulé de sa gariotte, ici appelée à tort "borie". Les autochtones se sont plu à se réapproprier ce microtoponyme. Il ne soutient pas la poésie bucolique du grillon qui chante mais il tire l'étymologie de son toponyme de Kant, la pente dans l'idiome germanique.
Les Cantegrel, lieux fort pentus, pour Jean Rigouste, l'érudit es onomastique, évoquent des endroits plutôt arides et pierreux.
De ce chemin, on voit parfaitement le Neufond qui sait passer de furies ponctuelles à l'évanescence, puis à la pause parfaite et totale par tarissement.
Sa pente, faible mais permanente, se concrétise par des micro-cascades de quelques décimètres de chute. Le fil électrique de la pâture, certainement, altère la beauté du lieu mais, plus encore, la bouteille en plastique abandonnée là par une inconscience humaine.
Quand vous parcourez ce chemin, si vous êtes un(e) ami(e) de la nature, avant de le quitter, vous penserez "quelle merveille ce chemin" !
L'image qui est probablement la plus belle. Ce chemin conserve encore de superbes pans du mur latéral qui, côté colline, avait pour but d'éviter que l'érosion du "pech" ne vienne envahir l'assiette du chemin qui, avant d'être concédé pour le chemin de fer minier, fut, tout simplement, un chemin utilitaire. La terminologie de chemin rural, eu égard à l'histoire, est fort récente. Ces chemins, parfois, ont deux millénaires d'existence. On apprécie le rationalisme des ancêtres qui ne gâchaient pas le terrain et cherchaient la perfection dans le domaine environnemental.
L'expression " chemin rural " apparaît pour la première fois dans la loi du 20 août 1881. Les communes en établissent un inventaire détaillé que l'on retrouve aujourd'hui sur les cadastres quand il n'y a pas eu de remembrement. Ces chemins sont propriété de la commune, ouverts à la circulation publique…
Non, Fabienne, rencontrée là fortuitement, au terme de cette escapade bucolique, n'est ni une touriste d'hiver, ni une élue saint-germinoise en mission d'inspectrice du chemin mais, tout simplement, une résidente de ce flanc collinaire. Elle adore parcourir ces sentes qu'il faudrait veiller à conserver en legs pour les générations futures.
Fabienne observe là, à La Rouquette, l'écoulement fugitif de l'affluent du Neufond qui n'a pas d'hydronyme précis. Les autochtones pour le désigner, disent Le fossé sous Conty.
Ce ruisselet, superbe au demeurant, dans quelques jours, va tarir.
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Ce billet patrimonial est dédié collégialement à toutes les personnes qui ont œuvré à l'AOREVEN pour la passation de la mémoire minière dont nos amis Magdeleine Cocagnac, Isabelle Petitfils, Alain Paulhiac et J-Louis Monribot.
Qu'il soit permis de saluer chaleureusement l'équipe municipale saint-germinoise, mue par J-Pierre Passerieux, qui, en prenant un héritage largement mutilé par de multiples et dommageables aliénations patrimoniales, s'applique à donner à ce corridor du Neufond, une fort belle note bucolique. Un coup de chapeau à tous les agents de maintenance de ce superbe legs patrimonial que vous apprécierez si vous voulez prendre un bol d'air à l'abri de toutes les circulations routières.
Texte et photos © Pierre Fabre
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Dans la semaine, nous reviendrons à St Germain pour compléter ce regard patrimonial.
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