C'était ma plus jeune tante
Aujourd'hui, je me libère de ma retenue de publication sur "Terre de l'homme" pour vous faire part du décès de Madeleine Andrieux-Destruel qui était ma plus jeune tante. Elle était la plus jeune sœur de ma mère.
Je me plais de croire que, dans cette circonstance précise, personne n'osera s'indigner de cette inobservance.
Quand Madeleine Andrieux-Destruel vit le jour le 27 mai 1920, dans l'humble ferme familiale monplaisanaise des Champs de la Renardie, le bruit terrifiant des canons s'était tu depuis un peu moins de 2 ans. L'encre du Traité de Versailles, du 28 juin 1919, était à peine sèche. Madeleine devenait la benjamine d'une fratrie qui comptait alors sept enfants vivants. Trois de ses aînés décédèrent dans le plus jeune âge avant sa naissance.
Quand Omer Andrieux, son père, revint du théâtre opérationnel, il était malade et grandement affaibli. Comme Lucius Quinctius Cincinnatus, il s'attela à reprendre la charrue là où il l'avait laissée. Son frère Adrien, lui aussi, eut "le privilège" de revenir du front... mais seulement pour s'éteindre à son domicile sioracois de La Tute.
La vie reprenait néanmoins son cours avec de cruels rendez-vous. Ils ont ébranlé Madeleine. Le décès par noyade, dans le bief de La Tute, presque sous ses yeux, de sa tante puis, plus tard, celui d'Andrina, sa sœur aînée, qui laissa deux jeunes orphelins l'ont grandement traumatisée. Madeleine au grand coeur ne pouvait se résoudre à ces acharnements et, malgré son jeune âge, essaya de compenser, autant qu'elle le put, le grand vide qui s'imposa. |
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Le 13 août 1941, elle épousa Jacques Destruel, un jeune instituteur de deux ans son cadet.
Le premier joyeux évènement fut, aux Champs de la Renardie, l'arrivée d'Alain-Guy.
L'histoire prend des pauses mais ne s'arrête jamais. La guerre est là. Jacques, rebelle à une société qui, en haut lieu, pour le moins, louvoyait ne cachait pas son affinité avec la mouvance communiste. Spontanément, il entra en résistance. Il connut, enfermé dans l'Église de Vergt-de-Biron, village où il enseignait, l'épisode, honteux pour nos intrus, de la capture de malheureux tâcherons, en majorité républicains espagnols, qui furent passés par les armes dans la forêt bironnaise. Ce passage dramatique marqua les Destruel, tout au long de leur vie.
Une autre naissance, en août 1943, fortifia leur ménage. Jacqueline aurait eu 80 ans, cette année, mais nous quitta, il y a 9 ans. Ce fut de tous les moments difficiles, le plus douloureux de Madeleine.
Bien d'autres deuils ont jalonné sa vie et, toujours, Madeleine les a affrontés avec beaucoup de courage et de dignité.
Madeleine, pas une seconde, n'oublia son humble naissance.
Jeune ouvrière couturière, elle allait dans les foyers apporter son savoir-faire et nouait de solides amitiés dans la localité belvésoise qu'elle aimait. Là, son futur époux, populaire normalien, se préparait à ouvrir son cursus pédagogique qui le conduisit de Nabirat à Vergt-de-Biron puis à Saint Astier où il termina à la direction du C.E.S.
Madeleine aimait les gens humbles et ses contacts les plus chaleureux ont toujours été avec le milieu modeste. Ce fut inévitablement la règle à La Renardie, son mitage natal. Cette itinérance, elle la prolongea jusqu'à Saint-Astier et Périgueux avant de revenir dans la cité astérienne où elle nous quitta la nuit du 19 au 20 mai.
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La défunte quittera Saint Astier, mercredi à 11 h, pour rejoindre la sépulture familiale à Belvès. On se réunira, pour la cérémonie simple, strictement laïque et civile, au cimetière de Belvès, ce mercredi 24 mai, à 15 h. Après un petit mot pour tous les Renardeaux, nous entendrons "Le temps des cerises", l'œuvre poétique de Jean-Baptiste Clément, composition d'Antoine Renard", l'hymne que la famille a choisi lors des cousinades renardiennes de Lavaur, le 4 août 2007. Les Renardeaux seront honorés de la présence de toutes celles et de tous ceux qui voudront s'associer à leur deuil. |
Pierre Fabre
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