Terre de l'homme

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Mois de janvier 2022


Qu'est-ce qu'un ami.

PESSARNI-lez-BASSENS

 

 

Qu'est-ce qu'un ami ? Vaste débat ! Il chevauche les époques et les causes.

 

René Lafon, pour moi, n'est pas un ami... c'est mon meilleur ami.

Le 1er octobre  1949, j'ai découvert sur les bancs de l'école cet ami, d'un an mon aîné, avec lequel, en fouillant ma mémoire, je ne trouve pas l'ombre d'un désaccord ou d'une altercation même enfantine.

 

René a fait face à bien des épreuves. Celles et ceux qui le connaissent, savent combien il a été interpellé par de nombreux moments bien douloureux et dramatiques.

 

Aujourd'hui, il affronte des heures difficiles, voire très difficiles.

 

Puissions-nous lui dire combien il nous est cher et, bien entendu, pas seulement le 21 janvier jour de son anniversaire*.

 

* René naquit le 21 janvier 1944, à 10 heures, à Pessarni.

 

 

 

Nous lui souhaitons de résister à l'adversité, une fois encore, non seulement pour lui mais aussi -et surtout- pour les êtres qui lui sont chers : Sébastien, Julien, Pascaline et ses deux merveilleuses petites-filles Noémie et Coline qui sont ses plus belles fiertés.

 

Puissions-nous, quand ces mauvais moments seront derrière nous, avoir le plaisir de nous retrouver pour confirmer combien nous sommes contents de le rencontrer.

 

Tes ami(e)s, tes  copines, tes copains d'hier et d'aujourd'hui t'embrassent avec tous leurs vœux.

 

Pierre-Bernard Fabre


21/01/2022
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Balade hivernale sur le chemin Roland Andrieux

 

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

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BLOG - 00 - Titre

 

 

La commune de Siorac-en-Périgord dispose d'un réseau de chemins ruraux bien tracés qui, de la Nauze à la Bessède et du Raunel à la Dordogne, dessert les hameaux épars, les bois et les champs sans oublier les antiques fontaines ancestrales et les lavoirs obsolètes. Ces vieux legs de nos ancêtres requièrent, de la part de l'appareil municipal en général et du maire en particulier, une forte volonté de conservation patrimoniale pour ne point céder aux empiètements de riverains imparfaitement respectueux de la transmission de ces héritages à la communauté.

Les édiles ont tenu bon et c'est grâce à leur fermeté que les promeneurs peuvent, à l'abri des circulations routières, accéder à certaines parcelles privatives et apprécier le charme d'une nature sylvestre et bucolique. Notons que plusieurs citoyens bénévoles, motivés et volontaires*, aux côtés de Rémy Bruneteau, Rémy est la clé de voûte de cette action, ont pris, dans cette démarche transmissive, une part importante, où le désintéressement est le crédo, pour favoriser ces évolutions majoritairement de loisir mais pas seulement.

Le chemin Roland Andrieux, certainement, peut être à plusieurs titres, une légitime et grande fierté de l'équipe municipale et des employés municipaux. Tout d'abord en nommant cette sente, le conseil municipal a délibérément acté pour le devoir de mémoire d'un authentique Sioracois qui décéda en captivité lors de la dernière guerre. En évitant que ce chemin ne vacille dans l'oubli et en favorisant par sa maintenance, son emprunt pour la promenade, Siorac, une fois encore, a signé sa permanence patrimoniale.  

 

La sente, retenue à l'unanimité par les édiles sioracois, pérennise le nom de ce piqueur du chemin de fer qui habitait tout près dans cette vallée.

 

 

Le chemin Roland Andrieux relie le pont des Sœurs au passage à niveau 331. Ce chemin s'inscrit sous la colline de Pech Bracou. Il suit la voie ferrée sur 1 250 mètres.

 

* Jean-Louis Darnige, Alain Uro, Bernard Flaud et Paul Barre.

 

 

 

Qui était Roland Andrieux.

 

Ce pupille de la Nation, naquit à La Tute, sur la rive droite de la Nauze, le 10 août 1913. Il décéda le 17 décembre 1941, au Stalag II E, à Schwerin, capitale du land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Piqueur du chemin de fer, c'est à dire surveillant des travaux, il habitait tout près de ce corridor ferroviaire longeant la Nauze.

 

Roland, garçon exemplaire était tuteur naturel de ses neveux orphelins. Il leur servit de guide avant d'être rappelé aux armées. Il fut pris par l'avancée, en nombre, de l'envahisseur.

