La grande route malheureusement noire suit docilement la Dordogne.
Domme, joyau médiéval du Périgord, a fortement marqué A. Dubet, R. Cassagnac et Pierre Flottes.
A. Dubet, inspecteur de l'enseignement primaire des années 30 et R. Cassagnac, un instituteur de la même époque, ont été fascinés par l'éperon de Domme. Ils ont dans leur ouvrage "Géographie du Périgord", 1938, rédigé un beau texte sur cette cité médiévale. Leur ouvrage a eu l'honneur d'être préfacé par Pierre Flottes, a priori, inspecteur d'académie, Correspondant de l'Institut, professeur honoraire de l'Université de Bordeaux.
Malgré de longues recherches, je n'ai pu trouver les prénoms de Dubet et de Cassagnac. Les élèves de ce dernier ont eu bien de la chance d'avoir pour enseignant, un pédagogue, hussard noir de la République, aussi convaincu de sa mission éducative.
L'ouvrage qu'ils ont fait éditer en 1938, Lafaysse, Édition sarladaise, ou à Toulouse, à l'Imprimerie régionale, pour Domme, comporte une lecture dithyrambique, voir ci-dessous, qui, en 1955/56, un peu avant l'examen d'entrée en sixième, me fascina.
Domme, comme Monpazier ou Vergt, pour bon nombre de mes condisciples, tout comme pour moi, étaient des localités dont on entendait parler, certes, mais où l'on n'avait jamais mis les pieds.
En 1938, il restait encore beaucoup de villages et une kyrielle de hameaux qui n'étaient accessibles que par de vénérables chemins vicinaux, appelés alors routes blanches. On attendait le miracle des routes bitumées. Dubet et Cassagnac ont trouvé que la route malheureusement noire altérait le spectacle bucolique. " La grande route malheureusement noire suit docilement la Dordogne...". Les auteurs parlaient de la RN 703, axe majeur de l'arrondissement qui, cependant, évitait Sarlat. La 703 ne fut nationale que de 1930 à 1973 ; depuis, elle est déclassée en R.D.
https://www.journee-mondiale.com/domme-village-medieval-dordogne-perigord-noir-panorama-2996.htm
LECTURE
La Vallée de la Dordogne à Domme.
Il n'est peut-être pas d'excursion capable de laisser un merveilleux souvenir qu'une promenade à Domme, par un beau jour de septembre. Après avoir franchi les remparts féodaux et monté les rues de la vieille ville, on se trouve sur une petite terrasse d'où l'on voit se creuser devant, un gouffre d'air bleu ; et l'homme, même habitué aux prestiges de la nature, sent alors son cœur se gonfler d'enthousiasme.
Lentement, comme à l'approche des merveilles entrevues, il avance au bord du rocher. Quelle surprise ! Quel ravissement ! Le regard avide court d'une beauté à l'autre et deux choses, seulement, émergent dans cette ivresse admirative : la vallée ouverte en parfait hémicycle au pied de la falaise et le merveilleux foisonnement de la verdure.
Après cet instant d'éblouissement, l'esprit s'apaise et contemple plus à l'aise le grandiose paysage. La vallée toute baignée de douce lumière automnale retentit de rythmes rustiques. La Dordogne arrive de l'est en se coulant entre les rochers de Montfort et de Caudon puis décrit un gracieux méandre et, enfin, s'enfuit à l'ouest entre les falaises de Saint Julien et Laroque qui, par un singulier effet de perspective, semblent se rejoindre pour fermer complètement la vallée. La rivière, large comme un fleuve, mais amaigrie par la sècheresse persistante, offre de véritables plages, et à travers l'eau merveilleusement claire, on distingue des lits de sable doré. Bientôt, elle se gonflera aux pluies d'automne et, alors, elle franchira sans doute les barrières flexibles des peupliers que les paysans ont élevées contre ses impétueux débordements. Tout le long de ses rives, se développe une frange de grasses prairies ponctuées, aujourd'hui, de meules innombrables. Plus loin, c'étaient mille petits champs admirablement cultivés comme des jardins ; chaumes retournés, plantations symétriques de tabac, de maïs, de vignes et, dispersé au hasard, le peuple des noyers centenaires. La grande route malheureusement noire suit docilement la Dordogne et un réseau de petits chemins conduit aux villages. Avec leurs jardinets, leurs immenses séchoirs à tabac, leurs toits roses, les fermes ont un air d'aisance et de coquetterie. Dans des parcs ombreux, de riches maisons bourgeoises s'épanouissent et règnent souvent sur des métairies d'alentour. Sur les falaises et sur les côtes recouvertes d'une étrange végétation de chênes-verts et d'acacias, se dressent d'orgueilleuses demeures aristocratiques, châteaux forts, manoirs, gentilhommières. Au loin, au fond clair de l'extrême horizon, on distingue les collines boisées du Périgord Noir.
Sur tout ce paysage riant et féodal, l'automne approchant qui, déjà, meurtrit les feuillages, répand un souffle de mélancolie fiévreuse qui pénètre dans notre âme, délicieusement.
A.D - R.C
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Et si l'on osait revenir aux routes blanches !
Nos J.T., inlassablement, reviennent sur la montée des océans et le réchauffement de la planète. Ce constat a déclenché bien des initiatives positives. Aujourd'hui, on revitalise les espaces urbains, on se découvre de la sympathie pour les fleurs des champs. On s'est mis, un peu tard, certes, à penser que l'agriculture intensive a dévasté les haies, comblé les fossés, etc. Elle est à revoir, si l'on veut sauver la planète.
Une originale initiative, au Pays de l'oncle Sam, s'est attaquée à reconsidérer le bitume en lui donnant un peu de blancheur, ce qui a pour but de faire baisser la température urbaine et de réduire les coûts de maintenance des infrastructures.
Si, par miracle, notre R.D. 703, ex RN 703, redevenait blanche, le coup d'oeil de la Barre de Domme serait naturellement différent.
P.F
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