Terre de l'homme

MERLE-lès-CLADECH

Isabelle Petitfils

Le 13 octobre est souvent revenu dans l'histoire, dans notre histoire. Parmi ces occurrences, on retient celle de 1307 qui fut celle de l'Arrestation des Templiers. Cette date, pour les historiens, fut l'acte de violence arbitraire qui mit fin à un ordre original de moines-soldats, vieux de près de deux siècles. Ces "conquérants" se sont illustrés en Terre sainte et acquirent puissance et richesse. C'en était trop pour l'occupant du trône et ses vassaux. Tandis qu'une terrible tragédie contemporaine ensanglante dans l'horreur, le Moyen Orient, on ne peut que penser que trop d'hommes, beaucoup trop d'hommes, comptant promouvoir leur foi, ne savent que manipuler l'intolérance, la fureur et la haine.    Redonnons au mois d'octobre, en général -et au 13 en particulier- son image la plus apaisante. C'est le 13 octobre 1946 que les citoyens de France décidèrent de réinscrire la République dans le grand livre de l'histoire en choisissant, constitutionnellement, sa quatrième version. Celle-ci voulait bien avoir un chef mais préférait qu'il soit un sage, un guide averti, pour tous, et non un "monarque".

Quelques années plus tard, Isabelle vit le jour, un 13 octobre... mince, on ne se souvient plus de l'année exacte. Cette séduisante passionnée, tant d'histoire que de géographie, après ses années universitaires, partit à la recherche d'un patrimoine qui était à deux doigts de basculer dans l'oubli général. C'est à Merle, dans ce vallon d'où sourdent le Neufond et l'Antinol, qu'elle planta les piquets de sa tente pour impulser la vie pédagogique et aussi de saines vacances animées pour des enfants qui découvraient là qu'il y eut un siècle et demi d'activité minière avec son cortège de vicissitudes et même une tragédie qui emporta quatre malheureux mineurs en 1900.

Isabelle, ardente passeuse de mémoire, pour rien au monde, ne voudrait que l'historicité de Merle soit une parenthèse refermée.  Aux journées du Patrimoine, on a beaucoup pensé, on a réfléchi, on a secoué nos traces de cette itinérance. Aux Coquelicots, au pied des fours à chaux, dans l'enceinte de l'amphithéâtre, dans la salle d'honneur et devant l'entrée de la mine heureusement préservée, nous saurons garder la mémoire de Merle. 

Hélène et Érick Mathis

Conservateurs de Merle