 

Le , la ligne d’arrêt est enfoncée. Malgré la résistance des différents bataillons, le régiment est complètement encerclé et son colonel est fait prisonnier. Le drapeau est cependant sauvé, le dernier coup de feu est tiré à 23 heures. Des rescapés participent à la défense de la Suippe. Le 24e RI, après ces violents combats, n'est plus une unité apte au combat, mais il a rempli sa mission : « tenir sans esprit de recul ».

Le colonel allemand dira au colonel Sausse : « Je vous félicite de la magnifique résistance de votre régiment, ce fut très dur pour nous. »

Identité Roland Andrieux.jpg

 

Pierre-Bernard Fabre

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Pour la petite histoire, c’est Pierre Fabre qui, un jour, m’a montré sur son ordinateur, une photo du chemin Roland Andrieux. J’ai été tout de suite interpellé par l’image et je suis allé au plus vite sur place pour me rendre compte de visu. Avec mon œil de photographe, j’ai éprouvé alors un véritable coup de foudre à la découverte de ce chemin.

Je vous invite à me suivre avec des prises de vues qui défilent tout au long de cette merveilleuse petite randonnée pédestre.

Bonne promenade et couvrez-vous.

 

Bruno Marty

 

 

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Départ du chemin Roland Andrieux sur la commune de Siorac-en-Périgord.

Un véritable appel à la randonnée et à la découverte.

 

 

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On démarre sur un chemin longeant un champ en lisière de bosquet pour une promenade tranquille et bucolique à souhait.

 

 

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En cette matinée glaciale, la température affiche les - 7°.

C’est parti en longeant la voie ferrée du T.E.R. de la ligne Agen-Périgueux.

 

 

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Le chemin se rétrécit et prend un peu de hauteur.

 

 

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Chemin faisant : graphisme givré (1)

 

 

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Ici une petite montée se révèle assez prononcée.

 

 

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Chemin faisant : graphisme givré (2)

 

 

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Vue en profondeur dans un cadre enchanteur et sibérien où l’on retrouve la voie ferrée en parallèle au chemin.

 

 

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Vue depuis une des hauteurs du chemin sur les arbres givrés de la campagne environnante.

 

 

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Chemin faisant : je croise une courageuse et charmante joggeuse que je ne manque pas de saluer comme le veut la coutume de bienséance.

 

 

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Vue en plongée sur le pigeonnier de Biraben. Au second plan, on aperçoit le sillon de la Nauze.

 

 

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Chemin faisant : graphisme givré (3)

 

 

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Passage du transibér… pardon, du T.E.R. venant de Périgueux.

 

 

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Chemin faisant : graphisme glacé (1)

Des stalactites se sont formées sur la paroi rocheuse bordant le chemin.

Dame Nature est une artiste authentique.

 

 

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Chemin faisant : graphisme glacé (2)

Des stalactites se sont formées sur la paroi rocheuse bordant le chemin.

Dame Nature est une artiste authentique.

 

 

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L’entrée, ou en l’occurrence le terminus au vu du sens de la promenade, du chemin Roland Andrieux situé non loin du faubourg du village de Siorac-en-Périgord .

 

 

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Ce soir, à 18 h, sur ce blog : "Qu'est-ce qu'un ami".


21/01/2022
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La bouquinerie-café "DES LIVRES & VOUS" à Saint-Cyprien

 

 

SAINT-CYPRIEN

 

 

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Photo 01

 

La façade de la bouquinerie "DES LIVRES & VOUS" située dans la traverse du village de Saint-Cyprien.

Photo © Bruno Marty

 

 

C’est en été 2020 que Francesca a ouvert une bouquinerie-café dans la traverse de Saint-Cyprien. Elle propose des livres d’occasion parce qu’elle estime, comme elle le dit si bien, que "les livres doivent circuler." Le choix de bouquins est très diversifié : en prenant le temps de chiner, on découvre que la thématique des ouvrages proposés s’avère très éclectique. Francesca poursuit : "le livre est un fil d’Ariane pour créer un lien entre les gens" ; afin d’entretenir celui-ci, Francesca organise des rencontres dans le coin café, qui permettent d’échanger tout en sirotant des cafés et thés bios qu’elle prépare de manière conviviale.

Dans ce lieu de rencontre, elle a également souhaité accueillir des créateurs ou des personnes ayant une âme d’artiste qui proposent des expos-vente de leurs réalisations. Par ailleurs, les dons de livres sont les bienvenus pour étoffer le stock notamment des ouvrages sur le Périgord.

Francesca qui n’est pas périgourdine d’origine, s’est bien acclimatée dans ce pays de cocagne qu’elle a découvert. Accueillante avec la clientèle, elle semble avoir trouvé un nouveau port d’attache pour continuer son chemin de vie dans la région.

 

Horaires d’hiver de la Bouquinerie "DES LIVRES ET VOUS" 

au 16 rue Gambetta à Saint-Cyprien

 ex-libris@outlook.fr

 

- Du jeudi au samedi de 14H30 à 18H30

- Le dimanche de 9H30 à 13H00

 

 

 

Photo 02

 

Vue panoramique à l’intérieur de la bouquinerie

Photo © Bruno Marty

 

 

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Le coin café : un espace accueillant et convivial

Photo © Bruno Marty

 

 

Photo 04

 

Espace consacré à notre très jeune public.

Photo © Bruno Marty

 

 

Photo 05

 

Francesca la bouquiniste de DES LIVRES & VOUS

Photo © Bruno Marty

 

 

Article Bruno MARTY


20/01/2022
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Spectacle du vin à Carvès

CARVÈS

 

« La P’tite Salle » est un lieu de spectacle totalement équipé, au sein d’une bâtisse en pierres. Elle offre une jauge de 49 places, créant ainsi une atmosphère intimiste et chaleureuse. Elle est aussi un lieu de création et accueille, chaque semaine, des ateliers théâtre pour tous. 

Notre équipe vous propose une soirée culturelle, chaque 3ème vendredi du mois, en période hivernale.

 

Troisième soirée : le vendredi 21 janvier à 20h30 avec un spectacle de la Compagnie Les Z'Igolos : "Le Vin sous toutes ses notes",

 

N'hésitez pas à consulter notre site Internet pour obtenir l'agenda complet de la saison : 

 

Pour vous inscrire à la lettre d'information, envoyer un courriel à leszigolos@hotmail.fr ou utiliser le formulaire disponible sur la page des réservations.
 
 
Marine PUCHEU (responsable de la programmation)
06 89 62 36 35
 
Martin BORTOLIN (chargé de communication)

06 88 83 28 75

 

 


21/01/22
Le vin sous toutes ses notes 10 € et 8 €

 

 

 

 

Bruno, Anna et Vincent travaillent d’arrache-pied pour finaliser leur spectacle éducato-musical sur le thème du vin.
Ils pataugent un peu, jusqu’à ce qu’ils fassent appel à Alain, oenologue et caviste.
Ce dernier va leur apporter de la matière pour que le spectacle soit riche. De la viticulture à la vinification, en passant par des textes et des chansons, tous ensemble abordent les grandes lignes du vin.
Avec : Christophe Barrère, Martin Bortolin, Marine Pucheu et Olivier Sarazin.
 
" Une approche ludique et musicale de la viticulture et des vinifications n’autorise pas pour autant d’éventuelles imprécisions techniques. C’est la raison pour laquelle Martin Bortolin m’a confié cette bien plaisante tâche : traquer les fausses notes dans cette partition bachique.
Bien rares furent les inexactitudes nécessitant ma bienveillante intervention, je me suis donc aussitôt laissé porté par un texte clair et précis, évoquant savoir-faire vigneron, senteurs et saveurs, le tout souligné, égayé, exalté par un support musical savoureux et bien choisi.
A déguster sans modération ! "
 
Alain ROSIER
Meilleur sommelier de France 1976
Meilleur sommelier du Monde 1986 (bronze)

19/01/2022
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De belles gens. Suite n° 13. Saga de Françoise Maraval

                                                                                                                                                    

 

 

                                             

 

DE BELLES GENS

 

chapitre XIII 

 

 

L’Apocalypse, c’est encore maintenant !

 

1914 -1915

 

 

               

                                    

                                                   

Nous sommes en décembre 1914, à Saint-Cyprien, dans le haut de la ville, au pied de Montmartre.

Les quatre femmes : Anastasie Marchive, 64 ans, sa bru Yvonne, 20 ans, Maria Lamaurelle, 70 ans, sa bru Angèle, 28 ans, sont désormais seules avec les trois enfants d’Angèle. Achille a lui aussi pris la direction du front.

Le Conseil de Révision de Lanouaille du 14 octobre 1914, l’a reconnu apte au service armé ; il a été incorporé au 121e régiment d’infanterie, le même jour. Son lieu de recrutement est la caserne de Montluçon dans l’Allier ; Le 121e régiment d’infanterie fait partie :

                        - de la 51ème brigade d’infanterie,

                        - de la 26ème division d’infanterie,

                        - du 13ème corps d’armée.

 

           

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Les camions de la " Voie sacrée " acheminent les soldats.

 

 

En novembre, Achille a participé à la bataille des Flandres- première bataille d’Ypres- et en ce mois de décembre, il n’a pas changé de position. Achille a trouvé à s’isoler pour écrire à son Yvonne.

 

                                                                                                                                                         

A la seule évocation de son prénom, il sent que son attribut masculin s’érige et bouillonne ; à 22 ans, on est facilement envahi par une sensibilité extrême...

                                                                                                                                                        

Avant de partir, il a déjà dit à son adorée que sa peau contre sa peau est un véritable délice, que toutes les cellules de son corps ressentent en un seul et même élan, le frisson de l’Amour.

 

Il le lui a déjà dit mais il ne peut pas le lui écrire.

 

Il voudrait lui redire que le parfum qui se dégage de son être et dont il s’est enivré, en découvrant centimètre par centimètre, sa belle anatomie et cela jusque dans les moindres recoins, est un puits envoûtant de fragrance qui le transporte au royaume du plaisir.

 

Il le lui a déjà dit mais il ne peut pas le lui écrire.

 

Il voudrait lui redire que la vue de ses seins lourds et fermes, pointés vers le ciel, que son ventre riche de promesses maternelles, que tout son être lui laisse à jamais un tableau exquis de grâce et de beauté.

 

Il le lui a déjà dit mais il ne peut pas le lui écrire.

 

Il voudrait lui redire que tous les petits gloussements d’abandon qui s’échappent de son être, pendant leurs ébats amoureux, amplifient son propre plaisir.

 

Il le lui a déjà dit mais il ne peut pas le lui écrire.

 

Il voudrait lui redire que ses bouches, celle du haut et celle du bas, ont un goût à nul autre pareil.

 

Il le lui a déjà dit mais il ne peut pas le lui écrire.

 

Il voudrait lui faire un enfant, l’enfant de leur amour mais, même cela, il ne peut pas le lui écrire. Si vous avez suivi l’histoire d’Yvonne, vous en connaissez la raison : Yvonne ne sait ni lire, ni écrire.

 

Quel malheur ! Achille s’était promis d’être un bon maître d’école pour son épouse ; ce retard, ils allaient le combler ensemble, elle allait pouvoir partager ses lectures . Il est allé au plus urgent, le travail, ou du moins il le croyait. Sa lettre d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle que ses cinq sens lui auraient dictée, elle lui était adressée mais il s’avait qu’à la réception, Yvonne allait devoir se rapprocher de sa belle-mère pour en avoir la lecture ; elle savait que dans les mots « Yvonne, je t’embrasse bien tendrement », il y avait bien plus. Il ajoutait toujours une marque d’affection pour tous les membres de la famille et surtout pour les enfants de sa sœur. Les lettres d’Achille et d’Henri Lamaurelle étaient attendues. Dieu  merci... ils sont en bonne santé. La famille prie pour eux. Il n’est nullement obligé de débiter toujours les mêmes prières, celles enseignées par l’église, cela Yvonne l’a compris : elle prie, bien qu’ inculte, avec l’élan de son cœur, avec ses mots, elle aussi implore le Dieu et la Vierge Marie dont elle a entendus parler.

 

Pour encore plusieurs mois, les femmes de la famille du haut de la ville n’allaient manquer de rien. Achille avait fait du troc avec le consentement d’Angèle, sa sœur. Ils se sont fait payer en sacs de pommes de terres, en sacs de farine de blé et de maïs, en sacs d’haricots en grains, en sacs de lentilles et en un sac de noix pour les gâteaux. Tout cela est installé dans l’atelier désormais fermé, en attendant le retour des hommes. Les poules donnent des œufs tous les jours ; pour le reste, on avisera au jour le jour. Début octobre, le roulier Arthur Maraval a déversé des brasses de bois dans la cour ; plus tard, c’est son commis, un de Moncrabou, qui a apporté les pommes de terre et tout le reste. On a pensé que Maraval, lui aussi, avait dû partir à la guerre.

 

                                                                                                                                               

                                                                                                                                                        

En effet, dans le bas de la ville, route du Bugue, Emma se retrouve seule avec son fils. Comme prévu, Arthur Maraval s’est présenté devant la Commission de Réforme, à Limoges, le 24 octobre  dernier, où il a été reconnu apte au service armé. Il est affecté au 12ème Escadron du Train à Limoges.

Il a une période de formation sur place, formation relative à la conduite automobile dans des conditions de conduite extrême, de nuit, dans la boue et les éboulements de toutes sortes… Il apprend la mécanique automobile et le métier de brancardier, puisque son affectation exacte est la section sanitaire automobile des Équipages Militaires.

 

 

 

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Le camion sanitaire embarque des blessés

 

                                                                                                              

                                        

Emma a ses occupations habituelles : tenue du registre des comptes de l’entreprise de son mari et  de celui de la forge. Cette dernière marche au ralenti car de nombreux chevaux ont été réquisitionnés. Plusieurs fois par semaine, elle rend visite à ses grands-parents à « la gravette » et apporte son aide physique et morale : certains de ses oncles, les plus jeunes, ont été mobilisés.

Emma redoute le moment où elle doit rendre visite à sa mère, installée dans la loge du concierge de l’entrepôt des tabacs, son beau-frère. La maladie la mine, aggravée par le mutisme d’Henri dont on n’a pas de nouvelles depuis le  19 août !!!

Jeantou junior comprend que sa mère est ravagée d’inquiétude. Les copains et Nini lui redonnent l’insouciance  de l’enfance.

 

Rue de la mairie, chez Jean Maraval senior, une bien mauvaise nouvelle arrive de Saint-Savin, en ce mois de décembre 14. Le 17 de ce mois, le fils André Maraval a été incorporé au 123ème régiment d’infanterie de La Rochelle. Il n’a pas 20 ans , il les aura le 19 mai 1915. La famille ne l’a pas revu, depuis cette belle journée du 15 août où toute la famille était réunie autour de la table du patriarche. Oui ! vous avez compris, ils incorporent les jeunes qui n’ont pas encore 20 ans et qui n’ont aucune expérience militaire. Est-ce que tout cela en vaut la peine ! Combien de morts depuis cinq mois, combien de blessés, combien de disparus… Pauvres de nous !

 

Pendant cette période, Marcel multiplie les allers-retours dans le Puy-de-Dôme pour l’approvisionnement du front en obus. L’usine Michelin s’est reconvertie pour partie dans l’armement comme Peugeot à Sochaux et à Montbéliard  et Renault à Paris, quai de Javel. Peugeot à Montbéliard est à 30 km de la ligne de front, d’autres comme les établissements Schneider basés au Creusot en Saône-et-Loire, font aussi référence dans ce domaine.

Pour Noël, Marcel est sur le front. Une trêve a été possible. Catholique non pratiquant, depuis le décès de son père, par camaraderie, pour être avec les autres, il a assisté à la messe de minuit organisée par les aumôniers du contingent. Les décorations religieuses et païennes se côtoient  et  apportent un semblant d’humanité dans cet environnement meurtrier.

 

                                                                                                                                               

                                                                                                                                                                  4

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

Cet écrivain et poète bordelais, mort pendant la Grande Guerre, a composé le poème suivant, mis en musique aussitôt, pour être chanté sur le front et dans les églises : il se chantait encore dans les années 1950.

                                                           « Pitié mon Dieu »

 

                                               Pitié mon Dieu, c’est pour notre Patrie

                                               Que nous prions au pied de cet autel.

                                               Les bras liés et la face meurtrie

                                               Elle a porté ses regards vers le ciel.

 

                                               REFRAIN

                                               Dieu de clémence

                                               Dieu protecteur

 

                                               Sauvez, sauvez la France

                                               au nom du Sacré Cœur

                                               BIS

 

                                               Pitié mon Dieu vous êtes notre Père

                                               A vos genoux vos enfants sont en pleurs.

                                               Protégez-nous tout le temps de la guerre

                                               Que nos soldats soient partout les vainqueurs.

 

                                               Pitié mon Dieu pour la France coupable

                                               Considérez son profond repentir.

                                               Jetez sur elle un regard favorable

                                               Dans le danger daignez la secourir.

                                              

                                               Pitié mon Dieu sur le champ de bataille                                                   

                                               A nos guerriers prodiguez les faveurs.

                                               Contre l’obus, la balle et la mitraille

                                               gardez intacts nos vaillants défenseurs.

 

On fait face à une guerre d’un type nouveau, la guerre des tranchées  qui succède à la guerre de mouvement. Malgré tous les essais d’offensive, cette guerre de position va durer sur le front occidental jusqu’au printemps 1918.

 

5

 

                                                           Le front se stabilise

 

 

Achille se retrouve en décembre 1914, au cœur de la bataille de Flandres, terrain séculaire voué aux batailles : des hommes sont venus ici de tous les coins de la terre.

 

Henri Lamaurelle est aussi sur la ligne de front. Angèle ne dit rien quant à sa position, la famille sait qu’il est en bonne santé : c’est essentiel !!!                                           

                                              

A Saint-Cyprien, au pied de Montmartre, Noël se prépare. Il faut penser aux enfants encore bien jeunes et, en dehors de l’histoire du père Noël, c’est le rappel annuel de la Nativité. Yvonne a acheté pour son neveu et ses nièces, des sachets de pralines et de crottes en chocolat  et aussi de magnifiques oranges qui ressemblent à des boules d’or. Le 25 décembre, tout le monde est prêt pour la messe de 11 heures et il faut partir assez tôt pour avoir des places. Yvonne a suivi la cérémonie avec émerveillement. Avant de sortir, elles se  sont toutes inclinées devant la grande crèche où l’ange

les a remerciées de la tête pour leurs offrandes. La jeune tante a confectionné un énorme gâteau aux noix qui sera accompagné d’une crème à la vanille. Dès le bénédicité, les pensées sont, bien sûr, en communion avec  celles des deux soldats de la maison.

 

                                                                                                                                                        

Route du Bugue, Emma a ressorti les guirlandes de Noël qu’elle avait achetées, autrefois, à Bordeaux quand elle était encore au service des Anderson. Auguste, le nouveau commis, lui a trouvé un petit sapin qui a pris place dans la salle à manger. Les grands-parents de « la Gravette » ont donné pour Jeantou, la belle crèche de la famille, fabriquée avec amour par François, il y a bien longtemps, pour ses enfants. La décoration est parfaite mais Noël se passera chez pépé Jean et mémé Maria. Le patriarche n’aime pas prendre un repas chez les autres, même chez des familiers. Marraine Angélique a tenté de les inviter à plusieurs reprises : Jean n’est bien que chez lui… Il y a sa chaise, son fauteuil, ses habitudes. C’est lui qui va inviter Jeantou junior, Emma, marraine et Auguste. Il faut que la table soit remplie de convives, il faut qu’on se serre les coudes.

 

Jean Maraval se souvient des tablées de Noël chez son grand-père Joseph Murat à Sagelat, au « péchaunat », des tablées de vingt personnes au moins et une deuxième table pour les enfants. Jeantou a retrouvé dans un carton, soigneusement gardé, un pantin confectionné par son aïeul, dans du bois de peuplier et joliment décoré. Il ne l’a pas donné à ses enfants, c’était son cadeau à lui. Ce pantin est le témoin de jours de bonheur passés en famille, à la chaleur de la grande cheminée et à la chaleur de cet esprit de famille qu’il veut à son tour transmettre. Enfant, il était bien sûr croyant comme tout le monde : le bon Dieu, Jésus, la Vierge Marie, les Saints et les Apôtres. Au service militaire, il a écouté des jeunes du contingent parler avec emphase du communisme. Quand il est revenu chez ses parents, à Belvès, « au Meyné », il était devenu communiste ; alors, la religion… Il refusait de l’admettre mais si on y regarde bien, il lui en est resté quelque chose.

 

Jeantou a demandé à Auguste de le conduire justement « au Meyné », le 23 dans la soirée. Son père, Pierre Maraval, y avait planté des chênes truffiers dans les années 30, 1830. Munis d’un grattoir  et d’une chandelle, les hommes ont retourné délicatement le sol déjà visité et on trouvait de quoi améliorer la sauce Périgueux qui va accompagner les ris de veau qu’Alice réussit si bien et de quoi aromatiser les prochains pâtés de Maria. Il n’y a pas de vol ! Après le décès du père, en 1878, il a fallu quitter la métairie et les chênes truffiers y sont restés.

 

Le repas a été un repas de bourgeois ; pour un communiste, c’est un peu fort !!! Mais tout le monde aime les bonnes choses et c’est un repas de partage. Personne n’a été oublié. Des colis ont été envoyés aux soldats : Arthur, André, Marcel. Henri n’a pas été oublié par la pensée et chacun, à sa façon, essaye d’élucider le mystère de son silence, avec optimisme. La famille Maraval en a profité, comme tous les ans, pour fêter avec 3 jours d’avance, l’anniversaire de Maria, aujourd’hui 51 ans. Jean revoit leur première rencontre à la fête du Coux. Elle était fraîche comme une rose, il s’est accroché et a, tout de suite, rencontré les parents : Pierre Ramière, chaufournier, à l’usine de chaux de Tuilière, sur la commune de Saint-Cyprien et Justine Rosier, cantinière.

 

 

6

 

Le four à chaux

 

                                                                                                                                                       

Jeantou junior, cette année, ne croyait plus au père Noël. Les copains s’étaient chargés de lui remettre les pieds sur terre. Cependant, il est heureux de recevoir, de la part de maman, un habit de Robin des Bois, le prince des voleurs, fabriqué par les mains maternelles et de la part de marraine Angélique, un beau livre illustré : « les aventures de Robinson Crusoé ».

 Mémé Maria lui a acheté à la foire, une belle liquette de nuit, bien chaude. Alice a fait ses truffes  au chocolat et la bûche à la praline. Auguste a astiqué des petits plombs qu’il a retrouvés, par hasard, et qu’il a mis sous le sapin, dans une petite sacoche en cuir. Jean senior a mis à la vue de tout le monde, son beau pantin, cadeau de son grand-père Murat ; il peut être actionné mais avec beaucoup de délicatesse. Fonfon, notre jeune apprenti en mécanique, n’a que 12 ans et oui, « ce siècle avait deux ans », quand il est né . A 12 ans, on est encore un enfant, certes un grand enfant, et c’est pour cette raison que les adultes l’ont tant gâté.

 

Après ce merveilleux repas, les enfants sont allés sur la place de la mairie, se dégourdir les jambes et essayer les plombs, cadeaux d’Auguste. Une fois de plus, le petit Jeantou s’est distingué sous l’œil

rieur du jeune oncle. Emma a raccompagné Mlle Tréfeil jusque chez elle et, au retour, la nuit s’avançant, il a fallu rejoindre la route du Bugue. L’enfant est monté dans sa chambre avec ses jouets et, à plat ventre sur son lit, il a commencé à lire son livre d’aventures.

 

 

 

7

 

Robinson Crusoé et son fidèle Vendredi. 

                                 

 

Quand il s’est couché, Jean Maraval a estimé avoir rempli sa mission : rassembler. Il a fait bien plus que cela, dans cette journée du 25 décembre 1914. Mais il ne l’a pas fait seul, tous, les siens et les invités, ont communié avec humilité, une communion laïque et les pensées se sont souvent envolées vers le front.

 

Au pied de Montmartre, Yvonne avait mis toutes ses espérances dans la nouvelle année : 1915. Elle imaginait le retour d’Achille, son cher mari. Depuis leur mariage, ils n’avaient pas eu beaucoup d’intimité et la guerre le lui avait enlevé. Elle se sentait perdue au milieu de ces trois femmes qui, certes, avaient leurs problèmes, mais ne lui montraient aucune affection. Elle avait le sentiment de régresser : dans sa tendre enfance, elle avait vécu sans affection, sans amour ; puis, son accueil et son apprentissage chez l’horloger- bijoutier de Montpon, lui avaient apporté tout ce qui lui avait manqué et, surtout, lui avaient donné l’estime de soi, une satisfaction qui l’avait comblée.

 

Justement, Madame R, son ancienne patronne, avait écrit et elle annonçait sa visite prochaine ; elle allait apporter le cadeau de mariage que le couple d’horlogers avait réservé à Yvonne et Achille. Une magnifique pendule, gage d’une infinie reconnaissance et d’un souvenir impérissable. Pour la recevoir, Yvonne avait pioché dans ses économies et avait prévu un déjeuner proche de celui que madame lui aurait,  autrefois, demandé de réaliser.

La voiture de Montpon est arrivée vers onze heures du matin. Germain, le chauffeur, et Firmin le commis ont reconstitué dans la cuisine d’Yvonne et d’Anastasie, la pendule arrivée en pièces détachées et elle y a pris la plus belle place de l’endroit. C’est une pendule* royale : sa cage est en merisier massif agrémentée de peintures délicates, mélange de fruits et de fleurs, le balancier luxueusement ouvragé brille de mille feux. Sa sonorité est douce et gaie et rappelle sa présence, à chaque quart-d’heure, et une présence triomphante, toutes les heures. Elle ne dérange personne, elle fait partie du sommeil et des rêves.

A table, madame R. a été saisie par l’ambiance monastique du lieu et, à plusieurs reprises, a rompu le silence en donnant des nouvelles de  « Pierre et de Paul » … Yvonne a retrouvé sa gaieté, pendant quelques minutes ; et, au café, un café de luxe qu’elle avait trouvé chez « le caïffa » du village, madame a pris solennellement la parole :

            - Yvonne, tu fais partie de ma maison à jamais. Si tu as le moindre problème, demande à ta belle-mère de me prévenir, si ta vie s’obscurcit et si tu te retrouves seule, tu auras toujours ta place chez nous.

Yvonne a essuyé quelques larmes de reconnaissance et Madame a repris la route avec Firmin et Germain.

 

Henriette, la petite nièce de cinq ans et demi, voudrait aider tata Yvonne si gentille et si douce avec  elle et ses frère et sœurs. Un jeudi matin, alors que sa mère et sa grand-mère étaient à la messe, elle est descendue rejoindre Yvonne dans la cuisine. Elle savait que sa tante conservait dans son corsage, la dernière lettre venue du front et lui a proposé de la lui relire ; la lecture a été laborieuse et parsemée de « blancs », malgré la superbe écriture d’Achille.

 Dans les jours qui ont suivi, l’enfant a proposé de jouer le rôle de maîtresse d’école et, cela, le jeudi matin pendant la messe. Yvonne ne voulait pas car les enfants avaient besoin de dormir. Il n’en fut rien ! Tous les jeudis matin, pendant la messe, les enfants emmitouflés descendent dans la cuisine. Sur une page du cahier qu’Yvonne a acheté, à l’épicerie de Marie Michel, à côté de la boulangerie Linol, Henriette, la petite maîtresse d’école, apprend à tout le monde, une voyelle puis une consonne de l’alphabet.

            -le a c’est un rond avec un crochet sur la droite et une petite patte sur la gauche.

            -le o c’est un rond avec une petite patte sur la gauche et une oreille sur la droite.

            - le i c’est un crochet avec une petite patte sur la gauche et un point sur la tête; etc.

 

                                                                                                                                                         

Tout le monde visualise bien, c’est comme un dessin, c’est simple.

 

 

8

 

 

Un jour qu’Angèle, la mère, recherche une recette de gâteau dans sa boîte à gourmandises et l’ayant trouvée, elle a lâché un grand : Ah ! de satisfaction. Michau était près d’elle et, en regardant sa mère droit dans les yeux, lui a dit.

            -Maman, le « a » c’est un rond avec un crochet sur la droite et une petite patte sur la gauche.

            - d’où sors-tu cela, mon petit ?

            - c’est Henriette qui nous fait l’école…

Angèle a trouvé l’idée géniale et, désormais, une partie du jeudi après-midi est réservée à « l’école ».

Ce que l’enfant a appris dans la semaine, de tout son cœur, elle s’efforce de l’apprendre à Jeanne et Michel. Yvonne n’est  pas loin et ouvre grand ses oreilles.

 

Les enfants dessinent aussi et les chefs d’œuvre partent sur le front. Aux dessins destinés à Achille, Yvonne rajoute avec application « je t’embrasse bien tendrement » en recopiant la dernière phrase des lettres de son époux.

 

 

 

9

 

 

 

Mes grands-parents, Yvonne et Achille Marchive, ont toujours vécu dans des demeures très modestes et on pouvait s’étonner de voir une telle pendule chez eux. Malgré les aléas de la vie, il ne leur est jamais venu à l’esprit de vendre la pendule, pour mettre du «  beurre dans les épinards » ou pour les sortir de grandes difficultés passagères. De nos jours, la pendule est chez ma cousine Jackie.

 

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Épisode 1 parution le 23 juin 2021 : le 24 juin 1944 chez Maraval

 

Épisode 2 parution le 6 août 2021 : l’enfance d’Emma

 

Épisode 3 parution le 28 août 2021 : La rue de la mairie

 

Épisode 4 parution le 8  septembre 2021 : Emma et Arthur

 

Épisode 5 parution le 19 septembre 2021: de retour au pays

 

Épisode 6 parution le 7 octobre 2021: la vie tout simplement

 

Épisode 7 parution le 21 octobre 2021 : l’héritier

 

Épisode 8 parution le 6 novembre 2021 : l’école

 

Épisode 9 parution le 19 novembre 2021 : un tsunami se prépare

 

Épisode 10 parution de 3 décembre 2021 :  le 24 juin 1944 chez la famille Marchive.

 

Épisode 11 parution le 18  décembre 2021 : Achille.

 

Épisode 12 parution le 3 janvier 2022 : L’Apocalypse, c’est maintenant,  1914

 

 

La généalogie de la rédactrice

 

Arbre n° 1

 

Arbre n° 2

 

 

 

Jeudi Bruno va nous conduire dans une bouquinerie cypriote et, aussi et surtout, en principe vendredi, il va nous emmener découvrir les charmes de l'hiver, sur un chemin de promenade bucolique, par trop imparfaitement connu, accessible à toutes et à tous. Ce sera son coup de cœur de Nivôse.

 

Un reportage photographique d'exception.

 


18/01/2022
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